Pour sa dixième édition, Drawing Room, le salon du dessin contemporain de Montpellier disparaît et laisse sa place à BOOM, un nouveau week-end de l’art contemporain qui se déroulera du 6 au 8 septembre.
Cet événement inédit est organisé par le MO.CO. Panacée et l’association Les Galeries de Montpellier-Art Contemporain (LGDMAC). Il propose un parcours d’expositions dans les six galeries membres de l’association et deux expositions collectives au MO.CO. Panacée.
Ce billet ne rend compte que des propositions montrées à La Panacée, qui méritent sans aucun doute d’être vues. On s’entonnera toutefois de la brièveté de ces expositions (à peine trois jours) en regard des moyens mis en œuvre et de l’engagement des artistes qui sont présents. Espérons que si cet événement se renouvelle l’an prochain il puisse se dérouler sur une période un peu plus longue…
Boom au MO.CO. La Panacée s’articule en deux propositions : BOOM LGDMAC et BOOM Jeune Création
Cette première partie rassemble une sélection d’œuvres des six de Frederic Clavère, Nicolas Daubanes, Nicolas Fenouillat, Hiraku Susuki, Jean-Luc Verna, et Thomas Wattebled que l’on retrouve dans les galeries membres de l’association Les Galeries de Montpellier-Art Contemporain (LGDMAC).
Cette exposition occupe la galerie située à gauche du patio de La Panacée.
Une première salle présente dans une mise en espace théâtrale et très réussie.
Au centre, une installation de Nicolas Fenouillat, « On efface tout on recommence, 2018 » a été activée lors d’une performance le soir du vernissage.
Au fond un magistral rideau de scène de Jean-Luc Verna, « Past Knight, 2016 » brille des éclats de lumière que renvoient sequins et strass.
Cette pièce entretient un curieux dialogue avec « Excavation of a tube, 2019 », une délicate fresque de Hiraku Suzuki réalisée au marqueur argenté et ponctuée de pierres. Elle est accompagnée d’une vidéo « Genga » produite par l’artiste japonais en 2009.
La serveuse du « Bar aux Folies Bergères » regarde avec ennui ou mélancolie ces œuvres à travers « Manet, 2008 » une toile écarlate de Frederic Clavère réalisée avec du bitume sur laque fluo…
Dans la coursive et dans la dernière salle, Frederic Clavère a accroché un autre bitume sur toile « Anomalie, 2007 » et une huile très colorée « A la tienne, 2008 » que le cartel qualifie de « petits théâtres du crime »…
Le deuxième espace est partagé par Nicolas Daubanes et Thomas Wattebled.
Le premier montre une remarquable et fragile installation « La vie quotidienne, 2019 » qui évoque Alfred Dreyfus qui dessinait sur l’Ile du diable pour ne pas devenir complément fou, mais aussi la manière dont les commerçants utilisaient des bandes de papier gommées pour éviter que leurs vitrines s’écroulent lors des bombardements de la Seconde Guerre mondiale…
Le second présente une mystérieuse exposition où il mêle photographies, encre et feutre sur papier et un étrange ex-voto constitué par deux raquettes de badminton….
Cette seconde partie de l’exposition propose de découvrir le travail de :
- Delphine Bertrand, diplômée en 2018 de l’École Européenne Supérieure d’Art de Brest, site de Quimper
- Adam Bilardi, diplômé en 2019 de l’École Nationale Supérieure d’Arts de Paris-Cergy
- Guilhem Causse, diplômé en 2017 de l’École Supérieure des Beaux-Arts de Montpellier
- Cyril Duret, diplômé en 2016 de l’École Nationale Supérieure d’Art et de design de Nancy
- Quentin Goujout, diplômé en 2018 de l’École Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Lyon
- Géraldine Goyet, diplômée en 2018 de l’École Supérieure des Beaux-Arts de Montpellier
- Agata Ingarden, diplômée en 2018 de l’École Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris
- Ilyes Mazari, diplômé en 2017 de l’École Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Lyon
- Erwan Sene, diplômé en 2016 de l’École Supérieure d’Art et de design de Reims.
Ces jeunes artistes ont été choisis par un comité constitué de collectionneurs et de professionnels de l’art contemporain composé de Catherine Dumon Lafuente, conseillère aux arts plastiques de la DRAC Occitanie ; Marie Cozette, directrice du CRAC de Sète : Claude Bonan, président des Amis du MO.CO. ; Nicolas Bourriaud, directeur général du MO.CO.; Vincent Honoré, Directeur des expositions au MO.CO. et Sylvie Guiraud, directrice de la galerie Iconoscope pour LGDMAC.
