Dominique De Beir – Accroc & Caractère au Musée Fabre, Montpellier


Jusqu’au 2 mars 2025, Dominique De Beir présente au Musée Fabre l’aboutissement d’« Accroc & Caractère », un cycle d’expositions en six étapes engagé en 2022 à la Galerie Jean Fournier.
Dominique De Beir résume ainsi à la fois la singularité de son travail et ses intentions pour ce cycle dont elle assume la nature rétrospective :

« Depuis plus de 30 années, j’explore la surface des choses en usant de la percée, de la trouée, parfois jusqu’à la limite de la résistance du matériau.
Le geste essaie de débusquer l’épaisseur afin de refuser son opacité.
Trouer pour crever les apparences et faire chanceler les images. C’est souvent à coups de maltraitance que la surface se dissout et acquiert toute sa vitalité : il faut de l’émergence et du substrat. J’aime les boursouflures, les encombrements et les taches, les œuvres qui vibrent et que l’on regarde de très très près. Laisser advenir les choses dans les aléas du faire et du geste reste un fondamental.
Dans la continuité d’Annexes et Digressions qui se voulait une revisite sous la forme d’expositions d’un ouvrage monographique, le cycle Accroc et Caractère engagé depuis 2022 propose de nouvelles créations mêlées à des œuvres anciennes.
Tout est d’actualité, les recherches entreprises depuis les années 90 jusqu’à aujourd’hui ne sont qu’un vaste et même chantier, une revisite du passé à l’infini, une forme d’intemporalité entre cloisonnements et décloisonnements ». 

Clore le cycle « Accroc & Caractère » par une exposition à Montpellier s’impose comme une évidence pour Dominique De Beir. Lors d’un entretien avec Maud Marron-Wojewodzki, conservatrice au Musée Fabre et commissaire scientifique de l’exposition, l’artiste explique : « l’idée d’achever ce cycle à cet endroit a toute son importance, car une partie de mon histoire s’y trouve, une filiation d’artistes d’abord, mais également des liens forts tissés avec la galerie Jean Fournier qui m’a accompagnée ces dernières années ».

Cette sixième exposition du cycle « Accroc & Caractère » s’appuie sur quatorze œuvres de Dominique De Beir récemment intégrées aux collections du Musée Fabre en tant que fonds de référence. Ces pièces sont enrichies par des œuvres issues de l’atelier de l’artiste, de la galerie Réjane Louin, Hopstreet gallery et d’une collection privée. Ce projet s’inscrit également comme une carte blanche, offrant à l’artiste l’opportunité de mettre en dialogue ses œuvres avec celles de figures emblématiques de la collection, qui ont influencé sa pratique et avec lesquelles elle partage une vision commune de l’art.

L’accrochage, remarquablement pensé, révèle l’originalité, la cohérence et la profondeur d’une démarche artistique singulière. Il illustre comment l’Accroc – « qui, selon l’artiste, évoque un accident, une imperfection, une ouverture du matériau surgissant comme une erreur » – et le Caractère – associé à l’écriture et au livre – ont façonné une œuvre au fil de plus de trente années de création.

L’atrium Richier abrite une installation monumentale et captivante, spécialement conçue pour l’exposition. Intitulée Accroc et Caractère, elle se compose d’un assemblage de papier cristal façon toile d’araignée et de papier Montval perforés avec un trocart et un poinçon. Suspendues au cœur de l’atrium, ces deux vagues de papier viennent rompre avec finesse la verticalité imposante et légèrement écrasante de l’espace. Les perforations interagissent subtilement avec la lumière changeante qui inonde l’ancienne cour de l’Hôtel Massilian.

Dominique De Beir - Accroc & Caractère au Musée Fabre, Montpellier

Dominique De BeirAccroc et Caractère, 2024. Perforations (trocart, poinçon), paraffine, agrafes, papier cristal façon toile d’araignée, papier Montval. Atelier de l’artiste – Accroc & Caractère au Musée Fabre, Montpellier

Cette œuvre rappellera peut-être des souvenirs à ceux qui ont vu Le Blanc, c’est la nuit, installée en 2011 devant une fenêtre ouvrant sur la cour carrée du Louvre, à l’entrée de l’exposition Le papier à l’œuvre. On retrouve ici une sensation similaire, celle d’une dématérialisation du support par l’entremise de la « couleur-lumière », pour reprendre l’expression d’Émilie Ovaere-Corthay dans son texte pour le catalogue.

Sol céleste (2023), une peinture creusée de motifs courbes peints dans une couleur dorée, dialogue de manière intrigante avec La Montagne de Germaine Richier. Le blanc, le gris, l’or et la lumière se répondent harmonieusement dans un accrochage savamment orchestré, où les œuvres de Dominique De Beir s’inscrivent dans une conversation avec celles de Simon Hantaï, Judit Reigl et Michel Parmentier, trois artistes également représentés par la galerie Jean Fournier.

