Jusqu’au 3 janvier 2012, le CRAC (Centre Régional d’Art Contemporain Occitanie / Pyrénées-Méditerranée) accueille Than Hussein Clark pour « A Little Night Music (And Reversals) » une très singulière exposition inspirée par Tanger et la scène artistique qu’y est développée au XXe siècle.
Avec une étonnante occupation des espaces du CRAC, un sens magistral du récit, une théâtralité exubérante et une élégante excentricité, Than Hussein Clark embarque le visiteur dans un « labyrinthe de références et d’histoires entremêlées ». Il joue avec malice, ambivalence, et provocation d’un principe d’inversion et de retournement qui irrigue toute l’exposition, depuis le parcours de visite jusqu’aux œuvres elles-mêmes.
Il emprunte son titre à celui d’une comédie musicale à succès créée à Brodway en 1973, adaptation du film Sourires d’une nuit d’été tourné par Ingmar Bergman en 1955. (And Reversals) constitue le fil conducteur d’un parcours déroutant, mais particulièrement abouti.
Dans ce dédale narratif, il multiplie les renvois érudits à l’histoire de l’art, interroge la domination coloniale, l’impérialisme culturel et l’ambiguïté des relations avec une trentaine d’œuvres produites pour l’exposition.
Souvent spectaculaire, l’accrochage, parfaitement maîtrisé, enchaîne les changements de perspectives et de focales comme autant de points de vue sur la ville de Tanger et son histoire.
Dans un parcours construit comme un synopsis savant et souvent étourdissant, jouant du collage et du « cut-up », évoquant ici et là le genre de la comédie musicale, il convoque les figures de Paul Bowles, Gertrun Stein, Yves Saint Laurent et Pierre Bergé, Barbara Hutton, Renaud Camus, Jean Genet, David Herbert, Truman Capote, Matisse, ou encore de Tennessee Williams et des auteurs de la Beat Generation tels que William S. Burroughs et Allen Ginsberg.
À plusieurs occasions, ces personnages « croisent » le poète James Loop qui a traversé en 2019 la Méditerranée de Sète et Tanger en compagnie des assistants de Than Hussein Clark, resté lui en Europe faute de passeport valide…
D’un bref séjour dans la ville marocaine, l’artiste ramènera une invraisemblable collection de pendules et un ensemble de paravents tissés et brodés par des artisans marocains avec lesquels il raconte quelques séquences de l’histoire coloniale.
Parmi les nombreuses et subtiles évocations des relations homosexuelles qui émaillent avec tact «A Little Night Music (And Reversals) », on peut découvrir un insolite portant pour une doublure de manteau brodée d’un poème de James Loop, à propos de Jean Genet. Cet objet curieux est l’impression 3D d’un dessin de Cy Twombly réalisé lors de son séjour avec Robert Rauschenberg à Tanger en 1951/52.
L’expérience de visite est étourdissante. Elle conduit le spectateur dans une chronologie troublante où, comme l’affirme Than Hussein Clark, la première salle est en fait la dernière. À la fin du parcours (ou au début), il souhaite avec malice « Welcome you to your journey in back home / Bienvenue pour votre retour chez vous ! »…
Même avec une bonne connaissance de l’histoire artistique de Tanger au XXe siècle et de la colonisation du Maroc, le recours au guide de visite est indispensable pour apprécier toute la richesse et la subtilité des œuvres produites par Than Hussein Clark et pour percevoir les multiples relations qui les connectent à travers « A Little Night Music (And Reversals) ».
La proposition de Than Hussein Clark s’inscrit dans le cadre de « Reverse Universe », un projet conçu par Marie de Brugerolle, commissaire de l’exposition, qui tente de proposer une « traversée des mondes imaginaires » de Than Hussein Clark et de Luigi Serafini.
On reviendra éventuellement sur l’exposition de Serafini après un second passage au CRAC Occitanie. En effet, les premières impressions à propos de « Sur terre et sur mer avec le Codex Seraphinianus » ont terriblement souffert de la visite préalable de «A Little Night Music (And Reversals) ».
