Marija Olšauskaitė – « The Softest Hard » à Carré d’Art, Nîmes

« The Softest Hard » de Marija Olšauskaitė présente dans les espaces de la Project Room au deuxième étage de Carré d’Art un ensemble d’œuvres qui oscillent entre sculpture et artisanat, entre délicatesse et puissance. Marquée par une profonde relation avec le verre, matériau au cœur de son travail, l’artiste lituanienne utilise également le silicone ou le papier vitrail pour explorer les thèmes de l’appartenance et de l’intimité.

Née en 1989 à Vilnius, Marija Olšauskaitė transforme ses sculptures en objets organiques qui paraissent être en évolution constante, semblant tantôt solides, tantôt liquides. Ses œuvres, comme dans la série « Softeners », où des formes en silicone évoquent des linges séchants, interrogent la fragilité et la vulnérabilité humaine, reliant mémoire et artisanat. Sa série « Ponds », avec ses grandes sculptures de verre, déroute par ses formes translucides, rappelant des blocs de glace.

Son approche collaborative est visible dans ses paravents en verre (Never Act in Haste) où elle met en œuvre des plaques de verres colorés récupérées avec la complicité des ouvriers verriers. L’exposition, ouverte jusqu’au 23 mars 2025, est un hommage subtil à l’art du verre en Lituanie, mais aussi à l’histoire personnelle de l’artiste, notamment à travers une installation comme Tranquility Extension, inspirée par sa mère.

Ces œuvres, toutes issues de contextes différents, montrent une réflexion riche autour de la matérialité, des relations humaines et de la mémoire. Olšauskaitė crée des objets d’une étrange beauté qui déguisent de nouvelles formes sous des matériaux connus comme le verre. Le communiqué de presse de son exposition Never Act in Haste à la galerie PM8 évoquait de manière intéressante l’univers troublant de Cronenberg, cinéaste canadien aux origines lituaniennes. « Comme dans un film de David Cronenberg, les sculptures semblent avoir une vie propre. Elles apparaissent comme des objets que nous ne reconnaissons pas comme familiers, comme s’ils avaient été télé-transportés dans le présent depuis un futur indéterminé »…

Sous le commissariat de Jean-Marc Prévost, « The Softest Hard » met en lumière une artiste qui innove tout en s’inscrivant dans une tradition artisanale. Olšauskaitė propose une approche délicate et puissante et très personnelle de la sculpture qui impose sans aucun doute un passage par la Project Room de Carré d’Art.

Exposition réalisée en partenariat avec le Lithuanian National Museum of Art dans le dans le cadre de la Saison 2024 de la Lituanie en France.

Ci-dessous quelques regards sur l’exposition et quelques repères biographiques à propos de Marija Olšauskaitė.

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Marija Olšauskaitė sur le site de la Galerie PM8 Vilnius/Vigo et sur le site Contemporary Art Library

« The Softest Hard » de Marija Olšauskaitė : Regards sur l’exposition

Never Act in Haste (2024)

Dans cette installation, des paravents en verre sont articulés par des charnières, créant des espaces à la fois intimes et ouverts. Pour réaliser cette œuvre, Olšauskaitė a récupéré des plaques de verres colorés utilisées pour faire des vitraux. Sortis clandestinement de l’ancienne usine Raudonoji Ausra (active jusque dans les années 1990) par des ouvriers, ces matériaux chargés d’histoire sont réutilisés dans cette installation, révélant une tension entre passé et présent, tradition et innovation. Les paravents symbolisent la fragilité des relations humaines, leur capacité à être traversées, mais aussi à protéger, à séparer.

Ponds (2023)

Dans cette série, l’artiste met en scène de grandes sculptures horizontales en verre. L’usage de la lumière, en collaboration avec Martynas Kazimierenas, joue un rôle essentiel dans la perception de ces formes, qui semblent à la fois translucides et mystérieuses. Olšauskaitė revisite ici la fonction du verre. Elle le transforme ce matériau généralement utilisé pour sa transparence et sa délicatesse en objets massifs et énigmatiques, comme des blocs de glace. L’idée de l’imperfection, souvent éliminée dans le processus classique de fabrication du verre, devient ici un élément central, où la forme finale résiste à toute utilité évidente. Le contraste entre la dureté apparente de la matière et la douceur visuelle des formes invite à interroger le rapport entre fonction et esthétique.