Dominique De Beir - Accroc & Caractère au Musée Fabre, Montpellier
Dominique De Beir – Accroc & Caractère au Musée Fabre, Montpellier. De gauche à droite : Michel ParmentierSans titre, 8 novembre 1967 ; Dominique De BeirSol céleste, 2023 et Judith ReiglDéroulement, vers 1975. En hauteur : Dominique De BeirAccroc et Caractère, 2024

Cet accrochage dans l’atrium Richier apparaît comme un hommage évident à cette galerie emblématique, qui, avant sa fermeture cette année, a fait une donation de seize toiles au Musée Fabre.

Dominique De Beir - Accroc & Caractère au Musée Fabre, Montpellier
Dominique De Beir – Accroc & Caractère au Musée Fabre, Montpellier. A gauche : Germaine RichierLa Montagne, 1955-1956 et Simon HantaïSans titre, 1958-1959. A droite : Judith ReiglDéroulement, vers 1975 ; Dominique De BeirSol céleste, 2023 et Michel ParmentierSans titre, 8 novembre 1967. En hauteur : Dominique De BeirAccroc et Caractère, 2024

L’exposition se prolonge dans les quatre salles voûtées du premier étage, offrant une perspective approfondie sur la richesse et la complexité des pratiques artistiques de Dominique De Beir.
Organisée en trois séquences – Paysages, Écriture et Papier Peau – elle dévoile avec élégance et limpidité les multiples facettes de son travail : ses sources d’inspiration, la répétition d’un geste « exutoire », la diversité des supports qu’elle explore, les outils qu’elle emploie, ainsi que l’ambiguïté et la profondeur de son rapport au corps.

  • Dominique De Beir - Accroc & Caractère au Musée Fabre, Montpellier
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Ce parcours met également en lumière les résonances de son œuvre avec celles de Pierrette Bloch, Eve Gramatzki, Daniel Dezeuze, Bernard Pagès et, de manière plus inattendue, avec La joue du Petit Paresseux, tableau peint par Jean-Baptiste Greuze en 1755.

L’exposition « Dominique De Beir – Accroc & Caractère » est accompagnée d’un ouvrage remarquable, publié aux éditions Silvana Editoriale, qui s’impose comme une ressource essentielle. L’entretien de l’artiste avec Maud Marron-Wojewodzki s’y révèle particulièrement enrichissant, tandis que la section catalogue propose d’excellentes reproductions des œuvres exposées, agrémentées de brefs et lumineux commentaires de l’artiste.

La seconde partie de cette publication retrace les cinq étapes précédentes du cycle Accroc & Caractère, initié en 2022 à la galerie Jean Fournier avec Parti-pris couleur. Le projet s’est poursuivi au Centre d’art Les Tanneries d’Amilly avec De Beir, Volailles de plein air, au Musée des Beaux-Arts de Caen avec Sans fin mais pas sans début, et en 2023 avec Des doigts au bout des yeux à l’Abbaye royale de Saint-Riquier et au Frac Hauts-de-France Picardie. Au printemps 2024, l’avant-dernière exposition de ce cycle a été présentée à la Galerie Réjane Louin à Locquirec.
Parmi les contributions, l’essai d’Émilie Ovaere-Corthay, directrice de la galerie Jean Fournier, intitulé Par effraction, offre une analyse très intéressante du rapport de l’artiste à la couleur. Camille Paulhan, historienne et critique d’art, signe un texte pétillant intitulé La joue du Petit Paresseux, qui propose un regard rapproché sur les liens entre le travail de l’artiste et le thème de la peau, en écho aux œuvres d’Auguste Clésinger, Alexandre Cabanel, Matthias Grünewald, Rembrandt, Marcel Duchamp, Carl Heitzmann et Le Caravage.

« Dominique De Beir – Accroc & Caractère » s’inscrit dans la lignée des expositions « Au fil des collections » qui ont mis à l’honneur les artistes contemporains, souvent auteurs d’importantes donations au musée. On se souvient notamment des expositions consacrées à Pierrette Bloch, André-Pierre Arnal et Stéphane Bordarier en 2021, à Dominique Gauthier en 2022, et à Christian Jaccard en 2023. Cette année, le musée Fabre explore également les liens de Pierre Buraglio avec ses collections dans l’exposition « …d’après…autour…avec…selon », sur laquelle nous reviendrons dans une prochaine chronique.

Dominique De Beir, Maud Marron-Wojewodzki, Michel Hilaire et Pierre Buraglio pendant la visite de presse de Accroc & Caractère au Musée Fabre, Montpellier

Commissariat de Michel Hilaire, conservateur général du patrimoine et directeur du musée Fabre et Maud Marron-Wojewodzki, conservatrice du patrimoine, responsable des collections modernes et contemporaines du musée Fabre.