Celles et ceux qui avaient apprécié le travail de Than Hussein Clark dans « His Leftover Heart (Pauly et Cie) », présenté par a galerie Crèvecoeur en 2018 à Marseille, ne manqueront pas faire le déplacement à Sète.
Pour les autres, la découverte de « A Little Night Music (And Reversals) » est incontournable.
À lire, ci-dessous, un compte rendu photographique accompagné des textes du guide de visite et de repères biographiques à propos de Than Hussein Clark
En savoir plus :
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Than Hussein Clark – A Little Night Music (And Reversals) : Regards sur l’exposition et textes du guide de visite
A Little Night Music (And Reversals) : Salle 1
Le visiteur est accueilli dans la première salle par une scène en damier, référence à la Villa Mabrouka qu’Yves Saint-Laurent et Pierre Bergé acquièrent à Tanger. Ils passent commande d’une décoration d’intérieur dans le style d’« un anglais excentrique qui se serait installé à Tanger dans les années 50. »
Sur cette scène, Than Hussein Clark dispose un mannequin qui évoque la riche héritière Barbara Hutton, venue s’installer à Tanger dans les années 40, après une vie de déboires familiaux, médiatiques et amoureux dignes d’un film hollywoodien.
Cette femme au destin hors norme est représentée sous la forme d’un squelette démembré, incarnant une vanité moderne tout autant qu’un mode de vie extravagant et poussé à l’extrême. À la fin de sa vie, affaiblie et malade, Barbara Hutton prend la décision de se faire porter et de littéralement ne plus toucher le sol, répondant à ses détracteurs qu’elle « pouvait se le permettre ». Le squelette grimé descend d’un escalier d’avion, figure d’outre-tombe et hors sol tout à la fois, qui renvoie à l’ambivalence du rapport à ce sol sur lequel on vient vivre.
En vis-à-vis de cette installation, un immense tissu de chintz tendu sur châssis déploie un motif de roses. Les dimensions de cette œuvre correspondent très exactement au tableau d’Antoine Jean Gros de 1804 intitulé Bonaparte visitant les pestiférés de Jaffa, toile monumentale réalisée selon les canons de la peinture d’histoire, et qui reprend un événement lié à l’histoire des guerres napoléoniennes à la fin du XVIIIe et au début du XIXe tiède. La campagne d’Égypte et de Syrie est une expédition militaire destinée à s’emparer d’un espace commercial stratégique. La toile s’inscrit dans le courant artistique orientaliste qui marque au XIXe siècle l’intérêt des peintres et des écrivains pour les pays du Maghreb et du Levant, et dont la traduction visuelle parfois fantasmée véhicule encore aujourd’hui des stéréotypes très forts.
Trois autres toiles de chintz ponctuent l’exposition dans les salles suivantes, reprenant les dimensions de peintures liées au Maroc Les convulsionnaires de Tanger (1837) et Le Sultan du Maroc (1845) toutes deux d’Eugène Delacroix et Fête juive à Tétouan d’Alfred Dehodencq (1865). Le mouvement orientaliste dans lequel ces références s’inscrivent est à mettre en regard de l’histoire de la colonisation et de l’impérialisme culturel qui informe encore largement les imaginaires. Pour autant les toiles dont il est question dans les titres sont remplacées ici par des toiles de chintz, dont le motif a été dessiné par la décoratrice américaine Rose Cummings (1887-1968). C’est ce même tissu qui a été commandé par Saint-Laurent pour décorer la Villa Mabrouka. Dans un principe d’inversion et de retournements que l’on retrouve partout dans l’exposition, les pétales sont de couleur verte et la tige rose. Le jeu sur les motifs et les couleurs est une manière cryptée de signifier l’homosexualité des hôtes de la Villa.
Une série de 10 textes intitulée Legend a été conçue par le poète américain James Loop, suite à son voyage de Sète à Tanger en 2019, en compagnie de l’équipe de Than Hussein Clark.
