Le Cirva à Marseille / Les résidences d’artistes (épisode 1)

Le Cirva (Centre international de recherche sur le verre et les arts plastiques) est la structure avec laquelle débute cette série d’articles à propos des résidences d’artistes de Sète/Sérignan jusqu’à Marseille en passant par Montpellier, Nîmes, Arles, Avignon et Aix.

Avec le 3bisf à Aix-en-Provence créé en 1983, le Cirva est un des plus anciens lieux qui accueille des artistes en résidence dans la région. C’est aussi un des plus singuliers et des plus atypiques. Plusieurs caractères font l’originalité de ce centre d’art :

Un travail de recherche, d’expérimentation et de création sur une unique matière, le verre.
Une collaboration particulière entre l’artiste, une équipe de techniciens verriers de très haut niveau.
Un rythme et une dynamique de fonctionnement où les échanges se développent dans le temps et où « les premiers gestes sont un point de départ vers un chemin dont on ne connaît pas l’aboutissement ».
Une collection qui propose une rencontre avec l’histoire du Cirva.

Les lignes qui suivent ont été écrites après un entretien avec Stanislas Colodiet qui dirige le Cirva depuis septembre 2019 et Cécile Capelle qui occupe le poste de chargée de communication et des publics au sein du Cirva depuis 2010. Pour la période où Françoise Guichon assurait la direction (1985-2009), de nombreuses informations ont été puisées dans l’ouvrage L’artiste, l’atelier, le verre publié en 2007 aux Éditions Xavier Barral. Le catalogue qui accompagnait l’exposition « Une maison de verre » au Musée Cantini en 2017 ainsi que l’interview d’Isabelle Reiher par Alain Paire pour le journal Zibeline nous ont permis de préciser quelques points.

Actuellement, les artistes en résidence sont Jorge León, Béatrice Balcou, Baptiste Meyniel, Martin Boyce, Christian Sebille et Christodoulos Panayiotou et Jonah Takagi.

En 2020, ils sont rejoints par Estrid Lutz, Brynjar Sigurdarson & Veronika Seldmair, Tamar Hirschfeld, Mathieu Mercier et Morgane Tschiember invités par Stanislas Colodiet. On trouvera ci-dessous les textes qu’ils ont rédigés. Le directeur du Cirva prend le soin de préciser que « ce n’est pas un programme de travail au sens strict, mais le cahier des charges de leurs rêves et de leurs désirs ».

Créé en 1983, au début des années Lang, à une époque où l’art contemporain avait un écho assez confidentiel, le Cirva est à l’origine conçu comme un outil de formation par des professionnels du verre dans le cadre de L’École supérieure d’art d’Aix-en-Provence.
En 1986, le Cirva s’installe à Marseille au 62 rue de la Joliette. Françoise Guichon, sa directrice depuis 1985, réoriente son activité pour en faire un lieu de résidence et de recherche pour les artistes et les designers.

Centre de recherche sur le verre, le Cirva est un lieu d’expérimentation et de création qui invite les artistes et les designers à travailler avec une totale liberté sur une matière singulière, complexe et imprévisible que souvent ils ne connaissent pas ou très peu. Terrain inconnu, parfois à risques, le verre offre presque toujours des surprises et des découvertes…

L’atelier est au centre du Cirva. Dans un entretien reproduit dans L’artiste, l’atelier, le verre, Françoise Guichon affirmait : « La première condition de la liberté offerte aux artistes, c’est l’autonomie de fonctionnement que nous confère notre atelier. (…) La maîtrise totale de l’outil nous permet de nous consacrer totalement au travail en cours, avec les seules limites qui sont les nôtres, mais avec un engagement total ».

Discussion entre Jennifer Caubet et les souffleurs, 2018 - Photo C. Capelle - Cirva
Discussion entre Jennifer Caubet et les souffleurs, 2018 – Photo C. Capelle – Cirva

« C’est aussi un espace de rencontres : la rencontre avec le verrier qui accompagne l’artiste de son savoir-faire et de ses intuitions, la rencontre avec les projets antérieurs qui habitent les lieux et les esprits, celle avec Marseille qui nécessairement injecte au Cirva sa personnalité directe et intense » écrivait Isabelle Reiher, alors directrice du centre, dans le catalogue qui accompagnait l’exposition « Une maison de verre » au Musée Cantini en 2017.

