Lors d’une conférence de presse, le 10 févier à La Panacée, Philippe Saurel, maire de Montpellier et président de la Métropole a présenté la programmation des expositions en 2015 dans les lieux de culture gérés par la Ville de Montpellier.
La Panacée :
Avec sa programmation pour 2015, la situation de La Panacée est aujourd’hui plus lisible.
Elle accueillera trois manifestations en partenariat avec des acteurs locaux et trois expositions programmées par l’équipe :
Machine à habiter. Coproduction Festival Tropisme / La Panacée. Du 25 février au 15 mars 2015.
La coproduction de « Machine à habiter » donnera lieu à une série d’installations et d’évènements avec notamment EXYZT, Takayuki Fukatsu & Akira Iwaya, Arcade!
Festival Les Boutographies 2015. Production Grain d’image. Du 4 avril au 26 avril 2015
Les Boutographies quittent donc le Pavillon Populaire pour La Panacée… Les raisons de ce déménagement restent assez obscures… En effet, ce lieu, destiné à la photographie, est particulièrement bien équipé, notamment en matière d’éclairage, pour offrir d’excellentes conditions d’exposition. Souhaitons que Les Boutographies disposent des mêmes moyens à La Panacée…
Global Snapshot (Instantanés d’un paysage de l’information). Production La Panacée. Du 16 mai au 24 mai 2015.
Franck Bauchard, directeur artistique de La Panacée annonce « une manifestation d’un format singulier, combinant, exposition, laboratoire, performances, conférences, projections, connexions à distance, ateliers… pour interroger par les moyens de l’art notre rapport au flux d’information, à l’interconnexion permanente et à la globalité ».
Programme alléchant, mais on est surpris par la brièveté de ce projet… à peine une semaine !!!
His Master’s Voices. Coproduction La Panacée et HMKV Dortmund. Du 20 juin au 20septembre 2015
Initialement prévu pour le mois de Janvier 2015, cette exposition a été conçue par le Hartware MedienKunstVerein de Dortmun. Elle aborde des relations entre la voix et différentes technologies de l’image et du son. Une partie de l’exposition sera adaptée pour Montpellier, avec en particulier The Forty parts Motet de Janet Cardiff.
Drawing Room 2015. Salon du dessin contemporain. Du 7 au 11 octobre 2015
Le salon montpelliérain du dessin contemporain survivra-t-il à son interruption en 2014 ?
En effet, cette interruption était plutôt malvenue, au moment où se créait Paréidolie à Marseille en même temps qu’Art-O-Rama, qui s’affirme comme un événement important de la rentrée dans le midi. Existe-t-il une place pour ces deux événements, avec des dates si proches ?
La vitalité des acteurs de l’art contemporain à Marseille ne risque-t-elle pas de faire de l’ombre au salon montpelliérain ?
Scène de l’imaginaire automate. Co-production La Panacée et MAMCO Genève. Du 21 novembre 2015 au 28 février 2016
Conçue par le Musée d’Art Moderne et Contemporain (MAMCO) de Genève, Scène de l’imaginaire automate devrait « s’inspire de l’histoire de la médecine à Montpellier et interroge la figure de l’automate à partir de la pensée médicale de l’homme/machine, une conception réactualisée aujourd’hui alors que les machines empruntent les caractéristiques du vivant. »
L’exposition fait l’objet d’un partenariat avec l’Université de Montpellier dans le domaine de l’enseignement et de la recherche. Elle devrait s’accompagner d’une valorisation des collections de l’Université (conservatoire d’anatomie, bibliothèque des sciences, collection Orfila & Rouvière, collection du LIRMM).
Pavillon Populaire :
Le déménagement des Boutographies pour La Panacée n’augmentera pas le nombre d’expositions au Pavillon Populaire. On retrouve le regard habituel sur l’histoire de la photographie… Les approches plus contemporaines que l’on avait pu apprécier en 2014 avec Changements d’état de Patrick Tosani devraient être absente cette année.
La vie en Kodak – Colorama publicitaire de 1950 à 1970. Co-production Pavillon Populaire et Musée Nicéphore Niépce, Chalon-sur-Saone. Du 25 mars au 17 mai 2015
Entre les années 1950 et 1990, Kodak produit des Colorama, images publicitaires panoramiques en couleurs de taille monumentale (certaines de 18 mètres de long !). L’exposition présentera 80 tirages réalisés à partir d’Ektachrome d’époque recueillis par le Musée Nicéphore Niépce de Chalon-sur-Saône.
Jakob Tuggener, Fabrik/ l’Usine : une épopée industrielle 1932-1952. Du 1er juillet au 18 octobre 2015
Avec cette exposition, le Pavillon Populaire devrait poursuivre son approche historique de la photographie. Gilles Mora proposera une sélection de 130 photographies issues du fonds Jakob Tugenner, étude originale sur la relation de l’homme avec le monde des machines, dans la Suisse des années 30…
Denis Roche, Photolalies. Du 18 novembre 2015 à fin février 2016
Pour cette dernière exposition 2015, Gilles Mora présentera une rétrospective de son ami Denis Roche, lié au mouvement de la « photobiographie », porté par Les Cahiers de la Photographie, dont Roche est l’un des membres fondateurs avec Gilles Mora, Bernard Plossu et Claude Nori.
Carré Sainte-Anne :
En raison de travaux programmés pour la fin d’année, le Carré Sainte-Anne n’accueillera que deux expositions cette année. Les productions artistiques qui héritent des mouvements de la modernité ou la fin des avant-gardes des années 60 sont toujours au rendez-vous… L’art contemporain sera une nouvelle fois apporté par les Amis du Musée Fabre, avec Joana Vasconcelos. L’enjeu reste toujours la confrontation à l’espace très particulier du Carré Sainte-Anne.
