Pierrette Bloch – Une collection au Musée Fabre


Jusqu’au 29 août 2021, le Musée Fabre propose une « Saison contemporaine » avec trois artistes présents dans les collections du musée et dont le fonds s’est récemment enrichi de plusieurs œuvres. L’accrochage consacré à Pierrette Bloch mérite particulièrement attention.

Les quatorze œuvres de Pierrette Bloch entrées dans le fonds du musée en 2019 sont présentées au deuxième étage de l’ancien collège des jésuites dans la salle 44 (salle Hugo) et dans le couloir qui conduit aux espaces d’exposition de la donation et du dépôt Soulages. Elles sont complétées par quelques œuvres significatives issues de collections privées.

Pierrette Bloch - Une Saison Contemporaine au Musée Fabre
Pierrette Bloch – Une Saison Contemporaine au Musée Fabre

Pour Michel Hilaire, directeur du musée et commissaire général d’une « Saison Contemporaine », la constitution d’un fonds de référence consacré à Pierrette Bloch s’imposait par les liens privilégiés que cette artiste a entretenus avec Pierre et Colette Soulages, par sa proximité avec Jean-Michel Meurice que le musée avait exposé en 2018 et par son attachement au midi, même si Pierrette Bloch a toujours travaillé et vécu à Paris.

La donation de onze œuvres, complétée par trois acquisitions sont « intimement liées aux recherches, aux errances, aux moments de bascule de la carrière de l’artiste. L’ensemble offre un riche aperçu, couvrant sept décennies de création » souligne dans le catalogue Maud Marron-Wojewodzki, conservatrice du patrimoine, responsable des collections modernes et contemporaines du musée, commissaire de l’exposition.

En 2009, Pierrette Bloch avait fait l’objet d’une des monographies parmi les cinq que le musée avait alors consacrées à des d’artistes contemporains, pour la plupart implantés localement (Ève Gramatzki, Daniel Dezeuze, Pierre Buraglio et Stéphane Bordarier). Mais à l’époque aucune œuvre n’était encore entrée dans les collections du musée.

L’exposition débute dans le couloir du deuxième étage par un texte d’introduction qui résume brièvement l’itinéraire de Pierrette Bloch et les enjeux de l’accrochage.

Pierrette Bloch travaillant dans son atelier de Paris, 2002. © Adam Rzepka. ©Adagp, Paris, 2021

Née à Paris en 1928, Pierrette Bloch se forme brièvement auprès de Jean Souverbie, d’André Lhote puis d’Henri Goetz, par l’intermédiaire duquel elle rencontre en 1949 Pierre Soulages, qui devient dès lors l’un de ses amis les plus fidèles. Ce compagnonnage amical, qu’elle mène également avec certains membres du groupe Supports/Surfaces dès les années 1970, s’établit parallèlement à une démarche artistique singulière et solitaire, que donnent à voir les œuvres présentées ici.
Couvrant sept décennies de création, quatorze des œuvres exposées sont entrées dans les collections du musée Fabre en 2019, suite à une importante donation. Des croquis de mimes, tracés sur le vif, jusqu’aux pastels inscrivant de légères boucles en suspension sur fond noir, l’œuvre de Pierrette Bloch, à l’image de sa vie, est la résistance d’un travail « silencieux et pudique fait de trois fois rien », selon les mots du peintre Michel Parmentier.
Dès les années 1950, période durant laquelle elle s’adonne à la pratique du collage, Pierrette Bloch développe un vocabulaire créatif composé en grande partie de formes minimales — des points, des traits, des boucles — tracées sur le papier à l’aide d’encre ou sculptées par l’entremise du crin. Son œuvre, qui fait le choix du dénuement, s’élabore autour de la précarité du matériau, de la modestie et de la simplicité de gestes primitifs, à l’image d’autres courants artistiques qui émergent dans les années 1960-1970 (l’Art minimal aux États-Unis, l’Arte povera en Italie).
L’exploration ininterrompue de la ligne par l’artiste retranscrit le parcours du temps, irrégulier, où chaque trace semble saisir tant la fragilité d’une respiration que les à-coups d’un rythme vital pulsatif. (Texte de salle)

Pour saisir l’articulation du propos et les « moments de bascule » qui marquent la carrière de l’artiste, il est préférable d’entamer la visite par la salle Hugo.