Échanges entre Jennifer Caubet et les souffleurs, 2018 - Photo C. Capelle - Cirva
Échanges entre Jennifer Caubet et les souffleurs, 2018 – Photo C. Capelle – Cirva

C’est la rencontre entre l’artiste et l’équipe du Cirva qui fait émerger les possibles. Les techniciens verriers prêtent leurs mains et leurs savoir-faire aux idées des artistes.

Pour Stanislas Colodiet, « Les premiers gestes de l’artiste et des artisans sont un point de départ vers un chemin dont on ne connaît pas l’aboutissementCréation, recherche, expérimentation, ces trois mots sont constitutifs de l’identité du centre, son projet relève de l’utopie », affirme-t-il.

Françoise Guichon, dans l’ouvrage déjà cité, soulignait : « Notre structure n’agit pas pour son propre compte, elle n’a pas le souci d’affirmer sa propre existence. Notre fonction, celle de notre équipe tout entière – techniciens, gestionnaires, secrétaires – est, à chaque fois, d’“entrer” dans le projet de l’artiste. C’est au nom de cette logique que nous n’exigeons pas de projet défini… »

Morgane Tschiember - Atelier, 2020 - Photo C. Capelle - Cirva
Morgane Tschiember – Atelier, 2020 – Photo C. Capelle – Cirva

L’essentiel des moyens est orienté vers la création. Sur les huit personnes de l’équipe, cinq travaillent dans l’atelier. Les équipements sont exceptionnels et permettent la pratique de nombreuses techniques : soufflage du verre, thermoformage, pâte de verre. Un atelier est dédié au travail à froid (taille, gravure, sablage, polissage, etc.). Si le chalumeau est assez peu pratiqué, cette technique a été utilisée chaque fois que cela a été nécessaire. Seul le vitrail n’a jamais été mis en œuvre au Cirva.

Le côté international du centre ne se limite pas aux artistes invités. Il se traduit aussi au niveau de l’équipe technique dont l’expertise, le savoir-faire et la maturité se construisent avec des artisans qui ont travaillé en Argentine, aux États-Unis, au Japon, en République tchèque, en Suède, au Royaume-Uni, en Suisse, en Italie.

Jean-Luc Moulène dans l'atelier, 2019 - Photo C. Capelle - Cirva
Jean-Luc Moulène dans l’atelier, 2019 – Photo C. Capelle – Cirva

Actuellement, l’équipe de techniciens verriers est composée de Valérie Olléon (pâte de verre), Cyrille Rocherieux (travail à froid), Fernando Torre et David Veis (soufflage). Carlo Marangoni assure la coordination de l’atelier.

Les artistes et designers invités bénéficient d’un temps de travail de longue durée dans l’atelier du Cirva. Le calendrier est défini en fonction de leur disponibilité et des contraintes techniques des projets. Une résidence au Cirva se poursuit en général pendant plusieurs années.

Dans sa présentation du centre, Stanislas Colodiet souligne : « Cet échange [avec les verriers] se développe dans le temps, une ressource précieuse que le Cirva cultive en prenant la précaution de ne pas déterminer à l’avance la durée de chaque résidence ».
Il prolonge ainsi le projet initial défini par Françoise Guichon et poursuivit par Isabelle Reiher.

Christian Sebille dans l'atelier du Cirva, 2018 - Photo C. Capelle - Cirva
Christian Sebille dans l’atelier du Cirva, 2018 – Photo C. Capelle – Cirva

Celle-ci combinait invitations et appels à projets en direction d’artistes et de designers. Stanislas Colodiet souhaite privilégier l’invitation. Le nouveau directeur du Cirva conçoit sa position comme un commissaire de résidence. C’est, dit-il, « de la direction scientifique, prospective et artistique. Se pose alors la question : avec qui décide-t-on de travailler ? ».

Le logement et les voyages sont pris en charge par le Cirva. Il n’y a pas de bourse de résidence. Les moyens de production sont entièrement financés par le Cirva (matière première, énergie, les fours, ateliers et les outils et la compétence de l’équipe technique…).
La résidence est uniquement un temps de création. Aucune autre activité n’est demandée à l’artiste (workshop, exposition, médiation, etc.).

La répartition des pièces produites se fait au cas par cas, elle est le fruit d’un dialogue avec l’artiste. Elle est formalisée par un contrat.

Les artistes qui viennent travailler au Cirva se confrontent aussi avec l’histoire de ceux qui les ont précédés. La liste des plasticiens et des designers invités est impressionnante (voir ci-dessous).

