Sky Hopinka – The sun comes in whenever it wants – Luma Arles


Jusqu’à la fin de l’année 2022, Sky Hopinka présente « The sun comes in whenever it wants » au premier étage des Forges à Arles. Pour cette première exposition d’importance en France, Luma Arles propose un riche ensemble de vidéos et de photographies. Si les œuvres de Sky Hopinka sont moins spectaculaires et percutantes que celles exposées par Arthur Jafa dans « Live Evil », son propos est au moins aussi passionnant, si ce n’est plus. Par ailleurs, les deux artistes partagent nombre de préoccupations et notamment celle de s’adresser prioritairement à des publics non-Blancs sans pour autant exclure celui-ci.

Plasticien, cinéaste expérimental et poète, Sky Hopinka est membre de la nation Ho-Chunk et descendant de la tribu Pechanga du peuple Luiseño.

Son travail s’articule autour de récits non linéaires où s’entrecroisent histoire personnelle et mémoire collective. Ses films, ses photographies et ses poèmes sont très souvent composés à partir de collages d’images, de musique, de mots, de langues, de mythes et d’expériences autochtones qui, il le sait, ne sont pas déchiffrables pour la plupart de ses spectateurs.

Dans un article publié sur le site Filmmaker Magazine, Jordan Cronk rapporte ces propos de Sky Hopinka à propos de sa pratique du cinéma expérimental :

« Déconstruire le langage [à travers le cinéma] est une façon pour moi de m’affranchir du dogme de la narration traditionnelle, puis, à partir de là, d’explorer ou de proposer ce à quoi un cinéma d’Amérindiens vivants aux États-Unis pourrait ressembler ».

Il faut donc admettre certaines limites dans l’accessibilité à son travail, comme pour celui d’Arhur Jafa. Toutefois, la poésie, l’inventivité formelle, l’émotion qu’elles soulèvent et la puissance plastique de ses œuvres interpellent, attirent irrémédiablement le regard, retiennent avec force l’attention… Et, bien entendu, on comprend très bien qu’il est question pour Hopinka de remettre en cause les « normes dominantes en matière d’identité, de perception et de création ».

Par ailleurs, tous les films sont introduits par des cartels développés qui résument avec pertinence leurs enjeux et le contexte dans lequel ils ont été réalisés. L’absence de sous-titre est compensée par un livret où l’ensemble des dialogues et des incrustations textuelles sont traduits. Son usage s’avère assez délicat.

Plus de deux heures de projections sont au programme… Pour en apprécier toute la richesse, il est indispensable de fragmenter la visite de « The sun comes in whenever it wants » en plusieurs séquences. On regrette également le manque d’information sur les deux très belles séries photographiques accrochées dans la première partie du parcours.

Malgré ces remarques mineures, la découverte du travail de Sky Hopinka est absolument incontournable. Le vaste espace de projection qui présente un époustouflant enchainement de 12 films expérimentaux mérite à lui seul un passage par l’atelier des Forges.

Dans un contexte politique où les propos les plus rances s’expriment sans retenue, on ne peut que remercier Luma Arles d’offrir une large place au travail de Sky Hopinka et de Arthur Jafa…

Comme pour « Live Evil », le commissariat très inspiré et complice est assuré par Vassilis Oikonomopoulos, directeur des expositions et Flora Katz, curatrice, assistés de Claire Charrier, chargée de projet junior.

À lire, ci-dessous, un compte rendu de visite, des regards sur les œuvres exposées et le texte de présentation de « The sun comes in whenever it wants ».

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Sky Hopinka – « The sun comes in whenever it wants » : Parcours de l’exposition

Rythmé par trois grands poèmes muraux, le parcours de « The sun comes in whenever it wants » s’organise en deux séquences. Au pied des escaliers, l’accueil est assuré par le Serpent Mound and the Worship of the Reciprocal Principles of Nature in America (2018) qui s’élève sur les deux niveaux de l’atelier des Forges.

