Saul Leiter – « Assemblages » aux Rencontres d’Arles


Jusqu’au 24 septembre 2023, le Palais de l’Archevêché accueille une incontournable exposition consacrée à Saul Leiter. Intitulée « Assemblages », ce projet très attendu est coproduit par diChroma photography et les Rencontres d’Arles avec un commissariat assuré par Anne Morin. L’exposition présente un peu plus de 200 photographies, couleurs et noir et blanc, tirages anciens et contemporains ainsi qu’un ensemble de dessins et peintures. Quelques documents témoignent de la publication de son travail par Life, Harper’s Bazaar et d’autres magazines et un espace est réservé à la diffusion du film In No Great Hurry de Tomas Leach. Pour l’essentiel, cette sélection s’appuie sur les œuvres et les documents conservés par la Saul Leiter Foundation auxquels s’ajoutent quelques prêts de la Collection Florence et Damien Bachelot.

Les lignes qui suivent ne reviennent pas sur l’itinéraire de Saul Leiter ni sur sa redécouverte par après la parution de l’ouvrage de Jane Livingston, point de départ de « The New York School Show » superbe projet que le Pavillon Populaire de Montpellier avait proposé à l’hiver 2020-2021. Elles évitent également toute analyse et tout commentaire sur son œuvre. Pour cela, on renvoie à la consultation des sites de la Saul Leiter Foundation, de la Howard Greenberg Gallery et de la Fifty One Gallery, ainsi qu’à la lecture des multiples livres qui se sont enchaînés depuis Early Color en 2006 par Steidl. On peut aussi conseiller de voir ou de revoir Avec Saul Leiter, New York en couleurs et en solitaire, le très bon documentaire toujours en ligne sur la plateforme Arte.tv.

Avec Saul Leiter, New York en couleurs et en solitaire
Avec Saul Leiter, New York en couleurs et en solitaire

Dans cette chronique, on se limitera donc à poser un regard sur la manière dont sont construits les « Assemblages » proposés par Anne Morin et à rendre compte de l’accrochage des œuvres de Saul Leiter.

Saul Leiter - Vue de l'exposition « Assemblages » au Palais de l’Archevêché pour les Rencontres d’Arles 2023
Saul Leiter – Vue de l’exposition « Assemblages » au Palais de l’Archevêché pour les Rencontres d’Arles 2023

Le titre choisi pour cette exposition arlésienne et les premières lignes du texte d’intention de la commissaire, inspirées des commentaires de Saul Leiter sont sans ambiguïté :

« On considère souvent les photographies comme des moments importants mais ce sont en réalité de menus fragments d’un monde inachevé, dira Saul Leiter. Son monde à lui se conçoit ainsi, comme de petits fragments d’images apposés, cousus entre eux, qui s’empilent et forment de vastes étendues toujours plus grandes. »

Inutile de rechercher dans « Assemblages » une articulation ou une organisation chronologique ou thématique. L’accrochage multiplie les rapprochements souvent fulgurants, plus rarement trop évidents ou incertains. Ici, les juxtapositions sont liées à des sujets (neige, travail, parapluies, compagnes…), là elles sont plutôt formelles (cadrage, composition).

Saul Leiter - White Circle, 1958 et Driver, années 50 - « Assemblages » au Palais de l’Archevêché pour les Rencontres d’Arles 2023
Saul Leiter – White Circle, 1958 et Driver, années 50 – « Assemblages » au Palais de l’Archevêché pour les Rencontres d’Arles 2023

Quelquefois, une peinture ou un dessin vient faire un contre-chant à l’association de deux ou trois photographies. Le contrepoint est parfois habile, à l’occasion audacieux. De temps à autre, il peut laisser dubitatif.

Saul Leiter - Saul Leiter - Untitled, sd (encres sur papier) et Saul Leiter - Untitled, sd (Tirage chromogène) - « Assemblages » au Palais de l’Archevêché pour les Rencontres d'Ales 2023
Saul Leiter – Saul Leiter – Untitled, sd (encres sur papier) et Saul Leiter – Untitled, sd (Tirage chromogène) – « Assemblages » au Palais de l’Archevêché pour les Rencontres d’Ales 2023

L’accrochage mélange les tirages gelatino-argentique que l’on suppose réalisés par Saul Leiter et les tirages chromogènes d’époque ou plus rarement des retirages contemporains pour les inédits publiés l’hiver dernier dans The Unseen Saul Leiter.

