BEAUBADUGLY – L’autre histoire de la peinture au MIAM à Sète


Jusqu’au 9 mars 2025, l’exposition « BEAUBADUGLY – L’autre histoire de la peinture » au MIAM de Sète propose une plongée inédite, déconcertante et fascinante dans les méandres de la peinture populaire et commerciale du XXe siècle. En réunissant un ensemble d’œuvres et d’artistes marginalisés par le monde de l’art contemporain et souvent ignorés et dénigrés par la critique, « BEAUBADUGLY » invitent à repenser les frontières de l’art et à (re)découvrir la richesse et la diversité d’un pan méconnu de la création picturale.

L’autre histoire de la peinture du XXe siècle

Au rez-de-chaussée, la première partie de l’exposition est une véritable réussite.
Sous le commissariat conjoint d’Hervé Di Rosa et Jean-Baptiste Carobolante, elle nous offre un voyage dans l’histoire de la peinture populaire, à la découverte d’un univers pictural méconnu et parfois troublant. On y rencontre des peintres stars comme Vladimir Tretchikoff, dont la célèbre Green Lady (Chinese girl) a conquis le public international, ou encore Thomas Kinkade, le peintre le plus vendu aux États-Unis. On reconnaît plus facilement les « Clowns » de Bernard Buffet, les « Big Eyes » de Margaret Keane qui a intéressé Tim Burton ou les « Petits Poulbots » de Michel Thomas qui ont marqué l’imaginaire collectif. Quelques souvenirs ressurgissent face aux lithographies de Toffoli qui ont décoré les salles d’attente des cabinets médicaux et les séjours de nombreux français dans les années 1970… Quant aux images de Robin Koni, elles évoquent les décors de chambres d’ado dans les années 1980-90.

BEAUBADUGLY - L’autre histoire de la peinture au MIAM - Photos © Pierre Schwartz
BEAUBADUGLY – L’autre histoire de la peinture au MIAM – Photos © Pierre Schwartz

Organisée en cinq séquences (Le peintre star, Les représentations d’enfants, Les représentations féminines, Les paysages exotiques et La peinture fantastique), cette première partie est l’aboutissement de trois ans de recherche de Jean-Baptiste Carobolante à l’INHA (Institut National d’Histoire de l’Art), avec le soutien de la Fondation Antoine de Galbert.
Elle rassemble des œuvres de Giovanni Bragolin, André Brasilier, Bernard Buffet, FRS Clemente, Lynette Cook, Leonor Fini, The Highwaymen, Margaret Keane, Thomas Kinkade, Robin Konieczny, Félix Labisse, JH Lynch, Charles Mc Phee, Louis Shabner, Stephen Pearson, Vera Pegrum, Bob Ross, Michel Thomas, Louis Toffoli et Vladimir Tretchikoff.

À propos de cette « peinture marchande », Jean-Baptiste Carobolante explique qu’il s’agit d’œuvres « qui ont été essentiellement véhiculées par les institutions de la société de consommation : supermarché, espaces touristiques, médias de masse, etc. Ce qui nous intéressait dès le début avec Hervé Di Rosa, c’était de défricher un territoire artistique dénigré, voire complètement inconnu par une grande majorité du public, car considéré comme trop populaire, trop littéral, trop “kitsch”, pour avoir le droit de s’insérer dans l’histoire de l’art canonique. Or, ces peintures que j’ai étudiées, et dont une grande partie figure dans l’exposition, ont marqué l’imaginaire occidental de façon décisive, devenant même pour une grande part du public la définition de ce qu’est la peinture ».

BEAUBADUGLY - L’autre histoire de la peinture au MIAM
Jean-Baptiste Carobolante, co commissaire de l’exposition BEAUBADUGLY – L’autre histoire de la peinture au MIAM

Cette première partie de «BEAUBADUGLY » ne se contente pas d’être une simple analyse thématique. Elle propose une véritable réflexion sur le statut de l’œuvre d’art et sur les rapports entre l’art et le marché. En montrant comment ces artistes ont su séduire un large public et comment leurs œuvres ont traversé les frontières sociales, « L’autre histoire de la peinture » nous invite à interroger les critères traditionnels de la valeur artistique.

L’intérêt majeur de ce projet – dans sa première partie – est de montrer qu’il existe un art qui n’a rien de commun avec ce qui est exposé dans les biennales et les foires d’art contemporain. S’il n’est pas pris en compte par les musées, la critique et par l’histoire de l’art, cet art « populaire » existe à travers un marché très prospère avec ses galeries dans les lieux touristiques, les stations balnéaires et les centres commerciaux.
On ignore souvent que les originaux se vendent très cher à des collectionneurs. Leur mise en marché n’est sans doute pas très différente de celles des œuvres d’art « reconnues ». Toutefois, l’exposition comme le catalogue reste assez silencieuse à ce sujet. Leurs copies et leurs reproductions largement diffusées répondent, elles, à un modèle économique assez proche de l’industrie hollywoodienne.

BEAUBADUGLY - L’autre histoire de la peinture au MIAM - Photos © Pierre Schwartz
BEAUBADUGLY – L’autre histoire de la peinture au MIAM – Photos © Pierre Schwartz

Si le catalogue y fait une brève allusion, on peut s’interroger sur le fait que « L’autre histoire de la peinture » ignore l’aventure des Suites Prisunic, une tentative de diffusion grand public d’estampes d’artistes.
Entre 1967 et 1972, Prisunic confie à Jacques Putman l’une des premières opérations de démocratisation de l’art : solliciter différents créateurs pour proposer du « beau au prix du laid » dans les rayons de ses magasins. Jacques Putman invite dix-huit artistes à participer au projet. Le principe est simple : réaliser une œuvre originale multiple, au format 65×50 cm. Toutes seront tirées à 300 exemplaires chez des imprimeurs parisiens réputés et seront signées, numérotées et vendues au prix de 100 F. Parmi les artistes se sont engagés dans l’aventure, certains sont proches de de l’école de Paris – Tal Coat, Bram van Velde ou Jean Messagier – d’autres du nouveau réalisme – Arman, Niki de Saint Phalle ou Jean Tinguely – ou encore de l’abstraction comme Jean Dewasne, ou de Cobra comme Pierre Alechinsky ou Asger Jorn… On aurait apprécier qu’une séquence de l’exposition soit consacrée à l’analyse de cette expérience…

BEAUBADUGLY - L’autre histoire de la peinture au MIAM - Photos © Pierre Schwartz
BEAUBADUGLY – L’autre histoire de la peinture au MIAM – Photos © Pierre Schwartz

On peut également regretter que cette première partie de l’exposition ignore l’aspect politique du sujet qui est toutefois abordé par Jean-Baptiste Carobolant dans le catalogue. À la fin de l’introduction de son essai – La fleur et l’orphelin – notes sur la peinture marchande, il écrit :
« Aussi, il nous faut ajouter un dernier élément qui témoigne de l’aspect si particulier de ce sujet. Nombre des peintres que nous allons croiser ici ont publiquement affiché des positions politiques conservatrices. Qu’ils soient proches d’un parti fasciste, réactionnaires, amis avec des figures politiques conservatrices, beaucoup de ces peintres se situent à droite ou à l’extrême droite du spectre politique. Bien que ce ne soit pas toujours le cas, et bien que nous ne souhaitions pas prendre parti face à ce phénomène, cet aspect est suffisamment récurrent pour pousser à la réflexion. Selon nous, cela dit quelque chose de ce qu’est la peinture commerciale et l’imaginaire consumériste en tant qu’idéologie de la réduction. Réduire les signifiants à des archétypes va souvent de pair avec une vision stéréotypée du monde, avec une opposition de blocs idéologiques qui s’excluent mutuellement… »

Appropriations et détournements

« Montrer l’importance de la “peinture marchande” dans l’imaginaire artistique contemporain ». Telle est l’ambition annoncée pour cette deuxième partie de l’exposition, au premier étage du MIAM… Colette Barbier et Nina Childress, commissaires associées, souhaitaient offrir à ce sujet « des réponses conceptuelles, ironiques, potaches, admiratives, décalées, d’artistes contemporains de générations et d’origines diverses »…

BEAUBADUGLY - L’autre histoire de la peinture au MIAM - Photos © Pierre Schwartz
BEAUBADUGLY – L’autre histoire de la peinture au MIAM – Photos © Pierre Schwartz

Dans une conversation avec Jean-Baptiste Carobolante, elles ajoutent : « L’esthétique de la peinture populaire marchande hante certainement la mémoire de tous les artistes contemporains. Ils y ont été forcément confrontés, sur le mode admiratif, répulsif ou ironique »…
Colette Barbier précise : « Au départ Hervé et Jean-Baptiste souhaitaient montrer un gros corpus du travail de Nina. Mais nous avions tellement d’autres idées que nous avons préféré construire un scénario au fil de l’accrochage et utiliser les tableaux de Nina pour faire le lien entre nos propositions »…
Après avoir indiqué que les œuvres de Gabriele Di Matteo et de Hsia-Fei Chang s’étaient rapidement imposées, Nina Childress rebondit en soulignant : « Colette a suggéré de déborder des cimaises avec les volumes de Pierre Ardouvin et Wilfried & Mille. Moi, j’ai tout de suite pensé à des artistes de ma collection ou à des proches, comme Piro Kao et Richard Fauguet »…

BEAUBADUGLY - L’autre histoire de la peinture au MIAM - Photos © Pierre Schwartz
BEAUBADUGLY – L’autre histoire de la peinture au MIAM – Photos © Pierre Schwartz

Pour Colette Barbier, il s’agissait de « retrouver certains artistes “historiques” traitant de la question ou d’autres, dont la virtuosité à peindre des sujets mainstream issus d’images ordinaires n’empêchaient pas une relecture critique ou humoristique. Et pour d’autres, nous les avons découverts à travers Instagram ! Tous ont une préoccupation commune : la peinture. (…) Nous voulions choisir des artistes pour lesquels l’imagerie populaire est une vraie source d’inspiration ».

