Qalqalah قلقلة : plus d’une langue au CRAC Occitanie

Du 7 mars au 24 mai 2020, le CRAC Occitanie à Sète propose « Qalqalah قلقلة : plus d’une langue », un projet qui rassemble plus d’une vingtaine d’artistes de différentes nationalités sous le commissariat de Virginie Bobin et Victorine Grataloup.

L’exposition emprunte le nom de Qalqalah قلقلة à celui de l’héroïne de deux nouvelles de la chercheuse et commissaire d’exposition égyptienne Sarah Rifky(1). Qalqalah قلقلة , artiste et linguiste habite un futur proche recomposé par la crise financière et les révoltes populaires des années 2010.

Serena Lee 2nd Tongues_Still 2
Serena Lee – Second Tongues, 2019. Vidéo. Courtesy de l’artiste

Les deux commissaires se sont inspirées des « méditations poétiques autour des langues, de la traduction et de leur pouvoir critique » de Qalqalah قلقلة pour construire une plateforme de recherche artistique en ligne, entre trois langues et deux alphabets – arabe, français et anglais – qui prend la forme d’une exposition au CRAC Occitanie.

Dans leur texte d’intention, Virginie Bobin et Victorine Grataloup précisent ainsi leurs ambitions :

« Le titre Qalqalah قلقلة : plus d’une langue orchestre la rencontre entre notre héroïne et une citation de Jacques Derrida. Dans Le monolinguisme de l’autre(2), le philosophe, né en 1930 en Algérie, raconte sa relation ambigüe à la langue française, prise dans les rets de l’histoire militaire et coloniale. Le livre s’ouvre sur une affirmation paradoxale : “je n’ai qu’une langue, ce n’est pas la mienne”, contredisant toute définition propriétaire, figée ou univoque de la langue – qu’il s’agisse de français (comme l’exprime joliment la chercheuse Myriam Suchet, lorsqu’on met un “s ” à français, il faut l’entendre comme un pluriel), d’arabe (enseigné comme “langue étrangère” dans l’Algérie coloniale et aujourd’hui deuxième langue parlée sur le territoire français dans ses déclinaisons dialectales) ou d’anglais (langue globalisée et dominante dans l’art contemporain).

Ces trois langues se retrouveront dans l’exposition, chacune porteuse d’enjeux politiques, historiques et poétiques qui s’entrecroisent et se répondent. L’exposition sera ainsi traversée de signes et de voix, rappelant que les langues sont inséparables des corps qui parlent et écoutent – tout·e locuteur·trice “s’exprimant également par le regard et les traits du visage (oui, la langue a un visage)”(3), pour reprendre les mots de l’écrivain et chercheur marocain Abdelfattah Kilito.

Les œuvres se font l’écho de langues multiples, hybrides, acquises au hasard de migrations familiales, d’exils personnels ou de rencontres déracinées. Langues maternelles, secondaires, adoptives, migrantes, perdues, imposées, vulgaires, mineures, inventées, piratées, contaminées… Comment (se) parle-t-on en plus d’une langue, en plus d’un alphabet ? Comment écoute-t-on, depuis l’endroit et la langue dans lesquels on se trouve ? L’exposition propose ainsi, en filigrane, d’interroger le regard que nous posons sur les œuvres en fonction des imaginaires politiques et sociaux qui nous façonnent.

La plupart des artistes invité·e·s placent d’ailleurs les modalités de publication, de circulation et de réception des œuvres au cœur de leur travail. Opérations de traduction, de translittération, de réécriture, d’archivage, de réédition, de publication, de montage, voire de moulage ou de karaoké, apparaissent comme autant de tentatives pour donner à voir et à entendre des histoires qui, parfois, se dérobent. Au-delà d’une approche linguistique, il s’agit bien d’ouvrir un espace où déployer des récits pluriels et des témoignages hétérogènes, en s’appuyant, en plus d’une langue, sur l’un des sens possibles du mot arabe قلقلة – « un mouvement du langage, une vibration phonétique, un rebond ou un écho(4) ».

