Zainab Andalibe et Nelly Monnier au musée Fabre, Montpellier.

Jusqu’au 14 avril, le musée Fabre présente, dans les salles contemporaines, les œuvres de Zainab Andalibe et Nelly Monnier, lauréates du prix Félix Sabatier 2012.
Le travail de ces deux jeunes femmes mérite sans conteste une attention particulière.

Nelly Monnier présente, bien entendu, les bains, le grand format (275×100 cm) distingué par le jury du prix Felix Sabatier.

Les bains (1000x2745mm) 2012 - huile et crayon sur médium
Les bains (1000x2745mm) 2012 – huile et crayon sur médium

Dans son dossier de présentation la jeune femme présentait ainsi son travail :

« Partie d’étude du rivage faite par Alain Corbin dans son ouvrage Le Territoire du vide, et composée dans un premier temps à partir d’images extraites d’un épais livre sur les thermes slovaques, cette peinture cherche à retranscrire, d’abord, l’idée de piscine, et le sentiment de pureté qu’elle tente d’atteindre. À la fois simulacre du lieu originel, symbole de propreté et de santé, la piscine a épuré les lignes du lac, elle a calmé les eaux tumultueuses de la rivière tout en gardant sa limpidité. (…) La peinture à l’huile, travaillée en transparences, se veut semblable à la mémoire qui cherche à combler les lieux par assimilation d’éléments d’apparence disparate, voire incohérente. »

Cinq autres œuvres témoignent de son travail récent. Le paysage est l’unique genre représenté. Ces paysages ont tous un caractère assez énigmatique qui laisse au regardeur l’initiative de construire une histoire.  La figure est absente à l’exception d’Hôtel Panorama. L’artiste associe plusieurs supports et techniques : gouache et aquarelle sur papier et sur impression de photographies, huile et acrylique sur médium, collage. Les paysages d’Europe de l’Est et l’eau semblent être ses sources d’inspiration majeures.
Une partie des œuvres présentées est reproduite sur le site de l’artiste :
Hôtel Panorama, 2012 – Gouache et aquarelle sur impressions de photographie au traceur.
Patmos, 2012 – Collage, gouache et aquarelle.
Tallinn-Riga I, 2012 – Gouache et aquarelle.
Barrage à l’aube, 2013 – Huile sur médium.
À vendre, 2013 – Huile et Acrylique sur aggloméré.

Dès la première salle, Zaïnab Andalibe explique comment la destruction du café «Argana », à Marrakech, lors d’un attentat islamiste, en avril 2011, a été « le déclencheur d’un changement dans sa pratique artistique ».
Elle présente Triptyque, 2012, l’œuvre qui a été récompensée par le prix Felix Sabatier.

Triptyque, 2012, photographie, 256x100cm
Triptyque, 2012, photographie, 256x100cm

À son propos, le jeune artiste déclare sur son site internet :

« Ce travail est constitué de trois photographies mises les unes à côté des autres. Trois femmes aux postures différentes toutes emballées dans un film en plastique noir. Il y a un lien évident avec la burka et l’enfermement qu’elle produit. Ces femmes deviennent comme une sorte d’objet inerte, représenté notamment par le personnage central dans son attitude figée. Sa posture reste contradictoire : entre une figure forte de prise de pouvoir et une acceptation d’une situation de soumission.
Les personnages placés aux extrémités présentent quant à eux une dynamique particulière. Ils opèrent un mouvement indéfini, entre la prosternation et le débat.
Le choix du triptyque fait référence aux codes de la peinture occidentale à la renaissance. En effet, cette représentation en trois volets illustrait trois scènes, trois temporalités et trois espaces. Il s’agit ici de mettre l’accent sur l’ambiguïté de la situation présente, ainsi que l’incertitude de son devenir ».

Les autres œuvres proposées, reproduites sur le site internet de l’artiste, sont :
Objet de discorde, 2012 – Série de cinq dessins au feutre. Cinq femmes sont placées dos au spectateur. Seule, leur chevelure est visible… Cheveux objets d’innombrables polémiques religieuses et politiques. Que regardent-elles ? Quelle est leur vision, celle de femmes en burka ? Qui regarde ? Qui voit ?
Bowling, 2011 – bois. Quatre quilles blanches et cinq noires. Le noir, couleur courante de la burka, est majoritaire à l’image d’un islamisme radical qui progresse… Le spectateur peut soit rester regardeur soit intervenir en faisant tomber les quilles de son choix.
Apprentie Gnawi, 2013 – vidéo 7’36‘. Dans cette vidéo, Zaïnab Andalibe revisite la tradition musicale Gnawa, pratique populaire marocaine, historiquement masculine. Torse nu, elle se place courageusement comme une apprentie gnawi.
Boulet, 2011 – tôle et vidéo. Une salle est mise à la disposition de cette installation. Boulet de prisonnier, suspendu comme une boule de destruction. Pendule animé d’un mouvement de va-et-vient… L’interprétation appartient au visiteur. Une vidéo, sur un petit moniteur au sol, accompagne cet objet. Elle relate la fabrication de ce boulet par des artisans marocains qui portent tous les signes d’appartenance aux frères musulmans. Zaïnab Andalibe souligne sur sont site : « L’intérêt était de rendre compte de ce vivre ensemble malgré la différence de pensée. De plus, en tenant ici le rôle du maître d’ouvrage, j’ai à mes commandes des hommes. Ces derniers réalisent mon idée d’un objet s’inscrivant dans une démarche qui diverge de leur idéologie ».

Repères biographiques :

Nelly Monnier est née en 1988 dans l’Ain. Diplômée de l’École Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Lyon en 2012.

  • 2013 – « Les Enfants du Sabbat 14», Creux de l’Enfer, Thiers (Puy de dôme).
  • 2012 – Exposition au Memory Lane, Ambérieu (Ain).
  • 2012 – Résidence au château de Lourmarin (Vaucluse).
  • 2011 – Galerie L’œil écoute, Lyon (Rhône).
  • 2011 – Mairie de Sathonay-Village (Rhône).
  • 2010 – Maison des Arts de Poncin (Ain)

Zaïnab Andalibe a vécu 19 ans au Maroc. Diplômée de l’École Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Montpellier (félicitations du jury) en 2012.

  • 2013 – « Point de mire », curateur Ami Barak, exposition collective à la galerie de l’École des Beaux-arts, Montpellier .
  • 2011 – « 2013 », exposition collective à la galerie Aldebaran, Castries.
  • 2010 – « Quinzinzinzili », exposition collective au Frac LR, Montpellier, mars 2010.
  • À venir – Exposition collective à la galerie AZAD, Téhéran, Iran

En savoir plus :
Le site du musée Fabre
Le site de Zaïnab Andalibe
Le site de Nelly Monnier

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