À la suite de ce « ping-pong », les deux commissaires ont arrêté leur choix sur un ensemble d’œuvres de : Pierre Ardouvin, Josse Bailly, Hsia-Fei Chang, Nina Childress, Mathis Collins, Pablo Cots, Somaya Critchlow, John Currin, Gabriele Di Matteo, Bert Duponstoq, Cyril Duret, Richard Fauguet, Gérard Gasiorowski, Jef Geys, Piro Kao, Philippe Katerine, Pierre & Gilles, Ernest T, Ida Tursic et Wilfried Mille, Julia Wachtel, Janet Werner, Stéphane Zaech.

L’accrochage qu’elles ont imaginé s’articule en quatre séquences : Le peintre ce héros, S’approprier la peinture au couteau, Peindre coûte que c(r)oûte et Leurre du Kitsch

Si certaines œuvres, comme celles de Gabriele Di Matteo ou de Hsia-Fei Chang, proposent une réflexion intéressante sur les rapports entre l’art et le marché, d’autres semblent moins convaincantes. On reste dubitatif sur l’approche que propose cette deuxième partie de «BEAUBADUGLY » qui semble rester souvent à la surface de son sujet…

BEAUBADUGLY - L’autre histoire de la peinture au MIAM - Photos © Pierre Schwartz
BEAUBADUGLY – L’autre histoire de la peinture au MIAM – Photos © Pierre Schwartz

Il y a sans doute un hiatus trop important entre l’approche historique de la première partie et les regards singuliers des deux commissaires sur les « appropriations et détournements » de l’esthétique populaire et marchande par les artistes exposés.
On reste peu convaincu par leur démonstration de « l’importance de la “peinture marchande” dans l’imaginaire artistique contemporain ». L’ironie et le second degré de cette seconde partie semblent être en dissonance avec la méthode plus analytique développée dans « L’autre histoire de la peinture au XXe siècle ».

Ces réserves faites, « BEAUBADUGLY – L’autre histoire de la peinture » ne se contente pas de provoquer. L’exposition ouvre des discussions peut-être nécessaires et sans doute enflammées sur le rôle de l’art dans la société de consommation, et sur la manière dont l’histoire officielle de la peinture a occulté des courants populaires.
De cette exploration des méandres de la peinture populaire et commerciale du XXe siècle, on retiendra qu’au bout du compte il y a peu en commun entre cet art – fait pour répondre aux demandes de son marché – et celui qui nous intéresse habituellement dans les chroniques publiées ici et dont les œuvres sont rarement crées pour un marché…

BEAUBADUGLY - L’autre histoire de la peinture au MIAM
De gauche à droite : Jean-Baptiste Carobolant, Colette Barbier, Hervé Di Rosa et Nina Childress comissaires de l’exposition BEAUBADUGLY – L’autre histoire de la peinture au MIAM

Avec cette exposition au MIAM, Hervé Di Rosa s’est-il délivré de ce sujet qui, dit-il, l’obsédait ? Était-ce celui de son « attirance pour l’esthétique commerciale de la peinture marchande » ou de ses interrogations sur ce qu’est le « vrai » art ? Dans le conversation avec Jean-Baptiste Carobolant reproduite dansle catalogue, il semble nous interpeller et sans doute se questionner : « Qu’est-ce qu’est le vrai art ? Qu’est-ce qu’est l’art faux, en l’occurrence est-ce qu’il y a un art faux ? » Avec une pirouette dont il a le secret, il répond… « Il n’y a pas d’art faux. Il n’y a que des relectures »…

Le catalogue bilingue (français/anglais) publié par les Éditions La Muette en coédition avec le MIAM est un complément indispensable à la visite de l’exposition dont il enrichit considérablement l’expérience. On peut y lire une conversation de Jean-Baptiste Carobolant avec Hervé Di Rosa et un entretien avec Colette Barbier et Nina Childress.
Son essai La fleur et l’orphelin est particulièrement intéressant et ses notes sur les artistes constituent une documentation essentielle. L’historienne de l’art et critique Lydia Harambourg propose des contributions sur Bernard Buffet et André Brasilier. Stuart Webb signe un texte à propos de Louis Shabner et Cléa Patin s’intéresse à « La place des peintres figuratifs français dans les grands magasins japonais ». Pour la partie contemporaine, Andrea Viliani rapporte une conversation avec Gabriele Di Matteo et Salvatore Russo lors d’un voyage à Naples en 2004. Des notes biographiques sur les artistes contemporains complètent l’ensemble.


Ci-dessous quelques regards photographiques sur l’exposition accompagnés des textes de salle et des cartels. Celles et ceux qui n’ont pas encore vu « BEAUBADUGLY – L’autre histoire de la peinture » et qui ont l’intention de passer au MIAM pourront éviter cette lecture avant leur visite…

En savoir plus :
Sur le site du MIAM
Suivre l’actualité du MIAM sur Facebook et Instagram

« BEAUBADUGLY » – Regards sur le parcours de l’exposition

Dans le couloir qui longe le jardin et qui conduit aux anciens chais, l’accrochage commence par un inévitable hommage à Ben.

BEAUBADUGLY - L’autre histoire de la peinture au MIAM
Benjamin Vautier dit Ben – Le vent a tourné l’art aussi, 1996. Acrylique sur toile. Don d’Antoine de Galbert, collection du MIAM – BEAUBADUGLY – L’autre histoire de la peinture au MIAM

En ouverture de « BEAUBADUGLY – L’autre histoire de la peinture », un papier peint reproduit la fresque Tomorrow Forever (1963) de Margaret Keane que les commissaires présentent comme un « un pied de nez historique »

BEAUBADUGLY - L’autre histoire de la peinture au MIAM
Margaret KeaneTomorrow Forever, 1963. Impression sur papier à tapisserie – BEAUBADUGLY – L’autre histoire de la peinture au MIAM

Cette tapisserie se présente comme un pied de nez historique. En 1963, Margaret Keane réalisa Tomorrow Forever car Walter Keane, qui signait ses œuvres de son nom, avait réussi à être admis parmi les artistes exposant à la Foire internationale de New York de 1964. La thématique de la Foire était « La paix à travers la compréhension » (Peace through Understanding) et Margaret Keane décida donc de réaliser une grande toile composée de plusieurs dizaines d’enfants de tous horizons, fidèle à sa fameuse esthétique des « big eyes ». L’œuvre fut sélectionnée pour décorer le Pavillon de l’éducation, pourtant un journaliste du New York Times, demanda la censure de l’œuvre. Pour lui, elle était une insulte au bon goût et témoignait de grandes failles dans l’organisation de l’événement. D’autres médias s’en mêlèrent et, face à l’insistance de la critique, la présentation de l’œuvre fut finalement annulée. Ainsi, ce mural qui ouvre l’exposition «BEAUBADUGLY » est la première véritable présentation publique de l’œuvre, dans un format similaire à celui qui aurait dû être le sien. (Texte du cartel)

Un voyage dans l’histoire de la peinture populaire

L’immense mur des anciens chais est tapissé par 316 peintures de vagues et de mimosas exécutées au couteau par des peintres-artisans de la baie de Naples. Résultat d’une chaîne de production mise en place par Gabriele Di Matteo, cet ensemble monumental, intitulé Le peintre salue la mer (2005), constitue une réflexion fascinante et particulièrement ingénieuse sur les rapports entre l’art et le marché. Par ailleurs, cette installation fait parfaitement le lien entre les deux parties de l’exposition.

BEAUBADUGLY - L’autre histoire de la peinture au MIAM - Photos © Pierre Schwartz
Gabriele Di MatteoLe peintre salue la mer, 2005. 316 tableaux, acrylique sur toile. Collection MAMCO, Genève – BEAUBADUGLY – L’autre histoire de la peinture au MIAM – Photos © Pierre Schwartz

Né en 1957 à Torre del Greco, Naples, Gabriele Di Matteo vit et travaille à Milan. Artiste conceptuel, il travaille souvent à partir d’images issues de livres et de journaux, principalement des portraits, qu’il « traduit » ensuite en peinture ou en photographie. Il explore la question de la copie à travers toute son œuvre. Il considère que le peintre repeint toujours le monde sans invention particulière, s’engageant dans un jeu de strates et de superpositions où chaque objet, œuvre et personne existent à deux ou plusieurs niveaux.
Le peintre salue la mer résulte d’une chaîne de production mise en place par l’artiste. Les 316 peintures de vagues et de mimosas ont été exécutées au couteau par des peintres-artisans de la baie de Naples. Les deux ensembles sont décomposés, chacun, en cinq moments afin de créer un mouvement proche de la chronophotographie. Nous retrouvons ainsi le sentiment de ressemblance que seule la photographie permet, mis en doute par un geste de production à la chaîne qui rend possible l’apparition de nombreux défauts. Les deux ensembles ont été réalisés par des artistes spécialistes de leur sujet. C’est eux que nous voyons dans le documentaire, que nous présentons également dans l’exposition. (Texte du cartel)

Aboutissement des trois ans de recherche de Jean-Baptiste Carobolante, le première partie de «BEAUBADUGLY » se développe au rez-de-chaussée du MIAM et s’articule en cinq séquences qui sont essentiellement présentées sur la droite, sous la mezzanine.