1 Sarah Rifky, « Qalqalah : le sujet du langage », traduit de l’anglais (États-Unis) in Qalqalah n°1, ed. KADIST et Bétonsalon – Villa Vassilieff, 2015 ; puis « Qalqalah : penser l’histoire », traduit de l’anglais (États-Unis) par Yoann Gourmel in Qalqalah n°2, ed. KADIST et Bétonsalon – Villa Vassilieff, 2016
2 Jacques Derrida, Le monolinguisme de l’autre, ed. Galillé, 1996
3 Abdelfattah Kilito, Tu ne parleras pas ma langue, traduit de l’arabe (Maroc) ed. Actes Sud, 2008.
4 In « Qalqalah, le sujet du langage », ibid

On revient sur « Qalqalah قلقلة : plus d’une langue » après un prochain passage par le CRAC Occitanie.

Artistes invités : Lawrence Abu Hamdan, Sophia Al Maria, Mounira Al Solh, Noureddine Ezarraf, Fehras Publishing Practices, Benoît Grimalt, Wiame Haddad, Vir Andres Hera, institute for incongruous translation (Natascha Sadr Haghighian et Ashkan Sepahvand) avec Can Altay, Serena Lee, Scriptings #47 : Man schenkt keinen Hund, Ceel Mogami de Haas, Sara Ouhaddou, Temporary Art Platform (Works on Paper).

La plateforme en ligne Qalqalah قلقلة , sera disponible le 6 mars en même temps que le vernissage de l’exposition. Elle est soutenue par le Cnap (Centre national des arts plastiques).

À lire, ci-dessous, une brève présentation de Qalqalah قلقلة et quelques repères biographiques à propos des commissaires et des artistes. Ces informations sont extraites du dossier de presse.

En savoir plus :
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Qalqalah قلقلة  est une association à but non-lucratif fondée par Virginie Bobin (curatrice, chercheuse et traductrice, doctorante à l’Académie des Beaux-Arts de Vienne) et Victorine Grataloup (curatrice et enseignante à l’Université Paris I Panthéon- Sorbonne) à l’automne 2018. Qalqalah قلقلة  a pour but la création d’une plateforme d’échanges artistiques, de recherche et de traduction, sous la forme d’un espace éditorial en ligne (à paraître en mars 2020) mais aussi d’événements, d’ateliers et de conversations. Elle rassemble artistes, théoricien ·ne·s et chercheur·e·s internationaux·nales engagé·e·s dans l’articulation de problématiques artistiques, politiques et sociales, et particulièrement concerné·e·s par les enjeux liés à la traduction et aux interactions entre les langues, notamment les français, arabes et anglais. Le comité éditorial de Qalqalah قلقلة  est composé de Line Ajan, Virginie Bobin, Victorine Grataloup et Vir Andres Hera.

Qalqalah قلقلة  prend racines dans la revue Qalqalah fondée par Bétonsalon – Centre d’art et de recherche et KADIST Paris, active de 2015 à 2018. Elle emprunte son nom au personnage d’une nouvelle de fiction de Sarah Rifky, dont l’héroïne éponyme, artiste et linguiste habitant un futur proche, perd graduellement la mémoire dans un monde où les notions de langage, d’art, d’économie et de nation se sont effondrées sans bruit. Dans ce monde aux savoirs recomposés, fluides, dont on ne sait s’il est à espérer ou à craindre, le sens du mot arabe Qalqalah – « un mouvement du langage, une vibration phonétique, un rebond ou un écho » – résonne comme une possible tactique de navigation.