« Assemblages » n’a rien d’une rétrospective et l’exposition ne propose pas de commentaires analytiques sur le travail de Leiter. C’est le regard de la commissaire sur l’œuvre du photographe new-yorkais, certainement influencé par l’important travail de recherche conduit sous la direction de Margit Erb par la Saul Leiter Foundation, depuis 2014. L’exposition montre avant tout qu’il n’y a pas de système chez Saul Leiter. La citation reproduite dans la première salle est de ce point de vue assez éloquente :

« Je n’ai pas de philosophie. J’ai un appareil photo. Je regarde dans l’appareil et je prends des photos. Mes photographies sont la plus petite partie de ce que je vois et qui pourrait être photographié. Ce sont des fragments de possibilités infinies. »

Les rapprochements de la commissaire laissent une large latitude aux visiteurs dans leur déambulation au travers des cinq salles du Palais de l’Archevêché, mais aussi pour qu’ils y construisent éventuellement leurs propres « Assemblages ».

Saul Leiter - Vue de l'exposition « Assemblages » au Palais de l’Archevêché pour les Rencontres d’Arles 2023
Saul Leiter – Vue de l’exposition « Assemblages » au Palais de l’Archevêché pour les Rencontres d’Arles 2023

D’une certaine manière, on pourrait trouver dans ce scénario très lâche et dans la liberté offerte aux regardeurs quelques points communs avec l’approche de Matthieu Humery pour la « Constellation » de Diane Arbus proposée par Luma Arles.

La scénographie repose sur quelques éléments très simples. Dans chaque salle, les cimaises sont rythmées par la succession de plages colorées où alternent des gris clairs et foncés entrecoupés de séquences bleue, verte ou parme.

Saul Leiter - Vue de l'exposition « Assemblages » au Palais de l’Archevêché pour les Rencontres d’Arles 2023
Saul Leiter – Vue de l’exposition « Assemblages » au Palais de l’Archevêché pour les Rencontres d’Arles 2023

Les larges gouaches et aquarelles sur papier de format carré qui s’intercalent dans l’accrochage de la grande salle du palais paraissent difficilement trouver leur place dans l’enchainement des magistrales photographies couleurs et verticales prises majoritairement dans l’East Village, autour de la 10e rue Est.

Saul Leiter - Vue de l'exposition « Assemblages » au Palais de l’Archevêché pour les Rencontres d’Arles 2023
Saul Leiter – Vue de l’exposition « Assemblages » au Palais de l’Archevêché pour les Rencontres d’Arles 2023

Si la citation de Leiter qui ouvre le parcours fait sens, celles de Georges Salles et de Marcel Proust peuvent laisser songeur. On aurait préféré voir sur les cimaises quelques aphorismes que le photographe aimait distiller, comme :

« J’aime quand on n’est pas certain de ce que l’on voit. Lorsque nous ne savons pas pourquoi le photographe a pris une photo et lorsque nous ne savons pas pourquoi nous la regardons, nous découvrons soudain quelque chose que nous commençons à voir. J’aime cette confusion. »

Ou encore : « Il y a les choses qui sont au grand jour et puis il y a les choses qui sont cachées, et la vie a plus à voir, le monde réel a plus à voir avec ce qui est caché, peut-être… »

On peut aussi s’interroger sur le choix du Palais de l’Archevêché pour présenter le travail de Leiter. Celui-ci ne s’accommode pas très bien avec les pièces décorées de peintures murales, de boiseries et de stucs… La gestion des flux a sans doute été déterminante dans cette décision pour une exposition que l’on savait être très attendue…

« Assemblages » est accompagné par The Unseen Saul Leiter qui présente 76 images inédites de la collection de diapositives parmi les 40 000 retrouvées. Certaines sont accrochées dans l’exposition. Les textes signés par Margit Erb et Michael Parillo de la Fondation Saul Leiter expliquent comment les archives de diapositives laissées par Leiter sont explorées, cataloguées et restaurées.

The Unseen Saul Leiter

La commissaire de l’exposition Anne Morin est directrice de diChroma photography, une société spécialisée dans les expositions photographiques itinérantes à l’international. Elle est diplômée de l’École nationale supérieure de la photographie d’Arles et de l’École supérieure des beaux-arts de Montpellier. Certains se souviennent peut-être de «De l’archive à l’histoire, une anthologie de la collection photographique d’Howard Greenberg » au Centre d’art Campredon à L’Isle-sur-la-Sorgue dont elle avait assuré le commissariat.

