State of Beeing (Il Gattopardo), Chiharu Shiota à Vieille Charité, Marseille

Jusqu’au 19 octobre 2014, le Ballet National de Marseille invite Chiharu Shiota à investir la Chapelle Vieille Charité à Marseille, pour State of Beeing (Il Gattopardo)

La plasticienne japonaise a sélectionné 12 costumes, conçus par Luisa Spinatelli issus de la production Le Guépard créé par Roland Petit pour le Ballet National de Marseille, le 14 janvier 1995 à Palerme.

On gardait un souvenir ébloui de After the Dream 2013,  l’installation onirique et sensible qu’elle avait conçu l’automne dernier pour le Carré Sainte-Anne à Montpellier.

Chiharu Shiota, State of Beeing (Il Gattopardo)
Chiharu Shiota, State of Beeing (Il Gattopardo)

L’installation de Chiharu Shiota  dans la chapelle conçue par Pierre Puget, est un réel enchantement.

[youtube=http://youtu.be/Hqy9VdO0qw4]

Elle a exploité  avec beaucoup d’intelligence les caractères particuliers de l’architecture de ce lieu.
Son installation occupe la nef ovale, sous la coupole. Les 12 costumes du Guépard flottent dans l’immense réseau de fils noirs tissés par l’artiste.

L’ensemble est éclairé avec soin par deux séries de projecteurs. La première est située au sol, aux pieds des pilastres et colonnes. Cette première source de lumière est complétée par quelques projecteurs installés au niveau de l’entablement. Cet éclairage artificiel anime avec beaucoup de subtilité les vêtements et la toile d’araignée qui les enveloppent, produisant une ambiance captivante et féerique. La lumière naturelle qui tombe des fenêtres qui percent le tambour de la coupole apporte une note complémentaire et changeante selon de l’heure et la couverture nuageuse.

Le parcours de visite emprunte le déambulatoire. Les quatre chapelles, les deux transepts, l’abside et le vestibule offrent autant de vues différentes, surprenantes et magiques sur la création de Chiharu Shiota. Au niveau des transepts, un passage sous l’installation offre une immersion totale dans l’œuvre de l’artiste.

Ce « voyage » est sans conteste un moment d’exception. Dans cette traversée de State of Beeing, chacun trouvera ce qu’il y emportera. C’est ce qui fait la qualité exceptionnelle de la proposition de Chiharu Shiota.

À propos de son travail, elle écrit :

« Les fils sont tissés l’un dans l’autre. Ils s’enchevêtrent.
Ils se déchirent. Ils se dénouent.
Ils sont comme un miroir des sentiments ».

Inutile de préciser qu’un passage par la Chapelle de la Vieille Charité s’impose avant le 19 octobre prochain. On peut même ajouter que cette installation mérite plusieurs visites. Chaque passage offrira certainement des visions et des sensations singulières.

Une fausse note toutefois, la contemplation de l’œuvre de Chiharu Shiota depuis le vestibule est malheureusement perturbée par le papotage très peu discret du personnel de surveillance qui semble afficher un mépris complet pour l’artiste et pour les visiteurs ! Lamentable, sans plus de commentaires, mais, malheureusement trop fréquent dans les musées de la Ville de Marseille…

Rappelons que l’artiste a été récemment choisie pour représenter le Japon à la 56ème Biennale de Venise en 2015.

En savoir plus :
Sur le site du Ballet National de Marseille
Sur le site de la Vieille Charité
Sur le site de Chiharu Shiota
Notre chronique à propos de After the Dream 2013 au Carré Sainte-Anne, Montpellier
Reportage photographique de Pierre Schwartz sur la page Facebook du Carré Sainte-Anne à Montpellier

Extraits du communiqué de presse du Ballet National de Marseille

L’invitation de Chiharu Shiota s’inscrit dans la dynamique insufflée par Marseille-Provence 2013 Capitale Européenne de la Culture et dans la lignée des grandes manifestations d’art contemporain initiées par les musées de Marseille au Centre  de la Vieille Charité : Japon Passé Présent, 1987 ; César, 1993 ; Marseille Artistes associés, 2007 ; Les Archipels réinventés 2, 2013.

Écrin  exceptionnel pour les installations contemporaines,  la chapelle de la Vieille Charité accueille depuis sa rénovation des œuvres d’artistes de renommée internationale tels que Christian Boltanski (Les anges, Les ombres, 1986), Gabriel Orozco (Oval Billiard Table, 1996), Javier Perez (La Torre de Sonido, 2001).

