Viallat, une rétrospective au musée Fabre, Montpellier

Jusqu’au 2 novembre 2014, Le musée Fabre invite Claude Viallat à investir plusieurs de ses espaces dans le cadre d’une importante rétrospective.

Un projet longuement mûri…

Michel Hilaire, directeur du musée Fabre et commissaire général de cette exposition, rapelle qu’à l’occasion d’une exposition consacrée, en 1997, à la production récente de Claude Viallat, dans le pavillon populaire, le musée avait fait la connaissance de Jean Fournier, son marchand parisien. En lien avec cette exposition, le musée a constitué un fonds important consacré à Viallat. La rencontre avec  Jean Fournier s’est traduite par une relation forte entre sa galerie et le musée. En 2007, après quatre ans de travaux, l’exposition inaugurale du « nouveau » musée Fabre  était un hommage au marchand récemment disparu : La couleur toujours recommencée, hommage à Jean Fournier, marchand à Paris (1922-2006). Plusieurs toiles de Viallat y étaient présentées.
Dès cette époque, Michel Hilaire savait qu’il offrirait, à un moment donné, les espaces du musée à Claude Viallat.

Claude Viallat et Michel Hilaire
Claude Viallat et Michel Hilaire, directeur du musée Fabre et commissaire général de cette exposition au Musée Fabre, salle Jean Fournier.

Depuis l’exposition de 1982 au Centre Pompidou, l’œuvre de Viallat n’avait plus fait l’objet d’une importante manifestation.
Le musée Fabre a donc choisi de programmer, pour 2014,une ambitieuse rétrospective du travail de l’artiste. C’est à Montpellier que Viallat a suivi les cours de l’École des Beaux-arts  de 1955 à 1959, en découvrant les collections du musée. C’est aussi à Montpellier qu’il a rencontré plusieurs artistes avec lesquels il participera mouvement Supports / Surfaces.

Claude Viallat, Sans titre, 1966_1
Claude Viallat, Sans titre, 1996, acrylique sur bâche, 290 x 424 cm, Montpellier, musée Fabre © musée Fabre de Montpellier Agglomération, cliché Frédéric Jaulmes © ADAGP, Paris 2014

L’exposition

Cette rétrospective a été conçue et réalisée en étroite collaboration avec  Claude Viallat.
Michel Hilaire confie que cette invitation de l’artiste au musée Fabre « constitue assurément une expérience peu banale pour la vie du musée, pour ses équipes, pour ses conservateurs. Cela nous oblige à revoir de fond en comble les mécanismes en usage, nous force à adopter un autre regard, à changer nos réflexes. Peu soucieux de la pérennité des œuvres dans le temps, Viallat considère l’art au présent, se méfie du  » sérieux  » de l’art et de la peinture, rêve d’une peinture  » nomade «  » (Extrait du dossier de presse).

L’exposition s’est construit à partir du fonds du musée Fabre, complété par une importante sélection d’œuvres des collections publiques françaises, des pièces souvent « historiques » dans le parcours du peintre (Centre Pompidou, les musées de Bordeaux, de Saint-Étienne, de Céret, d’Antibes, de Nice et de Nantes).

Autour de ce noyau issu des collections publiques, l’équipe a eu le bonheur de pouvoir puiser dans les importantes ressources proposées par l’atelier de l’artiste, à Nîmes et en particulier dans la collection de son épouse, Henriette Viallat, en partie inédite.
Cette sélection a été enrichie par quelques pièces provenant de collections particulières et des galeries Ceysson, Fournier et Templon.

L’ensemble proposé couvre l’ensemble de la carrière du peintre, depuis ses premières toiles figuratives de la fin des années 50, jusqu’à sa production récente.

En plus des salles d’expositions temporaires, le musée Fabre a proposé à Viallat d’occuper  les espaces d’accueil  (Hall Buren, Escalier Leenhardt, Atrium Richier) et d’y présenter plusieurs pièces de grand format.

L’Hôtel Cabrières-Sabatier d’Espeyran, département des arts décoratifs, offre ses décors historiques et ses period rooms pour mettre en valeur la dimension décorative de l’œuvre de Viallat (lire chronique précédente).

Le parcours emprunte un cheminement original , à l’inverse de celui proposé pour les grandes exposition estivales. Il commence par l’escalier Leenhardt et les galeries contemporaines, dans les salles voûtées du XVII° de l’ancien collège des jésuites.