Dans les galeries, au-dessus de l’atelier, est entreposée une étonnante collection qui s’est constituée dès la fin des années 1980. Elle compte actuellement près de 800 œuvres. Si elle n’était pas un objectif initial du centre, peu à peu l’idée de conserver un ensemble de pièces comme corpus de recherche s’est imposée. Par contrat, les artistes laissent au Cirva une partie des pièces produites pendant leur résidence.

On connaît au travers d’expositions temporaires restées dans les mémoires comme « Une maison de verre », « À bruit secrets », « Mon île de Montmajour », pour en citer quelques-unes, la richesse de cette collection et la qualité exceptionnelle des œuvres qui la compose.

Mais la collection d’étude et de recherche du Cirva va bien au-delà.
Stanislas Colodiet rappelle avec beaucoup de pertinence qu’une œuvre d’art est souvent le fruit d’une recherche. « C’est la partie émergée d’un iceberg dont la base est composée de carnets de recherche, de dessins, de feuilles d’études, d’essais, de prototypes ». Le Cirva conserve toutes les traces et les étapes documentées qui ont conduit, ou non, aux pièces de la collection.

Les techniciens dans l'atelier autour des essais pour Baptiste Meyniel, 2019 - Photo Baptiste Meyniel
Les techniciens dans l’atelier autour des essais pour Baptiste Meyniel, 2019 – Photo Baptiste Meyniel

Pour l’actuel directeur du centre, « Ce patrimoine peut nourrir la création… Si on présente dans nos espaces des œuvres qui sont des créations abouties, on risque de devenir une “académie” du verre… Si on y expose du “non formalisé”, du récit en cours de construction, dans un état encore relativement chaotique, alors on n’est plus dans une relation académique à la création ».

Baptiste Meyniel - Série UPN - 8 sections A, 8 sections B, 12 sections - photo Chemsedine Herriche
Baptiste Meyniel – Série UPN – 8 sections A, 8 sections B, 12 sections – photo Chemsedine Herriche

Le travail d’inventaire des œuvres commencé par Isabelle Reiher sera prolongé par un chantier de documentation de la collection d’étude que le nouveau directeur entend mettre en œuvre dans les prochaines années.

Stanislas Colodiet souhaite offrir aux artistes, aux chercheurs et aux visiteurs (le Cirva se visite sur rendez-vous) les moyens d’accéder facilement à ce patrimoine pour nourrir la création, la recherche et l’expérimentation. Il faut, dit-il, « repenser l’espace de manière organisé et méthodique. Ce qui demande un inévitable investissement pour créer une archive de la recherche. L’idée serait de construire un espace de réserve scénographié qui permettrait d’accueillir des groupes »… Ce sera très probablement l’un des futurs chantiers de son mandat.

Quelques publications du Cirva
Quelques publications du Cirva

Sous des formats divers, les œuvres produites au Cirva ont fait l’objet de nombreuses publications : Cahiers du Cirva, Cirva – Carnets de bord, catalogues d’exposition…
Dès la fin 2020, les Cahiers du Cirva devraient renouer avec une publication régulière, sous un format homogène, à raison de trois numéros par an. Conçu en collaboration avec les artistes, chaque cahier sera « un espace de création qui s’inscrit dans la continuité de la recherche menée dans l’atelier ».

Le Cirva et ses partenaires dans la région.

Au-delà des nombreux prêts d’œuvres de la collection aux niveaux international, national et régional, le Cirva entretient une logique de partenariat avec les instituons culturelles de la ville et de la région.

Avec les musées de la Ville de Marseille

C’est notamment le cas avec les musées de la ville de Marseille qui ont signé une convention d’exposition avec le Cirva. Ainsi Evariste Richer, résident entre 2015 et 2017, exposera à la Vieille Charité au cours de l’automne 2020.

Evariste Richer et David Veis, 2016 - Photo C. Capelle - Cirva
Evariste Richer et David Veis, 2016 – Photo C. Capelle – Cirva

Une réflexion est en cours sur la présentation d’œuvres créées au Cirva, sous la forme de dépôts, dans le parcours des collections de musées de la ville de Marseille.