Ci-dessous, quelques regards photographiques sur le parcours de l’exposition, accompagné de commentaires de Dominique De Beir extraits du catalogue.
Celles et ceux qui n’ont pas encore vu « Dominique De Beir – Accroc & Caractère  et qui prévoient de passer au Musée Fabre pourront éviter cette lecture avant leur visite…

En savoir plus :
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Dominique De Beir sur les sites des galeries Réjane Louin, Hopstre gallery et Jean Fournier

Dominique De Beir – Accroc & Caractère  : Regards sur l’exposition

Dans l’Atrium Richier

Dominique De Beir - Accroc & Caractère au Musée Fabre, Montpellier
Dominique De Beir – Accroc & Caractère au Musée Fabre, Montpellier

Suspendues dans l’atrium, les deux vagues de papier de l’installation in situ Accroc et Caractère (2024) s’imposent aux regards. Elles brisent la verticalité de l’espace et jouent subtilement avec la lumière qui tombe de la verrière…
L’œuvre prend le contre-pied de Sans fin mais pas sans début que Dominique De Beir avait installé dans l’atrium du Musée des Beaux-Arts de Caen. Des écrans de papier plié de huit mètres de haut, accrochés au plafond de verre, étaient composés de feuilles piquées, cousues entre elles, déployées et re-dépliées…


Dominique De BeirAccroc et Caractère, 2024. Perforations (trocart, poinçon), paraffine, agrafes, papier cristal façon toile d’araignée, papier Montval. Atelier de l’artister – Accroc & Caractère au Musée Fabre, Montpellier

Cette création pour le Musée Fabre rappelle Le blanc, c’est la nuit que l’artiste avait placé devant les immenses fenêtres donnant sur la Cour Carrée du Louvre pour l’exposition « Le papier à l’œuvre» en 2011. Elle joint ici un papier cristal façon toile d’araignée au papier Montval qu’elle avait alors utilisé. Elle confiait à Elisa Fedeli « J’aime son poids, qui me fait un peu penser à la chute d’un rideau. Après différents essais, je me suis aperçue qu’en le piquant, on obtient une trouée assez nette ». Aux perforations faites à l’aide d’un trocart et d’un poinçon, elle ajoute comme en 2011 des taches de paraffine blanche posées de manière aléatoire qui, disait-elle alors, « amènent une transparence et tentent d’affirmer à nouveau que la surface peut être éprouvée comme une profondeur ».
L’œuvre a été imaginée pour être vue depuis le sol de l’atrium, mais aussi depuis une ouverture au deuxième étage où elle prend un tout autre aspect.

Dominique De Beir - Accroc & Caractère au Musée Fabre, Montpellier
Dominique De Beir – Accroc & Caractère au Musée Fabre, Montpellier

Dominique De Beir a souhaité laisser en place La Montagne (1955-1956) de Germaine Richier.
Dans sa conversation avec Maud Marron-Wojewodzki, elle explique : « La Montagne de Germaine Richier, avec laquelle mon œuvre cohabite dans l’exposition, m’impressionne. Elle n’est pas aimable de prime abord, une matière informe qui semble palpable ou tout du moins en donne l’impression : on imagine tout un travail de la main qui pétrit. C’est pour moi une sculpture de la vitalité, guerrière, faite de pointes, de trous et de fractures. Dans l’atrium, La Montagne se trouve près d’une œuvre en deux dimensions, Sol Céleste, une peinture couverte et creusée de motifs courbes peints dans une couleur dorée. Samuel Étienne, géomorphologue de formation, m’a offert un outil composé de douze tubes pour carotter les sols et qui servent aujourd’hui à creuser et trouer autrement ».

Dominique De BeirSol céleste, 2023. Peinture, impacts, polystyrène. Atelier de l’artiste – Accroc & Caractère au Musée Fabre, Montpellier

Sol céleste (2023) est accroché à côté Déroulement (vers 1975) de Judith Reigl avec lequel elle partage des déchirures dorée.

Judith Reigl - Déroulement, vers 1975 - Dominique De Beir - Accroc & Caractère au Musée Fabre, Montpellier
Judith Reigl – Déroulement, vers 1975. Acrylique et techniques mixtes sur toile. Montpellier, musée Fabre, inv. 2001.2.1 – Dominique De Beir – Accroc & Caractère au Musée Fabre, Montpellier

Une toile libre de Michel Parmentier (Sans titre, 8 novembre 1967) semble de son côté dialoguer avec Accroc et Caractère (2024) dont les vagues de papier grises et blanches sont suspendues au plafond.

Michel Parmentier - Sans titre, 8 novembre 1967 - Dominique De Beir - Accroc & Caractère au Musée Fabre, Montpellier
Michel Parmentier – Sans titre, 8 novembre 1967. Laque sur toile libre. Montpellier, musée Fabre, inv. 2020.11.1 – Dominique De Beir – Accroc & Caractère au Musée Fabre, Montpellier

L’ensemble est complété par la magistrale huile sur toile couverte de feuilles d’or de Simon Hantaï (Sans titre, 1958-1959) qui renvoie à des problématiques récurrentes chez Dominique De Beir : Comment le fond devient alors le sujet ? Comment peut-il être absorber ? Comment peut-on « être face à quelque chose de fermé bien qu’en dessous il y ait une ouverture » ?