Elles sont introduites par deux documentaires que l’on peut voir confortablement installé dans un salon assez kitch aux rideaux dorés…
Le premier, From the Boy Who Threw a Stone (2004), a été réalisé par Gabriele Di Matteo. Il y montre les peintres-artisans employés pour Le peintre salue la mer dans la production d’un autre projet. Le second, Peinture fraîche, réalisé en 2002 par Pascale Thirode, montre un commercial vendant des tableaux de décoration chez des encadreurs…

BEAUBADUGLY - L’autre histoire de la peinture au MIAM - Photos © Pierre Schwartz
BEAUBADUGLY – L’autre histoire de la peinture au MIAM – Photos © Pierre Schwartz
Gabriele di MatteoFrom the Boy Who Threw a Stone, 2004, 35min collection privée.
Le titre de ce film de Gabriele di Matteo fait référence à une légende des années 1500 narrant l’histoire d’un groupe de garçons qui, jouant avec une pierre, aurait frappé le visage d’une effigie de la madone appelée Madone de l’Arche. Chaque année, durant le lundi de Pâques, la fête de cette effigie est célébrée et, à cette occasion, plusieurs peintres commerciaux sont chargés de peindre un tableau qui est porté en procession. La deuxième partie du film est une interview que l’artiste a réalisée avec ces peintres dans leur atelier.
Pascale ThirodePeinture fraîche, 2002, 57min collection AgatFilms
Le documentaire Peinture fraîche, réalisé en 2002 par Pascale Thirode, nous montre un commercial vendant des tableaux de décoration chez des encadreurs. Les œuvres seront ensuite proposées à une clientèle modeste, à des prix variant entre 500 et 5000 euros. Ce film est une immersion dans ce monde en compagnie de ses protagonistes (peintre, représentant, encadreur, journaliste, expert, client). (Texte du cartel)

Le peintre star

BEAUBADUGLY - L’autre histoire de la peinture au MIAM - Photos © Pierre Schwartz
BEAUBADUGLY – L’autre histoire de la peinture au MIAM – Photos © Pierre Schwartz

Les peintres stars, ce sont ces artistes qui ont marqué le 20ème siècle par leur impact sur l’imaginaire artistique populaire, mais aussi par la création de nouveaux modes de productions et de diffusion. Vladimir Tretchikoff (1913-2006), fut par exemple le premier artiste à exposer et vendre ses peintures dans les supermarchés. Le public sud-africain et anglais connaît par cœur sa célèbre peinture représentant une «green lady». Thomas Kinkade est, quant à lui, l’artiste ayant vendu le plus de copies de peinture de l’histoire des États-Unis. Il a marqué à tout jamais l’imaginaire religieux mondial, et a notamment collaboré avec les studios Walt Disney. Enfin Bernard Buffet est l’artiste français par excellence de la deuxième moitié du 20ème siècle. Sur-représenté dans les médias, ses peintures de clowns sont connues de tous. (Texte du cartel)
BEAUBADUGLY - L’autre histoire de la peinture au MIAM
Vladimir TretchikoffWeeping Rose ; Lady of the Orient ; Lotuses ; Chinese girl ; Lady of Ndebele ; Miss Wung ; Hindu Dancer, n. d, impression sur papier. Collection MIAM – BEAUBADUGLY – L’autre histoire de la peinture au MIAM.

Vladimir Tretchikoff (1913-2006)
Vladimir Tretchikoff fut le premier à vendre ses œuvres dans les supermarchés sous la forme de copies. Son marché était global alors qu’une clientèle populaire achetait en masse ses reproductions, il vendait les originaux à de riches collectionneurs : Sir John Bagnall; William de Vigier, Jack Hammell, John McKay-Clements, plusieurs personnalités de l’époque possédaient une ou plusieurs de ses toiles. Sa célébrité lui fit même croiser le monde du show- business l’une de ses œuvres, Rainy Day (1968), a pour modèle Françoise Hardy, qui avait posé pour lui.
Il n’avait pas de sujet de prédilection mais peignait tous les « thèmes » qui entrent dans les catégories de la peinture marchande : nus érotisés, portraits, chevaux au galop, peintures religieuses, scènes ou portraits exotiques d’Asiatiques ou d’Africains, bouquets de fleurs, scènes surréalistes, etc. Son style, variant de la peinture épaisse à l’esquisse, valide, dans la matérialité de l’image, la patte de l’artiste. Au début des années 1950, alors qu’il était surtout célèbre en Afrique du Sud et en Angleterre, une exposition fut organisée à San Francisco par le Rosicrucian Egyptian Museum. S’y rendirent des dizaines de milliers de personnes
L’artiste a également réalisé de nombreux autoportraits, pinceaux à la main, avec une profusion de couleurs pâteuses semblant s’échapper de son esprit, suggérant une validation du mythe de l’artiste comme sujet soumis à des Inspirations le dépassant. Pour toute une génération de spectateurs, Vladimir Tretchikoff était alors une matrice, une « boîte noire » dans laquelle était encodé tout ce qui était attendu d’un artiste. Posséder l’une de ses œuvres chez soi, même une copie, c’était valider l’art, le comprendre, l’accepter, et donc être à son tour accepté parmi cette communauté d’humains qui a accès à des sphères de goûts et d’intellects supérieures. En 2013, son œuvre la plus célèbre, Chinese girl, a été achetée par Laurence Graff pour près d’un million de livres sterling, validant ainsi l’importance de l’artiste auprès du marché de l’art. (Texte du cartel)
BEAUBADUGLY - L’autre histoire de la peinture au MIAM - Photos © Pierre Schwartz
Bernard BuffetLes clowns musiciens, La diva, 1991. Huile sur toile, 225 x 270cm – BEAUBADUGLY – L’autre histoire de la peinture au MIAM – Photos © Pierre Schwartz

Bernard Buffet (1928-1999)
L’artiste commercial français le plus célèbre du XXe siècle est sans conteste Bernard Buffet. Il accéda à la célébrité très jeune, gagnant ses premiers prix à 20 ans, en 1948. En 1955, la revue Connaissance des Arts publia un référendum pour élire le peintre le plus apprécié, le vote fut soumis à des personnes influentes du monde de l’art et de la culture. Buffet termina en tête. En 1956, une salle entière lui fut consacrée à la Biennale de Venise. En janvier 1958, la galerie Charpentier lui organisa une rétrospective : huit mille personnes furent présentes au vernissage. Plus de cent mille visiteurs vinrent voir l’exposition et de nombreux tableaux furent vendus. Cette même année, il réalisa un portrait du Général de Gaulle pour la Une du Time. Enfin, à partir de 1949, tous les ans, il organisa une exposition individuelle au mois de février à la galerie Drouant-David puis à la galerie Maurice Garnier, qui fut sa seule galerie, et qui elle-même ne présenta que ses œuvres, jusqu’à la fin de sa vie. Plus que ce succès artistique, Bernard Buffet connut une gloire populaire qui fit de lui l’incarnation commune du « Peintre ». Dans une France qui se reconstruisait après la Seconde Guerre mondiale, l’artiste, avec d’autres icônes, notamment Yves Saint-Laurent, était l’espoir d’un nouvel horizon, la refondation d’un nouveau monde. De plus, grâce à ses expositions individuelles chaque février, il jouissait alors d’un maintien médiatique constant. Mais cette célébrité était aussi celle, plus paradoxale, issue de la presse people. Lui, incarnant le « peintre misérabiliste » qui avait souffert de la pauvreté et de la guerre, lui le tout jeune artiste, possédait déjà un château dans le Sud-Est et roulait en Rolls Royce. On le montrait du doigt comme ayant trop de succès, ce qui est toujours douteux pour un artiste. Ses clowns sont notamment restés dans l’imaginaire collectif, et c’est même l’un d’eux qui décore le chalet des « Bronzés » dans Les Bronzés font du ski de Patrice Leconte (1979). Après une vie faite de paradoxe, l’artiste, atteint de la maladie de Parkinson, se suicida en 1999. Ses cendres furent dispersées dans le parc du musée Bernard-Buffet à Higashino-Hachibudaira, au Japon. (Texte du cartel)
BEAUBADUGLY - L’autre histoire de la peinture au MIAM
Thomas KinkadeSea of tranquility et Lakeside Hideway, 1998, impression réhaussée sur toile. Collection MIAM – BEAUBADUGLY – L’autre histoire de la peinture au MIAM

Thomas Kinkade (1958-2012)
Thomas Kinkade est sans nul doute l’un des artistes phares de la peinture commerciale. Il est célébré comme étant le peintre qui a le plus vendu d’images au XX siècle, légende qui s’approche sans doute de la réalité. Il nait en 1958 au cœur de la Californie, où il décéda en 2012 suite à des problèmes récurrents d’alcoolisme. Il étudia l’art à Berkeley puis à Pasadena Art Center mais sans terminer ses études car, selon lui, il ne se retrouvait pas dans l’air du temps. C’est en allant vers le sud de la Californie qu’il trouva sa place dans la société rejoignant les mouvements évangéliques. Au début des années 1980, alors qu’il était en train de peindre un modèle nu durant un cours, le visage de Jésus lui serait apparu. Depuis ce jour, il se considéra comme un être doué de la capacité à sentir la présence divine dans la lumière. Il devint alors, littéralement, Le peintre de la lumière, sauvé par Dieu, produisant un art salvateur. La commercialisation massive de ses peintures relèverait ainsi d’une volonté divine, car elles sont porteuses d’un message transcendant et la richesse du peintre ferait également partie de ce plan divin.
Plus que tout autre artiste, Kinkade développa un système commercial tentaculaire. Ses œuvres sont vendues sous forme de copies allant de la simple impression à l’impression en relief rehaussée par la main de l’artiste, ou de celle d’un suiveur formé par le maître. C’est un véritable système pyramidal dont l’original n’est jamais accessible à la vente, mais dont les copies les plus onéreuses s’en rapprochent au plus près. Mais Kinkade, c’est aussi des puzzles, des goodies, des romans, des films, etc. Vers la fin de sa vie, il jouira d’un partenariat avec Disney qui l’auréolera d’une popularité comparable à la firme hollywoodienne. Thomas Kinkade, c’est l’exemple parfait de l’american dream, un enfant issu d’une famille modeste à l’histoire compliquée qui accède à la richesse et au succès. Mais surtout, ce qui fait la gloire de Kinkade auprès des Américains, c’est qu’il a réussi à incarner une figure de peintre à la fois moderne et transhistorique peintre de chevalet qui affronte les éléments pour peindre la vie telle qu’elle est, et en même temps peintre extrêmement croyant centrant toute sa pratique autour de son amour pour le Christ. (Texte du cartel)

Les représentations d’enfants

BEAUBADUGLY - L’autre histoire de la peinture au MIAM
BEAUBADUGLY – L’autre histoire de la peinture au MIAM.