Soixante-dix-huit dossiers ont été proposés par les écoles supérieures des beaux-arts françaises, ainsi que des collectionneurs, des curators avec une sélection de trois jeunes artistes diplômés d’une école d’art en France, dans les cinq dernières années.
Un jury a remis le prix BOOM Tourre Sanchis Architecture avec le soutien de l’ADIAF à Agata Ingarden et Ilyes Mazari lors du vernissage à La Panacée.
L’exposition est accrochée avec soin et sobriété. Elle valorise avec attention de travail de ces jeunes artistes en offrant à chacun des espaces appropriés et en veillant à ce qu’aucune proposition ne puisse en phagocyter une autre.
À lire, ci-dessous, un bref compte rendu de visite photographique de « BOOM Jeune Création » accompagné de brèves présentations des artistes extraites du dossier de presse.
En savoir plus :
Sur le site de BOOM
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Sur le site du MO.CO.
Exposition BOOM Jeune création
Née en 1995 à Zoetermeer, Pays-Bas
Vit et travaille entre Paris et la Bretagne
2018 : DNSEP de l’École Européenne Supérieure d’Art de Brest, site de Quimper
Expositions récentes :
Octobre 2019 : programme de résidence Generator à Rennes
2019 : La zone périlunaire, Biennale de Mulhouse mulhouse019
2019 : Prix de l’Institut Français de Timisoara en Roumanie, résidence suivie d’une exposition à Timisoara en février 2020.
2016 : Erasmus à Glasgow, Écosse, dans la section Sculpture and Environmental Art de The Glasgow School of Art.
À la manière d’un chercheur d’or, je cherche, découvre des éléments au cours de mes voyages. Je réalise une collecte de matières et de matériaux. Branches, coquillages, sable, terre, fleurs, confettis, tissus, mousses polyuréthane, lichens sauvages, pigeons…
Ces matières premières sont choisies pour des caractéristiques esthétiques autant que pour leurs histoires. Le lichen par exemple est le seul élément de la nature qui soit une symbiose. Une association entre algue et champignon.
Dans mes installations, je cherche à faire voir des éléments hors de leur contexte, dans des environnements immersifs composés de moulages en plâtre, de tissus drapés, de sol en plâtre ou en sels colorés. Le spectateur déambule dans ces compositions qui sont comme des peintures se déployant dans l’espace. – D. Bertrand
Delphine Bertrand développe un travail de sculpture et d’installation lié à la matière et aux matériaux, à des questions de couleur et de composition dans l’espace.
Né en 1993, vit et travaille à Montpellier
2017 : DNSEP de l’École Supérieure des Beaux-Arts de Montpellier
Expositions récentes :
2019 : Performance sonore en lien avec la collapsologie, pour l’exposition Présages, Commissariat de Laureen Picaut
2018: Prix Emergences, SCAM pour Marlow Drive, réalisé avec Ekiem Barbier, Quentin L’Helgouach
Guilhem Causse exploite essentiellement la relation entre l’image et le son. Au travers de ses influences, qui proviennent essentiellement de la science-fiction, de la photographie plasticienne et de la musique concrète, il définit un univers où se mêlent des espaces vides, résonnants, peuplés de formes étranges. Les outils d’enregistrement, comme la photographie et le microphone, sont utilisés pour révéler des lieux et des sons que l’homme ne pourrait saisir, du fait de sa perception du temps, limitée. Dans ses pièces, on peut donc retrouver un rapport à la répétition et au temps arrêté, ce qui vient questionner la perception de la temporalité. Ainsi, il s’intéresse également à la question de l’immuabilité des phénomènes naturels, ou plutôt de leur constance relative. L’idéalisation d’une force, d’un mouvement virulent, fluide et sans accroc, lui permet d’amener le spectateur dans des espaces où l’empreinte humaine semble se dissiper, et où l’horizontalité du temps est remise en question.
L’œuvre présentée dans le cadre de BOOM est une nouvelle production titrée Solaris (seed).
Comment décrire un souvenir qui se passe à la fois dans le virtuel et le réel ? Lors de mes errances dans ces deux mondes, j’ai développé d’étranges nostalgies. Le bleu du ciel et la lumière jaune sur les arbres étaient les mêmes. Cette sensation est intemporelle : il n’y a pas de temps passé sur le virtuel ; dans le réel non plus. Le souvenir n’est pas juge du virtuel et du rêve, le souvenir invite l’irréel à s’immiscer dans nos expériences, à les distordre, à les fusionner. Ce n’est pas une fiction ou une histoire racontée : ce sont des expériences vécues, à agir dans l’image, à fabriquer de nouveaux souvenirs qui troublent encore la séparation de ces deux espaces. – G. Causse
Né à Nancy en 1993, vit et travaille à Paris
2016 : DNSEP de l’École Nationale Supérieure d’Art et de design de Nancy
Expositions récentes :
2019 : Private Choice 2019, Paris
2019 : Portraits de Berlin, galerie Kunst/Wein, Berlin
2018, Mathieu en vacances, exposition personnelle, Paris
2017 : exposition personnelle à la Biennale de la jeune création contemporaine, Mulhouse
2016 : Au saut du Loup le cri du Lapin (conférence-performance), Vision, Palais de Tokyo, Paris
Cyril Duret recombine différentes possibilités de l’Histoire de l’Art : portraits mondains ou d’intérieur, décors abstraits des années 1970 où apparaissait son oncle C. Jérôme, sanguines et all-overs, images à la date incertaine et au style impur, mises en scène de la peinture.