À lire, ci-dessous, quelques regards sur l’exposition.

En savoir plus :
Sur le site des Rencontres d’Arles
Suivre l’actualité des Rencontres d’Arles sur Facebook et Instagram
Sur le site de la Saul Leiter Foundation
Saul Leiter sur les sites de la Howard Greenberg Gallery et de la Fifty One Gallery
À voir cette conférence en anglais de Margit Erb, fondatrice et directrice de la Fondation Saul Leiter et assistante de Leiter pendant plus de 18 ans :

Saul Leiter – « Assemblages » : Regards sur l’exposition

Je n’ai pas de philosophie. J’ai un appareil photo. Je regarde dans l’appareil et je prends des photos. Mes photographies sont la plus petite partie de ce que je vois et qui pourrait être photographié. Ce sont des fragments de possibilités infinies.

Saul Leiter - Vue de l'exposition « Assemblages » au Palais de l’Archevêché pour les Rencontres d’Arles 2023
Saul Leiter – Vue de l’exposition « Assemblages » au Palais de l’Archevêché pour les Rencontres d’Arles 2023

La première salle de l’exposition qui ouvre sur le grand escalier du Palais de l’Archevêché rassemble majoritairement des portraits en noir et blanc de femmes qui ont été proches de Leiter dans les années 50. Autour de Barbara Hatch, avec laquelle il fut marié entre 1954 et 1959, on découvre, avec des cadrages souvent insolites, des photographies de Joanna, Remy, Marianne, Ana et Jean Pearson, plusieurs fois présente comme Barbara.

Saul Leiter - Barbara, Remy, années 50 et Marianne,1947 - « Assemblages » au Palais de l’Archevêché pour les Rencontres d’Arles 2023

Plusieurs de ces tirages ont été exposés dans « Saul Leiter: Women » par la Howard Greenberg Gallery en 2008 et publiées dans le premier volume de Saul Leiter: Early Black and White édité par Steidl.

Parmi les séquences très réussies, on peut noter, sur le mur bleu, le rapprochement d’un autoportrait au Roleiflex dans les vitrines d’un magasin accroché entre celui d’Ana et d’une inconnue (Untitled) dans les années 50. De part et d’autre, on remarque une Jean songeuse avec et sans tasse.

Saul Leiter - Ana, Autoportrait et Sans tire, années 50 - « Assemblages » au Palais de l’Archevêché pour les Rencontres d’Arles 2023
Saul Leiter – Ana, Autoportrait et Sans tire, années 50 – « Assemblages » au Palais de l’Archevêché pour les Rencontres d’Arles 2023

En face, sur une cimaise sombre, une gouache et aquarelle sur papier de 1947 (A Very Old Painting) accompagne deux photographies (sans titre et sans date) aux cadrages audacieux. Cette peinture serait-elle celle que la Saul Leiter Foundation signale comme présente dans Abstract and Surrealist American Art à l’Art Institute de Chicago ?

Saul Leiter - A Very Old Panting, 1947 - Untited, sd et Untitled, sd - « Assemblages » au Palais de l’Archevêché pour les Rencontres d’Arles 2023
Saul Leiter – A Very Old Panting, 1947 – Untited, sd et Untitled, sd – « Assemblages » au Palais de l’Archevêché pour les Rencontres d’Arles 2023

Le troisième mur expose les premières scènes de rue avec la juxtaposition de l’emblématique Red Curtain, un tirage chromogène de 1956, placé entre deux photographies en noir et blanc, le mystérieux Three Feet (vers 1950) et le non moins célèbre Canopy de 1958.

Un peu plus loin, on reconnaît la silhouette en contre-jour du passager dans Bus (vers 1954).

