Le goût de Diderot au musée Fabre, Montpellier

Affiche GoutDiderot_1L’exposition d’automne du musée Fabre de Montpellier est consacrée au Goût de Diderot à l’occasion du 300ème anniversaire de la naissance du philosophe, en 1713 ( 5 octobre 2013 – 12 janvier 2014). Cette exposition est réalisée en collaboration avec la Fondation de l’Hermitage à Lausanne.

Le projet présente près de quatre-vingt tableaux, sculptures, dessins et gravures de quarante-trois artistes différents dont Chardin, Boucher, Greuze, Hubert Robert, Vernet, Vien, David
Des prêts exceptionnels ont été accordé par les institutions françaises et étrangères (Louvre, Petit Palais, Musée Jacquemart-André, Paris – Collection Horvitz, Boston – LACMA et Getty Museum, Los Angeles – Alte Pinakothek, Munich – Galerie nationale, Ottawa – Musée Pouchkine, Moscou).

Le parcours de cette exposition s’inscrit dans celui des collections permanentes. Rappelons que le musée Fabre possède une très belle collection d’œuvres de la seconde moitié du XVIIIe siècle, et en particulier des tableaux et des sculptures d’artistes admirés par  Diderot.

Connu comme encyclopédiste et philosophe, Diderot est aussi auteur de romans et de pièces de théâtre. Les comptes-rendus des Salons qu’il rédige de 1759 à 1781 comptent parmi les textes fondateurs de la critique d’art.

Le dossier de presse décrit ainsi le parcours de l’exposition :

« Après une salle d’introduction montrant qui était Diderot et ce qu’était le phénomène du Salon, le parcours de l’exposition s’organise autour de trois grandes idées qui ont guidé Diderot dans son jugement de l’œuvre d’art : la vérité, la poésie, la magie.

Le pari de la vérité

Passionné par les sciences, Diderot est épris de vérité. Il s’attend donc à trouver cette dernière dans la peinture et la sculpture : vérité physique, vérité morale et vérité sociale dans le sujet représenté. Il pense aussi que l’art doit enseigner la vertu et que l’artiste, pour ce faire, doit être lui-même vertueux.

Cette vérité est celle du portrait : l’artiste doit saisir la vérité physique du modèle, avec les détails significatifs (rides, défauts…), sa vérité sociale et son impact sur sa personnalité, mais aussi ce qui fait son individualité. Il est ainsi admiratif de Greuze qui offre une nouvelle voie avec ses scènes réalistes de la vie quotidienne à signification moralisante et des sculpteurs Allegrain et Lemoine qui se jouent des contraintes de la matière pour approcher la vérité des corps. À l’inverse il rejette le style rocaille, trop fantaisiste et tout particulièrement le peintre Boucher, pourtant très apprécié des grands de cette époque.
Vérité, probité, théâtralité voilà tant de critères qui suscitent l’admiration de Diderot.

Peindre et sculpter en poète

Inspirée par la maxime « Ut pictura poesis », la théorie traditionnelle des arts conçoit le tableau comme un poème. La culture littéraire de Diderot le prédispose à accepter ce principe et à juger de la peinture suivant les critères de la poésie. Il jugera donc la manière de raconter l’histoire choisie par le peintre. Il faut que l’artiste soit poète pour exprimer avec force et précision la signification des sujets religieux, mythologiques ou historiques qu’il représente. Deux voies s’offrent à lui : l’exagération épique comme chez Deshays et Doyen, ou la simplicité sublime que choisissent Vien et David.

En homme de théâtre et écrivain, Diderot juge aussi tout naturellement la sculpture comme il le ferait d’un poème épique ou lyrique : l’idée doit être la préoccupation première de l’artiste. À l’exagération expressionniste du corps, comme dans le Prométhée d’Adam, il préfère le réalisme noble de Houdon qui annonce le néoclassicisme.

La magie de l’art

La magie est un terme souvent employé dans les écrits sur la peinture au XVIIIe siècle, en particulier par Diderot. Pour lui, la magie est le talent de trouver, d’assembler et de poser les couleurs sur la toile pour qu’elles produisent l’effet harmonieux équivalent au coloris naturel. Dès 1763, Diderot réalise que la poésie et la vérité ne suffisent pas sans la magie qui fait partie de la technique et de la pratique de l’artiste.

Diderot admire ainsi Chardin comme un grand magicien qui transfigure la réalité banale de ses natures mortes et Vernet qui arrive à rendre la sensation physique de la nature. Les ruines monumentales et théâtrales d’Hubert Robert, animées de pénombres fraîches et de clartés mouvantes, inspirent quant à elles à Diderot, en 1767 sa poétique des ruines, mélancolie face au temps qui passe ».

Cette exposition est accompagnée d’un colloque et d’une série de conférences à l’auditorium du musée.
La médiathèque centrale d’Agglomération Émile Zola présentera du 16 octobre 2013 au 16 janvier 2014 une exposition patrimoniale Vivre au XVIIIe siècle.
Le Catalogue co-édité par le musée Fabre et la Fondation de l’Hermitage à Lausanne est publié par les éditions Hazan.

Commissariat de l’exposition :
Michel Hilaire, conservateur général du Patrimoine, directeur du musée Fabre,
Sylvie Wuhrmann, directrice de la Fondation de l’Hermitage,
Olivier Zeder, conservateur en chef du Patrimoine, chargé des collections de peintures et de sculptures anciennes au musée Fabre.

Comité scientifique :
Guillaume Faroult, conservateur du Patrimoine au département des Peintures du musée du Louvre,
Stéphane Lojkine, professeur à l’université de Provence, Aix-Marseille II,
Guilhem Scherf, conservateur en chef du Patrimoine au département des Sculptures du musée du Louvre,
Olivier Zeder, conservateur en chef du Patrimoine, chargé des collections de peintures et de sculptures anciennes au musée Fabre

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Michel Hilaire, Directeur du musée Fabre, Conservateur général du patrimoine – Nicole Bigas, vice-présidente de Montpellier Agglomération déléguée à la Culture – Olivier Zeder, Conservateur en chef du patrimoine, chargé des collections de peintures et sculptures anciennes au musée Fabre, commissaire de l’exposition devant la Tempête avec naufrage d’un vaisseau, 1770 de Claude-Joseph Vernet.
Crédit photo Montpellier Agglomératio

En savoir plus :
Sur le site du musée Fabre
Dossier très complet de Stéphane Lojkine sur le site Utpictura18
Sur le site du Tricentenaire de la naissance de Diderot

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