Ses œuvres éveillent un mélange de tendresse et d’ironie qui met en cause la linéarité et les hiérarchies habituelles de l’Histoire de l’Art, lorsque par exemple il redonne aux cartes postales intimes que Georges Mathieu réhaussait d’un dessin, les dimensions d’un de ses tableaux.
Née en 1991 à Rouen, vit et travaille à Marseille
2017 : DNSEP de l’École Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Lyon
Expositions récentes :
2019 : Sud magnétique, exposition collective, Vidéochroniques, Marseille
2017-2018 : programme de résidence des ateliers du grand large de l’ADERA
2017 : Prix de Paris et Prix des Partenaires, ENSBA Lyon
2017 : Transit, exposition solo, La Passerelle, Mont-Saint-Aignan
2017 : Les Fleurs, exposition solo, Le Mur, ENSBA Lyon
Ilyes Mazari travaille entre image et matière. Par imprégnation. À partir d’éléments localisés, référencés, archétypaux. Des objets populaires – à priori – atemporels, inscrits entre Nature et Culture, qui passent de la garrigue et des têtes de moutons aux “couchés de soleil filtrés Instagram”. Entre effluves et monolithes.
Sa pratique protéiforme est enracinée dans le champ pictural : dans une recherche de coexistence entre ce qui est devant et ce qui se passe dans le fond. Il le fait en essayant d’être aussi élémentaire et élastique qu’une trace de peinture.
Né en 1995, vit et travaille à Paris
2019 DNSEP de l’École Nationale Supérieure d’Arts de Paris-Cergy
Exposition récente :
2017 : exposition collective Hyphen-s. 12 Star Gallery’s. Londres.
Je peins mes proches, des végétaux et des paysages.
En peignant, je recherche la vérité.
À la suite de ma rencontre avec les primitifs italiens, la représentation du divin est devenue une obsession.
Dans ma peinture, il y a une dissolution du sujet dans l’apparition et la disparition.
Je recherche la matérialité, la sécheresse, l’opacité et la transparence de la matière.
– A.Bilardi
Né en 1991, vit et travaille à Paris
2016 : DNSEP de l’École Supérieure d’Art et de Design de Reims
Expositions récentes :
2019 : LE TROGLOXENE, Deborah Bowmann, Bruxelles
2018 : Extinction, expositin collective, galerie Artemis Fontana, Paris
2018 : Dermomania, La Paix, avec Charles Nègre et Pierre-Alexandre Mateos, Paris
2017 : Au-Delà Du Bien et du Bad, La capela, Paris
2017 : Prix Prisme, Musée Saint-Rémi, Reims
2016 : Un passage à bout portant, exposition collective, CAC, Centre d’art Passages, Troyes
2016 : Festival des Cinémas Différents, Paris
Le travail d’Erwan Sene s’appuie sur un travail sculptural qui se déploie à plusieurs niveaux. Se laissant aller sur la pente d’une imagination de la vie quotidienne comme de récits énigmatiques, sa pratique reconsidère sa propre manière de vivre et de digérer les objets qui l’entoure.
Sans sous-estimer la Nature dans ses influences, il crée des décors avec une multitude de matériaux, entre rémanence baroque et surréalisme de tous les jours et y aborde les thèmes de la contamination, de l’idiopathie et de la science-fiction.
Pouvant allier la convivialité́ d’un comptoir de bistrot à l’anxiété́ d’une copropriété́ contaminée, Il porte une importance à ne percer qu’à moitié le mystère entourant la réalité́. Son atelier est installé́ dans un ancien Night-Club de L’ile Saint Denis dont l’atmosphère fait écho à son travail de production et de performance musicale.
Il s’apprête à sortir deux disques sur son label Cellar Door/Proxi.
Une nouvelle installation sonore sera présentée au project space Deborah Bowmann à Bruxelles en septembre 2019 ainsi qu’une performance immersive avec le compositeur Kamal El Aoufi.
