François-André Vincent au Musée Fabre, Montpellier

Vincent AfficheAprès une première étape au musée des Beaux-Arts de Tours, le musée Fabre accueille à son tour la première rétrospective consacrée à François-André Vincent du 8 février au 11 mai 2014 à Montpellier.

Cette exposition est organisée à l’occasion de la publication du catalogue raisonné François-André Vincent – un artiste entre David et Fragonard, par Jean-Pierre Cuzin, ancien conservateur général du département des peintures du musée du Louvre.

Les deux musées conservent des œuvres de cet artiste, peu connu du grand public. Elles sont complétées par une  sélection de tableaux et de dessins, provenant de collections françaises et étrangères, publiques et privées. Avec une centaine d’œuvres, l’exposition a pour ambition de redonner à Vincent sa place dans l’histoire de l’art et de montrer les apports originaux et souvent novateurs de son oeuvre.

Le parcours chronologique propose de suivre la carrière du peintre en cinq étapes depuis ses débuts en France et en Italie, les succès parisiens de 1775 à la Révolution, la Révolution,  le Consulat et l’Empire.

Cette exposition est reconnue d’intérêt national par le ministère de la Culture et de la communication.
Une sélection de dessins de Vincent, dans les collections publiques et privées parisiennes, sera présentée  au musée Cognacq-Jay, du 26 mars au 30 juin 2014.

Les œuvres sont issues de :

  • Collections publiques françaises : Paris : Musée du Louvre, École nationale supérieure des Beaux‐Arts, Assemblée Nationale, musée national du château de Versailles et des musées d’Angers, Amiens, Besançon, Bordeaux, Caen, Cherbourg, Dijon, Grasse, Guéret, Le Mans, Lyon, Marseille (musées Grobet‐Labadié et Beaux‐Arts), Montpellier (musées Fabre et Atger), Orléans, Pau, Pontoise, Rennes, Rouen (musée des Beaux-Arts et bibliothèque patrimoniale Jacques-Villon), Rueil‐Malmaison, Saint‐Omer, Strasbourg, Toulouse, Tours.
  • Collections publiques étrangères : Allemagne : musées de Cassel, Karlsruhe. Autriche : Vienne. États‐Unis : musées de Los Angeles (LACMA), New York (The Metropolitan Museum of Art). Italie : musée de la chartreuse San Martino, Naples.
  • Collections privées françaises et étrangères : Lyon, Nancy, Orléans, Paris ; Genève, Grande-Bretagne, États‐Unis (collection Horvitz).

Pour réaliser cette exposition, le commissariat scientifique a fait appel aux musées du réseau FRAME (French Regional American Museum Exchange) qui ont très généreusement répondu à ces demandes. Plus de dix musées français (Bordeaux, Dijon, Marseille, Montpellier, Rennes, Rouen, Strasbourg, Toulouse et Tours) et un musée américain (Los Angeles) ont prêté quinze œuvres (peintures et dessins).

Le commissariat de l’exposition est constitué, aux côtés de Jean-Pierre Cuzin qui a sélectionné peintures et dessins, d’Isabelle Mayer-Michalon, docteur en histoire de l’art, de Sophie Join-Lambert, conservateur en chef du Patrimoine, directeur du musée des Beaux-Arts de Tours, Michel Hilaire, conservateur général du Patrimoine, directeur du musée Fabre de Montpellier, Véronique Moreau, conservateur en chef du Patrimoine, chargée des collections de peintures du XIXe siècle au musée des Beaux-Arts de Tours et Olivier Zeder, conservateur en chef du Patrimoine, chargé des collections de peintures et de sculptures anciennes au musée Fabre de Montpellier.

Nous reviendrons sur cette exposition dans une prochaine chronique, après le vernissage.

En savoir plus :
Sur le site du musée Fabre
Le compte rendu de Didier Rykner sur l’exposition à Tours dans La Tribune de l’Art (28 novembre 2013).
La chronique de Marc Lenot dans le blog Lunettes Rouges (18 novembre 2013).

Présentation dans le programme culturel et artistique du musée Fabre (automne/hiver 2013-2014) :

Introduction à l’exposition

À l’occasion de la publication du catalogue raisonné de François-André Vincent chez Arthéna par Jean-Pierre Cuzin (ancien conservateur général du département des peintures du musée du Louvre), le musée Fabre de Montpellier Agglomération et le musée des Beaux-Arts de  Tours s’associent afin de proposer la première grande rétrospective sur l’oeuvre de Vincent.