La première partie de l’exposition entremêle des films, des photographies et les deux autres poèmes muraux. On y découvre la grande diversité des techniques utilisées par Sky Hopinka, depuis le court métrage qui mélange les formes du documentaire et celles du film d’ethnographie (wawa, 2014 et Kicking The Clouds, 2021) jusqu’à une vidéo en deux canaux (Cloudless Blue Egress of Summer, 2019), en passant par deux très belles séries photographiques.

Sky Hopinkawawa, 2014 et Kicking The Clouds, 2021

Les deux premières vidéos évoquent la pratique du chinuk wawa, une langue autochtone du nord-ouest du Pacifique et l’histoire de la grand-mère de l’artiste autour de la broderie de perles et la disparition de la langue Luiseño.

Au fond de la première galerie, l’installation vidéo en diptyque met en parallèle le récit de l’évasion du chef Séminole Coacoochee du Fort Marion en Floride et de grands dessins réalisés par des prisonniers.

Entre les deux, l’accrochage présente Breathings (2020) une superbe série de 16 impressions jet d’encre sur lesquelles Sky Hopinka a gravé des textes, « souffles à leur surface qui proposent des repères pour traverser les paysages chargés d’histoires errantes »…

Une seconde série de 14 photographies (The Land Describes Itself, 2019) est absolument captivante. Elle est construite à partir de transferts 35 mm projetés sur des transparents éclairés par un rétroprojecteur.

Ces collages font disparaître toute intelligibilité des paysages du Nord-Ouest Pacifique, du Sud-Ouest occidental et des Grands Lacs, terres natales pour de nombreux peuples autochtones. Sur son site , Sky Hopinka confie qu’il propose ici des « scènes d’accrétion si éloignées des lieux photographiés, où les textes gravés dans l’image sont aussi hypothétiques que descriptifs et hésitants »…

L’ensemble est complété avec pertinence par Lore (2019), un film 16 mm transféré en vidéo, où Sky Hopinka montre des images d’amis et de paysages coupées, fragmentées et réassemblées sur un rétroprojecteur…

Sky HopinkaLore, 2019

En face, cette série est accompagnée par un second texte mural ( Situated at the East End of Devils Lake on Sect 25 THN. R6B on N. Kirks Pleasure Ground, 2018) où une silhouette cite un poème d’Eliot Weinberger, linguiste, écrivain et traducteur américain :

« Pour de vastes zones de la vie humaine, la méthode scientifique n’a aucune pertinence.
L’éthnopoésie doit remplacer la description ethnographique : une série d’images tangibles et lumineuses organisées par intuition et non retranscription et dont les configurations instables comme les points et l’entre des constellations, dessinent une part de ce monde
 ».

Cette première séquence se termine par un dernier poème mural : This is Morning Star Carrying the Head of Evening Star, 2018.

La seconde partie du parcours se développe dans une vaste salle de projection plongée dans la pénombre où s’enchaînent 12 films de Sky Hopinka dont plusieurs réalisés en diptyque ou en triptyque. Cette installation mérite à elle seule une visite de « The sun comes in whenever it wants ».

Avec pertinence, le texte d’introduction qualifie ces œuvres d’images-mouvement et souligne «  les qualités expérimentales et la profondeur picturale de sa pratique ».

Faire l’expérience sensorielle et esthétique de cette boucle de 72 minutes est un moment rare et particulièrement marquant. Elle montre toute la richesse et la diversité du vocabulaire plastique de Sky Hopinka qui se sert avec maestria des «variations des couleurs, de la surexposition et de l’insertion de formes », mais aussi des « renversements verticaux ou horizontaux, des coupes franches et des superpositions ».

  • Sky Hopinka - Jáaji Approx., 2015
  • Sky Hopinka - I'll Remember You as You Were, Not as What You'll Become, 2016
  • Sky Hopinka Anti-Objects, or Space Without Path or Boundary, 2017
  • Sky Hopinka - I'll Remember You as You Were, Not as What You'll Become, 2016
  • Sky Hopinka - Mnemonics of Shape and Reason, 2021

Les amateurs de cinéma expérimental ne manqueront certainement pas de retrouver dans ces séquences quelques références. Le texte de salle suggère par exemple celles de James Benning ou Hollis Frampton. Mais l’univers de Sky Hopinka reste très singulier à la fois contemplatif, poétique et onirique. La musique y joue un rôle essentiel.