1 Sarah Rifky, « Qalqalah : le sujet du langage », traduit de l’anglais (États-Unis) in Qalqalah n°1, ed. KADIST et Bétonsalon – Villa Vassilieff, 2015

Virginie Bobin travaille au croisement de la recherche, des pratiques curatoriales et éditoriales, de la pédagogie et de la traduction. Depuis 2018, elle mène une recherche doctorale autour des enjeux politiques et affectifs de la traduction, dans le cadre du PhD-in-practice en recherche artistique de l’Académie des Beaux-Arts de Vienne. La même année, elle co-fonde avec Victorine Grataloup l’association QALQALAH قلقلة , plateforme d’échanges artistiques, de recherche et de traductions. Elle mène parallèlement un dialogue au long cours avec l’artiste Mercedes Azpilicueta, qui donne lieu à une exposition en trois volets présentée à CentroCentro (Madrid), au Museion (Bolzano) et au CAC Brétigny en 2019 – 2020.

Auparavant, elle a été Responsable des programmes de la Villa Vassilieff, lieu de résidences, de recherche et d’expositions qu’elle a co-créé en 2016. Elle a travaillé pour Bétonsalon – Centre d’art et de recherche, le Witte de With Center for Contemporary Art, Manifesta Journal, Les Laboratoires d’Aubervilliers et Performa, la Biennale de Performance de New York. Ses projets curatoriaux et de recherche ont été présentés dans des institutions internationales, telles que MoMA PS1, e-flux space ou Tabakalera. Outre ses contributions à diverses revues internationales, elle a dirigé deux ouvrages collectifs : Composing Differences (Les Presses du Réel, 2015) et Republications (en collaboration avec Mathilde Villeneuve, Archive Books, 2015).

Victorine Grataloup a étudié l’histoire et la théorie de l’art à l’EHESS et à l’Université Paris I Panthéon – Sorbonne, où elle est aujourd’hui chargée de cours, et a travaillé au Palais de Tokyo, à KADIST, Bétonsalon – Centre d’art et de recherche et au Cneai avant d’exercer ses fonctions de commissaire d’exposition en indépendante.

Elle collabore avec Virginie Bobin depuis 2018 au travers de l’association QALQALAH قلقلة , plateforme d’échanges artistiques, de recherche et de traductions ; et avec le collectif curatorial Le Syndicat Magnifique qu’elle a co-fondé en 2012. En 2020, elle est lauréate de la bourse de recherche curatoriale du Cnap avec un projet sur les acquisitions d’artistes du monde islamique. Elle travaille en parallèle avec l’École des Actes, structurelle culturelle inventant ses objets et modes de production au gré des besoins exprimés par ses participant·e·s et publics à Aubervilliers.

Lawrence Abu Hamdan est né en 1985 à Amman, Jordanie. Il vit et travaille entre Beyrouth et Dubai. L’oeuvre de Lawrence Abu Hamdan étudie les implications politiques et sociales du
son à travers la production de documentaires audio et narratifs, d’essais, d’installations audiovisuelles, de vidéos, de sculptures, de photographies, d’ateliers de travail et de performances. En 2013, son documentaire audio The Freedom of Speech Itself a été présenté comme preuve au Tribunal d’Asile de Grande Bretagne et l’artiste a été appelé à témoigner en tant qu’expert. Il continue depuis à réaliser des analyses sonores dans le cadre d’enquêtes judiciaires – et récemment, son travail a été utilisé dans la campagne de Defence for Children International, intitulée No More Forgotten Lives. D’autres enquêtes sonores ont été menées par l’artiste dans le cadre de ses recherches pour le laboratoire « Forensic Architecture » au Goldsmiths College de Londres, où il est également professeur associé.

Lawrence Abu Hamdan - Conflicted Phonemes, 2012.
Lawrence Abu Hamdan – Conflicted Phonemes, 2012. Courtesy de l’artiste et Galerie Mor Charpentier ©Marc Domage

Récemment, il a bénéficié d’expositions monographiques à la Hamburger Bahnhof de Berlin, à l’Institute of Modern Art de Birsbane, au Contemporary Art Museum de St. Louis et au Witte de With de Rotterdam en 2019, à la Chisenhale Gallery de Londres et au Hammer Museum de Los Angeles en 2018.
Ses oeuvres et ses performances ont été montrées à la Biennale de Venise (2019) ; la Tate Modern (2018) ; la Biennale de Sharjah (2019-2017) ; au Centre Pompidou (2017) ; ou encore à la Biennale
de Gwanju (2016), entre autres. Il a été lauréat du Abraaj Art Prize en 2017 et du Nam June Paik Awards en 2016. Il est co-lauréat du Turner Prize 2019.