L’exposition du musée Fabre met en lumière cet artiste méconnu du public, qui fut pourtant l’un des grands rivaux de David, et dont les œuvres ont été confondues avec celles de Fragonard. Elle montre aussi la place essentielle qu’il a occupé dans la peinture française, tant à travers sa production de peintures d’histoires que de portraits. Ses nombreux portraits-charge attestent d’ailleurs de la virtuosité de son oeuvre, non seulement peinte mais aussi dessinée.

Après une formation académique à Paris puis à Rome, Vincent revient en France en 1777. Il connaît un succès considérable en cette fin d’Ancien Régime et fut le seul grand rival de David qui finit par le supplanter peu avant la Révolution.

Pendant la Révolution et sous le Premier Empire il continue de recevoir des commandes officielles en parallèle de sa production de portraits. Les sujets, très variés, sont souvent très novateurs et annoncent le courant romantique.

L’exposition réunit plus de 100 peintures et dessins. Vincent fut en effet un dessinateur exceptionnel et prolifique. Le musée du Louvre, les grands musées de région français ainsi que plusieurs institutions étrangères (Saint Louis, Los Angeles, Cassel, Karlsruhe, Cambridge, Boston) participent généreusement à cette grande rétrospective.

Le musée Fabre est réputé pour la richesse de ses collections du XVIIIe siècle et détient plusieurs chefs-d’oeuvre de François-André Vincent dont Bélisaire, Alcibiade et le Saint- Jérôme ainsi qu’un fonds néo-classique exceptionnel (Greuze, David, Fabre…). Après l’exposition Le Goût de Diderot, cette rétrospective offre au public une « Saison des lumières » qui trouve un écho au sein des collections permanentes du musée Fabre.

Le parcours de l’exposition

Le parcours est organisé de manière chronologique et met en valeur les grandes phases d’activité de Vincent, souvent en rapport avec les bouleversements historiques de son époque. Ce principe rend compte de la longévité de l’artiste et de son évolution au sein du Néoclassicisme.

Ses débuts en France et en Italie

Vincent, après s’être formé à Paris chez Vien, gagne le Grand Prix de Rome puis part à l’Académie de France à Rome. Il y reste de 1771 à 1775 et y rencontre Fragonard. Pendant ce séjour, il dessine ses captivantes et drôlatiques caricatures de ses amis artistes (César Van Loo, Montpellier, musée Atger). Il peint le remarquable Portrait de Bergeret (1774, Besançon) qu’il ramènera en France.

Les succès parisiens de 1775 à la Révolution

Cette partie de sa vie est la plus fructueuse et la plus originale pour sa production. Elle montre ses premières réussites au Salon de 1777 avec le Bélisaire et l’Alcibiade encore très italiens appartenant au musée Fabre.

Son succès lui ouvre de grandes commandes de compositions mythologiques (Combat des Romains et des Sabins, 1781, Angers, musée des beaux-arts), mais aussi historiques inspirées du passé national. Ces dernières constituent des nouveautés ambitieuses par leur vérité historique (Le président Molé et les factieux, Paris, Assemblée ; Henri IV fait entrer des vivres dans Paris, Louvre ; Henri IV et Sully, Pau, château). Vincent suit aussi le radicalisme néoclassique de David dans l’Arria et Paetus de 1783 (Saint Louis).

La Révolution

Pendant les années révolutionnaires, Vincent produit moins, mais il propose des oeuvres très ambitieuses aux sujets innovants. Il peint Guillaume Tell renversant la barque sur laquelle le gouverneur Gessler traversait le lac de Lucerne (esquisse, Musée de Guéret), toile immense et tumultueuse illustrant la lutte contre la tyrannie. Sa Leçon de labourage (musée des Beaux- Arts de Bordeaux) est une leçon de vertu sociale et politique dans l’esprit de Jean-Jacques Rousseau. Les portraits des Boyer-Fontfrède, commanditaires de cette toile, sont aussi présentés dans l’exposition.

Consulat et Empire

La maladie réduit la production de Vincent, chargé néanmoins de plusieurs commandes officielles pour les Napoléonides. Son Allégorie sur la libération des esclaves par Jérôme Bonaparte (Cassel) est à la fois un sujet de propagande et une oeuvre très étrange pour son mélange de réalisme et d’irréalité.

Il anticipe sur certaines ambiances romantiques dans la Mélancolie peinte pour Joséphine de Beauharnais (Malmaison), oeuvre émouvante et raffinée.

