Home Street Home, projet FMR… mais où est le projet artistique ?

Succès indéniable qui semble aller bien au-delà des prévisions les plus optimistes pour les organisateurs.
Un public nombreux, divers et enthousiaste qui montre une fois de plus un vif intérêt  pour l’art contemporain urbain.
Une organisation efficace. Un projet monté avec habileté, un partenariat original et engagé.

Tout pour faire un bilan très positif de Home Street Home, premier événement de Projet FMR à Montpellier.
Tout ? Est-ce bien si évident ???  Et bien non ! Nous n’avons pas été vraiment emballé par le projet artistique…


Certes, il y a dans la maison de la rue de Centrayrargues des propositions intéressantes, mais… peu de surprises, pas de magie et aucun coup de cœur… Le souvenir, encore récent, de la Tour Paris 13 a probablement pollué notre perception de l’événement montpelliérain, mais c’est ainsi…

Commençons, pour être courtois, par énumérer les propositions qui ont retenu notre attention :

  • Les nuages colorés de papillons-utérus de BauBô qui viennent tapisser la tapisserie au point de croix dans le couloir au premier étage.
  • Les prises électriques que Yuri Hopnn a su utiliser pour installer son petit monde en noir, blanc et rouge sur la tapisserie d’une chambre à l’étage.
  • L’univers imaginé par Depose, dans une moitié du grand salon du premier étage, en multipliant les déclinaisons de lettres en ton sur ton, sur un fond bleu. Ce dispositif envoûtant/enivrant  lui permet de mettre en évidence une sélection de toiles récentes.
  • « Caché » d’Al Sticking, ambiance Home Swing Home dans l’autre moitié du grand Salon. Dans une atmosphère années 30, charleston et swing font tourbillonner des personnages de papier (dont lui-même ?). Pour accéder aux œuvres qu’il nous propose, Il faut habilement se glisser parmi ces « danseurs »… Sans aucun doute,  une des pièces les plus réussies de l’exposition.

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  • « Spash ! » que propose Levalet dans la salle à manger du rez-de-chaussée. Une confrontation pleine d’humour et de dérision avec une gaine électrique. L’installation utilise avec beaucoup bonheur atione  sur un fond bleu. tous les éléments du décor : radiateur, évier, placards, cheminée.  À un  des bouts de la gaine, on reconnaît Levalet, les yeux ronds, surpris par le jaillissement de l’encre de chine avec laquelle il peint ses personnages… On trouve ici, ce que l’on aurait aimé voir dans les autres pièces !!!!
  • Wizard réussit une installation en noir et blanc dans une des chambres du rez-de-chaussée. Avec ses formes géométriques, il trouble la perspective et modifie notre perception de la géométrie du lieu. Les œuvres qu’il y propose s’intègrent parfaitement au décor mis en place.

Les choses aimables ayant été dites, passons à ce qui pourrait fâcher…
En vrac,  voici ce qui, à notre humble avis, ne fonctionne pas dans cette exposition :

La très grande hétérogénéité des propositions présentées, et surtout, l’incohérence de leur enchaînement dans le parcours de visite se traduit  par des univers artistiques qui s’entrechoquent, se parasitent et dans le meilleur des cas se juxtaposent.
Rares sont les moments où l’on perçoit un dialogue entre les artistes. On a du mal à trouver une logique… Bref,  il ne semble qu’il n’y ait pas de propos dans le parcours.
Une exposition ne peut pas se résumer à une succession d’œuvres sans qu’il y ait une idée, un discours, une raison de les assembler, une histoire à raconter…

Rien de tout cela dans Home Street  Home, le lieu et son histoire semblent niés. La maison n’est qu’un simple support…
On en sort avec l’impression d’être passé dans une succession de mini-expositions solo, où chaque artiste a présenté avec plus ou moins de bonheur ses œuvres… Sans vraiment dialoguer avec son voisin, sans soucis de ce qui se passe avant ou après !
Désolé, mais les salons et les foires d’art contemporain sont organisés avec plus de cohérence…

Dans une exposition, accrocher une œuvre, ce n’est pas simplement planter un clou dans le mur, c’est aussi la faire dialoguer avec son environnement… C’est savoir créer cette alchimie qui fait que le lieu offre à l’œuvre les moyens de s’exprimer et que parfois l’œuvre donne en retour un supplément d’âme au lieu qui l’héberge, en valorise son histoire ou son architecture.

Et pourtant, le Street art réussit souvent très bien, dans la rue ou dans les friches urbaines, à construire un échange riche et pertinent  avec l’environnement… C’est ce qui faisait la magie de la Tour Paris 13,  et c’est ce qui nous semble être malheureusement absent,  à de rares exceptions, dans Home Street Home !

Bref, on peut s’interroger sur l’existence d’un projet artistique, et sur la direction artistique de cet événement…

Quant au prétendu  « catalogue », il est  à l’évidence, le moyen de collecter des fonds ! Les notices sur les artistes sont très succinctes et la mention « N.B. Sa performance n’étant pas terminée au moment où nous écrivons ces lignes, les photos de sa pièce seront sur notre page FB et notre site » se répète  trop souvent (9 des 17 propositions)….

Cette première édition de Home Street Home est sans aucun doute un gros succès d’audience… Mais, c’est comme à la TV, l’audimat n’est pas toujours un critère que qualité artistique…

Nos amis Coralie et Tom doivent donner un peu plus de cohérence à leur projet… Une exposition exige un projet artistique et, donc, une direction artistique…  Sinon, cela peut vite se transformer en une sorte de super marché discount de l’art contemporain urbain…

Les galeristes de qualité ne manquent pas à Montpellier, il conviendrait peut-être de les embarquer dans une prochaine aventure…
Sauf si  le projet caché de FMR et de la Pop up gallery est  de se positionner comme une alternative sur le marché local de l’art contemporain urbain…

En savoir plus :
La page Facebook de Projet FMR
Le site du Projet FMR
A lire l’article de Busk magazine

Official Video // Le projet Fmr // Home Street Home // Montpellier

Home Street Home Affiche

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