Il faut souligner la qualité technique de l’installation et les conditions exceptionnelles de projection qu’offre Luma Arles pour la présentation de ces œuvres.

Le parcours se termine avec la diffusion sur un écran de Dislocation Blues (2017), une vidéo d’une vingtaine de minutes tournée à Standing Rock est une réserve indienne lakota dans le Dakota du Sud. En 2016, un important mouvement de protestation s’était opposé à la construction d’un oléoduc qui menaçait les eaux de la région. Dislocation Blues fait un portait que Hopinka qualifie d’incomplet et d’imparfait de deux acteurs présents lors de l’occupation des lieux…

Sky Hopinka – « The sun comes in whenever it wants » : Regards sur les œuvres

Les textes qui accompagnent ces photographies sont extraits du site de Sky Hopinka. Les extrait vidéo sont ceux disponible sur la chaîne vimeo de l’artiste.

Sky Hopinkawawa, 2014.

HD video, stéréo. 6 minutes

Mettant en vedette des locuteurs de chinuk wawa, une langue autochtone du nord-ouest du Pacifique, ce film commence lentement, modelant diverses formes de documentaire et d’ethnographie. Rapidement, les motifs s’emmêlent et se confondent et se mélangent, tout en traduisant et en transmutant les idées d’identité culturelle, de langue et d’histoire.


Sky HopinkaKicking The Clouds, 2016

16mm transféré sur vidéo HD, monocanale, couleur, son (stéréo), 15 minutes 35 secondes

Ce film est une réflexion sur les descendants et les ancêtres, guidée par un enregistrement audio vieux de 50 ans de ma grand-mère apprenant la langue pechanga de sa mère. Après avoir reçu cette cassette de ma mère, je l’ai interviewée et je lui ai posé des questions à ce sujet, et j’ai enregistré ses réflexions sur leur vie et la sienne. Les images sont celle notre maison dans le comté de Whatcom, Washington, où ma famille vit toujours, loin de nos terres natales en Californie du Sud, mais une maison néanmoins.


Sky HopinkaBreathings, 2020

Série de 16 photographies impression jet d’encre, textes gravés. 43,2 x43,2 cm

J’ai été ici et là, et comme des mots proclamant une invocation, ces photographies sont leurs propres exhalaisons, leurs propres respirations, leurs propres exaltations aux Heroka* qui bénissent et détruisent et qui donnent une direction aux questions concernant la vie et la mort.
Ces paysages sont délimités par des souffles gravés à leur surface qui expriment des appels au calme et au répit et proposent des repères pour traverser les paysages chargés d’histoires errantes.
Ces photographies ont été prises avec un appareil moyen format analogique. Un outil rotatif a été utilisé pour graver du texte le long des limites sur les impressions à jet d’encre.

* Les Heroka sont des métamorphes qui tirent leurs pouvoirs et leur vitalité d’animaux totems.

Sky Hopinka - Breathings, 2020 - The sun comes in whenever it wants - Luma Arles

Sky HopinkaBreathings, 2020 – The sun comes in whenever it wants – Luma Arles
Free me from this body, my voice can carry only so far. Free me from this body, as I lay on the grass it feels heavy and I can’t move. Free me from this body, the color burns brown with dark limbs so tired and missing the weightless breadth of above
Délivre-moi de ce corps, ma voix ne porte pas plus loin. Délivrez-moi de ce corps, comme je repose sur l’herbe, il me paraît lourd et je suis figé. Délivrez-moi de ce corps, la couleur brûle de membres sombres, si las, privés de l’ampleur de éthérée du dessus.

Sky Hopinka - Breathings, 2020 - The sun comes in whenever it wants - Luma Arles

Sky Hopinka – Breathings, 2020 – The sun comes in whenever it wants – Luma Arles
Free me from this body, I’m tired and want to go home. Free me from this body, it’s weary and weak, and I am so tired.