Né en 1993, vit et travaille à Paris
2018 : DNSEP de l’École Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Lyon
Expositions récentes :
2019 : Exposition collective Neume, spectre, fumée, MAC, Lyon
2019 : Exposition en duo avec Pauline Ghersi, Somme Toute, Clermont-Ferrand
2018 : Publication de Scénario dans la revue Diorama, Paris
2018 : Projection de Sentimental, Festival Si Cinéma, Café des Images, Caen
2017 : Performance lecture « Reading as community #4 », Cave club de Roxanne Maillet, Bruxelles
Quentin Goujout écrit et réalise des films mettant en scène un ou plusieurs personnages qui, habillés, coiffés, maquillés, manucurés, chantent, dansent, boivent, fument, s’embrassent et discutent. « L’ambiance doit évoquer à la fois la sitcom, le shooting de mode, le théâtre de boulevard, la télé-réalité, le roman-photo et le mélodrame. Rien vraiment n’indique de marqueur temporel. Qu’il s’agisse de maquillages grinçants, de faux ongles, de faux cils, de vêtements à la limite du costume, de choix d’éclairages forts et visibles, du refus de décors réalistes, de dialogues sur-joués, ou de gestes sur-stylisés, les choix esthétiques qu’il emploie marquent un désir d’exagération et d’artifice. »
Quentin Goujout s’intéresse aux notions de stéréotype, de fascination comme fabrique de formes, d’émotion (jouée ou ressentie, répétée ou improvisée), de psychologie du personnage et de stylisation.
Ses films sont plus émotionnels, psychologiques et décoratifs que narratifs. Les thèmes abordés sont la solitude amoureuse et la misère sexuelle de personnages archétypaux qui ne trouvent pas plus leur place ailleurs qu’ici, leur permettant de fantasmer la vie qu’ils n’ont pas (vie amoureuse, position sociale, situation financière).
Née en 1994, vit et travaille à Montpellier
2018 : DNSEP de l’École Supérieure des Beaux-Arts de Montpellier
Expositions récentes :
2018 : Festival SEVE Montpellier
2017: Elsewhere /ailleurs, Plymouth Collège of Art Gallery, Plymouth
2016 : La timidité des cimes, galerie Chantiers Boîte Noire, Montpellier
C’est à travers le numérique que Géraldine Goyet crée des espaces de contemplations poétiques dans lesquels Nature et Technologie cohabitent. À la manière d’un récit, l’espace devient un lieu de passage, où les images et les formes deviennent des guides, des esprits qui interrogent notre époque.
Né en 1994 en Pologne, vit et travaille à Paris
2018 : DNSEP de l’École Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris
Expositions récentes :
2019: Rachel Is, exposition en duo, avec Motoko Ishibashi, Pact Gallery, Paris
2019: five fingers, sixth hand, exposition en duo, avec Delphine Mouly, Alienze, Lausanne, Switzerland
2019 : Mémoire de formes, exposition collective, commissariat Petite Surface, Galerie Michel Journiac, Paris
2018 : Skunk Hour/Like Mushrooms after rain, exposition solo, commissariat Arkadiusz Półtorak, Gastatelier Leo XIII, Tilburg, Pays-Bas
2018: Dom, exposition solo, Piktogram Gallery, Varsovie, Pologne
2017: Sweaty Hands, exposition solo, ExoExo , Paris
2017: BATHROOM/BATHHOUSE, avec Irina Jasnowski, MX Gallery, New York, USA
Les installations d’Agata Ingarden apparaissent comme les extensions gourmandes et prolixes des fonctions architecturales de l’espace. Palliant une forme d’insuffisance, elles se situent toujours entre la densité et la prolifération, l’absorption et la projection. La dimension envahissante de ces panneaux, bras, bancs qui invitent toujours le corps à s’y frotter, nourrit une métaphore permanente avec la nourriture (le charme du sucre) et avec l’érotisme (le désir du sucre).
En cela, ses sculptures symbolisent aussi l’énergie du vivant et donc l’acte créateur, qu’il soit naturel ou technologique. Ambigus donc, elles créent une confusion entre domesticité – tout est à sa place – et excroissance – rien n’est à sa place.
Agata Ingarden produit en effet une œuvre qui séduit profondément en même temps qu’elle distrait. L’apparence mécanique de ses installations n’empêche pas la machine suprême du temps d’être à l’œuvre : l’histoire déroule son scénario et ne peut inverser les métamorphoses. La main de l’homme ici quitte sa fonction d’architecte pour laisser le vivant coloniser à nouveau le bâti. Que la sculpture, en boucle, émerge et se fonde dans le paysage comme une rumeur qui se répand, s’éteint, se noie, se renforce et créé un mythe.