Dans la deuxième moitié du 20ème siècle, une nouvelle clientèle naît, incarnée par la figure de la mère au foyer. C’est à elle qu’incombe la décoration de l’espace domestique, et des œuvres picturales vont être spécifiquement produites pour plaire à ce nouveau public. Des représentations d’enfants en larmes, peintes par Giovanni Bragolin vont inonder les espaces marchands anglais, tandis qu’au même moment, aux États-Unis, Margaret Keane peint ses fameux « Big Eyes ». En France, les « Petits Poulbots » peints par Michel Thomas ont marqué à tout jamais l’imaginaire national et, au-delà, sont devenus le produit touristique français par excellence. (Texte du cartel)
BEAUBADUGLY - L’autre histoire de la peinture au MIAM - Photos © Pierre Schwartz
Giovanni Bragolin – Untitled (série des crying childs) vers 1960. Huile sur toile. Collections Matthias Krinzinger et MIAM – BEAUBADUGLY – L’autre histoire de la peinture au MIAM – Photos © Pierre Schwartz

Giovanni Bragolin (1907-1981)
Giovanni Bragolin est le pseudonyme du peintre italien Bruno Amadio. Il a étudié à l’Institut National d’art des Carmini à Venise, vivait dans les environs de cette même ville (il décède dans le village de Trebaseleghe) et a été proche du parti fasciste durant la Seconde Guerre mondiale. Il a également vécu en Espagne, où il peignait sous le nom de Franchot Seville. Il aurait commencé sa carrière en vendant ses toiles à Venise et, d’après ce que nous savons d’autres peintres commerciaux similaires, nous pouvons supposer qu’il a sûrement été approché par une entreprise de copie avec qui il aurait signé un contrat pour la reproduction de ses œuvres.
Sa série de peintures représentant des enfants en larmes est l’un des classiques de la peinture commerciale européenne d’après-guerre. On en retrouve aussi bien au Royaume-Uni qu’en Allemagne, en Belgique ou aux Pays-Bas. Avec les « big eyes » de Margaret Keane, les « Petits » de Michel Thomas, mais aussi les images d’autres artistes que nous ne présentons pas dans l’exposition (Dallas Simpsons, notamment), les crying children de Giovanni Bragolin incarnent une catégorie, si ce n’est un mouvement pictural, de la culture populaire et commerciale du XXe siècle : des images se situant entre la peinture et l’illustration, que l’on pourrait considérer comme « kitsch » du fait de leur réduction sémantique, et qui dégagent une charge émotionnelle littérale. Des œuvres principalement destinées à un public féminin, voire, pour ce qui est de l’Italien, à des femmes au foyer.
Par ailleurs, cette série d’œuvres est également passée à la postérité pour avoir été l’objet de rumeurs de malédictions créées par le magazine anglais The Sun en septembre 1985. La revue avait inventé une légende affirmant que ce tableau avait conduit de nombreux propriétaires à la mort, notamment en provoquant un incendie de leur maison. Pour conjurer le mal, un feu de purification fut organisé le soir d’Halloween de la même année : on y brûla 2 500 exemplaires des prints de l’artiste. (Texte du cartel)
BEAUBADUGLY - L’autre histoire de la peinture au MIAM
Michel ThomasPipi, vers 1970, huile sur toile ; Les Arabes, vers 1970, huile sur toile et collage sur bois ; Saint-Tropez, vers 1970, huile sur toile et collage sur bois ; Rendez-vous, vers 1970, huile sur toile et collage sur bois ; Danse brésilienne, vers 1970, huile sur toile et collage sur papier cartonné ; Américain, vers 1970, huile sur toile et collage sur papier cartonné. Collection PRAM SARL / Galerie La Vigne – BEAUBADUGLY – L’autre histoire de la peinture au MIAM.

Michel Thomas (1937 — 2014)
Michel Thomas est le pseudonyme de Stanislas Pozar, né à Zagreb et immigré à Paris. Installé à Montmartre, il y réalisa des peintures sur chevalet pour subvenir à ses besoins. Ses premières oeuvres sont des vues de Paris qu’il signa du nom de Jacques Chardon et vendit aux touristes de passage. Puis, l’artiste découvrit sûrement les « big eyes » de Margaret Keane, et se forma au dessin pour enfant en travaillant à mi-temps pour les Studios Walt Disney. C’est alors que naquit ce qu’il nomma les « Petits », figure empruntée aux gamins des rues créés à la fin du XIXe siècle par le dessinateur et humaniste Francisque Poulbot, qui lui-même adapta le personnage de Gavroche inventé par Victor Hugo dans Les Misérables.
Il connut rapidement un grand succès commercial. Vivant entre Paris et Saint- Tropez, et vendant aussi bien des toiles aux touristes qu’aux collectionneurs fréquentant la Galerie de la Ponche – qui exposait également Pablo Picasso. C’est à Saint-Tropez qu’il rencontra un représentant de l’entreprise British Royal Publications, avec qui il signa un contrat, et qui distribua ses oeuvres sous forme de copies imprimées un peu partout à travers l’Europe. En 1975, il finit par créer sa propre société de diffusion, Pram, dont il installa les ateliers de production à Port-Royal.
Les « Gamins » ou « Poulbots » de Michel Thomas ont globalement remplacé, et fait oublier, ceux du début du siècle pour devenir l’incarnation de l’art touristique et populaire français des années 60 aux années 80. (Texte du cartel)
BEAUBADUGLY - L’autre histoire de la peinture au MIAM
Margaret KeaneLittle Girl From Madrid, 1963, huile sur toile et Coffee Break, 1963, huile sur toile. Collection Musea Brugge – BEAUBADUGLY – L’autre histoire de la peinture au MIAM

Margaret Keane (1927 — 2022)
L’histoire de Margaret Keane est tumultueuse et spectaculaire. Lorsqu’elle rencontra Walter Keane, son futur mari, ce dernier était entrepreneur dans l’immobilier tout en vendant des tableaux sur les marchés. Elle peignait déjà ses fameux « big eyes » lorsqu’il lui proposa une stratégie commerciale qu’elle n’eut pas la force de refuser : elle était douée d’un immense talent, certes, mais elle était une femme, et ne pourrait donc jamais accéder au succès marchand et public ; elle continuerait donc à peindre ses tableaux en secret et lui les signerait puis les vendrait. Il commença à les commercialiser dans des foires d’art, avant d’ouvrir une galerie à San Francisco entièrement dédiée à « ses » oeuvres, tout en mettant en scène une couverture médiatique locale, puis nationale. La stratégie commerciale et médiatique fonctionna et le couple devint immensément riche, vendant également de nombreux produits dérivés sous la forme de t-shirts, de mugs, d’assiettes, ou même d’une poupée, commercialisée par Hasbro sous le nom Little Miss No-Name en 1965.
Margaret convint tout de même Walter de la laisser peindre des toiles en son nom propre, et développa un nouveau style, plus étiré, qu’elle signait « MDH Keane », de son nom de jeune fille, Margaret Doris Hawkins. Nous présentons l’une de ces oeuvres dans l’exposition BEAUBADUGLY, à côté d’un big eye plus traditionnel. Les deux œuvres datent de 1963 et avaient été offertes au Groeninge museum, le musée des Beaux-Arts de Bruges, par Walter à cette période. C’était une autre stratégie de sa part : placer « leurs » œuvres entre Memling et Van Eyck, c’était les valider institutionnellement.
En 1965, Margaret Keane réussit à s’enfuir à Hawaï et recommença sa vie. Puis, de nombreuses années plus tard, soutenue par les Témoins de Jéhovah et par son nouveau mari, elle trouva la force de s’opposer juridiquement à Walter et de clamer son autorité sur toutes les peintures produites. En 1982, Margaret gagna une première procédure judiciaire et reçut plus d’un million de dollars de compensation ; mais ce n’est qu’en 1986 qu’un véritable procès départagea les deux ex-époux. Ce procès fut marqué par une scène désormais célèbre durant laquelle Margaret réalisa un tableau en direct devant l’assemblée en 53 minutes alors que Walter, à qui il était demandé de peindre un tableau à son tour, prétendit ne pas pouvoir le faire car il souffrait d’une tendinite à l’épaule. Ce dernier finit par succomber à une vie de débauche en 2000 à 85 ans, lorsque Margaret passa définitivement à la postérité en 2014 quand Tim Burton réalisa un biopic sur sa vie, Big Eyes, avec Amy Adams en premier rôle. Elle décéda en 2022, à 94 ans. (Texte du cartel)

Les représentations féminines

BEAUBADUGLY - L’autre histoire de la peinture au MIAM - Photos © Pierre Schwartz
Francisco Rodriguez Sanchez Clemente – Untitled, vers 1960, huile sur toile – Charles Mc Phee – Mon Desiree, vers 1950, huile sur velours noir – J.H. Lynch – Untitled, vers 1960-70, aérographe et acrylique sur carton. Collection Stuart Webb – BEAUBADUGLY – L’autre histoire de la peinture au MIAM – Photos © Pierre Schwartz

Parmi les représentations picturales populaires du 20ème siècle, une catégorie est particulièrement récurrente : celle de la femme nue plus ou moins érotisée. C’est la pin-up américaine, bien sûr, mais pas uniquement. En Angleterre, Louis Shabner est, avec d’autres peintres, à l’origine d’une esthétique à la fois érotique et élégante incontournable, que l’on retrouvera autant sur les couverture des romans James Bond que sur les calendriers. En France, Félix Labisse crée toute une mythologie érotique et surréaliste. Enfin, c’est aussi Charles McPhee et ses vahinés dénudées peintes sur du velours noir, que les touristes ramèneront de leurs vacances sur les îles. (Texte du cartel)
BEAUBADUGLY - L’autre histoire de la peinture au MIAM
Francisco Rodriguez Sanchez ClementeUntitled, ca. 1960, huile sur toile. Collection Stuart Webb – BEAUBADUGLY – L’autre histoire de la peinture au MIAM