Sophia Al Maria vit et travaille à Londres. Artiste, autrice et réalisatrice, elle a étudié la littérature comparée à l’Université Américaine du Caire et les cultures visuelles et aurales à l’Université Goldsmiths à Londres. Depuis quelques années, elle mène des recherches autour du concept de Gulf Futurism [futurisme du Golfe]. Elle s’intéresse particulièrement à l’isolement des individus causé par la technologie et l’Islam réactionnaire, aux éléments corrosifs du consumérisme et de l’industrie, à l’effacement de l’histoire et à l’aveuglement envers un futur que nul·le n’est prêt·e à affronter. Elle est l’autrice de Sad Sack, Virgin With A Memory et The Girl Who Fell To Earth.

Son travail a été montré dans des expositions monographiques et collectives à la Tate Britain, Londres ; à la Fondazione Pomodoro, Milan ; à la Whitechapel Gallery, Londres en 2019 ; à Mercer Union, Images Festival, Toronto en 2018 ; à la Biennale of Moving Images, Miami ; CCS Bard Gallery, NY ; la Villa Empain Fondation Boghossian, Bruxelles ; au Ullens Centre for Contemporary Art, Pékin ; au Shanghai Project, Shanghai ; à La Casa Encendida, Madrid ; au Museum of Contemporary Art, Chicago en 2017 ou encore au Whitney Museum of American Art, New York en 2016, pour les plus récentes.

Mounira Al Solh (née en 1978 à Beyrouth) vit et travaille entre Beyrouth et Amsterdam. Elle a étudié la peinture à l’université libanaise de Beyrouth (1997 – 2001) puis les Beaux-Arts à l’Académie Gerrit Rietveld d’Amsterdam (2003 – 2006) avant de devenir résidente de la Rijksakademie à Amsterdam (2007 – 2008). Son travail visuel prend aussi bien la forme de vidéos et d’installations vidéos que de peintures, de dessins, de broderies et de gestes performatifs. Maniant l’ironie et l’introspection, ses oeuvres socialement engagées s’attachent à des problématiques féministes et aux formes d’émergence de la micro-histoire, de façon parfois détournée. En 2008, Mounira Al Solh a fondé NOA Magazine, un « geste performatif » co-édité avec Fadi El Tofeili et Mona Abu Rayyan, ou encore Jacques Aswad (NOA III), entre autres.

Son travail a été montré dans des expositions monographiques à l’Art Institute Chicago (2018) ; ALT, Istanbul (2016) ; au KW Institute for Contemporary Art, Berlin (2014) ; au Center for
Contemporary Art, Glasgow (2013) ; à Art in General, New York (2012) ; et au Stedelijk Museum Bureau, Amsterdam (2011). Ainsi que dans des expositions collectives au Carré d’Art Musée d’art contemporain de Nîmes ; à la documenta 14, Athènes & Kassel ; à la 56e Bienniale de Venise ; au New Museum, New York ; à Homeworks, Beyrouth ; à la House of Art, Munich ; et à la 11e Biennale Internationale d’Istanbul.

Noureddine Ezarraf (né en 1992) vit et travaille à Marrakech (Maroc). Il se définit comme « artiste autodidacte et poète bricoleur », et par son travail multidisciplinaire opère dans une oscillation constante entre poésie et action, archive-objet et oraliture.

Il a développé ces dernières années des actions de rue, des interventions, des lectures poétiques, des travaux vidéographiques et plastiques dans différents lieux à Marrakech, Casablanca,
Madrid, Bruxelles, Malte et Londres.