Sky Hopinka - Breathings, 2020 - The sun comes in whenever it wants - Luma Arles

Sky HopinkaBreathings, 2020 – The sun comes in whenever it wantsLuma Arles
The foothold held fast as our toes ached and the salty water sloughed away skin and left bone to be ground to dust and sand. There’s only rocks and seagulls here though, steadfast against the sound of water trickling over and again with each push and pull of the tide, or some kind of wake.

Sky HopinkaThe Land Describes Itself, 2019

Série de 14 photographies impression jet d’encre, textes gravés

La terre se décrit elle-même –
encore et encore, sans jamais se répéter, sans jamais bégayer, sans jamais faiblir dans le langage qu’elle utilise pour transmettre le sens et le non-sens. Notre interprétation de cette voix et de cette présence dépend de nos pensées et de l’endroit d’où provient notre sens. Comment entendre et voir quelque chose d’aussi ancré dans notre propre sens de l’histoire? Généralement en nous définissant à la place de ces espaces.

Les photos, sont des photos de photos de paysages du Nord-Ouest Pacifique, du Sud-Ouest occidental et des Grands Lacs. Des terres natales pour moi et pour de nombreux peuples différents, contenant les histoires de beaucoup d’autres. Des transferts 35mm projetés sur des transparents éclairés par un rétroprojecteur Eiko et photographiés une nouvelle fois via un appareil photo numérique. Leur construction a été guidée par le désir de supprimer l’intelligibilité d’une topographie et la mémoire pondérée de cette production. Pas la mémoire entièrement, je n’ai rien contre la nostalgie, mais pour créer un souvenir sans désir ou envie. Une scène d’accrétion si éloignée du lieu photographié, où les textes gravés dans l’image sont aussi hypothétiques que descriptifs et hésitants.

J’ai souvent eu du mal à comprendre ma relation aux paysages. Je n’ai jamais pu en déterminer la raison. Ces images statiques et en mouvement tentent de surmonter cette difficulté et cette incertitude, avec une forme donnée par ce poème de Franklin KR Cline, tiré de son recueil So What

So What

I’m trying
to avoid
this dangerous culture
of want
mercury it seems is always
in retrograde
it’s all getting jumbled
meanwhile i’m telling someone
I don’t remember
if they asked or not
about pastoral poetry it describes the land without calling it stolen
generally speaking
anyway
why write poems about the land
it describes itself

Sky HopinkaLore, 2019

Film 16mm transféré en HD video, stereo, color. 10’ 16’’

Des images d’amis et de paysages sont coupées, fragmentées et réassemblées sur un rétroprojecteur alors que des mains guident leur forme et leur construction dans ce film inspiré de « Nostalgia » de Hollis Frampton. La voix raconte l’histoire d’un passé pas si lointain, d’une ruine pas si lointaine, avec des traces de narration articulées en termes de traditions, de connaissances et de souvenirs transmis et partagés non pas par nostalgie, mais comme un pastiche de rumination, de reproduction et de création.

Sky HopinkaSituated at the East End of Devils Lake on Sect 25 THN. R6B on N. Kirks Pleasure Ground, 2018

Impression vinyle


Sky HopinkaCloudless Blue Egress of Summer, 2019

Vidéo HD à deux canaux, couleur, son (stéréo), boucle synchrone, 13 min 15 s

Le Fort Marion à Saint Augustine en Floride a notamment été une prison à la fin des guerres indiennes dans les années 1880. Le capitaine Pratt y développa un plan d’assimilation ensuite diffusé dans tous les pensionnats d’autochtones aux États-Unis, avec la philosophie suivante : « Que tout Indien qui reste dans la race doit être mort. Tue l’indien en lui, sauve l’homme. »
Chaque section de la vidéo raconte une petite partie de cette histoire, du récit de l’évasion du chef séminole Coacoochee, aux larges dessins réalisés par des prisonniers.