Francisco Rodriguez Sanchez Clemente (1893 — 1968)
FRS Clemente est un peintre espagnol sur lequel nous avons peu d’informations, si ce n’est qu’il a étudié puis enseigné à l’école d’art San Fernando à Madrid et qu’il a vécu à Paris, Elche et Valence. Ses œuvres ont en grande majorité pour sujet de jeunes danseuses des rues qui rappellent autant des scènes de flamenco que la peinture picaresque, les scènes de genre tzigane, ou encore l’érotisme orientaliste.
La société Frost & Reed Limited diffusait des impressions de ses peintures au Royaume Uni à partir des années 1960. Ses œuvres sont symptomatiques d’un certain goût des classes subalternes anglaises, ou du moins du goût que leur propose la société de consommation : un exotisme européen calqué sur les désirs touristiques, et parfois teinté d’érotisme. Pour une société qui découvrait à l’époque les joies de la consommation et du tourisme, l’Espagne fut sûrement l’incarnation du pays encore à demi sauvage, proche de l’Afrique, proche donc d’une société naïvement envisagée comme archaïque. Un pays de tradition, un pays suave, un pays dépaysant.
Les peintures de Francisco Rodriguez Sanchez Clemente reposent entièrement sur cet imaginaire. À cheval entre le luminisme, l’impressionnisme et l’orientalisme – à cheval donc sur des registres picturaux qui « font art » –, il proposait à cette clientèle du nord de l’Europe un fragment de rêve et d’élégance à accrocher dans les salons. Par ailleurs, notons que les scènes de danse étaient un genre de la peinture commerciale durant cette période du XXe siècle. (Texte du cartel)
BEAUBADUGLY - L’autre histoire de la peinture au MIAM

Charles Mc Phee – Mon Desiree, vers 1950, huile sur velours noir. Collection Stuart Webb – BEAUBADUGLY – L’autre histoire de la peinture au MIAM


Charles Mc Phee (1910 — 2002)
Charles Mc Phee était un peintre australien célèbre pour ses nombreuses peintures exotiques sur velours noir. En 1939, il émigra aux Samoa et devint à la fois peintre d’enseigne et policier. À la fin des années 1940, il déménagea ensuite à Tahiti où il devint le disciple du peintre américain Edgar Leeteg, alors au sommet de la gloire en étant le peintre par excellence de la peinture sur velours. Durant son apprentissage, il tomba amoureux d’Elizabeth, l’un des modèles de Leeteg, et déménagea avec elle en Nouvelle-Zélande. C’est elle qui est représentée dans l’œuvre Mon Desiree que nous présentons dans l’exposition.
La peinture sur velours est un phénomène typique de la peinture commerciale du XXe siècle. Elle se situe à l’exacte rencontre du souvenir touristique et de l’œuvre de décoration. À la base souvenir colonial des Européens en Asie, elle est peu à peu devenue un genre artistique typique de la Polynésie, notamment grâce à Leeteg qui lui a donné son imaginaire et son esthétique. Pourtant, elle ne s’arrête pas à cet univers, tant nous pouvons trouver de nombreuses représentations de
big eyes, de clowns, ou, notamment des représentations d’Elvis Presley. (Texte du cartel)
BEAUBADUGLY - L’autre histoire de la peinture au MIAM
John Henry LynchUntitled, ca. 1960-70, aérographe et acrylique sur carton. Collection Stuart Webb – BEAUBADUGLY – L’autre histoire de la peinture au MIAM

John Henry Lynch (1911 — 1989)
J.H. Lynch un peindre commercial qui eut un moment de célébrité dans les années 1960 et 1970. Il se situe dans la tradition de peintres ayant fait de la représentation féminine un archétype de bon goût. Ses peintures se divisent en deux catégories que sont les portraits et les nus. Et, dans les deux cas, la mode y joue une place prépondérante par le biais des coiffures et du type de beauté, en l’occurrence extrêmement liés aux années 1960. Il y a un côté « James Bond girls » dans ses représentations, notamment dans ses peintures représentant des « femmes sauvages », à demi nues dans la jungle. En ce sens, il fait partie du même mouvement de peintres commerciaux que Roger Hall, qui a, lui, littéralement donné naissance à l’imaginaire pictural de James Bond en réalisant les couvertures des romans de Fleming : un mélange d’érotisme, de mode et de fantasme exotique. On peut voir les célèbres peintures Nymph et Leaf Girl de l’artiste dans la maison d’Alex DeLarge, le protagoniste d’Orange Mécanique de Stanley Kubrick (1971), signe certainement des goûts de ses parents et de son appartenance aux classes populaires. (Texte du cartel)
BEAUBADUGLY - L’autre histoire de la peinture au MIAM
Louis ShabnerRuth, Annette, Odette, Zita, Naomi, Titania, vers 1960-70, pastels sur carton. Collection Stuart Webb – BEAUBADUGLY – L’autre histoire de la peinture au MIAM

Louis Shabner (1913 — 1981)
Louis Shabner est l’un des peintres commerciaux anglais les plus célèbres du XXe siècle. Il débuta sa carrière en travaillant dans le monde publicitaire. Puis, au gré des commandes, il créa une entreprise employant jusqu’à 30 artistes. Entre 1957 et 1965, il officiait en tant que portraitiste pour la James Haworth and Brother Company à Londres, pour laquelle il réalisait des pin-up. À cette époque, il réalisait les portraits, et un autre artiste, Alfred Beck, peignait les natures mortes des objets à promouvoir. En 1953, pour le couronnement d’Élizabeth II, il peignit un portrait de la reine qui se vendit à 20 000 exemplaires. À partir des années 1950, alors que l’industrie publicitaire se tournait de plus en plus vers la photographie pour des questions de coût, Shabner se dirigea vers deux domaines : le marché des prints en vente dans la grande distribution et les calendriers.
Les femmes qu’il représente sont toujours très élégantes. Il puisait ses modèles dans les magazines, et utilisait parfois une même photographie pour plusieurs oeuvres. L’un de ses tableaux prend, par exemple, pour modèle Sofia Loren. Il peignait des calendriers pour la marque Leyland Motoer Ltd. qui vendait des moteurs ; mais aussi pour l’entreprise d’huile de vidange Falcon Catering Equipment, pour laquelle il représentait des femmes avec des faucons. Il a également réalisé des peintures pour la maison d’édition Pan Paperbacks, pour la marque de batterie Exide Car Batteries ou encore pour Metrovick Lamp. Les six œuvres que nous présentons ici proviennent de la collection privée de Stuart Webb, qui a écrit un livre au sujet du peintre, publié en 2021 par Telos Publishing, et qui a également produit un texte pour le catalogue de l’exposition BEAUBADUGLY. (Texte du cartel)
BEAUBADUGLY - L’autre histoire de la peinture au MIAM - Photos © Pierre Schwartz
Vera PegrumUntitled (The Green Lady), vers 1960, huile sur toile et Untitled, vers 1960, huile sur toile. Collection Stuart Webb – BEAUBADUGLY – L’autre histoire de la peinture au MIAM – Photos © Pierre Schwartz

Vera Pegrum (1914 — 1988)
Vera Pegrum, née Marjorie Vera Sales, est l’une des rares femmes présente dans le monde de la peinture commerciale au XXe siècle. L’une de ses œuvres, la « green lady » que nous présentons ici, a notamment beaucoup été comparée aux tableaux similaires de Vladimir Tretchikoff car, comme ce dernier, elle s’était spécialisée dans les portraits de femmes asiatiques. Avec son mari, ils développèrent, tous deux, la pratique commerciale de Vera : elle peignait quotidiennement des tableaux que lui se chargeait ensuite d’encadrer et de vendre dans des foires publiques. Elle réalisait ses œuvres à partir de modèles vivants ou de photographies que leur fille Sally était en charge de trouver dans le fonds de la bibliothèque publique. Son succès commercial, auprès des Anglais mais aussi des touristes américains, fut tel, que des célébrités vinrent sonner à sa porte, notamment le pilote Stirling Moss. Puis, un jour, c’est Margaret Thatcher qui vint rencontrer l’artiste et la convainquit d’entrer en politique. Ce qu’elle fit en 1971, en se faisant élire au conseil du district de Canterbury, certainement portée par l’aura populaire de ses œuvres, présentes dans tous les salons d’Angleterre. (Texte du cartel)
BEAUBADUGLY - L’autre histoire de la peinture au MIAM - Photos © Pierre Schwartz
Félix LabisseLe sixième acte de Bérénice, 1945, huile sur toile. Collection Binder – BEAUBADUGLY – L’autre histoire de la peinture au MIAM – Photos © Pierre Schwartz

Félix Labisse (1905 — 1982)
Félix Labisse est un peintre de style fantastique, affilié au début de sa carrière au mouvement surréaliste, et ayant centré sa pratique picturale autour d’une vision magique et transcendante de la libido masculine.
La femme est pour lui une figure mythique à la puissance sexuelle énigmatique, voluptueuse et magique. Le peintre créa ainsi tout un ensemble de figures hautement sexualisées : les Libidoscaphes, les Grand D., les Sélénides, etc., qui sont à chaque fois des variations sur la nudité, la violence, le désir et la mort. Ces motifs sont issus d’une tradition mythologique que l’on aurait croisée avec les tropes créés par la psychanalyse : ainsi la femme nue devient un être bleu, étrange et érotisé. Cette pierre de voûte de la pratique du peintre le rapproche, selon nous, bien plus du New Age – commercial – de la deuxième moitié du XXe siècle que du mouvement surréaliste, qui lui avait d’ailleurs tourné le dos. (Texte du cartel)