Fehras Publishing Practices (Sami Rustom, Omar Nicolas and Kenan Darwich) est un collectif d’artistes fondé à Berlin en 2015. Les recherches du collectif portent sur l’histoire et la présence des pratiques éditoriales en relation avec les sphères socio-politiques et culturelles de l’Est de la Méditerranée, du Nord de l’Afrique et des diasporas arabes, avec un intérêt particulier pour les liens entre édition et historiographie de l’art. Elles interrogent le rôle de la traduction comme outil de domination culturelle dans ses formes traditionnelles et modernes, mais aussi comme moyen de créer des solidarités et de déconstruire le pouvoir colonial. Pour Ferhas, les pratiques éditoriales offrent la possibilité de créer, transférer et accumuler des savoirs. Les projets du collectif prennent ainsi différentes formes : expositions, films, livres, conférences, performances.

Parmi leurs projets récents : Borrowed Faces, Stories of Publishers during the Cold War, n.b.k., Berlin (2019) ; Disappearances. Appearances. Publishing, EMST, Athènes (2018) ; Soapy post modern bathwater, 13e Biennale de Sharjah, Tamwuj, Sharjah (2017), Waiting Trajectory, Haus der Kulturen der Welt, Berlin (2017).

Benoit Grimalt est né en 1975 à Nice. Il est diplômé de l’École des Gobelins en photographie. Il est donc photographe. Mais pas seulement puisqu’en 2009, il réalise un film documentaire (Not all fuels are the same). Il est donc aussi réalisateur. Mais pas seulement puisqu’en 2012, il publie un livre de dessins (16 photos que je n’ai pas prises). Il est donc aussi un peu dessinateur.

En 2017, il réalise un second documentaire (Retour à Genoa City) qui aura plus de succès que le premier puisque primé dans de nombreux festivals (Quinzaine des réalisateurs, Cinémed, Premiers plans…).

Wiame Haddad est née en 1987 à Lille d’un père tunisien et d’une mère marocaine. Après avoir résidé entre le Maroc, la Tunisie et la France, elle vit actuellement à Paris. Elle a obtenu son DNSEP (Diplôme national supérieur d’expression plastique) à l’École supérieure d’art et de design de Valenciennes en 2012 et a passé une année ERASMUS à l’École nationale supérieure des arts visuels de la Cambre à Bruxelles. Elle a bénéficié de nombreuses résidences artistiques notamment au Maroc avec l’Institut français du Maroc (2015), l’Atelier de l’Observatoire (2016) et le Cube – independent art room (2016) et a été lauréate en 2018 de la Cité Internationale des Arts de Paris. Elle développe des projets artistiques et photographiques qui se nourrissent de tout ce qui met en évidence la manière dont le corps exprime une situation d’enfermement, de conflit intérieur, ou de conflit provoqué par un contexte historique ou social, se focalisant ainsi sur le corps comme signifiant du politique.

Wiame Haddad, Objet de Tazmamart, 2016
Wiame Haddad, Objet de Tazmamart, 2016. Photographie. Courtesy de l’artiste

Elle a reçu le prix « coup de coeur » du jury du prix LE BAL de la jeune création avec ADAGP en 2015, ainsi que le prix « Pharisien» du Sept Off de la 19e édition du Festival de la Photographie Méditerranéenne de Nice en 2017. Elle est également lauréate des bourses de la Fondation arabe pour l’art et la culture (AFAC) en 2017 et du Production Awards Programme de La Ressource Culturelle Mawred el Thaqafy en 2018 pour son projet In Absentia. Elle a notamment présenté son travail au sein d’expositions collectives à l’Université de Boston (2019), à la Villa Empain Fondation Boghossian à Bruxelles (2018), à l’Institut du Monde Arabe (2018), au MACAAL Musée d’Art Contemporain Africain d’Al Maaden à Marrakech (2018),à l’Institut français de Tunis (2016), à la Dubaï Photo Exhibition (2016) et aux Rencontres Internationales de la Photo de Fès (2016).