Avec la villa Noailles

Depuis 2011, le Cirva et la villa Noailles ont mis en place un partenariat autour d’un prix attribué au lauréat du Grand Prix du jury du festival Design Parade. Une résidence de création au Cirva pour la réalisation d’un vase est offerte au lauréat. Édité en trois exemplaires uniques, le vase entre dans la collection permanente de la villa Noailles ainsi que dans celle du Cirva. La troisième pièce est à la disposition du designer. La nouvelle création fait l’objet d’une première exposition lors de l’édition suivante du festival Design Parade.

Samy Rio dans l'atelier du Cirva, 2016 - Photo C. Capelle - Cirva
Samy Rio dans l’atelier du Cirva, 2016 – Photo C. Capelle – Cirva

À partir de cette année, la villa Noailles présentera dans le parcours des collections une œuvre de la collection du Cirva. Une des Pièces supplémentaires et trois dessins de Dominique Angel y sont actuellement exposés.

Avec les Beaux-Arts de Marseille (ESADMM)

Depuis 2016, le Cirva accueille cinq étudiants en art et design des Beaux-Arts de Marseille (ESADMM), sélectionnés sur projet par un jury, pour une semaine de workshop. Leurs créations sont exposées dans des galeries ou à l’occasion de salons ou de festivals.

Workshop de l'École des beaux-arts de Marseille au Cirva, 2018 - Photo C. Capelle - Cirva
Workshop de l’École des beaux-arts de Marseille au Cirva, 2018 – Photo C. Capelle – Cirva

Stanislas Colodiet entend poursuivre et approfondir ces partenariats et en initier ou en prolonger d’autres tel que celui qui s’est amorcé avec le GMEM à l’occasion de la résidence de Christian Sebille.

Le Cirva dans les collections publiques

Au-delà des œuvres conservées par le Cirva à Marseille, plusieurs des pièces qui y ont été produites ou qui ont fait l’objet de recherche dans l’atelier sont entrées dans des collections publiques et sont parfois présentes dans l’espace public.

Parmi les premières, on peut citer la quarantaine d’œuvres conservées par le CNAP (Centre National des Arts Plastiques) dont les 30 vases pour le Cirva, la lampe Happy Ending Stockholm de Philippe Parreno et L’ange rouge de Marseille de James Lee Byars.

James Lee Byars - L’ange rouge de Marseille - Présentation au Château de Tarascon (Les Visiteurs - 2005) - Yves Chenot
James Lee Byars – L’ange rouge de Marseille – Présentation au Château de Tarascon (Les Visiteurs – 2005) – Yves Chenot

First & Last de Larry Bell appartient aux collections du Mac Lyon et une version du Planétarium (Version Montserrat) de Jana Sterbak à celle du Musée de Montréal. Une version de son Hard Entry est au Mudac à Lausanne.

Parmi les pièces qui ont été mises au point au Cirva, on peut mentionner les deux lustres pour le hall du Palais des Beaux-Arts de Lille de Gaetano Pesce, ainsi que le Kiosque des Noctambules, installation permanente, place Colette, pour la station de métro Palais Royal – musée du Louvre à Paris que Jean-Michel Othoniel a conçu au Cirva et dont certains éléments y ont été réalisés.

Enfin, c’est au Cirva que Pierre Soulages a commencé son travail de recherche sur le verre dévitrifié, dans le cadre de la commande publique des vitraux de l’abbaye Sainte-Foy de Conques avant de le poursuivre au laboratoire de recherche de Saint-Gobain Vitrage.

Début 2020, un ensemble de pièces de Pierre Charpin et d’Ettore Sottsass a rejoint le Palais de l’Élysée.

En savoir plus :
Sur le site du Cirva
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Estrid Lutz, Brynjar & Veronika Sigurdarson, Tamar Hirschfeld, Mathieu Mercier et Morgane Tschiember.

Estrid Lutz

Estrid Lutz est née en 1989, elle est diplômée de l’École nationale supérieure des beaux-arts de Paris et du Art Center College of Design Los Angeles. Elle vit et travaille au Mexique.

« Je m’approprie des matériaux industriels de haute technologie afin de changer leur usage d’origine vers plus de poésie, de brutalité et de surprise à travers un champ d’application qui leur est étranger. Mes sculptures et mes collages récents sont réalisés à partir de matériaux résistants et légers dits lightcore incluant le kevlar, des structures aluminium en nid d’abeille, de la fibre de carbone, de la fibre de verre ou encore de la résine époxy. Ces matériaux sont communément utilisés lors de la fabrication de satellites, de vaisseaux spatiaux, d’avions, de voitures, armes, gilets pare-balles ou de dispositifs de communication à grande échelle.