Simon Hantaï - Sans titre, 1958-1959 - Dominique De Beir - Accroc & Caractère au Musée Fabre, Montpellier
Simon Hantaï – Sans titre, 1958-1959. Huile sur toile, feuille d’or. 240 x 332 cm. Montpellier, musée Fabre, inv. 02007.3.1 – Dominique De Beir – Accroc & Caractère au Musée Fabre, Montpellier

Paysages (Salle 49)

Dominique De Beir - Accroc & Caractère au Musée Fabre, Montpellier
Dominique De Beir – Accroc & Caractère au Musée Fabre, Montpellier


Le travail de Dominique De Beir, bien qu’abstrait, entretient des liens étroits avec le paysage naturel et minéral, s’inspirant de ses couleurs, de ses textures et de ses formes. En utilisant le polystyrène, un matériau modeste souvent dissimulé, l’artiste transforme cette « sous-matière » en jouant sur ses aspérités et ses textures. Elle crée ainsi des effets évoquant des concrétions géologiques ou des surfaces moussues, suggérant un espace vacant, celui de la lisière.

Deux Cahiers herbiers de 1986 matérialisent un étrange système de classification de la flore.
Dans un curieux glossaire réalisé à l’automne 2022 avec la complicité d’Émilie Ovaere-Corthay , Dominique De Beir explique : « Avec une plume, j’ai couvert et répété sur des feuilles destinées à recevoir des herbes séchées des maillages à l’encre bleue, rouge, verte. Régulièrement je me lance dans des séries de maille, pas de sujet, pas d’intention. SILENCE RADIO, des étirements bouclés qui laissent apercevoir des points de lumière ».

Dominique De BeirCahiers herbiers, 1986. Encre sur papier. Atelier de l’artiste – Accroc & Caractère au Musée Fabre, Montpellier

Le rapprochement de ces maillages avec les boucles de crin que réalisait alors Pierrette Bloch, ont conduit Pierre Buraglio à mettre en contact les deux femmes. Dominique De Beir devint ainsi l’assistante de Pierrette Bloch pour quelques années…

Sur la droite, l’accrochage rapproche Mame Koumba Bang, une œuvre réalisée en 1992 au revers d’une carte géographique avec une huile sur toile d’Eve Gramatzki (Quand le lilas fleurira, 1985) que l’artiste a choisie dans les collections du musée.

Dominique De Beir - Mame Koumba Bang, 1992 - Accroc & Caractère au Musée Fabre, Montpellier
Dominique De Beir – Mame Koumba Bang, 1992. Encre, teinture, dessin au revers d’une carte géographique. 59 x 79cm. Montpellier, musée Fabre, inv. 2023.44.1 – Accroc & Caractère au Musée Fabre, Montpellier

À propos de la première, Dominique De Beir écrit dans le catalogue : « Cette œuvre, parmi les plus anciennes, reprend un glossaire sur la déesse des eaux du fleuve Sénégal, Mame Koumba Bang. Elle fut réalisée à l’occasion d’un voyage à Saint-Louis du Sénégal avec des teintures destinées au batik, pour apprendre cette technique “à la manière de Simon Hantaï” ».

Eve Gramatzki - Quand le lilas fleurira, 1985
Eve Gramatzki – Quand le lilas fleurira, 1985. Huile sur toile. Montpellier, musée Fabre, inv. 2004.11.6

De la toile d’Eve Gramatzki, elle confie à Maud Marron-Wojewodzki : « Quand le lilas fleurira, c’est de la réjouissance, une affaire de vitesse, d’explosion. Il n’y a aucun motif qui prend le pas, si le rose ressort au premier plan et le bleu à l’arrière, tout est dans un rapport d’égalité. Cela m’évoque un gribouillage, matérialisé sur une table de travail, des formes de ratures. Il s’en dégage une grande fraîcheur, dans une dimension de all-over, tout en restant là encore très modeste ».

Au fond de cette première salle, le mur peint en bleu-gris fait ressortir les nuances de vert d’un imposant et fascinant triptyque sur polystyrène réalisé en 2014.

Dominique De Beir - Zone verte, 2014 - Accroc & Caractère au Musée Fabre, Montpellier
Dominique De Beir – Zone verte, 2014. Peinture, impacts, polystyrène. 230 x 40 x 4 cm. Montpellier, musée Fabre inv. 2023.43.4 – Accroc & Caractère au Musée Fabre, Montpellier

Dans le glossaire déjà cité, l’artiste explique : « Je pense que les paysages qui m’entouraient étaient les tableaux que je ne voyais pas dans les musées, je suis imprégnée de cela. Je n’aime pas ce qui est net, je préfère la brume et les irisés et les bords de mer du Nord, le côté éblouissant dans mes peintures Zone ou Altération est lié à cela, une absorption et en même temps une impossibilité à voir. Comme dans certaines peintures de Cézanne, la marche active qu’est le longe-côte m’immerge dans le dedans du paysage ».

Dominique De BeirZone verte, 2014 (détails). Peinture, impacts, polystyrène. 230 x 40 x 4 cm. Montpellier, musée Fabre inv. 2023.43.4 – Accroc & Caractère au Musée Fabre, Montpellier

Dans le catalogue elle ajoute : « Une ouverture, une blessure, un bouleversement, de tout ce qui en surface fonctionne plus ou moins.Ce titre a été trouvé après avoir fini le triptyque. J’ai aimé ce rapport à l’espace de la “zone”, un espace vacant, celui de la lisière, évocateur d’un hors-champ ».