Le parcours commence par un ensemble de trois dessins au fusain sur papier vergé bleu. Ces esquisses croquées sur le vif témoignent de sa rencontre en 1948 avec Alvin Epstein, un comédien américain qui étudie le mime à Paris grâce à une bourse du G.I. Bill. En sa compagnie, Pierrette Bloch fera un premier séjour aux États-Unis en 1951.

Pierrette BlochSans titre, 1948. Fusain sur papier vergé bleu inv. 2019.12.1 ; Sans titre, 1948. Fusain sur papier vergé bleu inv. 2019.12.2 et Sans titre, 1948. Fusain sur papier vergé bleu inv. 2019.12.3
Dans ses premiers croquis, datés de sa rencontre en 1948 avec Alvin Epstein, comédien américain et ancien G.I., Pierrette Bloch retrace les mouvements du corps de son ami comédien et mime. La posture de l’acteur y est condensée dans une économie de lignes proches d’idéogrammes. Pierrette Bloch, fascinée par cet art du silence, réalise au fusain, d’un geste vif et rapide, ces esquisses anatomiques, qui retracent de manière synthétique les tensions du corps.

En face, l’accrochage présente trois œuvres sur papier proposent un échantillon d’une longue série qui est sans aucun doute l’image la plus connue de son travail (Sans titre, Vers 1975, Sans titre, Vers 1977 et Sans titre, 1988).

Pierrette Bloch - Une Saison Contemporaine au Musée Fabre
Pierrette Bloch – Une Saison Contemporaine au Musée Fabre

Sur le support posé à plat, des lignes imparfaites de points ou de traits sont tracées à l’encre de Chine. Elles construisent des rythmes répétitifs, mais irréguliers qui entraînent le regardeur dans une méditation vagabonde. Lors de son deuxième séjour américain, en 1968, la découverte des œuvres du Minimal Art dans les galeries new-yorkaises puis de la musique répétitive de Terry Riley, Philip Glass et Steve Reich ont durablement marqué le travail de l’artiste.

Pierrette BlochSans titre, Vers 1975. Encre noire sur papier inv. 2019.12.5 ; Sans titre, 1988. Encre noire sur papier. inv. 2019.11.1 et Sans titre, Vers 1977. Encre noire sur papier. inv. 2019.12.6

En 2006, elle confie : « C’est un souvenir qui reste pour moi quelque chose de très, très fort. Bien sûr, on a vu depuis un peu partout des galeries comme ça, mais à l’époque, c’était un nouveau monde. Et je crois que cela à beaucoup comté dans l’intérêt que je porte à l’accrochage, parce que, par-dessus le marché, c’était remarquablement accroché »…

Sur la droite, trois œuvres illustrent des déclinaisons d’une pratique similaire et de cette parenté avec la musique minimaliste où la pulsation et la répétition de courts motifs irréguliers sont essentielles (Sans titre, 1994, Sans titre, 2008 et Sans titre, 1976).

Pierrette BlochSans titre, 1994. Encre noire sur papier Inv. 2019.11.2 ; Sans titre, 2008. Encre noire et lavis sur papier. inv. 2009.12.7 et Sans titre, 1976. Encre de Chine sur papier noir. Collection particulière.