Je souhaite mener au Cirva des voyages cosmiques expérimentaux sans limites. J’imagine des projections d’espaces comme des océans aériens, une fusion d’infra-vies des mers et des ciels, et aussi des cyberespaces en perdition dans des dispositifs poétiques de réalités virtuelles. Mon projet débute avec l’image d’une vague qui se décroche de la croûte terrestre pour rentrer en orbite et se balader autour de la terre, frôlant divers engins spatiaux, débris électroniques égarés, informations secrètes et micro-organismes invisibles des abysses ayant étant été projetés lors de cette marée inter-espaces. Ma recherche sur le verre pourrait être assimilée à une ballade autour de diverses formes non identifiables, provoquant des collisions, des rencontres, des fusions, des diffractions, des disparitions, des recognitions inattendues dans une brume qui embrasse le syndrome Kessler. J’imagine une fabrique de « débris » de verre produisant de l’énergie, de la lumière par exemple, et des jeux de profondeurs optiques faisant apparaitre et disparaître des images selon la disposition des cellules, ou encore des coexistences d’entités psychiques technologiques errantes dans la transparence qui produisent de la matière connectique. »

Brynjar Sigurðarson et Veronika Sedlmair

Depuis 2011, Brynjar Sigurðarson (né en Islande en 1986) et Veronika Sedlmair (née en 1985 en Allemagne) créent un corpus d’œuvres inspirées à la fois par le naturel et le théâtral. Leur pratique peut souvent être liée à l’anthropologie et à la géologie. Ils utilisent tout à la fois le dessin, la photographie, la vidéo, le son et les objets, afin de mener leur travail artistique de manière féconde et précise.

« Travailler au Cirva donne une occasion exceptionnelle de se plonger dans le verre sur une longue durée, et de faire des recherches sur les différentes caractéristiques et qualités du matériau. De plus, grâce à la compétence et à l’expérience du technicien verrier, cela nous permet de découvrir des propriétés nouvelles et inattendues du verre – une nouvelle nature en quelque sorte.
Le but de la résidence est de faire émerger cette nouvelle nature à l’intérieur du verre lui-même en utilisant la pâte de verre et le moulage. À bien des égards, nous travaillons donc sur une série de recettes et d’assemblages dans lesquels différents minéraux et couleurs sont mélangés dans le verre afin de créer quelque chose qui soit à mi-chemin entre le naturel et l’artificiel. »

Tamar Hirschfeld

Tamar Hirschfeld dans l'atelier du Cirva, 2020 - Photo Cirva
Tamar Hirschfeld dans l’atelier du Cirva, 2020 – Photo Cirva

Tamar Hirschfeld est une artiste née en 1984 à Jérusalem. Elle est diplômée des Beaux-Arts de la ville et a effectué un post-diplôme au Fresnoy – Studio national des arts contemporains à Tourcoing. Elle vit entre Bruxelles et Tel Aviv.

« Au cours des deux dernières années, j’ai préparé mon exposition au musée d’art de Tel Aviv. Pour celle-ci, j’ai fabriqué des centaines d’objets en argile, plâtre, papier et autres matériaux « simples ». J’ai créé une sorte de mini-Israël, en sculptant des symboles vernaculaires tels que des plantes, des plats locaux et des artefacts archéologiques. J’ai aussi sculpté des objets de la vie quotidienne, comme des ustensiles domestiques et des produits d’épicerie. J’ai essayé de soulever des questions politiques et culturelles sur la décadence de la société israélienne à travers des éléments que l’on rencontre tous les jours.
Au Cirva, je serai confrontée à un matériau avec lequel je n’ai jamais travaillé auparavant. Ma méthode de travail est basée sur une utilisation systématique, mais cependant ludique, de la matière pour donner un aspect étrange à des objets banals. Malgré la complexité du travail du verre, je vais essayer de l’aborder avec légèreté. La ville de Marseille m’intéresse par rapport à celle de Tel-Aviv. C’est un centre culturel ouvert sur la Méditerranée dans lequel cohabite un mélange de cultures. Je pense que les deux villes sont des « hubs » dans lesquels se reflètent certains conflits politiques mondiaux. Au Cirva, je vais essayer de concevoir des objets à la fois chargés de sens et divertissants. »

Mathieu Mercier

Né en 1970, Mathieu Mercier est diplômé de l’École nationale supérieure de Bourges et de l’Institut des hautes études en arts plastiques de Paris.