Ils voisinent avec un magnétophone à bandes magnétiques dans une valise, diffusant une musique recomposée de l’écrivain et musicien américain Paul Bowles (1910-1999). La partition d’origine intitulée Lettre à Freddy fait référence au surnom que lui donnait la poétesse américaine Gertrude Stein (1874-1946). Than Hussein Clark renvoie à nouveau à des figures artistiques du XXe siècle qui font le choix de l’expatriation, à Paris pour G. Stein, à Tanger pour P. Bowles.
A Little Night Music (And Reversals) : Salle 2
Than Hussein Clark produit pour l’exposition une trentaine de nouvelles œuvres, comme autant de regards sur la ville de Tanger. C’est le cas de l’installation composée de huit étagères et 365 horloges collectées sur place. Chaque étagère porte un titre lié à un moment de l’histoire du Maroc au XXe siècle comme par exemple Le Sultan signe sous la contrainte (mars 1912) qui renvoie à la signature du traité de protectorat entre la France et le Maroc à Fès. Une autre étagère mentionne l’année 1956, soit le début de l’indépendance du Maroc et la fin de Tanger en tant que « Zone Internationale », c’est-à-dire administrée jusque-là par les États-Unis et plusieurs pays européens.
La série intitulée Le remplaçant qui a pleuré le remplacement est composée de vingt collages photographiques rehaussés d’encre et d’un poème de James Loop. Les pages d’un livre publié en 2019 intitulé The Homes and Garderas of Tangier (Maisons et jardins de Tanger) sont combinées avec le livre de photographies Autoportraits de l’écrivain Renaud Camus.
Utilisant le photomontage comme méthode critique, dans la lignée des Dadaïstes et du « cut-up » de la Beat Generation, l’artiste retourne la menace en une caricature grotesque. Proche du parti socialiste dans les années 70 et 80, Renaud Camus est aussi une des voix de la communauté homosexuelle dans les années 70 et contribue à la revue Le Gai pied avant de basculer vers des positions d’extrême droite et de théoriser la notion xénophobe de « grand remplacement », selon laquelle un processus délibéré de remplacement de la population européenne par une population non européenne serait à l’œuvre. Par le jeu de la découpe, du collage et du remontage, Than Hussein Clark remplace « le remplaçant » et recombine les espaces et les lieux.
En regard de cette installation, Than Hussein Clark présente une vidéo constituée de l’ensemble des plans du film Casablanca (réalisé par Michael Curtiz en 1942) : l’histoire se déroule pendant la Seconde Guerre Mondiale dans la ville de Casablanca, alors contrôlée par le régime de Vichy ; le film est entièrement remonté à l’envers, provoquant un décalage et une remontée dans le temps du film qui en perturbe la lecture.
A Little Night Music (And Reversals) : Salle 3 (Couloir)
L’exposition convoque ici la figure de l’écrivain, dramaturge et militant Jean Genet (1910-1986) qui séjourne régulièrement au Maroc où il fait construire (à Larache, au sud de Tanger) une maison pour son amant et sa famille. C’est aussi là que Genet est enterré.
La série de mises en scène photographiques que Than Hussein Clark réalise devant la tombe de l’écrivain fait écho à la force transgressive de celui-ci, à la liberté sexuelle, politique et intellectuelle qui le caractérise, tout autant qu’à son revers paradoxal, fait de clandestinité et d’enfermement. À l’inverse des trois singes de la sagesse qui se cachent les yeux, les oreilles et la bouche, Than Hussein Clark propose de voir, entendre et parler.
La tragédie des confidentes est le titre initial que Genet donne à sa première pièce de théâtre Les Bonnes (1947) qui met en scène les sentiments ambivalents de deux bonnes entre elles et vis-à-vis de leur maîtresse. La pièce est un continuel jeu de rôle, de travestissement des identités, de transgression des règles et du statut social.