Sky Hopinka – This is Morning Star Carrying the Head of Evening Star, 2018

Sky Hopinka – Jáaji Approximately, 2015

Vidéo HD, monocanale, couleur, son (stéréo), 7 minutes 39 secondes

Jáaji est une expression pour s’adresser directement à un père dans la langue hočąk. À travers des enregistrements audio de son père et des vidéos de paysages qu’ils ont tous deux traversés individuellement, Sky Hopinka instaure un lien au-delà de leur séparation. Des chants traditionnels rythment la vidéo qui peu à peu tend vers l’abstraction.


Sky Hopinka – Fainting Spells, 2018

Vidéo HD, monocanale, couleur, son (stéréo), 10 minutes 45 secondes

Raconté à travers des souvenirs de jeunesse, d’apprentissages et de traditions, ce mythe est imaginé pour la Xawįska, la plante à pipe indienne utilisée par les Ho-Chunk pour ranimer ceux qui se sont évanouis. Les boucles et l’espace entre les segments de contenus offrent des pauses temporelles qui proposent une approche cyclique pour s’engager dans l’histoire et le mythe.


Sky Hopinka – Anti-Objects, or Space Without Path or Boundary, 2017

Vidéo HD, monocanale, couleur, son (stéréo), 13 minutes 5 secondes

Issu des textes de l’architecte Kengo Kuma, le titre de cette vidéo suggère une manière de considérer chaque chose comme « interconnectée et entrelacée », comme le sont le passé et le présent, l’outil et l’artefact. Des images et des représentations de deux structures de la région métropolitaine de Portland, qui ont des liens directs et complexes avec le peuple chinookan qui habitait la terre, sont associées à des enregistrements audio de l’un des derniers locuteurs du créole chinookan, le chinook wawa.


Sky Hopinka – I’ll Remember You as You Were, Not as What You’ll Become, 2016

Vidéo HD, monocanale, couleur, son (stéréo), 12 minutes 32 secondes

Une élégie à la poétesse américaine Diane Burns, née d’un père Chemehuevi et d’une mère Anichinabée. Imprégné d’apparitions fantomatiques, le film combine des parties abstraites colorées et des images de chants et de performances de la poétesse. Hopinka révèle ainsi les mythologies Ho-Chunk de réincarnation, ainsi que la transcendance des esprits dans leurs trajets entre la mortalité et la vie.


Sky Hopinka – In Dreams and Autumn, 2021


Vidéo HD à 3 canaux, couleur, son (stéréo), boucle synchrone, 11 minutes 4 secondes

Dans une forme épistolaire et poétique, Sky Hopinka réfléchit au passé de ses parents et de ses grands-parents, à la fois nostalgique et marqué-e par la violence vécue. Dans cette méditation tantôt abstraite et fantomatique, les voix et les textes se chevauchent sur une projection à trois canaux, tandis que la route américaine se déploie, comme les souvenirs.


Sky Hopinka – When you’re lost in the rain, 2018

Vidéo HD, monocanale, couleur, son (stéréo), 5 minutes 5 secondes

Inspirée de la chanson de Bob Dylan « Just Like Tom Thumb’s Blues », cette vidéo présente des couches d’expériences enveloppant la perte et la nostalgie. Des sentiments et des émotions se superposent avec des images de paysages et de mouvements. Les histoires sont tissées autour d’enjeux coloniaux tels que la perte d’identité et la notion d’individualité et la recherche collective de sens.

Sky Hopinka – Mnemonics of Shape and Reason, 2021

Vidéo HD, monocanale, stéréo, couleur, 4 minutes 13 secondes

Des paysages épars sont assemblés avec des couches de sons capturés dans différents espaces-temps des États-Unis. Comme son titre l’indique, Mnemonics of Shape and Reason présente la mémoire des formes et de la raison dans toutes ses possibilités de métamorphose, mêlant réalité et rêve, passé et présent.

Sky Hopinka – The Island Weights, 2021

Vidéo HD à deux canaux, scans de films 16mm, couleur, son (stéréo), boucle synchrone, 10 minutes

Dans un mythe de création Ho-Chunk, les Poids de l’île étaient quatre esprits de l’eau placés aux quatre coins de la terre pour l’empêcher de tourner de façon chaotique. Le film est une quête de ces Poids sur les terres Ho-Chunk, de Red Banks à Trempealeau, et à travers les pins et les eaux, de Holy Lake au Mississippi. Les images forment un parcours d’effigies de terre, de vastes centres commerciaux et des vestiges de la société cahokienne, guidé par une voix qui tente de restaurer la relation aux esprits.