A gauche, deux dessins à la craie blanche sur papier noir témoignent d’une série de pastels initiée en 2009. Pierrette Bloch semble y tracer le négatif des lignes d’encre commencées au début des années 1970…

Pierrette BlochSans titre, 2016. Inv. 2019.12.9 et Sans titre, 2016. Inv. 2019.12.10.Bâton d’huile blanc sur papier Canson noir.
La série des pastels est débutée par Pierrette Bloch durant l’hiver 2009. L’artiste a alors recours à des matériaux rarement rencontrés dans son œuvre tels que la craie grasse, qu’elle utilise sur du papier Canson noir, sorte de négatif de ses lignes d’encre mises en œuvre trente ans plus tôt. Les formes, légères et vaporeuses, semblent en suspens dans les profondeurs du noir.

La visite se poursuit dans couloir, en se dirigeant vers les salles Soulages, sur la gauche.

Pierrette Bloch - Une Saison Contemporaine au Musée Fabre
Pierrette Bloch – Une Saison Contemporaine au Musée Fabre

L’accrochage débute avec un dessin sur un papier vergé noir où s’enchaînent des boucles tracées à la plume avec une encre blanche (Sans titre, 1978).

Pierrette Bloch - Sans titre, 1978 - Une Saison Contemporaine au Musée Fabre

Pierrette BlochSans titre, 1978. Plume et encre blanche sur papier vergé noir. Collection particulière

Il introduit une séquence où la maille se multiplie dans un autre leitmotiv de la pratique de Pierrette Bloch, le travail sur les matériaux fibreux et notamment sur le crin de cheval qu’elle entreprend en 1973. On peut y déceler quelques échos avec l’Anti Form de Robert Morris et plus particulièrement avec certaines pièces d’Eva Hesse…

Cette section commence avec une magnifique œuvre des années 1990 (Sans titre, 1992) où l’artiste « dessine » des ombres avec les boucles de crin fixées sur un carton plume…

Pierrette Bloch - Sans titre, 1992 - Une Saison Contemporaine au Musée Fabre

Pierrette BlochSans titre, 1992. Crins noués sur carton plume inv. 2019.11.3
À la suite des mailles et des fils de crin, l’artiste imagine au cours des années 1990 des « dessins » de crin, qu’elle boucle autour d’un support percé en carton mousse. Telle une écriture, le crin est dessiné par boucles et jambages, de manière linéaire. Il s’agit d’un travail sur le vide et l’invisible, où l’ombre du fil tient une place primordiale. Ce dessin fut présenté en 1992 à la Galerie de France, accompagné d’un texte de l’artiste Michel Parmentier.

Pierrette Bloch - une « Saison contemporaine » au Musée Fabre

Les pièces suivantes (Sans titre [Maille], 1979 et Sans titre [Maille], 1981) poursuivent ce jeu subtil de la lumière avec la matière et son « côté parfois anarchique »… Les mailles travaillées au crochet sont tendues à quelques centimètres du mur.

Pierrette Bloch - Sans titre [Maille], 1979 - Une Saison Contemporaine au Musée Fabre

Pierrette BlochSans titre [Maille], 1979. Crin de cheval, baguette de verre, deux houseaux. Collection particulière

Pierrette Bloch - Sans titre [Maille], 1981 - Une Saison Contemporaine au Musée Fabre

Pierrette Bloch – Sans titre [Maille], 1981. Crin de cheval, baguette de verre, deux houseaux. Collection particulière

Deux longues sculptures de crin superposées (Sculpture de crin, 1990 et Sculpture de crin, 1997) dirigent le regard du visiteur vers la fin du couloir. L’œil est captivé par les effets d’ombres portées avec lesquelles Pierrette Bloch joue magistralement. On y retrouve la « musicalité » des œuvres sur papier.