Les paysages exotiques

BEAUBADUGLY - L’autre histoire de la peinture au MIAM-
BEAUBADUGLY – L’autre histoire de la peinture au MIAM

Beaucoup de peintres ont produit des images pour le monde touristique, ou s’inspirant du désir naissant pour les paysages exotiques. Certains, comme le groupe floridien des Highwaymen, le faisait dans une optique de survie. Descendants d’esclaves afro-américains, leurs tableaux produits en quelques minutes étaient vendus sur les bords d’autoroute ou en porte à porte. En France, Louis Toffoli a incarné cet imaginaire exotique pour nombre de français qui voyaient notamment les reproductions de ses œuvres dans les salles d’attente des médecins. Mais c’est aussi André Brasilier, peintre poétique ayant inlassablement représenté les paysages de son domaine, et dont la peinture a marqué l’exotisme français au-delà des frontières. (Texte du cartel)
BEAUBADUGLY - L’autre histoire de la peinture au MIAM
Mark Stanford, Last Light, n. d., huile sur bois – Sam Newton, Night River Palms, n. d., huile sur bois – J. Kissinger, Florida Sunset, n. d., huile sur bois – Rodney Demps, Rio Mar Sunset, n d., huile sur bois – HighwaymenBEAUBADUGLY – L’autre histoire de la peinture au MIAM

Highwaymen
Le terme Highwaymen indique un groupe de peintres floridiens fondé dans les années 1950 par Alfred Hair (1941-1971) et Harold Newton (1934-1994), puis rejoints par de nombreux peintres, dont notamment Sam Newton (1948-) et Al Black (1947-). Au milieu des années 50, leurs œuvres ont peu à peu conquis les espaces domestiques des habitants de Fort Pierce, incarnant l’american dream dans la péninsule. En pleines années Eisenhower, ils vendaient leurs œuvres au bord des routes mais aussi en faisant du porte à porte, se rendant également dans les entreprises de la région pour toucher une plus large clientèle. Les membres du groupe ont essentiellement peint des paysages vierges de présence humaine, riches d’une nature opulente et magnifiée. Harold Newton avait commencé sa carrière en vendant, pour 2,5 dollars, des peintures religieuses sur velours à l’église locale lorsqu’il était adolescent et déjà père d’un enfant, en même temps qu’il travaillait dans des champs de coton. Puis, il a été formé à la peinture par Albert Ernest Backus (1906-1991), célèbre peintre de paysages locaux, et rencontra ensuite Hair qui structura cette production picturale en un commerce de masse. Ainsi, les deux artistes orientèrent la peinture de plein air vers le commerce touristique afin de pouvoir s’émanciper d’une vie encore très similaire à celle des esclaves dont ils sont les directs descendants. Les habitants des environs venaient les voir peindre tant leur gestuelle était spectaculaire et faisait naître, en quelques minutes, une image sous leurs regards. Dans une époque de violente ségrégation raciale, Newton et Hair, sur les conseils de Backus, ont donc pu permettre à de nombreux jeunes peintres de survivre économiquement. Toutefois, leurs peintures ont paradoxalement dépassé les questions raciales. De nombreux riches clients des villes alentours blancs, forcément vinrent trouver les peintres chez eux pour leur commander des œuvres afin de décorer leurs maisons. (Texte du cartel)
BEAUBADUGLY - L’autre histoire de la peinture au MIAM
Louis Toffoli La moisson, 1967, huile sur toile et Saint-Gilles à midi, n. d., huile sur toile. Collection privée – BEAUBADUGLY – L’autre histoire de la peinture au MIAM

Louis Toffoli (1907-1999)
Louis Toffoli est un peintre italien immigré en France après la Première Guerre mondiale. Il est issu d’une famille modeste de Triestre et a d’abord été tailleur à Paris avant de se diriger vers la peinture publicitaire. En 1935, il participa au concours d’affiches du ministère des Colonies pour le Tricentenaire du rattachement des Antilles et de la Guyane à la France, et décrocha le premier prix. C’est ainsi qu’il se fit repérer en tant qu’affichiste et commença à recevoir des commandes : Foire de Paris, Salon de la France d’outre-mer, Chemin de fer de Mandchourie.
Après la guerre traversée dans la résistance, il participa, en 1952, à un concours co-organisé par la revue Arts et par Air-France. Il fut sélectionné et gagna le droit d’exposer dans la Galerie RG, rue Bonaparte, où il remporta un certain succès. Il devint de plus en plus actif au sein du monde de l’art parisien en fréquentant les différents Salons de l’époque et la scène de la jeune peinture française de l’École de Paris. Enchaînant les expositions, les ventes, et embrassant une certaine gloire publique, il décida, en 1960, de se consacrer entièrement à la peinture. En 1965, voulant « démocratiser l’art », il entama une carrière de lithographe avec les ateliers Fernand Mourlot, puis chez Arts-Litho à Paris. Ces lithographies furent extrêmement célèbres partout en France et firent de lui le peintre décoratif par excellence. Il fut nommé officier de l’ordre des Arts et des Lettres par Jean-Philippe Lecat, ministre de la culture, en 1979. Puis obtint la légion d’honneur des mains de Jacques Chirac en 1987. (Texte du cartel)

André Brasilier – Retour du soir, 2022, huile sur toile et Le rêve, 2021, huile sur toile. Collection Opera Gallery – BEAUBADUGLY – L’autre histoire de la peinture au MIAM

André Brasilier (n. 1929)
André Brasilier est un artiste français né en 1929 et appartenant à ce qui est communément appelé la « nouvelle École de Paris » des années 1950, plus précisément du « réalisme parnassien ». Cette lignée de peintres, dont André Brasilier est sûrement le plus célèbre au XXe siècle, partage une même vision de la peinture : importance du « métier » ; défense de la tradition, notamment via les sujets picturaux (nu, nature morte, paysages français) ; intérêt pour les maîtres français proches (Bonnard, Matisse) ou lointains (Ingres, Poussin, etc.) ; apologie de la joie de vivre.
Ce sont ces différents aspects qui font de l’œuvre de Brasilier un condensé de modernisme, et donc tout son intérêt à partir des années 1950. En 1958, il rencontre Chantal d’Hauterive, qu’il épouse la même année. Elle deviendra sa muse pour le restant de sa carrière de peintre. Durant cette décennie, tous les éléments qui vont structurer la pratique du peintre sont définis : l’intérêt pour ses paysages français, l’Anjou, mais aussi ceux dans lesquels il a des ateliers (Paris, Loupeigne et Vallauris) ; les scènes de musique classique ; les paysages avec chevaux ; les portraits de Chantal, sa muse ; et une forte spiritualité.
Ce sont ces éléments, rattachés au style de vie de la bourgeoise française traditionnelle, qui ont su séduire un vaste public en France, mais aussi, et surtout, aux États-Unis et en Asie. C’est sûrement la dimension exotique et onirique qui a séduit dès les années 1980 le public japonais, où l’art français de l’École de Paris était notamment présent dans les grands magasins. Le rêve français, ou « francisant », donc exotique, a été plébiscité par des spectateurs cherchant des peintres capables de représenter une France et un art français éternel. (Texte du cartel)

La peinture fantastique

BEAUBADUGLY - L’autre histoire de la peinture au MIAM
BEAUBADUGLY – L’autre histoire de la peinture au MIAM

À partir de la fin des années 1960 naît un nouvel imaginaire issu d’abord du New Age, qui se mélange ensuite avec les nouvelles technologies à partir des années 1980 afin d’incarner la culture adolescente. Le fantastique romantique d’un Stephen Pearson a marqué l’imaginaire anglais de cette période, tout comme les posters pour adolescentes de Robin Koni. En France, Leonor Fini était une peintre très présente dans les médias, incarnant une figure d’artiste sorcière décalée. Enfin, Lynette Cook, et avec elle les peintres de l’Association Internationale d’Artistes Astronomiques, ont été les premiers à représenter les paysages astraux et autres fantasmes astronomiques qui ont alimenté la science-fiction grand public. (Texte du cartel)
Lynette Cook - Galaxy Puzzle - acrylic, acrylic gouache, colored pencil -22.86 x 45.72 cm - 1996
Lynette Cook – Galaxy Puzzle – acrylic, acrylic gouache, colored pencil -22.86 x 45.72 cm – 1996 – BEAUBADUGLY – L’autre histoire de la peinture au MIAM

Lynette Cook (n. 1961)
Lynette Cook est une peintre astronomique américaine membre de l’International Association of Astronomical Artists (IAAA). Elle est née et a grandi dans l’Illinois, puis a suivi une formation en illustration scientifique à l’Université d’Oakland et est également diplômée du California College of the Arts en 1984. Cette même année, elle fut recrutée en tant que photographe et illustratrice au planétarium de l’Académie des sciences de Californie. Comme quasiment tous les autres membres de l’IAAA, sa pratique se situe à cheval entre l’illustration scientifique (travaillant pour le monde de la recherche et les musées) et la représentation spatiale fantaisiste. Toutefois, alors que d’autres membres de l’association ont pu travailler pour le monde du cinéma, inventant des paysages spatiaux féériques ou terrifiants, Lynette Cook est bien plus proche du monde scientifique, travaillant en partie au planétarium de l’Académie des sciences de Californie en tant qu’illustratrice et se consacrant en partie à sa pratique picturale qu’elle présente dans le monde artistique traditionnel.
L’IAAA est une association déterminante pour saisir l’imaginaire futuriste et scientifique de la deuxième moitié du XXe siècle. Avant que l’on arrive à photographier les phénomènes astraux, ce sont ces artistes qui nous ont permis de nous projeter dans l’espace. Par ailleurs, leurs œuvres sont présentes partout : au cinéma, dans les revues scientifiques, sur des posters d’adolescents, etc. Ainsi, sans que nous le sachions, ce sont les quelques membres de l’association qui ont cimenté notre imaginaire spatial depuis des décennies. (Texte du cartel)
Stephen Pearson - Wings of Love - ca 1972
Stephen Pearson – Wings of Love – ca 1972 – BEAUBADUGLY – L’autre histoire de la peinture au MIAM