Sky Hopinka – Dislocation Blues, 2017

Vidéo HD, monocanale, couleur, son (stéréo), 19 minutes

Standing Rock est une réserve indienne lakota dans le Dakota du Sud aux États-Unis. En avril 2016, un vaste mouvement militant s’est opposé à la construction de l’oléoduc Dakota Access Pipeline qui menaçait les eaux de la région. Dans Dislocation Blues, Cleo Keahna et Terry Running Wild racontent leurs différentes expériences dans le campement qui a rassemblé jusqu’à un millier de personnes en lutte.

Sky HopinkaThe sun comes in whenever it wants : Texte de salle

Sky Hopinka est cinéaste expérimental, photographe et poète. Membre de la nation Ho-Chunk du Wisconsin (États-Unis), Hopinka développe une pratique qu’il désigne comme ethnopoétique et néomythologique. Au fil des années, il a développé un langage singulier nourri de diverses histoires, de l’entrelacement de la mémoire personnelle et collective et d’explorations qui remettent en question les normes dominantes en matière d’identité, de perception et de création de mythes. Le soleil arrive quand il le souhaite [The sun comes in whenever it wants] est sa première exposition majeure en France et comprend des œuvres vidéo et photographiques anciennes et récentes.

Hopinka crée des compositions contemplatives d’une riche nature formelle et texturale, basées sur des entretiens, des archives familiales, des carnets de voyage et des textes. Son travail révèle son intérêt pour des questions conceptuelles liées à la perception, à la communication et à la nature métaphysique du monde. Balançant entre intimité et objectivité, ses explorations rigoureuses interpellent le spectateur et révèlent la relation complexe entre documentaire et fiction, oscillant entre représentation et abstraction.

Au centre de ses préoccupations se situent les récits d’Amérindiens vivants aux États-Unis. À l’aide de documents d’archives et de chroniques personnelles, il explore des lieux à travers le pays, comme Standing Rock dans le Dakota du Sud, un site de protestation qui a rassemblé des milliers de personnes en solidarité avec la tribu sioux de Standing Rock. L’histoire chargée des sites, les thèmes de la résistance, de la révolte, de l’esclavage et de la colonisation sont souvent présents. Travaillant dans différentes langues et avec diverses techniques de création d’images, il offre un aperçu unique de la culture des sociétés amérindiennes, amplifié par des moments et des souvenirs personnels et intimes.

Comprenant une série de vidéos, de photographies et de poèmes visuels, l’ensemble présenté dans la partie nord de l’espace d’exposition est révélateur de différentes techniques utilisées par Hopinka telles que la transparence et la manipulation numérique. Des concepts tels que la complexité du langage, l’idée d’une terre ancestrale et des réflexions personnelles sur les liens entre descendants et ancêtres sont explorés dans les œuvres exposées. Sur le versant sud, une salle comprend une série d’œuvres vidéo jouant en séquence. Elles portent sur la mémoire des lieux, les souvenirs de jeunesse et les expériences de perte et de nostalgie. Des images puissantes et des sons évocateurs dépeignent un point de vue unique sur la condition humaine.

L’ambition de présenter une histoire plus complexe de la représentation photographique et des images en mouvement basées sur le temps, de construire des récits non linéaires autour de plusieurs histoires, et d’utiliser la disparition des langues et des espaces physiques comme contextes pour explorer les idées de résistance et de transmission du savoir, sont les clés de l’exposition et de la vision de Hopinka. Utilisant plusieurs régimes de signes, de la poésie à la musique et du texte à l’image et au langage, Hopinka met l’accent sur la pluralité qui définit les réalités transculturelles et intergénérationnelles. Les souvenirs et le tracé d’histoires multiples sont révélés de manière vivante dans les poèmes visuels, les photographies et les vidéos présentés dans l’exposition.

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