Saul Leiter - Bus, vers 1954 - « Assemblages » au Palais de l’Archevêché pour les Rencontres d’Arles 2023
Saul Leiter – Bus, vers 1954 – « Assemblages » au Palais de l’Archevêché pour les Rencontres d’Arles 2023
Saul Leiter - Vue de l'exposition « Assemblages » au Palais de l’Archevêché pour les Rencontres d’Arles 2023
Saul Leiter – Vue de l’exposition « Assemblages » au Palais de l’Archevêché pour les Rencontres d’Arles 2023

Au sommet de la cimaise érigée devant les fenêtres de la grande salle qui ouvre sur la place, une citation de Georges Salles, extrait du Regard (1939) semble résumer l’esprit de la sélection des œuvres qui y sont accrochées :

Chaque regard est une rencontre, une scène vue, un coin de paysage noté et mis en place.
L’esprit joue avec le reflet des choses ; il glisse sur leur apparence nacrée et tisse un monde imaginaire.

Ici, les scènes de rue sont très présentes. On retrouve plusieurs photographies de l’historique exposition « Saul Leiter : Early Color» présentée par Howard Greenberg en 2005. Elles sont accompagnées de quelques images inédites publiées l’hiver dernier dans The Unseen Saul Leiter.

L’accrochage paraît rythmé par la présentation de neuf peintures abstraites sur papier, de taille identique et de format carré et qui n’ont, semble-t-il, jamais été exposées.

Saul Leiter - Vue de l'exposition « Assemblages » au Palais de l’Archevêché pour les Rencontres d’Arles 2023
Saul Leiter – Vue de l’exposition « Assemblages » au Palais de l’Archevêché pour les Rencontres d’Arles 2023

On sait l’importance de la peinture dans l’histoire de Leiter et la place qu’elle occupait dans sa pratique quotidienne. On peut toutefois rester dubitatif devant celles qui sont proposées ici. On comprend assez mal comment ces œuvres s’articulent les photographies qui sont assemblées dans cette salle.

Cela est plus évident avec quelques formats verticaux de taille identiques aux photographies.

Sur le mur vert, dans une superbe séquence hivernale, la juxtaposition de deux encres (Untitled, sd) avec le tirage d’une des diapositives inédites publiées dans The Unseen Saul Leiter est un des moments les plus réussis de ces « Assemblages ».

Saul Leiter - Vue de l'exposition « Assemblages » au Palais de l’Archevêché pour les Rencontres d’Arles 2023
Saul Leiter – Vue de l’exposition « Assemblages » au Palais de l’Archevêché pour les Rencontres d’Arles 2023

En face, le célèbre Through Boards (1957), couverture de Saul Leiter: Early Color, parfois comparé au Four Darks in Red de Rothko, est accompagné par Lanesville (1958), un autre inédit de The Unseen Saul Leiter. L’ensemble est prolongé par une gouache, aquarelle et collage de 1970. Intitulée Memory of Bleecker Street Window, cette peinture évoque le studio que Leiter occupe de 1953 aux années 80 pour y réaliser des portraits et des images pour la mode et la publicité.

Par ailleurs, ces travaux de Leiter sont évoqués dans une vitrine au centre de la salle avec plusieurs magazines, planches contact et tirages.

La fenêtre du studio dans Greenwich Village fait-elle écho à celle du cottage à Lanesville, petite ville de la côte atlantique au nord de Boston ? C’est un des rares lieux où Leiter a fait des photos en dehors de New York. En 1958, il y réalisa ses seuls nus en couleurs. Le musée Réattu en rapproche deux avec une de ses peintures, dans une superbe exposition intitulée « Portraits » construite à partir de la collection Florence et Damien Bachelot.

Sans lien avec des peintures, il faut citer aussi l’assemblage de trois images autour d’un parapluie rouge avec Parade (1954), Window (1957) et Footprints (vers 1950).

Saul Leiter - Parade, 1954 - Window, 1957 et Footprints, vers 1950 - « Assemblages » au Palais de l’Archevêché pour les Rencontres d’Arles 2023
Saul Leiter – Parade, 1954 – Window, 1957 et Footprints, vers 1950 – « Assemblages » au Palais de l’Archevêché pour les Rencontres d’Arles 2023

Le personnage de Auto (vers 1960), coincé dans son angle, paraît attendre l’arrivée des visiteurs…

Saul Leiter - Auto, vers 1960 - « Assemblages » au Palais de l’Archevêché pour les Rencontres d’Arles 2023
Saul Leiter – Auto, vers 1960 – « Assemblages » au Palais de l’Archevêché pour les Rencontres d’Arles 2023

Les tirages noir et blanc recèlent quelques pépites comme la scène de neige photographie à travers une fenêtre couverte de givre ou encore la juxtaposition d’un nettoyeur de vitrine et d’une femme coupée en deux pendant l’essayage d’un chapeau…