Stephen Pearson (décédé en 2003)
Stephen Pearson est un peintre commercial célèbre des années 1970, connu pour avoir notamment représenté des couples hétérosexuels nus dans des environnements fantastiques. Wings of Love, peinte en 1972, a notamment été popularisée par le metteur en scène Mike Leigh qui la fit apparaître dans sa pièce de théâtre télévisée Abigail’s Party en 1977 : le personnage principal revendique fièrement posséder une œuvre puissamment érotique dans sa chambre, il va la chercher et présente Wings of Love à ses invités, alors que son mari, préférant les peintures de L.S. Lowry (dont les reproductions étaient aussi vendues dans les supermarchés anglais) fait une crise cardiaque.
L’entreprise Rosenstiels, qui possède les droits de reproduction et de diffusion de l’œuvre a vendu plus de trois millions de copies du tableau, essentiellement au Royaume-Uni. Bien que Stephen Pearson ait réalisé des peintures plus traditionnelles (portraits d’enfants, paysages avec chevaux au galop, etc.), ce sont ses toiles érotico-fantaisistes qui se vendaient le mieux dans les années 1970. Sa clientèle était principalement féminine, mais, en ce qui concerne la France, il semblerait que ce soit le milieu queer parisien qui fut le premier à s’intéresser à l’œuvre de l’artiste. Ce détail est extrêmement parlant, car tout ce qui relève de la culture commerciale, et donc du kitsch, doit également sa notoriété à l’avènement de la culture camp dans les années 1970. Les œuvres de Pearson en devenant même des archétypes culturels.
L’impression sur miroir que nous présentons dans l’exposition provient de la maison d’un maire, tout juste décédé, d’un petit village du Tarn-et-Garonne. L’œuvre était encore accrochée au mur de son bureau et lui aurait été offerte comme cadeau de remerciement après des décennies d’implication dans la vie du village. (Texte du cartel)
Robin Koni - Unicorn Princess. ca 1990
Robin Koni – Unicorn Princess. ca 1990 – BEAUBADUGLY – L’autre histoire de la peinture au MIAM

Robin Konieczny (n. 1962)En 1988, la boutique anglaise de poster Athena proposait à la vente l’œuvre Unicorn Princess de Robin Konieczny, illustrateur anglais né en 1962. La peinture, un trope du genre, représente une jeune princesse, diadème sur la tête et fleurs dans les cheveux, tenant sensuellement une licorne dans ses mains. Elle souffle dessus comme si elle était la créatrice de ce monde féérique. Au second plan, un troupeau de licornes galope alors que l’une d’entre-elles siège en haut d’une montagne, devant un paysage lunaire. Beauté, mode, magie, exotisme, fantasme trans-planétaire se mélangent dans un registre imaginaire qui persiste toujours aujourd’hui dans les dessins animés ou le jeu vidéo. Parmi les autres œuvres de Koni (il signait ses œuvres de ce diminutif), nous trouvons les désormais classiques peintures représentant des dauphins sautant devant des ciels nocturnes étoilés alors que, sous la mer, nage une faune riche et variée. Ou encore, ses peintures nous proposent des loups hurlant au clair de lune, des Amérindiens et leurs tipis, d’autres princesses, d’autres ciels fantasmatiques, des dragons, des aigles, encore et toujours des licornes. Le parcours de l’artiste est typique d’un illustrateur ayant eu l’opportunité d’accéder au commerce de masse en décrochant les bons contrats avec les bonnes entreprises. Après des études en école d’art, il a travaillé dans la publicité puis a réalisé ses premières commandes pour l’entreprise de poster. Il avait, à l’époque, un groupe de musique et le commerce de ces impressions lui a permis de le financer. Puis, dans les années 2000, il s’est formé à l’illustration numérique en autodidacte et s’est dirigé vers une autre industrie: le cinéma hollywoodien. Il travaille aujourd’hui pour des firmes comme HBO, réalisant des images en 3D qui sont ensuite partiellement animées et que l’on retrouve dans nombre de blockbusters. Ainsi, sans que nous le sachions, il a, depuis des décennies, participé à la construction de l’imaginaire fantasy de masse. (Texte du cartel)

Jean-Émile Jeannesson, Portrait poème pour Leonor Fini, essai télévisuel, 57 minutes, 1968. Collection INA

Leonor Fini (1908 — 1996)
Leonor Fini est née à Buenos Aires en 1908 et décède en région parisienne en 1996. Elle grandit avec sa mère à Trieste dans un milieu bourgeois et se dirige ensuite à Milan à 17 ans, puis à Paris, en 1931, où elle fréquente le mouvement surréaliste sans toutefois le rejoindre véritablement. C’est surtout après-guerre que le public la découvre, et cela notamment via sa présence dans les médias, ses activités dans le monde des arts de la scène et ses nombreuses illustrations d’ouvrages classiques. Ses peintures représentent de nombreuses femmes aux crânes rasés, ou métamorphosées en sphinx, des femmes-mystère, des sorcières ; des figures qui, elle le revendique, perpétuent les vieilles traditions de la vision populaire de la femme. Dans une esthétique proche des peintres de la Renaissance, elle représente des énigmes dans lesquelles, souvent, les portraits de célébrités sont présents. Surtout, elle est connue pour ses très nombreuses toiles de chats, pour ses dessins érotiques et pour ses scènes de saltimbanques. Ses sujets sont des tropes du fantastique : sphinx, squelettes, femmes sorcières, le double, l’androgynie, etc. Tout comme Félix Labisse, son imaginaire est finalement proche de celui du New Age : en creusant les stéréotypes, elle cherche à retrouver une origine mythique de l’humanité.
Le 25 janvier 1968, une émission entière de près d’une heure, produite par Jean-Emile Jeannesson, lui est consacrée : Portrait poème pour Léonor Fini sur la 2ème chaîne. Elle y est très théâtrale, très sorcière, très « insolite ». Elle affirme son décalage avec le monde normal. On la filme dans son monastère du XIIIe siècle à Nonza en Corse, qu’elle avait acheté en ruine et y vivait proche de la nature, proche de l’état sauvage. La musique est dissonante, inquiétante. Elle dit qu’on la considère comme une « vampire », elle parle de rêves, de contes, de mythologie. On la voit costumée comme une nymphe ou une déesse devant la mer. Comme l’un de ses personnages finalement car c’est bien de ça qu’il s’agit : elle incarne ses peintures, et c’est ce que le public attend.

BEAUBADUGLY - L’autre histoire de la peinture au MIAM - Photos © Pierre Schwartz DSC_7478
Bob Ross – saison 9 de The Joy of Painting, 1986 – BEAUBADUGLY – L’autre histoire de la peinture au MIAM – Photos © Pierre Schwartz

Bob Ross (1928 — 1999)
Bob Ross est l’archétype du peintre médiatique du XXe siècle. L’artiste avait créé une émission de télévision, The Joy of Painting, qui fut diffusée de 1983 à 1994 sur les chaînes publiques américaines. Courant sur 31 saisons et 403 épisodes, le show de Bob Ross consistait en une démonstration, en direct, de la création d’un tableau, en grande majorité des paysages. Le peintre, bel homme, à la coiffure afro emblématique, portant une chemise claire, était toujours filmé sur fond noir. Il débutait l’émission en face d’une toile vierge, et, en une trentaine de minutes, achevait un tableau de style luministe.
Il s’agissait d’une émission pédagogique, apprenant aux téléspectateurs à peindre des paysages, mais aussi, et surtout, il s’agissait d’une proposition émotionnelle. Son public, essentiellement des femmes au foyer pétries d’ennui et de solitude, touchées par ce que l’on nommait alors la « housewife fatigue » et que l’on soulageait avec des pilules de Valium, trouvait un sentiment de réconfort grâce à Ross. Par une voix douce, sensuelle, presque susurrée, le peintre ne cessait d’anthropomorphiser les éléments naturels, notamment les fameux « happy little trees » qu’il peignait en forêts pour « qu’ils ne se sentent pas seuls ». Mais aussi, il s’agissait, pour ce même public, d’une forme d’érotisme. Travaillant alla prima, avec une peinture à l’huile très humide, Bob Ross ne cessait de sécher son pinceau en le raclant contre les pieds du chevalet, en émettant parfois quelques gloussements faussement gênés.
Ses producteurs, le couple des Kowalski, cadenassèrent rapidement l’aura du peintre pour en maximaliser les profits et en faire bien plus qu’un présentateur TV. Bien qu’étant décédé en 1995, Bob Ross est aujourd’hui une marque aux innombrables produits de merchandising : matériel de peinture certes, mais aussi déguisements ou tasses de café. (Texte du cartel)
Bob Ross – saison 9 de The Joy of Painting, 1986

Partie contemporaine

Le peintre ce héros

BEAUBADUGLY - L’autre histoire de la peinture au MIAM - Photos © Pierre Schwartz

De gauche à droite : Nina ChildressPeintre et sculpteur, 2015. Huile sur toile. Collection Nina Childress – Ernest TLes visiteurs admirent les toiles, 1979. Tirage photographique. Courtesy Sémiose, Paris et Pierre ArdouvinVœux à volonté 3
, 2021. Impression sur toile, cadre, chevalet, chaussettes, chiffon. Courtesy de l’artiste et Praz-Delavallade Paris, Los Angeles – BEAUBADUGLY – L’autre histoire de la peinture au MIAM – Photos © Pierre Schwartz

Le mythe du peintre reste bien présent. Aujourd’hui il n’est plus maudit et solitaire mais plutôt ridiculement conquérant, comme chez Nina Childress, voire ringard dans les photos de vernissages d’Ernest T. On l’imagine devant un chevalet de Pierre Ardouvin, défiant la matière pour un réalisme photographique bluffant. Gérard Gasiorowski doute de l’identité du peintre mais pas de Peinture – sans article, comme on parlerait d’une déesse. Il est peintre de la destruction et de la création. Le héros de Stéphane Zaech est une peintresse (Tracy Emin à la sauce Picasso), alors que Josse Bailly accumule les autoportraits en peintre du dimanche se débattant avec les forces de la Bad Painting. (Texte du cartel)