Mathieu Mercier mène une réflexion sur la définition de la place de l’objet à la fois dans l’industrie de la consommation et dans le champ de l’art. Sa recherche se traduit par un questionnement permanent sur les fonctions symboliques et utilitaires des objets. Il a longuement travaillé sur une version éditée de la Boîte-en-valise de Marcel Duchamp publiée par Walther König, dont la deuxième édition paraitra en 2020.
Au Cirva il souhaite créer le prototype d’un flacon de 100 ml ayant la forme d’une goutte de rosée, idéalement pour être produit industriellement comme bouteille de parfum. « Une larme est la goutte d’eau qui fait déborder l’âme » (Citation de Fréderic Dard in Les pensées de San-Antonio (1996), sélectionnée par l’artiste).

Morgane Tschiember

Morgane Tschiember - Atelier, 2020 - Photo C. Capelle - Cirva
Morgane Tschiember – Atelier, 2020 – Photo C. Capelle – Cirva

Morgane Tschiember est une artiste née en 1976 à Brest, elle a étudié aux Beaux-Arts de Quimper et de Paris. Elle vit entre Paris et Berlin.

« J’aime ce que certains appellent « les erreurs », « les ratés », ce qui m’emmène ailleurs… J’aime ce petit rien qui remet tout en cause… et amène le doute… la sérendipité est là pour m’emmener ailleurs : connaître le résultat à l’avance ne m’intéresse pas. Plus je travaille sur la « physicalité » des matériaux, plus mon travail devient immatériel et métaphysique. Une découverte inattendue et aberrante éveille ma curiosité et me conduit vers une réflexion imprévue qui mène à une nouvelle œuvre.
Un jour, de la poussière s’est déposée au sein d’une matière que je travaillais, modifiant ainsi la pièce que j’avais imaginée d’une grande pureté… Je réalisais alors que la poussière se situait à la limite entre la physique et la métaphysique et qu’elle s’intégrait parfaitement dans mes recherches. Depuis cette découverte fortuite, je travaille avec de la poussière.
Alors que le verre renvoie toujours à la transparence et à une forme de perfection, de pureté, c’est autour de la notion d’impureté que je vais me plonger. Au Cirva, je vais associer la poussière au verre. Comment mélanger des matières qui ne se marient pas au premier abord ? Comment changer notre regard sur une matière dite impure dans notre culture ? La notion d’« infra-mince » m’intéresse enfin, je l’explorerai à travers un travail du verre évoquant la buée. Le Cirva va me permettre de pousser les limites de la matière.
J’aime apprendre les règles d’une technique pour mieux les déjouer, les déformer et tirer la matière dans mon univers. »

 

Tous les artistes cités ont engagé au Cirva un processus de travail ayant abouti ou non à la réalisation d’œuvres.