Pierrette Bloch - Sculpture de crin, 1990 et Sculpture de crin, 1997 - Une Saison Contemporaine au Musée Fabre
Pierrette Bloch - Sculpture de crin, 1990 et Sculpture de crin, 1997 (détail) - Une Saison Contemporaine au Musée Fabre

Pierrette BlochSculpture de crin, 1990 et Sculpture de crin, 1997. Crin noué sur fil de nylon, deux houseaux. Collection particulière
Les fils de crin tressés font suite aux mailles : Pierrette Bloch réduit l’épaisseur de ses œuvres et travaille en longueur, se déplaçant le long de ses fils qu’elle noue une fois accrochés au mur, jouant sur la linéarité du crin et les effets d’ombre que crée ce matériau. Elle décrit en ces termes son intérêt pour ce matériau singulier : « un jour, je passais boulevard Beaumarchais et j’ai vu la vitrine de la maison Le Crin. Ce matériau m’a tentée par sa souplesse, son aptitude à la ligne qui s’en va ; aux nœuds qui viennent et son côté parfois anarchique ».

En face, juste avant les salles Soulages, on découvre deux œuvres verticales. La première (Sans titre, 1964) est une des rares huiles sur toile, exécutée dans les années 1950-60 que Pierrette Bloch n’a pas détruites. Le travail de raclage au couteau et les effets de transparence évoquent inévitablement l’influence de Pierre Soulages.

Pierrette Bloch - Sans titre, 1964 - Une Saison Contemporaine au Musée Fabre

Pierrette BlochSans titre, 1964. Huile sur toile et châssis inv. 2019.12.4.
Les décennies 1950-1960 sont ce que Pierrette Bloch appelle des « années d’errance », durant lesquelles elle s’éloigne des circuits artistiques et réalise des œuvres qu’elle conserve dans le secret de l’atelier. Nombre des peintures de la fin des années 1950 et du début des années 1960 ont été détruites par l’artiste. Celles-ci sont caractérisées par un travail de raclage et des jeux de transparence qui ne sont pas sans évoquer l’œuvre contemporaine de Pierre Soulages. Cette toile fait partie d’un ensemble d’œuvres effectuées dans les années 1960, au fond sombre, où la circularité du geste anticipe les points à venir. Le manche du pinceau y arrache la couche picturale et laisse apparaître la réserve de la toile, « dans une série de boucles plus instinctives qu’organisées », enchevêtrées, telle une « végétation folle dont la croissance organique est la seule logique ».

La seconde (Sans titre, 2008) montre les traces laissées par une large brosse sur un panneau d’isorel, un matériau pauvre déjà utilisé par Pierrette Bloch dans les années 1950 et 1960.

Pierrette Bloch - Sans titre, 2008 - Une Saison Contemporaine au Musée Fabre

Pierrette BlochSans titre, 2008.Encre noire sur isorel inv. 2019.11.4.
Le recours à l’isorel apparaît dès 1953 puis de nouveau à la fin des années 1960. Elle l’utilise alors comme support aux fragments de papiers déchirés, découpés et collés. Ce matériau pauvre et précaire, vulnérable à l’humidité et dont l’aspect laisse apparaître la rudesse des fibres du bois, réapparaît dans son œuvre plusieurs décennies plus tard, durant l’été 2008. D’un seul trait, Pierrette Bloch applique, à l’aide d’une large brosse, l’encre qu’absorbe l’isorel, laissant voir les traînées liquides d’un noir plus ou moins sombre, selon la quantité de matière.

Un peu plus loin, on retrouve une des longues lignes de points noirs (Sans titre, 1994), exécutée ici sur une bande de toile de plus de 2 mètres. Cette pièce appartient à une série qui fait écho aux lignes de crins. Certaines de ses « lignes de papier » atteignent les douze mètres de long.