BEAUBADUGLY - L’autre histoire de la peinture au MIAM - Photos © Pierre Schwartz
De droite à gauche : Nina Childress – Inv. 988 – Le peintre (copie de l’autoportrait d’Alphonse Fauré), 2018. Huile sur toile Collection Art: Concept, Paris – John Currin – The Old Guy, 1994 Huile sur toile Collection FRAC – Artothèque Nouvelle-Aquitaine – Stéphane Zaech – Les heures d’argent, 2013. Huile sur toile Courtesy de l’artiste – Nina Childress – Inv. 129-1-Nature morte sur paysage, 1985. Acrylique et peinture phosphorescente sur impression encadrée. Collection Nina Childress – Piro Kao – La frite Végétaline sur paysage, 1985. Acrylique sur peinture de récupération encadrée. Collection Nina Childress – Philippe Katerine – Cézanne, 2022. Sticker sur impression sur toile. Courtesy rentingART – BEAUBADUGLY – L’autre histoire de la peinture au MIAM – Photos © Pierre Schwartz
BEAUBADUGLY - L’autre histoire de la peinture au MIAM
Gérard Gasiorowski – Ponctuation, 1976. Aquarelle sur papier Collection Frac Île-de-France – BEAUBADUGLY – L’autre histoire de la peinture au MIAM

S’approprier la peinture au couteau

BEAUBADUGLY - L’autre histoire de la peinture au MIAM - Photos © Pierre Schwartz
De gauche à droite : Pierre & Gilles – Pipi au vert galant (Barthélémy Seng), 2011. Photographie imprimée au jet d’encre sur toile, peinte et encadrée Courtesy Daniel Templon, Paris, Bruxelles, NY – Pablo Cots -Capri et Master 2023. Acrylique sur papier. Courtesy de l’artiste – Mathis Collins – You get what you deserve, 2021. Tilleul, teinte, acrylique, vernis. Courtesy de l’artiste & Crèvecoeur, Paris – Stéphane Zaech – Sérénade 1, 2008. Huile sur toile. Courtesy de l’artiste – Nina Childress – Inv.728 bis – Tableau de tableau vite fait, 2004. Acrylique sur panneau. Courtesy de l’artiste et Art: Concept, Paris – Bert Duponstoq – La petite barrière, 2002. Acrylique sur contreplaqué. Courtesy La Mauvaise Réputation, Bordeaux – Richard Fauguet – Formica blues II, 2020. Encre sur bois sur assise formica Courtesy Art: Concept, Paris – Josse Bailly – Les couteaux à peindre sont amis, 2014. Huile sur toile Collection hippposhow et Janet Werner – Kitten and Fence, 2008. Huile sur toile. Courtesy de l’artiste et de Bradley Ertaskiran, Montréal – BEAUBADUGLY – L’autre histoire de la peinture au MIAM – Photos © Pierre Schwartz

L’artiste conceptuel Gabriele Di Matteo met en place une chaîne de production : il a l’idée, et des peintres mercenaires l’exécutent. Près de trois cents peintures de vagues et de mimosas réalisées à la chaîne et au couteau tapissent le grand mur latéral du MIAM. Le Flamand Jef Geys, artiste activiste, a été l’un des premiers à détourner des peintures commerciales en les sortant de leur contexte. La présentation, l’air de rien, de deux petits canevas ordinaires, pulvérise le clivage entre haute et basse culture. Richard Fauguet revendique l’esthétique mémère quand il retourne des travaux d’aiguilles ou choisit une assise de chaise en formica comme support à un bas-relief. Mathis Collins tend vers des pratiques artisanales et collectives. Il se sculpte en Poulbot faisant pipi sur Notre-Dame en flammes, ces mêmes Poulbots que Pablo Cots télescope avec des logos high-tech, renforçant l’anachronisme entre high et low, entre new et old. La juxtaposition forcée d’une frite Végétaline et d’un tableautin de brocante permet à Piro Kao de violenter la peinture avant de l’abandonner définitivement. Hsia-Fei Chang n’est pas peintre mais pose pour tous les artistes de la butte Montmartre. Ce visage au fusain démultiplié dévoile bien des tics artistiques derrière le piège à touristes. (Texte du cartel)

Peindre coûte que c(r)oûte

BEAUBADUGLY - L’autre histoire de la peinture au MIAM - Photos © Pierre Schwartz
De gauche à droite : Josse Bailly – Mullet, 2010. Huile sur toile 40×30 cm.Courtesy hippostow – Cyril Duret – C. Jérôme sur la moto, 2015. Huile sur toile. Collection FRAC – Artothèque Nouvelle-Aquitaine – Mathis Collins – You get what you deserve, 2021. Tilleul, teinte, acrylique, vernis. Courtesy de l’artiste & Crèvecoeur, Paris – BEAUBADUGLY – L’autre histoire de la peinture au MIAM – Photos © Pierre Schwartz

Pour Somaya Critchlow comme pour Philippe Katerine pas de complexe à avoir, le tableau tend vers la croûte, pourquoi pas ? Aborder un sujet profond comme la condition des femmes, des hommes, des animaux n’empêche pas un certain détachement du pinceau et beaucoup de malice. Bert Duponstoq entrerait dans cette même catégorie si on ignorait qu’il est un artiste fictif, c’est cucul, mais au deuxième degré, alors ça passe très bien. Quand Cyril Duret peint son oncle C. Jérôme, il n’est pas encore le portraitiste mondain qu’il est devenu. Le Fan Art s’aligne sur l’art commercial avec son aura de poster. Janet Werner délaisse les figures féminines pour des animaux attendrissants, sa touche délicate à la Manet est celle d’un grand peintre qui aurait mal tourné. (Texte du cartel)

Leurre du Kitsch

BEAUBADUGLY - L’autre histoire de la peinture au MIAM - Photos © Pierre Schwartz
De droite à gauche : Pierre & Gilles – Pipi au vert galant (Barthélémy Seng), 2011. Photographie imprimée au jet d’encre sur toile, peinte et encadrée Courtesy Daniel Templon, Paris, Bruxelles, NY – Nina Childress
– Inv. 1148-Ronno, 2022. Huile, huile interférence, tissu, fil, sur toile argentée. Courtesy de l’artiste et Art: Concept, Paris – Julia Wachtel – Woman n°3, 1988. Huile sur toile Collection Frac Poitou-Charentes – Janet Werner – Puppies, 2007. Huile sur toile. Courtesy de l’artiste et de Bradley Ertaskiran, Montréal – John Currin – Nude, 1994. Huile sur toile Collection FRAC-Artothèque Nouvelle-Aquitaine – Richard Fauguet – Femme à poils longs, 2009. Canevas retourné sur châssis. Collection Nina Childress – Nina Childress – Inv. 1188 – Daddy Steve/Plumb et Inv. 1189 – Daddy Bill/Plumb, 2023. Pigments iridescents et huile sur peinture de récupération (Doris Childress 1909-2001) marouflée sur toile. Courtesy de l’artiste et Art : Concept, Paris – Ida Tursic et Wilfried Mille – Dog n’ Roll, 2021 et French Bulldog, 2018. Huile sur panneau de bois avec base en douglas sur roulettes. Courtesy des artistes et de la Galerie Max Hetzler, Paris, Berlin, Londres – Hsia-Fei Chang – 32 portraits Place du Tertre, Montmartre, 2006. 32 dessins, fusain, pastel, aquarelle, sanguine. Courtesy Galerie Laurent Godin, Paris. – BEAUBADUGLY – L’autre histoire de la peinture au MIAM – Photos © Pierre Schwartz

Le sujet, dans la peinture de Ida Tursic & Wilfried Mille, est un leurre dans tous les sens du terme : il trompe et il appâte car leur véritable sujet est la peinture. Ici elle ne prend plus la forme de tableaux mais de chiens géants. En agrandissant aussi son sujet, Julia Wachtel effectue un rappel à l’ordre esthétique : cette virago de carte de vœux vintage, sans son phylactère, désamorce la blague et ne sait plus ce qu’elle dit, ni à qui. John Currin, agace ou séduit ; il saisit l’instant où la beauté et le grotesque s’équilibrent en une tension frisant le décadent ou le ridicule. Il navigue entre techniques classiques, culture populaire, et stratégies WASP. Personne mieux que lui ne dégoûte et ravit à la fois. En peignant sur leurs tirages comme les photographes portraitistes en Inde, Pierre & Gilles floutent la frontière entre kitsch et beauté, réconciliant art populaire et art tout court, irrévérencieux, les fesses à l’air. (Texte du cartel)

BEAUBADUGLY - L’autre histoire de la peinture au MIAM
De droite à gauche : Richard Fauguet – Femme à poils longs, 2009. Canevas retourné sur châssis. Collection Nina Childress – Nina Childress – Inv. 1188 – Daddy Steve/Plumb et Inv. 1189 – Daddy Bill/Plumb, 2023. Pigments iridescents et huile sur peinture de récupération (Doris Childress 1909-2001) marouflée sur toile. Courtesy de l’artiste et Art : Concept, Paris – Ida Tursic et Wilfried Mille – Dog n’ Roll, 2021 et French Bulldog, 2018. Huile sur panneau de bois avec base en douglas sur roulettes. Courtesy des artistes et de la Galerie Max Hetzler, Paris, Berlin, Londres – Hsia-Fei Chang – 32 portraits Place du Tertre, Montmartre, 2006. 32 dessins, fusain, pastel, aquarelle, sanguine. Courtesy Galerie Laurent Godin, Paris. – BEAUBADUGLY – L’autre histoire de la peinture au MIAM


Articles récents

Partagez
Tweetez
Enregistrer