Laurence AEGERTER 2013
Dove ALLOUCHE 2015-2016
Julien AMOUROUX – Le Gentil Garçon 2003
Dominique ANGEL 2011-2013
Béatrice BALCOU 2019-
Richard BACQUIÉ 1994
Gilles BARBIER 1996 ; 2000-2001
Judith BARTOLANI/Claude CAILLOL 1989-1997
Thomas BASTIDE 1987
François BAUCHET 1987-1990 ; 1997-2001 ; 2008-2009
Ruedi BAUR 1988-1989
Larry BELL 1989 ; 1994-1995
Howard BEN TRE 1985
Christophe BERDAGUER/Marie PÉJUS 2009-2011
Marcial BERRO 1989-1991
Tatiana BEST-DEVEREUX 1986
Julien BLAINE 2010-2012
Dominique BLAIS 2013-2015
Marie-Laure BLEZAT/Emmanuelle COLBOC 1985-1987
Andrea BLUM 1994-1995
Burkhard BLUMLEIN 2011
Lieven de BOECK 2012-2014 ; 2018-2019
Mattia BONETTI/Élisabeth GAROUSTE 1985-1986 ; 1988-1989 ; 1991
François BONNOT 1986-1989 ; 1993
Fouad BOUCHOUCHA 2009
Véronique BOUDIER/Patrick CORILLON 1999-2001
Marie BOURGET 1987 ; 1992
Ronan & Erwan BOUROULLEC 2001-2006
Nancy BOWEN 1988-1990 ; 2000
Martin BOYCE 2018-
Andrea BRANZI 2001-2005 ; 2007-2008
Pascal BROCCOLICHI 2011-2013
James Lee BYARS 1991-1995
Giuseppe CACCAVALE 1987-1988 ; 1997-1999 ; 2002-2006 ;
2007-2011 ; 2011-2013
Claude CAILLOL/Judith BARTOLANI 1989-1997
Bernard CALET 1989-1990
Sara de CAMPOS 2018-2019
Jennifer CAUBET 2017-2019
Philippe CAZAL 1988-1989
Marc-Camille CHAIMOWICZ 1985-1989
Étienne CHAMBAUD 2010
Pierre CHARPIN 1997-2001 ; 2004-2006
Nicole CIPRES 1986
Delphine COINDET 2014-2015
Emmanuelle COLBOC/Marie-Laure BLEZAT 1985-1987
Virgile COLONNA 1987
Pascal CONVERT 1988-1991
Patrick CORILLON/Véronique BOUDIER 1999-2001
Didier CORNILLE 1989-1993
Aurélien CORNUT-GENTILLE 2013
Laura COUTO ROSADO 2014-2015
Richard DEACON 1985
Richard DEACON/Bill WOODROW 2006-2008
Bernard DEJONGHE 1986
Luc DELEU 1986
Erik DIETMAN 1986-1989 ; 1993-2001
Marie-Christine DORNER 1988-1989
David DUBOIS 2014-2015
Sylvain DUBUISSON 1988-1992 ; 1999
Marie DUCATE 1985-1991, 1994-1997 ; 1999 ; 2003
Hubert DUPRAT 2001-2002 ; 2006
Jimmie DURHAM 2016
Anne DYBKA 1991 ; 1996
Ymane FAKHIR 2017
Jean-Baptiste FASTREZ 2011-2012
Didier FAUSTINO 2014
Philippe FAVIER 1987
Joël FISHER 1986-1991
Hreinn FRIDFINNSSON 1994-1998 ; 2001-2002 ; 2008 ; 2011
Olivier GAGNÈRE 1987-1990
Jean-Luc GARCIN 1988-1991
Élisabeth GAROUSTE/Mattia BONETTI 1985-1986 ; 1988-1989 ; 1991
Anne-Valérie GASC 2015
Mark GEFFRIAUD 2011
Paul-Armand GETTE 2005-2006
Alexandre GHERBAN 1995
Michael GLANCY 1987-1989
Philippe GOUTAGNY 1994-1995
Toni GRAND 1989
Mieke GROOT 1987
René GUIFFREY 2005
Marie-Ange GUILLEMINOT 2004-2007
Sophie HANAGARTH 2003
Mona HATOUM 2012
Sarah HOLT 1985-1986
Gottfried HONEGGER 1985 ; 1987 ; 1995-1996 ; 2000
Paul HOUSBERG 1986-1987
Annabelle d’HUART 1991-1992
Ursula HUTH 1986-1987
Pierre HUYGHE 2003
Pierre HUYGHE/Philippe PARRENO/M/M 2001
Fabrice HYBER 1997 ; 2006-2010
Koo JEONG A 2013 –
Hella JONGERIUS 2003-2004
Eric JOURDAN 1989-1990
Anish KAPOOR 1999
Eric KLEIN 1988-1990
Piotr KLEMENSIEWICZ 1992-1993 ; 1993-1996 ; 1998-1999
Paul KOSBERG 1986
Thomas KOVACHEVICH 1987-1990 ; 1995
Piotr KOWALSKI 1986 ; 1988-1992 ; 1997
Thierry KUNTZEL 1997
Shiro KURAMATA 1990 ; 1992
Jone KVIE 2016
Warren LANGLEY 1989
Jorge LEON 2019-
Joël LINARD 1986 ; 1989