Little Ears (2014)

Marija Olšauskaitė – Little Ears [Petites oreilles], 2014 Verre. Avec l’aimable autorisation de Marija Olšauskaitė & Galeria PM8/ Francisco Salas – « The Softest Hard » à Carré d’Art, Nîmes

Pour accompagner ces troublants étangs, Marija Olšauskaitė a choisi d’accrocher deux de ses oreilles renversées, découpées au jet d’eau dans une plaque de verre. Évoquent-elles à la fois l’écoute et la surdité symbolique des relations humaines ? Rappellent-elles que ce qui est invisible dans la vie quotidienne, comme les émotions et les pensées, mérite souvent d’être entendu avec plus d’attention ? Ces oreilles inversées veulent-elles nous interpeller sur notre propre capacité d’écoute, sur la réceptivité et la manière dont nous interagissons avec les autres dans des espaces domestiques et privés ?

Tranquility Extension (2024)

Cette série rend hommage à la mère de l’artiste, également artiste. Olšauskaitė y présente de grands papiers, semblables à des vitraux, représentant des natures mortes, des moments calmes et paisibles, évoquant des souvenirs de la petite enfance. Dans cette très belle installation, les découpes du papier vitrail bleu rappellent les plaques de verre utilisées dans Never Act in Haste. Tels ces songes, elles paraissent émerger d’un lourd rideau de velours noir… Miroirs des relations familiales et leur héritage, ces surfaces translucides capturent la lumière de manière subtile, créant une atmosphère à la fois apaisante, mais aussi légèrement inquiétante…

Softeners (2019)

Marija Olšauskaitė – Softeners [Assouplisseurs], 2019. Silicone. Avec l’aimable autorisation de Marija Olšauskaitė & Galeria PM8/ Francisco Salas – « The Softest Hard » à Carré d’Art, Nîmes

Installée dans l’espace le plus étroit de la Project Room, cette série de sculptures vulnérables en silicone témoigne d’une approche unique du matériau, évoquant à la fois la fragilité et la malléabilité. Les œuvres laissent apparaître des traces de gestes sur leur surface, ce qui leur confère une dimension intime et tactile. Olšauskaitė utilise ici le silicone pour capturer une mémoire du mouvement et du toucher, rappelant la légèreté de linges suspendus, séchant dans un hangar, et faisant écho à des souvenirs évanouis.

Marija Olšauskaitė : Repères biographiques

Née en 1989 à Vilnius, Lituanie. Vit et travaille à Vilnius.
Elle est représenté par la galerie PM8/Francisco Salas, Vigo.

Expositions personnelles :
Never act in haste, PM8/Francisco Salas gallery, Vigo (2024)
Sekretas, Grazer Kunstverein, Graz (2023)
Song Sing Soil (avec Eglė Budvytytė), Vleeshal, Middelburg (2023)
I Want to Stuff My Heart with Moss, Editorial, Vilnius (2022)
Witness on our behalf, Contemporary Art Center, Vilnius (2019)
Marija Eramp ; Petras Olšauskai : Miss Bird, Art in General, New York City (2014)

Expositions collectives au niveau international :
The Milk of Dreams, la 59e Exposition internationale d’art de La Biennale de Venise (2022)
And suddenly it all blossoms, RIBOCA2, Biennale internationale d’art contemporain de Riga (2020) Homegrown, Hauser&Wirth, en ligne (2020)
I walk the night, PM8/Francisco Salas, Vigo (2019)
Joy and Mirror. Port city, Fourtoseven gallery, Riga (2016)
Karaoke Police, Kunstverein, Amsterdam (2015)
Nomas, Rome (2014)
Contemporary Art Center, Vilnius (2013)