Pierrette Bloch - Sans titre, 1994 - Une Saison Contemporaine au Musée Fabre

Pierrette BlochSans titre, 1994. Encre noire sur bande de toile inv. 2019.12.8. L’année 1994 signe l’acte de naissance des premières lignes sur papier, et de quelques lignes sur toiles, rares, dont cette œuvre fait partie. La forme même du matériau y accompagne la linéarité du tracé. L’artiste a toujours porté un intérêt au travail de la ligne, à cet art du contour et des sinuosités, qui transparaissait déjà dans l’observation des peintres qu’elle affectionne : de la ligne tourmentée et brisée du Greco et de Francisco de Goya, à la ligne pure de Nicolas Poussin, Jean-Auguste-Dominique Ingres ou Piet Mondrian. « J’aime les outils qui font des lignes », écrit-elle. « Je les connais, je les fréquente, les lignes, sans conclusion, sans fin, leurs retours, leurs accidents, leur apparente vitesse, leur durée tenace, leur persistance, leur urgence ». Ce format inhabituel ne se laisse pas saisir d’un seul regard, mais se parcourt.

L’accrochage se termine par une série de quatre œuvres à l’encre blanche sur film polyester. On pense aux Ryman de la collection Lambert et par ricochet aux empreintes de Niele Toroni sur les vitres de la salle aux arcades à l’hôtel de Caumont…

Pierrette Bloch - Série Sans titre, 2015 - Une Saison Contemporaine au Musée Fabre

Pierrette BlochSans titre, 2015. Encre blanche sur film polyester, série de quatre éléments. Collection particulière

Ces œuvres ont été produites en 2015, deux ans avant la disparition de Pierrette Bloch. Évanescentes, elles semblent représenter une forme d’effacement des lignes de points à l’encre noire sur papier qui constituent l’image la plus connue de son travail…

Cette très belle présentation des « recherches, (…) errances, [et] moments de bascule de la carrière » de Pierrette Bloch mérite naturellement un passage par le Musée Fabre. C’est une très belle occasion de (re) découvrir le travail d’une artiste singulière et modeste qui a su tracer une voie originale et forte.

Dans un entretien, reproduit dans le catalogue, Pierre Soulages termine son propos au sujet Pierrette Bloch par ces lignes :

«  De tous les peintres qui m’ont été contemporains, au-delà de l’amitié, elle est la seule dont les choix majeurs, ces choix éthiques inséparables d’une esthétique, ont été véritablement proches des miens. Sa conception de l’œuvre est parente de la mienne : ni image, ni langage, sans message indirect adressé par le biais d’un titre. Avec une détermination entière et sans relâche, Pierrette Bloch a toute sa vie ouvert un chemin unique dont l’originalité et la force s’imposent maintenant à tous. »

Catalogue publié par les éditions Snoeck dans la série Une collection. Textes de Michel Hilaire, Maud Marron-Wojewodzki, Jean-Michel Le Lannou, David Quéré et Pierre Soulages.

Commissariat général : Michel Hilaire, Conservateur général du Patrimoine, Directeur du musée Fabre
Commissariat scientifique : Maud Marron-Wojewodzki, Conservatrice du patrimoine, responsable des collections modernes et contemporaines du musée Fabre.


À lire aux éditions Méridianes plusieurs ouvrages dont un ensemble textes de Pierrette Bloch rassemblés dans Discours & Circonstances et la parution prochaine des Entretiens et Textes critiques sur Pierrette Bloch (co-édition Méridianes/Bernard Chauveau éditions).

En 2019, lors de Drawingnow, un hommage à Pierrette Bloch rassemblait James Caritey, ancien assistant de l’Artiste, David Quéré, physicien et ami de l’artiste et Philippe Piguet :

À l’occasion de l’exposition « Un certain nombre d’œuvres. 1971-2016 », la Galerie Karsten Greve avait organiser une conversation sur l’œuvre de Pierrette Bloch en avril 2017 avec Julie Borgeaud, Nicholas Fox Weber, Camille Morineau et Philippe Piguet : https://youtu.be/b9CK-3qI5LM

En savoir plus :
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Pierrette Bloch
 sur le site AWARE (Archives of Women Artists, Research and Exhibitions)

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