Dans le coin à gauche, on découvre quelques outils utilisés par l’artiste.

Dominique De Beir - Accroc & Caractère au Musée Fabre, Montpellier
Dominique De BeirAccroc & Caractère au Musée Fabre, Montpellier

Sur la droite, on découvre Planche dentelle (2021), une peinture où encre et impacts viennent altérer la surface d’un grand carton imprimé de motifs anciens issus d’un manuel de crochet…

Dominique De Beir - Planche dentelle, 2021 - Accroc & Caractère au Musée Fabre, Montpellier
Dominique De Beir – Planche dentelle, 2021. Peinture, encre, impacts sur carton imprimé. 160 x 120 cm. Montpellier, musée Fabre inv. 2023.43.8 – Accroc & Caractère au Musée Fabre, Montpellier

L’œuvre appartient à la série des « Planches » qui débute en 2019 et dont un autre exemplaire (Planche Digression, 2021) est accroché dans la dernière salle voûtée.

À propos de cette série, Émilie Ovaere-Corthay explique dans le catalogue : «  La série des Planches (2019) va davantage interroger les constituants du tableau: le cadre, la planéité et la composition. Une image (une dentelle, une reproduction d’œuvres) est imprimée sur un grand carton suffisamment épais pour en supporter les turbulences, les ponçages et autres accidents. Les trous, créés par les interventions mécaniques, s’entremêlent à l’image poncée devenue peau, laissant apparaître la matière même du carton, pelée.
Dominique De Beir reprend certains passages, par touches de peinture, de pastels, par empreintes et par frottage. Se crée alors ce que Cézanne nomme la logique des sensations organisées. Par ajustement, par superposition, Dominique De Beir recouvre l’image d’une autre image, celle d’un souvenir possible. Les multiples résidus de couleurs forment des points, des touches impressionnistes, des agrégats qui affleurent la surface
 ».

Bernard Pagès - Arrangement, 1969 - Dominique De Beir - Accroc & Caractère au Musée Fabre, Montpellier
Bernard Pagès – Arrangement, 1969. Branchage, peinture dilués, briques creuses. 55 x 55 x 60 cm. Montpellier, musée Fabre, in 2013.20.2 – Dominique De Beir – Accroc & Caractère au Musée Fabre, Montpellier

Un Arrangement de Bernard Pagès vient clore et « caler » cette première séquence…

Écriture (Salle 50 et 51)

Dominique De Beir - Accroc & Caractère au Musée Fabre, Montpellier
Dominique De Beir – Accroc & Caractère au Musée Fabre, Montpellier

Les deux salles suivantes exposent un ensemble d’œuvres sélectionnées pour leurs relations au texte. La séquence est introduite par Braille (2008), une petite peinture réalisée sur papier braille constellé d’impact dont les nuances de bleu, interrompues par un trait oblique et un point rouge, pourraient esquisser une figure fantomatique…

Dominique De Beir - Braille, 2008 - Accroc & Caractère au Musée Fabre, Montpellier
Dominique De Beir – Braille, 2008. Peinture, impacts, papier Braille. 32 x 20 cm. Montpellier, musée Fabre, inv. 2023.43.2 – Accroc & Caractère au Musée Fabre, Montpellier


Dans un entretien avec Pascal Neveux, alors directeur du Frac Paca, à l’occasion du cycle « Annexes et Digressions » en 2019, Dominique De Beir raconte :
« En 1994, mon père a perdu la vue. Ensemble, nous avons essayé d’apprendre le braille. Cet apprentissage laborieux est arrivé comme un déclic, un nouveau champ d’action s’est offert à moi : avec un stylet, j’ai commencé à recouvrir des cahiers de perforations, écriture singulière faite pour les yeux et les doigts. Ce fut une ouverture à de nouvelles investigations picturales et surtout à un comportement et une méthode de travail autres. (…) Même si à l’origine l’intention était d’inventer une langue étrangère à tous, une sorte de message codé, il y avait aussi cette incitation à regarder au-delà de la surface, donc de la dépouiller de sa propre apparence. Il me fallait aussi rendre visibles et affirmer les traces, les témoignages de mes actions. De façon imprévisible, la découverte du braille m’a poussée à développer des expériences basées davantage sur les perceptions tactiles et haptiques que purement optiques. Dans mes dessins, mes cahiers, la relation au toucher est devenue essentielle, le corps, la main ont pris le pas sur l’œil, impuissant à voir et à lire. Depuis j’essaie de quitter le lisse ».
On comprendra toute la portée de son propos dans la dernière séquence de l’exposition.