La visite se poursuit par la salle Jean Fournier, avant de redescendre dans la salle d’exposition temporaire du rez-de-chaussée, pour se terminer dans l’atrium Germaine Richier.

Chaque fois que cela a été possible, les cimaises ont été démontées pour restituer le parement de béton des murs dans salles contemporaines. Cette volonté d’offrir un écrin plus « brut » aux œuvres de Viallat est, certes, sympathique, mais ce détail ne fait pas « oublier » la présence de musée…

Au centre de la vaste salle d’exposition du rez-de-chaussée, l’éclairage zénithal est à nouveau en service. On ne peut que saluer cette initiative qui met particulièrement bien en valeur les objets de Claude Viallat !

L’exposition est foisonnante… La richesse et la diversité des œuvres présentées constituent sans conteste un excellent reflet de l’univers et de l’œuvre de Claude Viallat.
Le début du parcours, chronologique, montre clairement l’itinéraire de l’artiste. Les espaces plus thématiques en fin de visite (cerceaux et objets, tauromachie, grands formats du hall Buren et de l’atrium Richier) donnent des éclairages pertinents sur certains aspects de son travail.

La densité importante des pièces présentées dans certaines salles pourrait toutefois troubler le plaisir du regardeur les jours de fortes affluences. On pense en particulier aux toiles recto-verso, suspendues au milieu de certains espaces.

Le nombre important des œuvres exposées (plus de 200) est à la mesure de la production prolifique de Claude Viallat. Mais cette très grande richesse de l’exposition impose plusieurs visites pour en apprécier réellement la qualité et la diversité. La mise en espace a éliminé tout mobilier. Il est impossible de s’asseoir pour se reposer et pour laisser son œil et son esprit divaguer dans l’œuvre de Viallat.

À l’exception des cartels et de la signalisation des différentes sections, il n’y a aucun texte de salle.
Ce choix est délibéré. Les commissaires ont souhaité ne pas « polluer » un accrochage déjà très dense.
Des informations essentielles sur les œuvres et le travail de Claude Viallat sont disponibles dans un  « petit journal » remis au visiteur au début du parcours.

exemple_d_utilisation_teasy_1
Ce guide de visite est complété par une application de reconnaissance d’images, téléchargeable sur smartphone. Elle permet d’accéder à  des informations complémentaires sur plusieurs œuvres. Développée par Choosit, entreprise montpelliéraine, Teasy permet d’obtenir ces contenus à partir d’une simple prise de photo.

Cette rétrospective est à l’image des grandes expositions proposées par le musée Fabre, irréprochable sur le plan scientifique et muséographique. Mais elle a également la distance et la froideur des discours accomplis … même si Claude Viallat a un peu bousculé « les mécanismes en usage» et forcé les équipes du musée « à adopter un autre regard, à changer [ses] réflexes »…
Il faut donc un peu de ténacité au regardeur pour qu’il trouve la place de « faire le tableau » comme le suggérait Marcel Duchamp…

On regrette le retour dans les réserves des œuvres présentées dans les galeries contemporaines et dans la salle Jean Fournier… Elles auraient pu offrir un contre-point intéressant à cette rétrospective… Gageons que le futur musée ou centre d’art contemporain annoncé par Philippe Saurel permettra d’éviter les allers-retours réguliers de ces œuvres contemporaines entre les salles d’exposition et les reserves du musée !

commisariat_1
Claude ViallatMarie Lozón de Cantelmi, Conservateur du patrimoine, responsable du Département XIXe, art moderne et contemporain du musée Fabre – Michel Hilaire, Conservateur général du Patrimoine, Directeur du musée Fabre,Ccommissaire général de l’exposition – Philippe Saurel, Maire de Montpellier, Président de Montpellier Agglomération

Commissariat : Michel Hilaire, Conservateur général du Patrimoine, Directeur du musée Fabre.  En collaboration avec Marie Lozón de Cantelmi,  Conservateur  du patrimoine,  responsable  du Département  XIXe, art moderne et contemporain du musée Fabre.

Catalogue « Claude viallat – une rétrospective » aux Éditions Somogy. Textes de Michel  Hilaire, Marie Lozón de Cantelmi, Yves Michaud, Marcelin Pleynet, Raphael Rubinstein et Claire Viallat-Patonnier.

En savoir plus :
Sur le site du musée Fabre
Sur la page Facebook du musée Fabre

[youtube=http://youtu.be/SyA1YRJteTA]

Articles récents

Partagez
Tweetez
Enregistrer