Léopold Rabus. Du 27 février au 3 mai 2015
On retrouvera l’univers étrange et surréaliste de Léopold Rabus, découvert à Sainte Anne, dans l’exposition Signs of the Time, montée par Richard Leydier, en 2013.
Joana Vasconcelos. En partenariat avec les Amis du Musée Fabre. Du 10 juin au 1er novembre 2015
On attend avec curiosité la manière dont Joana Vasconcelos occupera l’espace de Sainte-Anne. Espérons que sa proposition sera à la hauteur de l’installation de Chiharu Shiota, After the dream, que les Amis du musée Fabre nous avait présenté en 2013.
Souhaitons aussi que son projet sera moins polémique et surtout plus convaincant que son accrochage à Versailles, en 2012…
Espace Dominique Bagouet :
La programmation poursuit l’exploration des figures du patrimoine artistique régional et la mise en valeur d’artistes travaillant à Montpellier et dans la région.
Patrice Palacio : JE_X. Du 4 mars au 19 avril 2015
Peintre montpelliérain de 37 ans, Patrice Palacio commence à avoir une renommée nationale. Il n’a jamais exposé dans sa ville… Cette exposition sera donc l’occasion de découvrir son travail.
Pierre Marquès : Las doce campanadas (titre provisoire) à l’occasion de la 30e Comédie du Livre. Mai 2015
Né à Beziers, Pierre Marquès vit et travaille à Barcelone. Son travail actuel est essentiellement basé sur la mémoire historique. Il inclut livres, peintures et vidéos installations.
Salon du Livre d’Artiste. Du 29 au 31 mai 2015, pendant la 30e Comédie du Livre
Une dizaine d’éditeurs de livres d’artiste de France et d’Espagne présenteront leurs ouvrages.
Hommage à Georges Dezeuze. Du 24 juin au 8 novembre 2015.
Élève de l’École des Beaux-arts de Montpellier en compagnie de Camille Descossy ou Albert Dubout, il y enseigne de 1945 à 1972. Avec le soutien de la famille et de son fils Daniel, acteur de Supports-Surfaces, l’exposition, rendra hommage à son travail.
José Salles-Albella. Du 2 décembre 2015 au début février 2016
Ce sera donc l’occasion pour le public montpelliérain de découvrir la peinture figurative de José Salles-Albella, régisseur à l’École des Beaux-arts de Montpellier.
Espace Saint-Ravy (premier semestre) :
- Marc Gaillet – In_Justice. Du 24 janvier au 15 février 2015
- Sonia Bazantay. Du 28 février au 22 mars 2015
- Xtrem et Dezem. Du 28 mars au 19 avril 2015
- Les Briscarts – 17eme parcours d’Ateliers d’Artistes. Du 25 avril au 26 avril 2015
- Outilne 2 – Montana Gallery. Du 2 mai au 24 mai 2015
Au-delà de cette riche programmation, la conférence de presse a été l’occasion pour le maire de souligner les ambitions de sa politique culturelle et de répondre aux questions de la presse.
À propos de La Panacée, Philippe Saurel a réaffirmé ce qu’il avait annoncé, au début décembre 2014, lors d’un vernissage au Musée Fabre (lire notre billet ici). Il souhaite que l’établissement passe rapidement sous la tutelle de la Métropole.
Suite aux échanges avec la salle, il semble assez évident que le Centre de Culture Contemporaine a été l’enjeu (pour ne pas dire l’otage) de conflits « politiques » assez troubles au sein de la municipalité…
Si la situation de La Panacée apparaît aujourd’hui comme « normalisée »… Tout indique qu’il y a une certaine réorientation du projet. Philippe Saurel rappelle avec insistance que La Panacée est dévolue aux arts numériques, et parfois même simplement à un numérique générique dont on comprend assez mal les limites. Rappelons que le projet présenté dans le dossier de presse lors de l’ouverture du lieu définissait un périmètre un peu plus large et ambitieux à l’établissement : « Avec les innovations numériques au cœur du projet, ce centre de culture contemporaine favorisera la transdisciplinarité, en présentant des expositions et manifestations dans les trois domaines de l’art contemporain, de la création numérique et des nouvelles formes d’écritures, domaines rarement explorés ensemble »…
Cette normalisation n’a pas entièrement évacué un malaise qui semble persister. L’absence du directeur artistique de La Panacée à cette conférence de presse, la présence à la tribune d’une directrice administrative quasi muette, laisse assez songeur… Souhaitons que l’équipe n’en sorte pas trop émiettée et démobilisée… espérons qu’elle n’explose pas en vol dans les prochains mois ! Ce serait alors un regrettable gâchis…
La parole, largement monopolisé par Philippe Saurel, ses échanges parfois vifs et quelquefois complices avec la salle, son emploi récurrent des formules « … X n’est pas un état dans l’état… , il n’y a pas de république libre de Y… », quelques sous-entendus, tout indique une volonté ferme de tenir en main les outils culturels …
La récente normalisation de l’usage des réseaux sociaux par les établissements culturels de la Ville pourrait nourrir quelques inquiétudes. La personnalisation de la politique culturelle est-elle à ce point indispensable ? Souhaitons que cette politique ne s’oriente pas trop vers une vision à court terme, avec une évaluation limitée aux simples chiffres de fréquentation et/ou aux retombées économiques…