Trois petits tableaux de Marlène Mocquet dans la collection L.G. au Carré Sainte Anne

Parmi les multiples « trésors » dévoilés par les collectionneurs au Carrée Sainte Anne pour l’exposition L’œil et le Cœur #2, trois petites toiles de Marlène Mocquet  ont particulièrement retenu notre attention.

À la droite d’un pilier, sous la surveillance d’un lapin papillon naturalisé, ces trois huiles sur toile sont accrochés l’une au-dessus de l’autre. Leur taille modeste (la plus grande mesure 20 x 28 cm), n’empêche en aucune manière de pénétrer dans l’univers étonnant et très personnel de cette jeune femme.
On regette qu’une quatrième œuvre de Marlène Mocquet, accroché en hauteur, au dessus de photos de Delphien Kreuter et de Georgse Tony Stoll, soit assez difficile à voir…

En savoir plus :
Sur le site personnel de Marlène Mocquet
Marlène Mocquet sur le site de la Galerie Alain Gutharc
Marlène Mocquet sur le site de la Galerie Laurent Godin
Marlène Mocquet sur le site de Sèvres – Cité de la céramique

Henri-François Debailleux, commissaire de l’exposition personnelle de Marlène Mocquet à la Maison des Arts de Malakoff à l’automne dernier présentait ainsi son travail :

« … dans chaque œuvre, on retrouve cet univers si singulier, devenu son image de marque, un univers peuplé d’une multitude de personnages, d’animaux, de monstres et de chimères embarqués dans d’invraisemblables aventures et plongés dans des situations pour le moins abracadabrantes.

 Marlène Mocquet semble peindre comme elle respire. Elle déploie en effet d’étonnantes saynètes spontanément sorties d’un imaginaire foisonnant, d’un onirisme naturel et d’une dimension émotionnelle forte et revendiquée. Chaque œuvre est une fête: des yeux (il y en partout), du sujet, de la narration, de la couleur, de la matière.
Chez elle, l’image part d’ailleurs toujours d’un accident de peinture : la moindre tache peut devenir le point de départ d’une véritable odyssée, la moindre coulure la ligne à suivre pour dérouler les fils de contes toujours pleins d’humour, souvent grinçants, quelquefois cruels. Car le monde de Marlène Mocquet, aussi jubilatoire soit-il, n’est pas tendre. On s’y bouffe à grandes dents et à mâchoires déployées. Sauve qui peut et tous aux abris dans la jungle chromatique, de par les monts et vaux des reliefs, derrière les traces de pinceau.
» Extrait du dossier de presse.

Dans un entretien avec Éric Ollivier, sur le site d’infos www.lepetitjournal.com, à l’occasion d’une exposition à Galerie Feast Projects de Hong Kong, en avril 2012, elle définissait ainsi son travail :
« Mon travail est un univers à part entière, en perpétuelle construction. Il se nourrit de la vie, de ses aléas, c’est une analyse en mouvement. J’aime notamment utiliser des éléments symboliques pour les mettre en opposition, de manière à exprimer des émotions, un état émotionnel, une attitude. Avec la matière, c’est pareil : les oppositions, les mélanges que je constitue symbolisent nos propres aspérités et la complexité de notre nature.
Je commence une toile sans aucune idée préconçue. Au début, il y a une impulsion, puis après avoir utilisé la matière je pense que j’évolue dans un état inconscient tout en m’imprégnant de ce que je perçois. J’élabore alors des relations entre les composantes de la toile. Les relations s’établissent et tout devient clair sur le point où je souhaite arriver. Je revendique le contrôle de chaque peinture dans ses moindres recoins. »

L’itinéraire de Marlène Mocquet est assez fulgurant. Née en 1979, elle présente son travail lors pour la soutenance pour le Diplôme National Supérieur d’Arts Plastiques à l’École Normale Supérieure des Beaux-Arts (ENSBA) de Paris , en 2006, devant un jury auquel appartient le plasticien Daniel Firmin. Enthousiaste, celui-ci appelle son galeriste Alain Gutharc et il part à la recherche de son ami Christian Lacroix qui prépare un défilé dans la cour des Beaux-Art.
« Ce devait être à quelques jours, la veille ou l’avant-veille d’une collection d’hiver, en juillet 2006, je pense, je travaillais à la scénographie d’un défilé de haute couture à l’école des beaux-arts sous la grande verrière désormais en restauration. J’ai rencontré Daniel Firman qui, pour cette session là, « examinait » tous les élèves en fin d’études. Très enthousiaste, très excité, très volubile à propos du travail de Marlène, il m’encourage à aller la rencontrer. Je suis monté avec Alain Gutharc dans les étages délabrés de l’école où les élèves avaient installé leur travail. C’est ainsi que dans un vaste espace un peu glauque malgré la belle lumière, j’ai vu pour la première fois cette Betty Boop d’aujourd’hui et en même temps intemporelle car si personnelle. Devant un mur de dessins et toiles de tous formats, une accumulation à la fois évidente de cohérence au premier coup d’œil et fourmillante de créatures fantasmagoriques, échevelées lorsqu’on y regardait de plus près. Sans pouvoir mettre sur ce travail d’adjectifs convenus, de références réflexes, car il n’y avait rien là de connu ou re-connu. Mais tout hypnotisait l’œil et l’esprit. » The New Waver, « Marlène Mocquet by Christian Lacroix », Automne 2008 ( Extrait du dossier de presse de son exposition personnelle au MAC de Lyon, en 2009).

Alain Gutharc montre ces œuvres à la FIAC en octobre 2006, puis l’expose en 2007.
Lacroix lui confie la réalisation de ses cartes de vœux personnelles 2007 et lui offre une vitrine de sa boutique de la place Saint-Sulpice lors du dernier parcours Saint-Germain.

En 2008, pour l’exposition Musée Réattu | Christian Lacroix, le couturier choisi d’exposer une toile de Marlène Mocquet (Les deux faons, 2008), dans la premier salle du parcours, face à une grande gouache sur papier de Baya (Grande Frise, 1949) et une sculpture de Daniel Firman ( Vanilla (Charlotte), 2006). Dans le catalogue, il écrit : « …  Sa peinture, la vraie qui sent l’huile, avec sa science et tout un monde qui surgit, est une coulure sophistiquée, couverte d’un glacis peaufiné d’où jaillit un bestiaire et une population oniriques et concrets à la fois, pleins de mystères à la Jérôme Bosch. Cela évoque un Jérôme Bosch du 3ème millénaire avec ses ésotérismes, ses fulgurances et ses inquiétudes, ses peurs d’enfants qui ne nous quitteront jamais, bien à leur place dans le refuge de mes doutes et de mes interrogations d’adolescent. »

Les choses s’enchaînent alors très vite. Les expositions personnelles s’enchaînent dans les galeries françaises et étrangères. En 2009, Le MAC Lyon lui permet, pour sa première exposition personnelle dans un musée, d’exposer une centaine de peintures. La même année, dans la région, le Château de Jau à Cases-de-Pène présente  Jeux de dames – Marlène Mocquet et Jeanne Susplugas.

En 2001-2012 et en 2012-2013, elle est en résidence à  Sèvres – Cité de la céramique. Elle y produit de surprenantes pièces de porcelaine et de grès.

Et, en 2013, elle réalise une série Le Plat est un Paysage pour les 150 ans de la maison Bernardaud


Articles récents

Partagez
Tweetez
Enregistrer