Muriel Bordier – White Cure à la galerie Annie Gabrielli

Jusqu’au 23 mars 2019, la galerie Annie Gabrielli accueille pour la troisième fois Muriel Bordier. Après « Espaces muséaux » en 2012, puis « Les Thermes » et « Open Space » en 2017, la photographe nous invite à découvrir « White Cure ».

Avec cette série inédite, Muriel Bordier nous fait partager, avec son regard unique, de nouvelles situations burlesques pleines d’humour et de dérision dans le monde des curistes, du thermalisme et autres centres de remise en forme…

Muriel Bordier, Les Iles, série White Cure
Muriel Bordier, Les Iles, série White Cure © Muriel Bordier/galerie annie gabrielli

On a plusieurs fois écrit ici combien le travail de Muriel Bordier était passionnant.

Sans aucun doute, « White Cure » est à la hauteur de nos attentes. L’accrochage présente une sélection de six images de cette nouvelle série, sous la forme d’affiches imprimées et d’un dos-bleu.

On retrouve les plans larges et les décors en 3D. Ici, l’architecture est grandiloquente, grandement inspirée par les reconstitutions de thermes antiques. Une lumière blanche et homogène, toujours un peu irréelle, construit une ambiance qui renvoie aux codes culturels et à la représentation de ces lieux dans l’imaginaire des spectateurs.

Les personnages que Muriel Bordier met en scène dans ces établissements thermaux participent à des saynètes humoristiques, loufoques, burlesques, baroques parfois un peu surréalistes, rarement sarcastiques.

Comme toujours, Muriel Bordier n’impose rien au spectateur. Ses compositions laissent à l’œil la liberté de circuler et de construire ses propres récits, de s’arrêter sur les éléments qui renvoient à l’histoire ou aux fantasmes du regardeur…
Une fois encore, elle réussit parfaitement dans cette invitation « à s’investir dans la découverte des détails glissés dans ses photographies » et à créer une complicité avec le spectateur.

À ne pas manquer !

Le texte de présentation de « White Cure » par la galerie Annie Gabrielli revient sur le processus de création singulier que la photographe met en œuvre. On pourra compléter sa lecture par le reportage « Instant d’atelier: le petit monde de Muriel Bordier », réalisé par Sabine Marie-Murgue diffusé par France 3 Bretagne en septembre dernier.

À lire ci-dessous, la présentation de l’exposition et quelques lignes à propos de Muriel Bordier. Ces textes sont extraits du communiqué de presse transmis par la galerie.

En savoir plus :
Sur le site de la Galerie Annie Gabrielli
Suivre l’actualité de la Galerie Annie Gabrielli sur Facebook
Sur le site de Muriel Bordier

Muriel Bordier, Chiens d'aveugles, série White Cure
Muriel Bordier, Chiens d’aveugles, série White Cure © Muriel Bordier/galerie annie gabrielli

Après avoir présenté à la galerie ses trois séries photographiques icônes Espaces muséaux, Open Space et Les Thermes, Muriel Bordier revient pour nous faire pénétrer une nouvelle fois dans ses espaces, méticuleux arrangements de certains pans du réel, à la croisée d’une appropriation fine et critique de nos modes de vie et d’un univers visuel immédiatement reconnaissable (ici, la cure thermale).

C’est à travers les étapes successives d’un processus de création exigeant et long : fabrication de décors, prise de vue de corps mis en scène et travail numérique, que l’artiste élabore ses scènes de genre contemporaines.

Ce qui caractérise également ses images, ce sont les différentes oppositions, dans les tensions et les écarts qu’elles proposent. Ainsi en va-t-il de l’agrandissement des espaces représentés, dont l’immensité et la démesure miniaturisent les personnages qui les habitent, au point de les faire passer pour des figurines de vastes jeux de réalité fictionnelle. Les lieux sont d’une blancheur subtile toute de nuances et presque aveuglante, contrebalancée par des touches de couleurs saturées et éclatantes qui animent soudain ces espaces désincarnés ou aseptisés. Le calme et la sérénité de ces derniers tranchent, pour leur part, avec le tumulte des activités qui s’y déroulent ou l’arrivée énergique et bruyante d’une foule de bambins.

Plus frappante encore est l’opposition entre l’apparente ressemblance des personnages en présence et leur caractère très individualisé, pour qui prend le temps de les scruter avec attention. Sous les directives de la photographe, chacun des figurants trouve en effet son expression particulière et sa posture corporelle, quelque part entre naturalisme et exagération. Et si on était… Et si on faisait comme si… Ces mots empruntés aux jeux d’enfants pourraient être ceux qui président aux constructions narratives et descriptives de l’artiste. Pour que s’opère un glissement, de l’identique au singulier. À l’identité peut-être.

Le spectateur doit observer les images dans leur étendue comme dans leur profondeur pour s’y promener et saisir l’intention de son auteur, celle de porter un regard distancié, amusé, parfois moqueur sur les moeurs et travers de notre temps, histoire de faire de chaque image un grain de sable dans une mécanique en apparence bien huilée. Après tout, on n’est peut-être pas sérieux quand on est photographe… Et, plus qu’une exposition traditionnelle, la galerie présente une sélection de six images se composant comme une installation, sous la forme d’affiches imprimées.

Muriel Bordier est une plasticienne rennaise, privilégiant la photographie et la vidéo, née en 1965. Elle étudie à l’école des Beaux-Arts de Reims et obtient son DNSEP en 1990. Son diplôme obtenu, elle enseigne brièvement l’histoire de la photographie et travaille simultanément sur plusieurs séries.

Quelques éléments marquants du parcours artistique de Muriel Bordier : elle obtient le Prix Arcimboldo en 2010 (série Espaces Muséaux), le prix Un photographe pour Eurazeo en 2015 (série Les Thermes) qui lui permet d’entrer dans la collection de la Maison Européenne de la Photographie à Paris. Elle remporte le 1% artistique de l’Espace aquatique de Montfort Communauté en 2013 et celui de l’Espace Culturel Sainte-Anne de Lannion en 2016. Plus récemment, elle est lauréate du prix Talents Contemporains 2017 de la Fondation François Schneider . Elle a été exposée à la Maison Européenne de la Photographie à Paris, avec l’ensemble des lauréats du prix Un photographe pour Eurazeo (2018).

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