Il est question de Paul Bowles dans l’œuvre intitulée Sans titre ou le seau d’eau : le visage d’écrivains, conteurs et peintres marocains est encapsulé dans une couche de résine, au fond de différents bidons de lait : le peintre et écrivain Mohamed Mrabet (né en 1936 à Tanger), le peintre et conteur Aluned Yacoubi (1928 —1985) et le conteur Abdeslam Boulaich sont figurés dans un dispositif de vision surplombante. Ces artistes étaient tous proches de l’écrivain américain Paul Bowles qui a transcrit et traduit certains de leurs textes en anglais. Paul Bowles s’établit en 1947 à Tanger où le rejoignent Tennessee Williams ou les auteurs de la Beat Generation comme Burroughs et Ginsberg. S’il joue le rôle de passeur et de traducteur de ces auteurs marocains, sa position vis-à-vis d’eux n’en est pas moins ambivalente.
A Little Night Music (And Reversals) : Salle 4
Cette salle reprend le motif de damier et la scénographie de la première salle en ajoutant de nouveaux éléments scéniques, telle cette série de fenêtres en verre bleu Majorelle qui renvoie aux peintures réalisées par Matisse lors de ses séjours à Tanger en 1912, à la recherche d’un nouveau souffle, après les expérimentations de la période Fauve. Depuis sa chambre d’hôtel, Matisse réalise une série de vues sur la ville et la mer. Si la fenêtre cadre et ouvre sur un point de vue, elle est aussi ce qui sépare et met à distance.
Une cabine de douche en fonctionnement diffuse une contrefaçon de Divine, parfum développé en 1948 par l’industriel Jacques Guerrin, dont la passion pour les livres l’amène à fréquenter l’intelligentsia française des années 40 et entre autres Genet. Le nom du parfum est un hommage à Divine, personnage du premier roman de Genet, Notre-Dame des Fleurs écrit en prison et publié en 1943. Genet y évoque une communauté marginale de travestis et trouble dans l’écriture l’utilisation du genre des personnages. « Je vous parlerai de Divine, au gré de mon humeur mêlant le masculin au féminin ».
Aux murs, une série d’affiches de cinéma de divers réalisateurs marocains est en partie peinte et oblitérée. En cachant une partie des affiches d’origine, ce sont aussi les clichés et les stéréotypes qui sont révélés et renvoient à l’imaginaire collectif tel qu’il est véhiculé par l’industrie cinématographique.
Sur un banc de piano est déposé le tapuscrit d’un scénario inédit de film écrit par Genet et intitulé Le bleu de l’oeil.
A Little Night Music (And Reversals) : Salle 5
Than Hussein Clark découpe des pianos, qui n’en finissent pas de tomber, comme les idoles et les empires. Mr. Chester or Falling Down a Staircase est un piano en pièces détachées coulées dans la résine et articulées. Sa présence familière et inquiétante crée une scansion dans l’espace et rappelle le danger de la chute toujours possible. Le déclin des formes redouble celui des conventions.
Une petite musique de nuit s’échappe d’un moniteur-écran, dont l’image sur-incrustée suspend la narration habituelle.
Dans cette dernière salle, des paravents tissés au Maroc reprennent des dessins de Than Hussein Clark inspirés par la « course Coca-Cola », course organisée traditionnellement par les garçons de café de Tanger.
Ici, Than Hussein Clark combine savoir-faire local et artisanat avec la domination culturelle d’une marque américaine, dans une économie globalisée.
Trois pupitres présentent des textes publiés en 1971, désignés ici comme des « partitions » susceptibles d’être chantées. Les textes évoquent la liberté sexuelle que ce soit avec le Manifeste des 343 publié par le Nouvel Observateur ; sa reprise par le Front de Libération Homosexuel dans le numéro 12 de la revue Tout !, et la republication du Rapport contre la normalité par le Front Homosexuel d’Action Révolutionnaire. Annotés par l’artiste, les documents deviennent des indices pour comprendre la perspective critique de l’exposition, à l’intersection des questions de genre, de classe, de sexualité et de race.
A Little Night Music (And Reversals) : Salle 6
À l’étage, le visiteur retrouve les œuvres de la série After (D’après) dans laquelle l’artiste remplace des peintures orientalistes par une toile de chintz aux motifs de roses.