Pierrette Bloch - Sans titre, 1988 - Dominique De Beir - Accroc & Caractère au Musée Fabre, Montpellier
Pierrette Bloch – Sans titre, 1988. Encre noire sur papier. 50 x 65 cm. Montpellier, musée Fabre, inv. 2019.11.1 – Dominique De Beir – Accroc & Caractère au Musée Fabre, Montpellier

Dans la première de ces deux salles, l’accrochage commence par une œuvre de Pierrette Bloch de 1988, sans doute réalisée à l’époque où Dominique De Beir était son assistante. Dans sa conversation avec Maud Marron-Wojewodzki, elle explique : « Dans Sans titre, 1988, la feuille semble avoir été remplie de manière très rapide, par de grandes vagues, non pas des écritures car elle n’aimait pas du tout qu’on assimile sa pratique à cela. Ce travail qui se voulait silencieux, je le vois comme une sorte d’état des lieux du moment, qui existe à l’instant où il a été fait et continue de vivre après. Il prend la forme d’une bafouille, ou de quelque chose d’ânnoné ».

L’artiste a choisi d’associer à cette encre noire de Pierrette Bloch, une feuille de sa série Où se mettre ? dont les lignes ont été tirées avec une seringue remplie de gouache liquide rouge…

Dominique De Beir, Où se mettre , 1996 - Accroc & Caractère au Musée Fabre, Montpellier
Dominique De Beir, Où se mettre , 1996. Encre, gouache, teinture, papier. 70 x 100 cm. Montpellier, musés Fabre, inv. 2023.44.2. – Accroc & Caractère au Musée Fabre, Montpellier

Un mur entier de la salle suivante est consacré à l’assemblage d’une vingtaine de feuilles de cette étonnante série où dominent les nuances de rouge. Dans le catalogue, Émilie Ovaere-Corthay précise : « En 1997, Dominique De Beir s’est rendue au Sénégal, invitée par le Centre culturel français. Elle y a mené un travail de collecte d’histoires racontées autour de la déesse Mame Coumba Bang. Elle a consigné ses notes et ses dessins dans de grands cahiers et produit une série de grands dessins sur papier blanc (70 x 100 cm) intitulée Où se mettre. Ces dessins abstraits, telles des partitions, sont les témoins du passage de l’oralité à l’écrit.
Aériennes, les compositions combinent des traces de différentes encres noires et colorées (violette, rouge, verte, bleue…) à des lignes, pareilles à des horizons. Des zones d’insistance et de répétition de formes (cercles, boucles) se conjuguent à des traces, plus linéaires et rectilignes. Cela pourrait être des plans, les cartes d’un territoire au langage inconnu. (…) Ainsi, dès ses débuts, Dominique De Beir a fait se rejoindre l’écriture à la couleur. »

Dominique De Beir - Correspondance (1, 2 et 3), 2020 et 2021 - Accroc & Caractère au Musée Fabre, Montpellier
Dominique De Beir – Correspondance (1, 2 et 3), 2020 et 2021. Encre, stylo bille, impacts, carton. 23,5 x 16 cm. Courtesy de l’artiste et galerie Réjane Louin – Accroc & Caractère au Musée Fabre, Montpellier

Ces deux feuilles sont complétées par trois petits formats sur carton (Correspondance (1, 2 et 3), 2020 et 2021). Au sujet de cette série, Dominique De Beir raconte dans son glossaire :
« Un dimanche, j’ai trouvé dans un village en baie de Somme, à l’occasion d’une minuscule braderie installée au cœur du village, une trentaine d’albums de timbres vides de leur contenu. Ce paquet d’albums aux couvertures cartonnées est resté longtemps dans un placard, mais pas complètement fermé afin de garder un œil sur l’ensemble. De temps en temps, je lui faisais prendre l’air, je l’observais, en attente d’un possible dialogue. Aujourd’hui, à l’aide d’une seringue, j’injecte de l’encre qui s’infiltre de toutes parts, mais surtout sous l’épiderme du papier cristal, là où normalement sont glissés les timbres. L’opération suivante consiste à marquer d’impacts successifs, entêtés, aléatoires le carton avec une roulette et arracher les lambeaux de cristal une fois l’encre traversée. La surface plane cartonnée se fragmente, s’élime, se dédouble et la perception de son épaisseur ne fait que s’accroître. Ici, le vide, le manque, l’ouvert détiennent l’énergie et viennent rythmer le reste de ma page, la répétition n’empêche aucunement l’imprévisible, elle engage à chaque fois de la nouveauté et du déplacement ».

Au fond de cette salle, un ensemble de 20 dessins de la série Report (1996) est présenté en majesté…

Dominique De Beir - 21 dessins de la série Report, 1996 - Accroc & Caractère au Musée Fabre, Montpellier
Dominique De Beir – 20 dessins de la série Report, 1996. Encre sur papier. 70 x 100 cm chaque. Montpellier, musée Fabre, in 2022.44.3 – Accroc & Caractère au Musée Fabre, Montpellier

Dans le catalogue, l’artiste explique : « Report est constitué de feuilles de comptabilité sur lesquels est inscrit en bas le mot “report”. Dans cette série, je reportais les lignes de la trame : le titre fut trouvé tout de suite. Plutôt que de reporter des chiffres afin de gérer au mieux sa comptabilité, ici sont reportées les lignes de la feuille de comptabilité engageant erreurs et tâches, une mauvaise élève en quelque sorte ».