Dans la lignée de Marina Abramovic, la jeune plasticienne japonaise Chiharu Shiota place le corps au centre de sa pratique sculpturale en tissant de vastes environnements de fils noirs emprisonnant  des objets qui,  ainsi libérés de leur utilité, provoquent de nouvelles visions poétiques et émouvantes.

Chiharu_Shiota_1

Après avoir séléctionné  12  costumes du Guépard, conçus par Luisa Spinatelli, Chiaru Shiota imagine pour le Ballet National de Marseille et La Vieille Charité, une installation inédite, aussi monumentale que délicate.

Repères biographiques (extraits du communiqué de presse)

Chiharu Shiota

Chiharu Shiota, plasticienne contemporaine japonaise, est née en 1972 à Ôsaka. Elle vit et travaille à Berlin depuis 1996.
Chiharu Shiota a étudié à l’Université Seika de Kyoto de 1992 à 1996, puis de 1997 à 1999 à l’École des Beaux Arts du Braunschweig  (D), (cours de Marina  Abramovic  ) et de 1999 à 2003 à l’Université des Arts de Berlin. Elle a également travaillé dans l’atelier berlinois de Rebecca Horn.

Dans ses premières années de recherche, Chiharu Shiota s’approprie le langage pictural des installations et performances de certaines femmes artistes des années soixante-dix. Ses performances, dans lesquelles elle explore sa propre endurance physique, prennent leur source dans l’œuvre de Marina Abramovic, tandis que son analyse  de la perception physique et spatiale se rapproche,  sous certains aspects, de celle de Rebecca Horn, deux artistes auprès desquelles Chiaru Shiota a travaillé. Sa façon d’utiliser des tissus et des fils fait écho aux travaux de Louise Bourgeois ou Eva Hesse, dont le travail est imprégné des mêmes thèmes de déracinement,  de déplacement et d’identité, qui ont marqué Chiharu Shiota depuis son exil du Japon à l’Europe.

Son œuvre, mêlant performance, body art et installation, place le corps au centre de sa pratique sculpturale. Elle utilise également de vieux objets comme des lits, des châssis de fenêtre,  des chaussures ou  encore des valises,  afin d’explorer les relations entre passé et présent. Le spectateur est alors entraîné dans une réflexion sur les effets du temps qui passe. Comme le dit l’artiste : « Toute mon œuvre porte sur la mémoire ».

Parmi les thèmes chers à Chiharu Shiota, citons ceux du souvenir et de l’oubli, du rêve et du sommeil, des traces du passé et de l’enfance. Elle utilise différents média pour donner corps à ces sujets, le plus célèbre d’entre eux étant d’impénétrables installations faites avec des fils noirs qui, souvent, enserrent dans leurs dispositifs des objets qui lui sont chers de par leur charge symbolique : un piano calciné, une robe de mariée, parfois même l’artiste elle-même, dormant. Tendus à travers l’espace de la galerie ou du musée, ces étranges cocons de fils noirs expriment le désir de l’artiste de dessiner l’espace et représentent ses angoisses physiques. Elle dit : « La création de fils est le reflet de mes propres sentiments. Si je tisse quelque chose et qu’il se révèle être laid, tordu ou noué, tels doivent avoir été mes émotions lorsque je travaillais. »

Ce réseau graphique qui connecte les éléments évoque la puissance des liens interpersonnels, l’inévitable dépendance  du  sujet  à  ses racines, autant de relations mises à mal par l’individualisme de la culture occidentale contemporaine.

Chiharu Shiota fait l’objet de nombreuses expositions, notamment à la Neue National Galerie de Berlin, au Museum of Modern Art de Tokyo, ou encore au MoMA de New York.

Luisa Spinatelli

Scénographe et costumière née en Italie en 1941, elle a étudié la scénographie à Milan où elle enseignera par la suite la conception de costumes.

Elle débute en tant que scénographe à la Scala de Milan où elle signe de nombreuses productions pour ensuite étendre ses collaborations à l’international avec notamment le Berlin Staatsoper, l’Opéra de Paris, le Théâtre de Tokyo, le Royal Ballet de Londres etc …

Elle a également crée de nombreux costumes pour des ballets de chorégraphes de renom tels que Pierre Lacotte, Roland Petit, Patrice Bart

En 2011, la société des amis de la Scala lui a décerné le titre de membre honoraire de la société. Elle est l’un des designers italiens qui, en dehors de «la moda», a laissé son empreinte dans le monde du théâtre et du cinéma.

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