Une série de photographies et un journal de bord rendent compte d’une traversée de Sète à Tanger effectuée par le poète James Loop et deux assistants de l’artiste. Faute de passeport à jour, Than Hussein Clark est retenu à la frontière et ne peut les rejoindre.
Une autre série d’images Polaroids relate quant à elle le voyage mené aux abords du château de l’écrivain Renaud Camus. Celui-ci dédicace son livre sur les architectures fortifiées à Nelson Dyar protagoniste du roman de Paul Bowles Let It Come Down (Après toi le déluge) paru en 1952, récit de la chute sociale et morale d’un américain à Tanger.
Une veste confectionnée à partir d’un tissu de soie rose est brodée avec les dessins de Than Hussein Clark et des textes de James Loop, écrits lors de sa visite sur la tombe de Genet. Cette œuvre renvoie à une lettre non publiée de l’écrivaine Violette Leduc qui évoque les pardessus sur mesure de Genet, dont les doublures étaient d’un rose vif marquant. Entre ce que l’on montre et ce que l’on cache, le dessus et le dessous, cette œuvre propose un énième retournement et principe d’inversion des espaces et des genres.
Than Hussein Clark – Repères biographiques
Né en 1981 à Exeter, New Hampshire (États-Unis).
Vit et travaille à Londres (Angleterre) et Hambourg (Allemagne).
Than Hussein Clark est un artiste, designer, interprète, réalisateur et écrivain basé à Londres, Hambourg et Berlin. Son travail explore les économies et les histoires tirées de l’architecture, des arts décoratifs et du théâtre pour explorer les nouvelles trajectoires des objets queer et des subjectivités actuelles.
Than Hussein Clark travaille en tant qu’artiste indépendant ainsi qu’au sein du Villa Design Group, qu’il a co-fondé en 2011. Il est également membre du comité de rédaction de la société Montez Press basée à Hambourg et co-fondée par l’artiste en 2012. Après des études à New York et Los Angeles, il est diplômé en histoire de l’art à Edimbourg et à Londres, et poursuivi ses études d’art au Goldsmiths College de Londres et à l’Université des Beaux Arts de Hambourg.
Il est représenté par Mathew Gallery à Berlin et New York, VIVII à Oslo et Karin Guenther à Hambourg. (Source : https://www.cnap.fr/hussein-clark)
Expositions personnelles
Source : https://galeriecrevecoeur.com/artists/than-hussein-clark/bio
2020 A Little Night Music (And Reversals), CRAC Occitanie, Sète (FR)
2019 The Paintings of Selma Vaz Dias, Damien & The Love Guru, Brussels (BE)
L’Isola Dei Baci (Disappearing Acts), KURA. c/o Fonderia Artistica Battaglia, Milano (IT)
2018 His Leftover Heart (Pauly et Cie), Crèvecoeur, Marseille (FR)
The Director’s Theatre Writer’s Theatre, GAK Bremen, Bremen (DE)
2017 Recognition (Love at the Frankfurt Autoshow), VI VII, Oslo (NO)
Hollywood Regency, Crèvecoeur, Paris (FR)
Parcours, Art Basel 2017, Basel (CH)
2016 A Month In The Country, Karin Guenther Gallery, Hamburg (DE)
The Tragedy Machine (with Villa Design Group), MIT List Visual Arts Centre Boston (US)
Tête a Tête (A Doll’s House), Frans Hals Museum, Haarlem (NL)
2015 Meatlocker (with Villa Design Group), Art Basel Miami Solo (CH)
Presentation with Mathew Gallery, Miami (US)
Frieze Frame, Solo Presentation with Mathew Gallery, Frieze New York, New-York (US)