Un vingt et unième dessin de la série Report est isolé sur la droite, séparé de l’ensemble par une aquarelle d’Eve Gramatzki (Sans titre, vers 1999-2000) que Dominique De Beir décrit ainsi : « Sans titre, c’est une feuille qui semble avoir été pliée en deux, elle s’ouvre. Il a un tracé au crayon de bois qui me rappelle les cahiers d’écolier par la présence d’une sorte de grille, dans laquelle Eve Gramatzki a inscrit de petits points de couleur rose. Tout ça de manière non pas malhabile, mais faussement scolaire, à la limite de la “mauvaise élève” ». Puis, elle ajoute : « Une application, mais absolument absurde, à la Samuel Beckett, qui me touche beaucoup. Ce pli, d’abord fermé puis révélé, cet aspect brouillon, de faux double, résonne avec mon propre travail ».

Eve Gramatzki - Sans titre, vers 1999-2000 - Dominique De Beir - Accroc & Caractère au Musée Fabre, Montpellier
Eve Gramatzki – Sans titre, vers 1999-2000. Aquarelle sur papier. 21 x 29,7 cm. Montpellier, musée Fabre, inv. 2004.11.3 – Dominique De Beir – Accroc & Caractère au Musée Fabre, Montpellier

Le troisième mur de la salle est sans aucun doute le plus énigmatique de l’exposition. En effet, le rapprochement d’un grand dessin de Dominique De Beir (Cahier blanc, 2007) avec Le Petit paresseux (1755) de Jean-Baptiste Greuze surprend et interroge…

Dominique De Beir - Accroc & Caractère au Musée Fabre, Montpellier

Dominique De BeirCahier blanc, 2007. Carbone bleu, papier, perforations. 120 x 160 cm. Atelier de artiste et Jean-Baptiste Greuze – Le Petit paresseux, 1755. Huile sur toile. 65 x 64,5 cm. Montpellier, musée Fabre, inv. 837.1.35 – Accroc & Caractère au Musée Fabre, Montpellier

Dans le catalogue, Camille Paulhan après avoir signifier son étonnement, suggère une interprétation : « Greuze et De Beir, voilà qui me paraît antinomique. Avec un petit paresseux, qui plus est, car l’artiste que je connais ne l’est guère (paresseuse). L’œuvre du musée Fabre m’obsède, je la pourchasse après avoir en vain tâché de tirer les vers du nez de Dominique De Beir qui semble plutôt disposée à laisser planer le mystère, elle n’a pas d’explication à me donner, il y aura Le Petit paresseux et c’est tout. Je me dis qu’il doit y avoir quelque chose avec le petit livre sur lequel le jeune garçon est endormi, et c’est peut-être vrai : dans les lignes tracées par Greuze pour faire penser à de l’écriture, je retrouve certaines boucles, certaines piqûres de l’œuvre graphique de Dominique De Beir. Mais bientôt, c’est sur la joue du petit paresseux que mon regard trébuche. Les joues roses, nous y revoilà, ces joues roses que je trouvais si ennuyeuses. Mais celle-ci a quelque chose, une virulence dans le coup de pinceau, une griffure peut-être, qui m’étonne.
(…) La peau est partout dans le travail de Dominique De Beir, c’est à elle que je me frotte dès que j’y retourne. Quand je lui soumets l’idée, elle a cette expression : “J’aime bien la peau, parce que c’est au plus près. Si le corps se sent au plus près, alors c’est une vraie réussite, un corps-à-corps.” »

Dans la salle suivante, face à l’imposant ensemble de la série Où se mettre ? évoqué ci-dessus, on retrouve trois autres œuvres de la série de Correspondance, un second dessin de Pierrette Bloch ( Sans titre, 2016) réalisé un an avant sa mort, trois encres sur papier de la série Sils où des boucles sans fin sont répétées sur des feuilles extraites de cahiers de taille et d’épaisseur variables, ainsi qu’une de ses Observations sur papier administratif…

Dominique De Beir - Accroc & Caractère au Musée Fabre, Montpellier
Dominique De Beir – Accroc & Caractère au Musée Fabre, Montpellier

Papier Peau (Salle 52)

La dernière séquence de « Accroc & Caractère » au Musée Fabre pose un regard sur le rapport à la peau, à ses aspérités et ses fragilités, partout dans le travail de Dominique De Beir…

Dominique De Beir - Accroc & Caractère au Musée Fabre, Montpellier
Dominique De Beir – Accroc & Caractère au Musée Fabre, Montpellier

L’accrochage débute ici avec Exil (2004), une œuvre qui sert de support au visuels de l’exposition et à la couverture du catalogue. A son propos, l’artiste confie : « La feuille de papier a été trempée dans de la cire chaude puis piquée avec un bistouri. Expérimenter le plan, la surface comme si l’on retournait le visible, espérant scruter ce qu’il dissimule : il s’agit plutôt d’un bouleversement de tout ce qui en surface fonctionne plus ou moins ».

Dominique De BeirExil, 2004. Gouache, perforations, cire sur papier. 44 x 33 cm. Montpellier, musée Fabre, inv. 2023.43.1 – Accroc & Caractère au Musée Fabre, Montpellier

Une de ses Macules de 2016, à la forte résonance biomorphique, établit un délicat dialogue avec Gaze (1977) de Daniel Dezeuze.

