Les associations Zinc (Marseille) et Seconde Nature (Aix-en-Provence) œuvrent main dans la main pour explorer le regard des artistes contemporains sur nos pratiques numériques. En écho, en miroir ou à rebrousse-poil !
La montée en puissance de la Biennale des Imaginaires Numériques est indéniable, et les chiffres parlent d’eux-mêmes : 5 villes, 30 spectacles, 12 expositions sans compter les « associées », 136 artistes, 40 nationalités, 2 pays en guest-star, La Lituanie invitée d’honneur dans le cadre de la Saison Lituanie en France 2024 et les Pays-Bas. De quoi alimenter les trois programmations pluridisciplinaires : la création sonore, les arts visuels et technologiques dans une biennale décidément sociétale qui vient questionner la thématique du plaisir.
Au chapitre des nouveautés, on note l’extension territoriale et partenariale — le Théâtre d’Arles, le Polaris centre d’art et L’Usine à Istres ; la diversité des lieux d’accueil marseillais — plus seulement le lieu originel de La Friche Belle de Mai mais aussi le Zef, Lieux publics, la Biac, l’espace julien et Le Couvent ; le lancement du Marché des imaginaires numériques ouvert aux professionnels et aux artistes. Un salon qui ne craint pas de parler business et vient s’adosser à l’artistique à l’instar des événements internationaux.
Un dédale de créations intra-muros
Enracinée dans l’histoire de l’art, la création numérique peut parfois revisiter les classiques. La version subaquatique, mi-humaine mi-animale, de Le jardin des délices de Jérôme Bosch par le Studio Smack, basé aux Pays-Bas, fonde l’édition 2024 de la biennale et donne le ton à la section « Derniers délices » à La Friche. Le « PIB-Plaisir intérieur brut » ouvre une page blanche à des œuvres transdisciplinaires signées Jeanne Susplugas, notamment autour des différentes formes et stratégies d’enfermement, Dries Depoorter dont les installations interactives abordent les thèmes de la surveillance et des médias sociaux.
L’humour et la distanciation alimentent le regard critique des artistes sur la société et sur nous-mêmes, comme Nina Gazaniol Vérité qui détourne les figures iconiques de la télévision à travers la performance (How Pamela Anderson and my camera made me look at women who have plastic surgery), ou Chloé Rutzerveld et le laboratoire de médias interactifs Organism Studios qui imaginent une Future Food Formula à la croisée de la haute technologie et de la science pour dénoncer l’avenir de notre alimentation.
À Aix-en-Provence, les « Plaisir licites » et le « Nouvel Eden » déploient une série de films et d’images où les paysages mentaux et physiques s’entremêlent, entre réalité et virtualité. Paysages technologiques, vidéos, jeux vidéo, mapping, images itératives, diorama… chaque proposition est une nouvelle expérience à vivre, des espaces de contemplation ou de réflexion inédits. Voire de troubles. Comme la section « Like Me » qui fait la part belle au portrait et au selfie (Willem Popelier), bref à la mise en scène de soi comme sujet, ou interroge la nature fictionnelle de l’image (Caroline Delieutraz).
Et hors-les-murs
Fort du succès public du précédent parcours d’œuvres dans l’espace public aixois, la biennale investit 9 scènes propices aux installations d’arts numériques XXL. Des dispositifs éphémères qui résonnent dans leur environnement, des explorations immersives du son et de l’image, des expériences interactives, des performances live plébiscités par un vaste public. Cette partie émergée de l’iceberg est rendue possible à Aix-en-Provence, mais pas encore à Marseille comme les organisateurs le déplorent : « ce sujet est plus difficile à traiter car les projets hors les murs demandent des moyens conséquents. Des négociations sont en cours avec l’actuel exécutif politique ». Gageons qu’elles aboutiront lors de la 5ème édition en 2026…
Biennale des Imaginaires numériques à Marseille, Aix-en-Provence, Avignon, Arles, Istres, Châteauneuf-le-Rouge.
Du 7 novembre 2023 au 19 janvier 2025
Soirée inaugurale 7 novembre, Friche la Belle de Mai, Marseille
Soirée inaugurale 8 et 9 novembre, Aix-en-Provence
Semaine de clôture dédiée au spectacle vivant du 16 au 17 janvier, Marseille
Chroniques à suivre après l’ouverture de la Biennale des Imaginaires numériques.
En savoir plus :
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