Vir Andres Hera, né à Yauhquemehcan (Mexique), vit et travaille en France. L’imaginaire de Vir Andres se dit en plusieurs langues : le français, l’espagnol, le créole, l’aztèque et d’autres langues amérindiennes. Toutes ses réalités de la langue se mélangent. Ses images, ses représentations s’expriment toujours par la vidéo, mais avec une idée plus large d’écriture tant le récit est important. Dans ses vidéos, tout est mystérieusement parsemé d’histoires et de ses anecdotes étranges, de littérature et de ses récits lointains, de mythes religieux et de ses figures oniriques, de paysages sacrés. Avec douceur, rien y n’est jugé supérieur ou vrai, tout est humble et poétique, mis en doute ou révélé, sans temps ni identité. (Texte de Julie Gil Giacomini)

Vir Andres Hera est également membre du Comité éditorial de QALQALAH قلقلة . Il est actuellement doctorant à l’Université du Québec à Montréal et au Fresnoy – Studio national des arts contemporains. Sa recherche, « Hétéroglossies littéraires » porte sur la coexistence de différentes langues au sein des récits mythologiques.

The institute for incongruous translation a été fondé en 2010 par Natascha Sadr Haghighian et Ashkan Sepahvand afin d’encourager la discorde et la négociation en traduction. L’institut conçoit la traduction comme la réverbération polyphonique de voix qui ne sauraient s’harmoniser complètement, mais qui continuent pourtant de dialoguer en se reflétant. Une traduction incongrue procède par associations marginales plutôt qu’à partir d’une signification centrale.

Le travail de Serena Lee – transdisciplinaire, collaboratif et aléatoire – est nourri de sa fascination pour la polyphonie et son potentiel radical. Elle collabore aussi au collectif Read-in, dont les recherches portent sur la lecture comme pratique politique, incarnée et située ; et avec l’artiste Christina Battle sous le nom de SHATTERED MOON ALLIANCE.

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Serena Lee – Second Tongues, 2019. Vidéo. Courtesy de l’artiste

Ses projets récents ont été montrés à Cubitt (Londres), à la transmediale (Berlin), la Mitchell Art Gallery (Edmonton), au Museum of Contemporary Art (Toronto), et à la Whitechapel Gallery (Londres). Serena est titulaire d’un Master of Fine Arts du Piet Zwart Institute de Rotterdam et d’un Associate Diploma in Piano Performance du Conservatoire Royal de Musique du Canada. Elle vit aujourd’hui à Vienne pour poursuivre ses recherches de PhD à l’Académie des Beaux-Arts. Elle est née à Tkaronto/Toronto au Canada et à un moment donné, sa première langue était le Cantonais.

Scriptings #47 : Man schenkt keinen Hund (On n’offre pas des chiens) est un projet de livre et d’exposition en plusieurs parties, conçu par Christine Lemke en collaboration avec Achim Lengerer, deux artistes basé·e·s à Berlin. Il rassemble des auteur·trice·s, des activistes, des artistes, des étudiant·e·s en allemand langue étrangère et des enseignant·e·s, parmi lesquel ·le·s Richard Djif, Bahati Glaß, Maria Iorio & Raphaël Cuomo, Karen Michelsen Castañón avec Pedro Abreu Tejera, Daniela Carrasco, Katty Moreno Bravo et Mauricio Pereyra, Christine Lemke, Kınay Olcaytu Okzidentalismus-Institut, Romy Rüegger, Janine Sack et Jan Timme.

Conçu comme un projet de recherche ouvert, Man schenkt keinen Hund propose différentes approches ou stratégies artistiques, théoriques et militantes afin d’interroger les discours identitaires nationaux autour du concept d’« intégration ». En décortiquant les ouvrages pédagogiques employés dans les cours d’« intégration » mis en place en Allemagne suite à la loi d’immigration de 2005, le projet déconstruit les manifestations thématiques, icononographiques, pédagogiques et linguistiques de ces discours.

