Shapes, Body and Soul à la Double V Gallery – Marseille

Du 19 janvier au 3 mars 2018, Double V Gallery accueille, avec « Shapes, Body and Soul », le lancement de P I E C E  A  P A R T, un projet mené sous la direction d’Emmanuelle Oddo qui affirme « la volonté de démystifier l’art contemporain en le replaçant au cœur des lieux de vie ».

Cette proposition semble s’inscrire logiquement dans le prolongement de « La Saga » avec laquelle la galerie fêtait son premier anniversaire. Cette remarquable exposition avait déjà montré une volonté de s’écarter « légèrement de l’esthétique du white cube, froid et “artificiel”, pour susciter une autre appréhension de l’espace, donner envie de l’habiter et d’échanger sur le travail de chacun, confortablement installé dans un fauteuil, un verre à la main… »

Shapes, Body and Soul à la Double V Gallery – Marseille
Shapes, Body and Soul à la Double V Gallery – Marseille

Dans un texte d’intention, Emmanuelle Oddo décrit ainsi le projet P I E C E  A  P A R T :

« P I E C E  A  P A R T est une collection inédite d’œuvres et objets d’art vouée à pendre place dans différents intérieurs, à se déployer au gré des rencontres, ou à évoluer selon les espaces.

Collaborant avec des artistes, architectes ou designers, ce projet est né de la volonté de recréer un lien entre la création artistique et l’espace domestique, de démystifier l’art contemporain en le replaçant au cœur des lieux de vie.

Telle une collection particulière, qui bien souvent prend place dans un intérieur habité, P I E C E  A  P A R T entend mettre en scène des sélections polymorphes, abolissant ainsi les frontières entre les catégories : il s’agit de pénétrer un univers cohérent, qui fait dialoguer des pièces d’art et de design avec des objets du quotidien.

La collection P I E C E  A  P A R T est régulièrement mise en scène lors d’expositions thématiques, investissant des lieux d’exception ou des galeries alors transformées en espaces domestiques : une expérience unique pour découvrir et acquérir des pièces d’art et de design ».

C’est avec beaucoup de curiosité que l’on a pu découvrir la mise en scène imaginée pour investir la Double V Gallery avec l’exposition « Shapes, Body and Soul », premier volet du projet, conçu autour des œuvres de l’artiste Caroline Denervaud, du designer Arthur Hoffner, ainsi que des céramistes Valentina Cameranesi, Daphné Corregan, Jessica Coates & Michel Müller (Studio MC) et Romy Northover.

Shapes, Body and Soul à la Double V Gallery – Marseille
Shapes, Body and Soul à la Double V Gallery – Marseille

Commissaire de cette exposition, Emmanuelle Oddo précise ainsi ses intentions :

« Dans ce séjour imaginaire, signifié par l’ameublement et les fontaines d’intérieur, les céramiques dialoguent avec les peintures exposées dans une esthétique formelle commune. Au-delà de leur charge décorative, ces œuvres et objets d’art nous parlent d’émotions, d’espace et de physicalité.

Car cette proposition, intitulée “Shapes, body and soul”, s’intéresse précisément à l’implication du corps dans l’acte de création.

Comment ne pas noter en effet, dans l’œuvre de Caroline Denervaud, l’importance primordiale du mouvement et du geste qui vont jusqu’à s’imposer comme fondements de sa pratique picturale et performative : au milieu d’une chambre de papier, l’artiste s’abandonne, un pinceau à la main, dans un mouvement continu et nécessaire, se heurtant à l’espace défini. Durant ces instants auto-filmés, son corps dessine alors ce qu’elle aime appeler des “traces”, témoins intrinsèques de ses mouvements et ses émotions.

En 2016, Romy Northover, artiste céramiste basée à New-York, propose à Caroline d’intégrer ses pièces de grès dans ses performances, et de les transfigurer en peintures. Le corps, alors contraint davantage dans son élan, va s’adapter à cette présence et dialoguer avec elle de manière presque chamanique, exprimant ainsi le caractère viscéral de la céramique en ce sens que l’importance ne réside pas tant dans l’objet final que dans l’engagement – voire la lutte – du corps dans cet acte de création. Un postulat que partagent Daphné Corregan ou Valentina Cameranesi, chez qui la céramique est prétexte à l’expérimentation de nouvelles formes, nourries tant par la ré-interprétation d’un héritage architectural passé que par l’évolution de l’identité féminine.