Mary LITTLE 1990-1992
Stéphane MAGNIN 1996
Pierre MALPHETTES 2001-2002
Serge MANSAU 1987-1990
Enzo MARI 2001
Javier MARISCAL 1998-1999
Pascal MARTINEZ 2010
Paul MATHIEU/Michael RAY 1991-1993
Jacqueline MATISSE-MONNIER 1990-1991
Jean-Michel MEURICE 1985-1986
Baptiste MEYNIEL 2019-
Sergueï MIRONENKO 1991
M/M/Philippe PARRENO/Pierre HUYGHE 2001
Richard MONNIER 1989-1993
Christophe MORELLET 1996
François MORELLET 1986 ; 1988-1989
Robert MORRIS 1995-1997 ; 1999-2000
Jasper MORRISON 1990-1992
Davide MOSCONI/Marco FERRERI 1993-1994
Jean-Luc MOULÈNE 2012 ; 2014-2016 ; 2017 ; 2018 ; 2019
Pascal MOURGUE 1988-1989
Hélène MUGOT 1989-1990
Rauni MUSTONEN 1989
Patrick NAGGAR 1991-1993
Carolien NIEBLING 2017-2018
Bruno NINABER VAN EYBEN 1988-1989
Jean NOEL 1988-1989
Normal Studio 2013-2016
Jean NOUVEL 1988-1990
Maria NOVELLA DEL SIGNORE 1989-1990
Tina O’CONNELL 1989 ; 1996
OSMAN 1987-1990 ; 1993
Jean-Michel OTHONIEL 1990-1994 ; 1998-2000 ; 2002-2003 ; 2010
François PAIRE 1985-1986
Christodoulos PANAYIOTOU 2017-2019
Philippe PARRENO 1997 ; 2000
Philippe PARRENO/Pierre HUYGHE/M/M 2001
Izhar PATKIN 2003-2011
Marie PÉJUS/Christophe BERDAGUER 2009-2011
Giuseppe PENONE 1987-2000
Javier PEREZ 1998-2002 ; 2004
Nestor PERKAL 1994-1997 ; 2001
Gaetano PESCE 1987-1996 ; 2000 ; 2004 ; 2006
Mathieu PEYROULET-GHILINI 2013-2014
Claude PICASSO 1991-1992 ; 1997
Jean-Charles PIGEAU 1988-1989
Christophe PILLET 1993-1997
Hermann PITZ 1994
Anne et Patrick POIRIER 1985 ; 2005-2006 ; 2008-2009
Jacqueline PONCELET 1991-1992
Jérôme PORET 2016-2017
Pernelle POYET 2016-2017
Andrée PUTMAN 1991-1994
David RABINOWITCH 1995-1996
Radi Designers 1997-1998
Philippe RAMETTE 1996
Noël RAVAUD 2011
Michael RAY/Paul MATHIEU 1991-1993
Federico RESTREPO 1996-1997
Patrick RÉTIF 1987-1990
François RIBES 2005
Évariste RICHER 2015-2017
Julie RICHOZ 2012-2013
Samy RIO 2015-2016
Richard di ROSA 1991-1993
Pucci de ROSSI 1993-1996
Georges ROUSSE 1986
Jean-Claude RUGGIRELLO 1986
Frédéric RUYANT 2004
Remo SALVADORI 2017
Erik SAMAKH 1996-1997
SARKIS 2007
Emmanuel SAULNIER 1985
Christian SEBILLE 2018-
Jerszy SEYMOUR 2010-2011
Tom SHANNON 1989-1990 ; 1992
Brynjar SIGURDARSON 2011-2012
Julie SINGER 1997
Borek SIPEK 1988-1989
Vladimir SKODA 1989-1990
Ettore SOTTSASS 1998-2001 ; 2004-2007
Christian SOUCARET 1985-1986
Pierre SOULAGES 1987-1989
Maja SPASOVA 1996-1998
Jana STERBAK 1998-2004 ; 2006
Martin SZEKELY 1988-1989 ; 1991-1992 ; 1999-2000 ; 2009-2010
Lino TAGLIAPIETRA 1987-1994
Keiichi TAHARA 1986
Jonah TAKAGI 2016 ; 2017 ; 2019-2020
Frédéric THIECK-BRECK 1985-1986
Didier TISSEYRE 1985-1989
Rosemarie TROCKEL 1988-1989
Francisco TROPA 2016-2017
TUNGA 1999-2005
Naomi et Fumiaki UZAWA 1993-1995
Bert VAN LOO 1985 ; 1987-1988
Arnaud VASSEUX 2011-2013
Olivier VÉDRINE 1991-1992 ; 1994
Peer VENEMAN 1989
Françoise VERGIER 1989-1993 ; 1999-2003
Claude VIALLAT 1988
Sylvain WILLENZ 2008-2012
Robert WILSON 1994-2003
Terry WINTERS 1994 ; 2004 ; 2006
Betty WOODMAN 1993-1996 ; 2002-2005
Bill WOODROW 1997
Bill WOODROW/Richard DEACON 2006-2008
Anne XIRADAKIS 2011-2013

 

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