Cependant, il ne pourra achever l’immense toile (8mx5m) commandée par Lucien Bonaparte célébrant la victoire de son frère à la bataille des Pyramides. Là aussi, la fougue de la composition et la vigueur de l’exécution annoncent le Romantisme.

Plusieurs salles à l’éclairage limité dévolues à la production dessinée considérable de Vincent sont intercalées entre les salles principales.

Éléments biographiques

1746 : Francois-Andre Vincent naît a Paris le 30 décembre ; son père est Francois-Elie Vincent, miniaturiste protestant, d’origine genevoise, établi a Paris.

1764 : Élève de Vien a l’Académie, Vincent remporte le Deuxième Prix au Concours de Rome avec Thomyris et Cyrus (tableau disparu).

1768 : Vincent obtient le Grand Prix avec Germanicus apaisant la sédition dans son camp (Paris, École Nationale Supérieure des Beaux-Arts), ce qui lui donne accès à l’École Royale des Élèves Protégés.

1771 : Le jeune peintre part pour Rome où il séjourne jusqu’en 1775 à l’Académie de France, alors installee au Palais Mancini. Durant ces quatre années, Vincent dessine beaucoup (dont de nombreuses caricatures de ses condisciples). Vincent rencontre Bergeret et Fragonard lors de leur passage à Rome (décembre 1773 – avril 1774), puis les accompagne à Naples.

1775 : Vincent quitte Rome le 3 octobre et revient en France par mer ; il passe la fin de l’année et le début de la suivante a Marseille.

1777 : Le 31 mai l’artiste est agrée a l’Académie avec un Saint Jérôme (Montpellier, musée Fabre) ; il expose quinze tableaux au Salon dont le Portrait de Bergeret et celui de sa chienne (Besançon, musée des Beaux-Arts), un Socrate et Alcibiade et un Bélisaire (les deux, Montpellier, musée Fabre).

1779 : Vincent obtient un énorme succès au Salon avec son Président Molé et les factieux (Paris, Assemblée Nationale).

1782 : Le peintre, qui a désormais acquis une notoriété certaine, est reçu a l’Académie avec L’Enlèvement d’Orythie par Borée (Rennes, musée des Beaux-Arts, une esquisse a Tours, musée des Beaux-Arts). L’artiste expose régulièrement au Salon dans les années qui suivent, dont un Zeuxis choisissant pour modèles lesplus belles filles de Crotone (Paris, musée du Louvre) en 1789.

1790 : Le peintre succède à Charles-Nicolas Cochin comme Garde des Dessins du Roi.

1792 : Vincent achète, avec Adelaïde Labille-Guiard, une maison a Pontault-en-Brie, près de Paris ; il est élu Professeur, puis l’un des six Commissaires du Muséum (il démissionne l’année suivante), mais reste Garde des Dessins.

1794 : L’artiste reçoit le premier prix, avec Gerard, au Concours de l’an II dont le projet est d’exalter les moments les plus glorieux de la Révolution.

1795 : Après la création de l’Institut National des Sciences et des Arts, Vincent siège dans la troisième classe ; il expose au Salon le tumultueux Guillaume Tell renversant la barque sur laquelle le sénateur Gessler traversait le lac de Lucerne (Toulouse, Musée des Augustins, une esquisse àGuéret), un des « travaux d’encouragement » ordonne en 1791. Trois ans plus tard, il montre au Salon La Leçon d’agriculture (Bordeaux, musée des Beaux-Arts).

1800 : Vincent épouse Adelaïde Labille-Guiard, qu’il connaît depuis l’enfance, Adelaïde ayant été l’élève du père de Vincent et de l’artiste lui-même. Il obtient de Jérôme Bonaparte, ministre de l’Intérieur, la commande d’une Bataille des Pyramides, vaste entreprise qu’il n’achèvera jamais. Sa santé semble faiblir à partir de ces années ; il se consacre de plus en plus aux portraits.

1802 : Vincent obtient un logement au Palais des Quatre-Nations (Institut).

1803 : Mort de son épouse. Marie-Gabrielle Capet, élève de cette dernière, veille désormais sur lui.

1805 : Vincent est nommé Chevalier de la Légion d’Honneur, puis Professeur à l’École Polytechnique en 1809.

1816 : Vincent meurt dans la nuit du 3 au 4 août dans son logement de l’Institut ; la vente après décès de sa collection a lieu les 17-19 octobre.

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