Francine Simonin – Corps et mouvements au Festival du Dessin d’Arles 2025


À l’occasion de la troisième édition du Festival du Dessin d’Arles, une vingtaine d’œuvres de Francine Simonin sont réunies par Nicolas Raboud à l’Espace Van Gogh. Historien de l’art, critique et commissaire d’exposition d’origine helvétique, il offre l’opportunité de découvrir, ou redécouvrir, l’énergie, la spontanéité et le lyrisme du geste de cette artiste qui a partagé sa vie entre la Suisse et le Québec.

Dans un texte publié par SIKART, dictionnaire de l’art en Suisse, Nicolas Raboud revient sur la singularité de sa démarche artistique. À propos de sa pratique, il écrit :

« Dès les débuts, l’artiste place au centre de son travail la réalité du corps de la femme ; il faudrait plutôt dire du corps des femmes, car ce regard attentif est porté sur un corps toujours individualisé en même temps que représentant et témoin d’un ensemble.
(…) D’abord le corps, et le mouvement, le mouvement des corps et celui du pinceau, des doigts sur la craie, des gestes du modèle qui se déplace dans l’atelier, pour finalement ne saisir que l’essentiel, cette rapidité et cet éloignement. »

Francine Simonin - Festival du Dessin d’Arles à l'Espace Van Gogh
Francine Simonin – Sans titre, 1986. Huile. Pavane pour une infante défunte, 1986. Craie et Pavane pour une infante défunte 1, 1986
Huile sur papier Arches marouflé sur toile. Courtesy Galerie Numaga – Festival du Dessin d’Arles à l’Espace Van Gogh

La présentation de Francine Simonin par l’équipe du festival souligne : « Proche de la calligraphie, son trait se conçoit comme une danse — danseuses et strip-teaseuses ont d’ailleurs compté parmi ses modèles de prédilection. »
Cela se manifeste particulièrement dans la série Pavane pour une infante défunte, dont cinq dessins à la craie et un à l’huile sur papier sont présentés à l’Espace Van Gogh.

Francine Simonin - Festival du Dessin d’Arles à l'Espace Van Gogh
Francine Simonin – Pavane pour une infante défunte, 1985-1986. Craie. Courtesy Galerie Numaga – Festival du Dessin d’Arles à l’Espace Van Gogh

En mai 1986, la RTS (Radio Télévision Suisse) avait rencontré Francine Simonin à la Galerie Numaga, à Auvernier, au bord du lac de Neuchâtel. Elle travaillait alors à cette suite des Pavanes pour une infante défunte. Dans ce reportage, elle évoquait sa méthode de travail, ses techniques, et l’importance centrale du corps dans son œuvre.

Deux encres issues de la série des Parleuses et quatre Chimères illustrent la force de son geste, un expressionnisme vigoureux évoquant certaines productions de l’action painting, notamment celles de Willem de Kooning.

Francine Simonin - Festival du Dessin d’Arles à l'Espace Van Gogh
Francine Simonin – Les parleuses 9 et Les parleuses 11, 1991. Encre de Chine sur papier Japon marouflé sur toile. Courtesy Galerie Numaga – Festival du Dessin d’Arles à l’Espace Van Gogh

Francine Simonin privilégiait le papier, support moins coûteux que la toile, qui lui offrait une grande liberté d’expérimentation. Elle travaillait à plat, au pinceau, avec les mains, les doigts ou un chiffon. Ces œuvres, situées à la frontière entre dessin et peinture, sont souvent marouflées sur toile.

Francine Simonin - Festival du Dessin d’Arles à l'Espace Van Gogh
Francine Simonin – Chimères, 1987. Encre. Courtesy Galerie Numaga – Festival du Dessin d’Arles à l’Espace Van Gogh

L’accrochage proposé par Nicolas Raboud comprend également quelques paysages (Auvernier bleu 1, 1987 et Fenêtre bleue, 1987) ainsi que des scènes d’intérieur (Cinéma, 1987 et Le divan, 1987).

Francine Simonin - Festival du Dessin d’Arles à l'Espace Van Gogh
Francine Simonin – Auvernier bleu 1, 1987. Techniques mixtes et huile sur papier Japon marouflé sur toile. Courtesy Galerie Numaga – Festival du Dessin d’Arles à l’Espace Van Gogh

À propos de ces motifs, le commissaire note :
« Les choses, les meubles et les paysages qui viennent ensuite remplir les tableaux se laissent emporter par ce tourbillon des gestes. Gestes qui ne cessent de s’affranchir, de se libérer, de s’affermir et de se justifier. La couleur est toujours comme une tache, un rehaut qui souligne la vitesse de la ligne, l’apparition d’un signe traité pour lui-même et pour le sens qu’il pourra donner à l’ensemble qui se construit. Une sorte d’aboutissement toujours en devenir. »

Francine Simonin - Festival du Dessin d’Arles à l'Espace Van Gogh
Francine Simonin – Fenêtre bleue et Cinéma, 1987. Peinture. Courtesy Galerie Numaga – Festival du Dessin d’Arles à l’Espace Van Gogh

Cette exposition permet de prendre la mesure de la richesse d’un travail qui mérite sans conteste une visite à l’Espace Van Gogh avant le 11 mai.

En savoir plus :
Sur le site du Festival du dessin d’Arles
Suivre l’actualité du Festival du dessin d’Arles sur Facebook et Instagram
Nicolas Raboud « Francine Simonin », sur le site SIKART Dictionnaire sur l’art en Suisse
Francine Simonin, « Corps à cœur » sur le site de la RTS (Radio Télévision Suisse)

Francine Simonin - Festival du Dessin d’Arles à l'Espace Van Gogh
Francine Simonin – Le divan, 1987. Peinture. Courtesy Galerie Numaga – Festival du Dessin d’Arles à l’Espace Van Gogh

Articles récents

Partagez
Tweetez
Épingle