Dans ce séjour en proie à une décharge de couleur, il s’agit ainsi de se laisser saisir par la force de ces deux éléments que sont le corps et l’argile, de s’emplir de la puissance de cette matière ancestrale, de l’élégance des lignes et des gestes. Alors se révèle entre toutes ces pièces, un langage romantique et sensuel, une nostalgie contemporaine qui jaillit en cascade jusque dans les fontaines hypnotiques d’Arthur Hoffner ».

À lire, ci-dessous, quelques lignes sur l’itinéraire d’Emmanuelle Oddo et une présentation des artistes sélectionnés pour « Shapes, body and soul », extraite du dossier de presse.

En savoir plus :
Sur le site de la Double V Gallery
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Sur le site P I E C E A P A R T

Emmanuelle Oddo, fondatrice de P I E C E A P A R T, est diplômée de l’Université Paris Dauphine, où elle a étudié le marketing et le management du luxe, parallèlement à ses activités d’écritures pour différentes revues d’art contemporain.

Après plusieurs années parisiennes passées à multiplier les expériences autour de l’art, du design et du luxe, elle s’installe en 2016 à Marseille, en tant que commissaire d’exposition indépendante et consultante artistique. Elle collabore alors très vite avec la galerie Double V, l’agence d’architecture ARCHIK ou encore le concept-store JOGGING, pour lesquels elle réalise plusieurs projets d’expositions avant de lancer P I E C E  A  P A R T en 2017.

Caroline Denervaud

« Mon travail porte sur un équilibre, la recherche d’une stabilité instable. Le travail sur le mouvement se crée dans une improvisation, laissant le corps et son émotion créer une trace. Le geste, balance de l’intrinsèque à l’extrinsèque. Le rythme crée la ligne, la forme mouvante du corps s’impose en figure animée, composant des possibilités visuelles, jouant sur la tension ou le lâcher prise, la lenteur ou la rapidité, dans un espace et temps restreints. Cette performance autofilmée, laisse ainsi une trace sur papier, complétée ou non plus tard à la gouache. Le travail de peinture se construit dans un jeu d’équilibre de formes et de couleurs. Compositions presque abstraites, rencontres et éloignements. Les éléments narrent une histoire cachée, le ressenti est fixé sur le papier. »

Née en 1978 à Lausanne, Caroline Denervaud s’initie à la danse, contemporaine et classique. Par le geste, rythmé et à travers l’improvisation elle trouve un moyen d’expression fort, vibrant. Elle étudie la danse, la chorégraphie et la méthode Laban au Laban Center à Londres puis explore une recherche plus plastique aux Beaux-Arts de Paris. Caroline finit par étudier le stylisme de mode au Studio Berçot. Aujourd’hui, elle propose ses peintures, traces et collage à la galerie Tappan à Los Angeles, à la galerie Nord à Lille, Moving Art à Nice, et Otomys à Melbourne.

Valentina Cameranesi

Valentina Cameranesi développe un vocabulaire artistique de formes, de couleurs et d’ornements. Ses thèmes renvoient à une nostalgie élégante, visuelle, souvent décorative, et questionnent les enjeux de l’identité féminine. La production d’images et d’objets est son moyen de prédilection pour élaborer ces mémoires.
Son projet « Associazioni » cherche ainsi à réintrepreter un héritage passé, celui des formes classiques, en le combinant à des références à l’oeuvre de l’artiste italien Gino de Dominicis.

Valentina Cameranesi a choisi de laisser à son œuvre le temps de mûrir. Elle nous aide aujourd’hui à mieux définir la nostalgie contemporaine.

En 2016, Valentina Cameranesi présentait sa première exposition personnelle intitulée « Féminin » dans le cadre de la Design Parade de la Villa Noailles.

Jessica Coates & Michel Müller, Studio MC

Studio MC est un studio d’architecture et design basé à Darmstadt, en Allemagne. Le studio développe des projets nationaux et internationaux liés à des problématiques culturelles, sociales et environnementales.