Dominique De BeirMacule, 2016. Stylo bille, paraffine, papier imprimé. Courtesy de l’artiste et galerie Réjane Login – Accroc & Caractère au Musée Fabre, Montpellier

De son œuvre, Dominique De Beir précise à Maud Marron-Wojewodzki : « (…) les macules jouent sur les deux acceptions du mot de la maladie de peau aux essais d’impression chez l’imprimeur.
Il s’agit d’ailleurs à proprement parler de macules qui ont servi à faire un bloc-notes imprimé par Friville éditions ».

La vitrine installée sous le texte de salle présente plusieurs ouvrages de Friville éditions, dont le bloc-notes évoqué par l’artiste.

Cette maison d’édition, créée en 2010 par quatre artistes (Dominique De Beir, Denis Pondruel, Philippe Richard et Vincent Côme), apporte un soutien à la réalisation d’ouvrages conçus et réalisés par les artistes sur une recherche, une expérimentation dans leur travail mais aussi, selon les rencontres, à des éditions insolites… C’est aussi un lieu de diffusion, un lieu d’exposition, un espace critique, un espace de confrontations et de rencontres avec d’autres artistes.

À propos de celle de Dezeuze, elle ajoute : « Parmi les œuvres sélectionnées du musée, il y a aussi une Gaze de Daniel Dezeuze, dont j’aime la transparence : le fait que cela soit de la gaze m’importe, c’est quelque chose de lié au corps, au soin. On retrouve un rapport au bricolage, ça n’est pas très bien découpé, hormis le centre, ce qui ne fait qu’affirmer la fragilité du bord, la limite, à claire-voie ».

Daniel DezeuzeGaze, 1977. Gaze découpée, peinture vaporisée, spray argent et ocre, feutre noir. Diamètre 71 cm. Montpellier, musée Fabre inv. 2017.9.3 – Dominique De Beir – Accroc & Caractère au Musée Fabre, Montpellier

Au fond de la salle, Planche Digression (2021) est flanqué à droite par un deuxième ensemble d’outils utilisés par l’artiste et à gauche par Altération (2021) curieusement accroché très en hauteur.

Dominique De BeirPlanche Digression, 2021. Encre, pastel, peinture, impacts, carton imprimé. 200 x 150 cm. Montpellier, musée Fabre, inv. 2023.44.5 – Accroc & Caractère au Musée Fabre, Montpellier

Dominique De BeirAltération, 2021. Peinture, cire, impacts, polystyrène. 33 x 18 x 4 cm. Montpellier, musée Fabre, inv. 2023.43.7 – Accroc & Caractère au Musée Fabre, Montpellier

Sur le troisième mur, l’accrochage débute avec Sils jaune (2009) dont l’artiste écrit : « La duplication, la frénésie répétitive sont indissociables. Avancer en piétinant, déplier et percevoir l’envers ».

Dominique De Beir - Sils jaune, 2009 - Accroc & Caractère au Musée Fabre, Montpellier
Dominique De Beir – Sils jaune, 2009. Impacts, carbone noir, papier jaune. Montpellier, musée Fabre, inv. 2023.44.4 – Accroc & Caractère au Musée Fabre, Montpellier

Suivent deux magnifiques pièces récentes, réalisées avec du papier velours.

Dominique De Beir - Accroc & Caractère au Musée Fabre, Montpellier
Dominique De BeirAccroc & Caractère au Musée Fabre, Montpellier

Dans son dialogue avec Marron-Wojewodzki, Dominique De Beir explique : « Pour le velours, c’est en réalité du papier velouté qui sert dans le domaine de la reliure à recouvrir les livres. J’ai commencé par acheter des rouleaux de velours qui peuvent se contrecoller et, par hasard, j’ai mis la main sur de grandes feuilles. J’aime la douceur du velours, tout comme je peux m’intéresser aux textures revêches, tel le carton cannelé, bien plus ingrat. (…) Le velours, je le voyais comme la qualité d’un ancien faste. J’ai associé de la couleur dorée à mes velours comme si c’était un monde du passé soyeux, riche, qui était en train de se désagréger, d’un autre temps. (…) C’est toujours l’histoire de ne pas s’en tenir aux apparences. Surtout que, dans cette série, je dissimulais des restes de feuilles de comptabilité. Je fonctionne souvent par feuilletage et par strates, ce qui est à l’arrière de la première couche a son importance, même si le public ne peut pas y avoir accès ».

Dominique De Beir - Sous le velours, 2022
Dominique De Beir – Sous le velours, 2022. Crayons de couleurs, encre, impacts, velours. 31 x 91 cm. Montpellier, musée Fabre, inv. 2023.43.9
Dominique De Beir - Sous le velours, 2022 - Accroc & Caractère au Musée Fabre, Montpellier
Dominique De Beir – Sous le velours, 2022. Crayons de couleurs, encre, impacts, velours, papier. 34 x 23 cm. Collection Annick et Louis Doucet – Accroc & Caractère au Musée Fabre, Montpellier

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