Ceel Mogami de Haas (né en 1982) vit et travaille entre Amsterdam (Pays-Bas) et Genève (Suisse). Son travail explore notamment les relations entre écriture et animalité dans l’histoire culturelle des représentations, allant de la sculpture au dessin en passant par l’écriture, l’installation et la vidéo. La poésie en constitue une des références essentielles. À la fois cadavre exquis et rébus, les oeuvres jouent de l’intertextualité comme de l’interpicturalité.

Ceel Mogami de Haas, Rain, spit, snow, 2018, 73,1 x 97,2 cm
Ceel Mogami de Haas, Rain, spit, snow, 2018, 73,1 x 97,2 cm. Courtesy de l’artiste

Diplômé de la Rijksakademie (Amsterdam, Pays-Bas), Ceel Mogami de Haas est par ailleurs l’un·e des cofondateurs·trices de l’artist-run space One Gee In Fog à Genève, et membre du
projet communautaire “Bookstore” à Amsterdam.

Née en France d’une famille Marocaine, la double culture de Sara Ouhaddou façonne sa pratique artistique comme un langage continu. Elle a étudié à l’École Olivier de Serres à Paris. En nous faisant partager ses interrogations sur les transformations de son héritage, elle met en tension les arts traditionnels marocains et les codes de l’art contemporain afin de mettre en perspective et rendre visibles les continuités culturelles oubliées de la création.

Elle a participé aux expositions suivantes : Islamic Art festival, Sharjah (2017-2018), Crafts Becomes Mordern, Bauhaus Dessau Fondation (2017) ; la Biennale de Marrakech (2016). Ses expositions monographiques ont été présentées au Moulin d’Art Contemporain de Toulon (2015) ; à la Gaité Lyrique, Paris (2014) ; et à l’Institut Français de Marrakech (2014). Parmi les prix qu’elle a reçus : Arab Fund for Art and Culture (2014) ; et Un Pourcent Art Contemporain NYC, Projet Little Syria (2017).
Elle a été résidente à : l’Appartement 22, Rabat (2017) ; Culturunner, New-York (2016) ; Think Tanger, Tanger (2016) ; Edge Of Arabia ISCP, New-York (2015) ; Dar Al Ma’mun, Maroc (2014 et 2013) ; et Trankat, Maroc (2014). Elle est représentée par la Galerie Polaris, Paris.

TEMPORARY. ART. PLATFORM (TAP) a été créée en 2014 à Beyrouth par la curatrice Amanda Abi Khalil, dans le but de promouvoir la production de projets, commandes et résidences artistiques touchant aux pratiques sociales et aux espaces publics au Liban. La structure de cette plateforme curatoriale et ses modes de programmation organiques et irréguliers permettent un engagement approfondi envers le contexte dans lequel la plateforme se déploie, tout en mettant l’accent sur la production de savoirs et les relations locales. TAP s’intéresse également à des formes de recherche juridique et artistique encourageant la conception de projets artistiques et curatoriaux en dehors du monde de l’art, en collaboration avec des partenaires publics et privés. Depuis sa création, TAP s’est efforcée de faciliter les interventions artistiques au sein d’espaces publics physiques et immatériels ; de développer le débat autour de thèmes sociaux, et de placer les communautés au coeur de la réception de l’art contemporain, tout en offrant aux artistes des opportunités de production et de création uniques. TAP est une association à but non-lucratif coordonnée par Nour Osseiran.

En 2016, TAP commandite une série de 12 interventions artistiques dans quatre journaux (quotidiens) libanais – Assafir, Al Akhbar, The Daily Star, et L’Orient Le Jour – en collaboration avec APEAL (the Association for the Promotion and Exhibition of the Arts in Lebanon). Intitulé Works on Paper, ce projet proposait une réflexion autour des journaux en tant qu’espace d’engagement avec le public.

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