La flexibilité, la durabilité et l’efficience sont des thématiques récurentes. La méthode créative est pensée dans son approche intégrative : des professionnels de différents domaines participent aux projets : ingénieurs structurels, écologistes, graphistes, designers industriels, urbanistes, philosophes et historiens de l’art. En ce sens, le studio sert également de plateforme permanente de recherche en collaboration avec l’ UNIT LEAR, laboratoire d’art expérimental, d’architecture et de recherche basé à Cologne, au sein de l’University of Technology, Arts and Sciences in Cologne, Germany.

Daphné Corregan

Née à Pittsburgh en Pennsylvanie, États-Unis mais formée aux Beaux-arts dans le sud de la France où elle vit depuis 1970, Daphné Corregan évolue dans le paysage de la céramique contemporaine où elle continue de mélanger les cuissons, les terres, les cultures. Elle a enseigné le design d’objet et de céramique à l’école supérieure d’Arts plastiques de Monaco de 1989 à 2015. Daphné Corregan expose régulièrement son travail en France et dans de très nombreux pays : États-Unis, Suisse, Irlande, Angleterre, Hollande, Allemagne, Chine…
Ses œuvres ont intégré de prestigieuses collections publiques, telles que celles du musée des Arts décoratifs à Paris, du musée de La Piscine à Roubaix, du Musée national de céramique de Sèvres ou bien encore du Museum of Art and Design de New York, aux États-Unis.

«Ma démarche oscille entre céramique, art populaire, art décoratif, dessin, auxquels je porte un intérêt profond, et des préoccupations personnelles plus intimes : une réflexion autour de la représentation du corps et de sa symbolique, de l’homme et de son quotidien. L’observation du monde, sublime et effrayant, nourrit constamment mon travail. Je crois beaucoup au pouvoir de l’objet, l’émotion qu’il dégage et les conséquences de notre vie.
J’essaie de me rapprocher de cette intimité, ni trop parfaite, ni trop décorative, ni trop riche, tendant plutôt vers une présence, une impression de déjà-vu ou d’une familiarité ambiguë.»

Arthur Hoffner

« Dépourvue de son utilité première, la fontaine d’intérieur est devenue un objet désuet, voire un cliché kitsch. Quoi qu’on pense de cet ornement, on cède volontiers à la fascination devant l’eau qui coule à l’infini, on la regarde, on l’écoute. L’ambiguïté de cet accessoire est exploitée ici pour dessiner des dispositifs harmonieux et malicieux qui prennent place dans la maison. C’est justement l’univers domestique, et particulièrement celui du lavage de la vaisselle, qui est transfiguré par la collection. Le matériel de plomberie — visible — sert de base aux compositions. Siphons, tuyaux en pvc, tubes chromés et bagues en cuivre sont sélectionnés pour leurs qualités fonctionnelles autant qu’esthétiques. Utilisés bruts ou délicatement peints, ils sont combinés à des bols en céramique, des entonnoirs en plastique, des plateaux en marbre ou des éponges de cuisine. Ces ensembles hétéroclites sont harmonisés par des dégradés pastel qui semblent remonter par capillarité dans la matière solide. La charge décorative est mise en exergue par le traitement du liquide coloré qui s’écoule en cascades incertaines d’un contenant à l’autre, créant ainsi un lien entre les formes. On peut se laisser aller au plaisir de la contemplation hypnotique, qu’elle soit méditative ou récréative. »

Né en 1990, Arthur Hoffner obtient un diplôme en arts appliqués à l’École Boulle puis un diplôme à l’ENSCI – Les Ateliers, Paris. Deux de ses projets sont déjà édités, l’un par Cinna, l’autre chez Bibelo. Il a récemment signé du mobilier pour la Gaité Lyrique. Il vit et travaille à Paris.

Romy Northover

Céramiste et designer anglaise, Romy Northover a suivi des études artistiques à Goldsmiths, University of London avant de travailler à Hong Kong, Venise et Berlin et finalement créer son studio à Manhattan en 2012.
Formée à la céramique européenne, elle a également expérimenté les techniques traditionnelles japonaises. La pratique artistique de Romy Northover repose sur un puissant langage visuel et conceptuel qu’elle exprime à travers la glaise et d’autres medium comme la vidéo, la photographie et l’installation.

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