DEBTS (Erotic Review Sinai), Futura, Prague (CZ)
Authorizations (L’aigle à deux têtes), Mathew Gallery, New-York (US)
The Violet Crab, David Roberts Art Foundation, London (UK)
The Bernard Natan Centre for the Arts, with Villa Design Group, Mumok, Vienna (AT)
2014 Inauguration of the Russian Season: The House of Adelaida (RU)
Ivanovna, with Villa Design Group, Edinburgh Art Festival, Edinburgh (UK)
Solo Presentation with Mathew Gallery, Liste 2014, Basel (CH)
Sessions, with Christiane Blattmann, Amstel 47, Amsterdam (NL)
Vengeance… Oh Libya!, WCW Gallery, Hamburg (DE)
2013 Waves (Das Glückliche Rothschild), Mathew Gallery, Berlin (DE)
Expositions collectives :
2020 Jacques de Bascher, Treize, Paris (FR)
2019 Futomomo, CAC Brétigny – centre d’art contemporain, Brétigny (FR)
2018 School of Pain, Art in General, New York (US)
Condo, Crèvecœur, New York (US)
Deux sens du décoratif, CAC Passerelle, Brest (FR)
Room Raiders, Mathew Gallery, New York (US)
2017 Art Basel Miami, Nova section, w. Crèvecoeur (FR)
2016 WHO ARE YOU?, Salts, Basel, Switzerland (CH)
Exhume / Consume, Mathew NYC, New-York (US)
Carpet For A Lord, Supportico Lopez, Berlin (DE)
The King And The Mockingbird, Vermillion Sands, Copenhagen (FDK)
Liverpool Biennial, with Villa Design Group, Liverpool (UK)
Museum Ludwig, with Villa Design Group, Cologne (DE)
Group Presentation with Mathew Gallery, Liste 2016, Basel (CH)
MM Mundus Muliebris, Cura Basement, Rome (IT)
Condo, Carlos/Ishikawa, LondonSalzburg (AU)
2015 Mon Horizontalité, Until Then, Paris (FR)
Group Presentation with Mathew Gallery, Liste, Basel (CH)
Group Presentation with VI VII, Oslo Gallery, Liste, Basel (CH)
2014 Little Messages for Modern Shut-Ins, Aran Cravey, Los Angeles (US)
Dolce Fare Neite, with Villa Design Group, Marabiers 14, Geneva, Switzerland (CH)
Transatlantic Transparency, Mathew Gallery & Mathew NYC, Berlin(DE) & New-York (US)
There is Nothing Personal of Yours to Exhibit, Crèvecoeur, Paris, France (FR)
I Love You Me Either, Project Native Informant, London (UK)
Like A Virgin, VI, VII, Oslo, Norway (NO)
2013 Don’t Worry – This One is On US, Salt 3: Pageantry, with Villa Design
Group, Lima Lima Zulu, London (UK)
Homes and Gardens, Freedman Fitzpatrick, Los Angeles (US)
Heavy Listening, Jahresausstellung HFBK, Klasse Michaela Melian, Hamburg (DE)
Platitude Normale, CAPC, Bordeaux (FR)
Love Is Still Colder Than Capital, Mathew, Berlin (DE)
The Portshead Garden, with Villa Design Group, Beton Galerie, Hamburg (DE)
Clay Pipe, HFBK Galerie, Hamburg (DE)
2012 Volcano Extravaganza 2012, curated by Nick Mauss and Milovan
Faronatto, Fiorucci Arts Trust, Stromboli (IT)
Coffers IV – Emperor! Emperor! Emperor (with Christiane Blattman), Vitrine, Berlin The Photographers (DE)
Tragedy, Beton Galerie, Hamburg, Germany (DE)
Life will be Frozen in Peaches and Cream, Piet Zwart Institute, Rotterdam, Netherlands (NL)
Montez Press at Palazzo Visconti, with Villa Design Group (IT)
2011 Spring 2007: Fall 2007, Zurück in die Zukunft, with Villa Design Group, KUB Arena, Kunsthaus Bregenz (DE)
2010 Villa 1: This House is a Triadic Fascist and Made of Industry Glass, with Villa Design Group and Luis Lazaro Matos, George and Dragon Cabaret Bar, London (UK)