Lise Chevalier – Maison-Manifeste télépathique à la Galerie AL/MA – Montpellier


Jusqu’au 18 décembre 2021, Lise Chevalier présente « Maison-Manifeste télépathique » à la Galerie AL/MA, une très belle exposition qui « puise son inspiration dans les pierres levées des sites néolithiques »…

L’accrochage très sobre propose une superbe sélection de huit encres grand format réalisées sur papier washi. Appartenant à la série des « Pierres levées », elles évoquent les alignements de menhirs à Carnac, du cromlech du Blandas dans les Cévennes, mais elles représentent aussi des compositions mégalithiques imaginaires.

Lise Chevalier – série « Pierres levées », 2021 – Maison-Manifeste télépathique à la Galerie ALMA – Montpellier

Ces « Pierres levées » sont complétées par deux dessins de la série « Pierre de Nisyros » conçus à partir d’une pierre du volcan Stefano sur l’île de Nisyros dans le sud de la mer Égée (Dodécanèse).

Lise Chevalier - Maison-Manifeste télépathique à la Galerie ALMA - Montpellier

Lise Chevalier – série « Pierre de Nisyros », 2021 – Maison-Manifeste télépathique à la Galerie ALMA – Montpellier

Ces deux œuvres de format plus modeste sont accrochées au-dessus d’une table qui présente les livres d’artistes publiés par Lise Chevalier avec la complicité de Pierre Manuel des Éditions Méridianes. On y trouve naturellement Maison-Manifeste télépathique, l’ouvrage qui accompagne (ou est accompagné par) l’exposition présentée par Marie-Caroline Allaire-Matte…

Lise Chevalier - Maison-Manifeste télépathique à la Galerie ALMA - Montpellier

Lise Chevalier – Livres d’artiste aux Editions Méridianes – Maison-Manifeste télépathique à la Galerie ALMA – Montpellier

Au-dessus du bureau de la galeriste, deux œuvres sur papier renvoient au monde végétal. D’une certaine manière, elles font écho aux 20 dessins à l’encre verte sur papier japonais de la série « Mythologie intérieure » (2018-2020) et à la paire de gants brodés (Le jardin, 2019) qui sont actuellement exposés dans « SOL ! La biennale du territoire » au M.O.C.O. Panacée.

À propos de son travail, Lise Chevalier écrit dans le texte qui accompagne « Maison-Manifeste télépathique » et qui est reproduit ci-dessous :

« Ce qui m’attire, c’est le lien entre le pli du papier et les plis de la pierre, entre la masse minérale et la finesse de la soie. Dans mes encres, je m’intéresse au phénomène psychologique de la paréidolie : le fait de voir surgir des figures dans des formes abstraites (comme lorsqu’on observe les nuages). Je tente de me maintenir dans cet “état” visuel. Il ne s’agit pas de donner figure aux formes, mais de garder l’espace “trouble” du regard : quand on regarde les pierres, on cherche des signes dans leurs plis, on plisse les yeux aussi, on ne peut s’empêcher de les toucher, les plis de nos mains se confondent. Comme la main qui a taillé le biface. On cherche à comprendre, et c’est là que l’on imagine. »

Un passage s’impose par la Galerie AL/MA pour découvrir les encres et dessins de Lise Chevalier, et, pour, comme le suggère l’artiste, méditer devant « ces mégalithes [qui] racontent notre lien à la Terre. (…) les entendre parler, savoir les écouter, imaginer la chanson du “Chœur des pierres”, les voir danser, y saisir notre reflet ».

En savoir plus :
Sur le site de la Galerie AL/MA
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Sur le site de Lise Chevalier
Sur le site des Éditions Méridianes

​« Maison-Manifeste télépathique » : Présentation par Lise Chevalier

« A l’ère où les arbres deviennent sujets de droits, où la notion d’un règne minéral entre dans les consciences, ces mégalithes racontent notre lien à la Terre. Nous aimerions les entendre parler, savoir les écouter, imaginer la chanson du “Choeur des pierres”, les voir danser, y saisir notre reflet. Disposées comme des flèches tournées vers le ciel, elles sillonnent la région calcaire où j’ai grandi. Ma quête de ces pierres d’origine s’est étendue lors de voyages vers Carnac et l’île volcanique de Nisyros en Grèce.
Lever les pierres est un acte primordial d’une force incomparable. Suivre leur trace m’a menée vers le récit d’une Maison-Manifeste télépathique (appelons télépathie, la modification de notre pensée pour qu’elle communique avec le vivant, le non-humain). Une maison natale, vivante, poétique et nécessaire pour habiter le monde.
Tourner autour du cromlech du Blandas (Cévennes), longer les allées de mégalithes à Carnac, tenir dans mes mains des outils de basalte et silex vieux de millénaires, observer des fumerolles dans le cratère d’un volcan en activité, découvrir des dolmens une nuit de pleine lune.
Ces pierres ont occupé l’imaginaire des humains depuis des millénaires, traversant toutes les périodes de l’Histoire, sujettes aux interprétations les plus extravagantes. On raconte que les soirs de pleine lune, les mégalithes de Carnac iraient boire dans la rivière. Imaginons un instant ces grandes masses flotter dans les airs et se déplacer en farandole. Les études expliquent la présence de ces pierres comme les marqueurs d’un territoire lorsque les humains se sont sédentarisés, comme lieux de culte et peut-être les aurait-on positionnées en lien avec les constellations.
L’inscription de ces pierres dans l’histoire de l’art a participé à créer ce lien sensible et profond. Elles ont joué un rôle majeur dans l’invention de la modernité comme en a témoigné récemment l’exposition “Préhistoire, une énigme moderne” au centre Pompidou en 2019. C’est une histoire de mains, celles qui ont taillé, gravé, déplacé, planté, bâti. Et une histoire de pierres, silencieuses depuis ces millénaires.
Cette exposition retrace cette marche, d’un rocher à l’autre, du granit au calcaire comme en témoigne la série d’encres grand format réalisés sur papier washi (papier de calligraphie japonais) sur les mégalithes : cromlech, alignements de menhirs, et compositions mégalithiques imaginaires. Une série de dessins sur une pierre néolithique du volcan Stefano sur l’île de Nisyros et des photographies argentiques. Ce qui m’attire, c’est le lien entre le pli du papier et les plis de la pierre, entre la masse minérale et la finesse de la soie. Dans mes encres, je m’intéresse au phénomène psychologique de la paréidolie : le fait de voir surgir des figures dans des formes abstraites (comme lorsqu’on observe les nuages). Je tente de me maintenir dans cet “état” visuel. Il ne s’agit pas de donner figure aux formes, mais de garder l’espace “trouble” du regard : quand on regarde les pierres, on cherche des signes dans leurs plis, on plisse les yeux aussi, on ne peut s’empêcher de les toucher, les plis de nos mains se confondent. Comme la main qui a taillé le biface. On cherche à comprendre, et c’est là que l’on imagine. »

Lise Chevalier

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