Saul Leiter - Untitled, années 50 - « Assemblages » au Palais de l’Archevêché pour les Rencontres d’Arles 2023
Saul Leiter – Untitled, années 50 – « Assemblages » au Palais de l’Archevêché pour les Rencontres d’Arles 2023
Saul Leiter - Untitled, années 50 et Untitled, années 50- « Assemblages » au Palais de l’Archevêché pour les Rencontres d’Arles 2023
Saul Leiter – Untitled, années 50 et Untitled, années 50- « Assemblages » au Palais de l’Archevêché pour les Rencontres d’Arles 2023

En face, sous la citation de Georges Salles, Leiter multiplie les jeux de miroirs et de reflets dans quatre tirages sans titre et sans date.

Saul Leiter - Photos Untitled, sd - « Assemblages » au Palais de l’Archevêché pour les Rencontres d’Arles 2023
Saul Leiter – Photos Untitled, sd – « Assemblages » au Palais de l’Archevêché pour les Rencontres d’Arles 2023
Saul Leiter - Vue de l'exposition « Assemblages » au Palais de l’Archevêché pour les Rencontres d’Arles 2023
Saul Leiter – Vue de l’exposition « Assemblages » au Palais de l’Archevêché pour les Rencontres d’Arles 2023

L’accrochage se poursuit dans la salle qui ouvre à gauche de la cheminée monumentale avec plusieurs scènes de rue, dont Harlem (1960), et un triptyque autour du travail composé par Red Stairs (années 50) de la Collection Florence et Damien Bachelot et deux inédits présents dans The Unseen Saul Leiter.

Le parcours continue avec l’évident rapprochement formel de White Circle (1958) avec Driver (années 50).

Saul Leiter - White Circle, 1958 et Driver, années 50 - « Assemblages » au Palais de l’Archevêché pour les Rencontres d’Arles 2023
Saul Leiter – White Circle, 1958 et Driver, années 50 – « Assemblages » au Palais de l’Archevêché pour les Rencontres d’Arles 2023

Plus loin, on comprend plus difficilement le lien qui unit un petit portrait peint et deux tirages gélatino-argentique. Un de ceux-ci partage le même sujet avec Hat (vers 1950), motif assez fréquent chez Leiter.

Saul Leiter - Untitled, sd - « Assemblages » au Palais de l’Archevêché pour les Rencontres d’Arles 2023 02
Saul Leiter – Untitled, sd – « Assemblages » au Palais de l’Archevêché pour les Rencontres d’Arles 2023 02

À la lisière du fond bleu, le plan en contre-plongée réunit From the El (vers 1955) et Woman Waiting (1958).

Un point de vue que l’on retrouve un peu plus avec dans Looking Down (1953).

Saul Leiter - Looking Down, 1953 - « Assemblages » au Palais de l’Archevêché pour les Rencontres d’Arles 2023

L’accrochage devient alors plus hétéroclite, voire chaotique. Sans doute une manière de montrer la diversité des sujets abordés par Leiter qui se plaisait à affirmer :

« J’ai un grand respect pour le désordre. Le jugement le plus sérieux que je peux avoir sur mon travail, c’est qu’il est inachevé et c’est l’inachevé qui m’attire ».

De cet ensemble, on retient un curieux mariage qui renvoie aux origines du photographe et au destin qu’il a fui (Wedding, 1948).

Saul Leiter - Wedding, 1948 - « Assemblages » au Palais de l’Archevêché pour les Rencontres d’Arles 2023
Saul Leiter – Wedding, 1948 – « Assemblages » au Palais de l’Archevêché pour les Rencontres d’Arles 2023

Un portrait de dos (Barbara and J, sd), encore un inédit publié dans The Unseen Saul Leiter, introduit une série de photos en noir et blanc où Leiter s’est amusé à cadrer des silhouettes de dos, souvent coupées, parfois cachées.

Prêtée par Florence et Damien Bachelot, une photographie prise à Paris en 1959 termine cette séquence en cul de sac

Saul Leiter - Vue de l'exposition « Assemblages » au Palais de l’Archevêché pour les Rencontres d’Arles 2023
Saul Leiter – Vue de l’exposition « Assemblages » au Palais de l’Archevêché pour les Rencontres d’Arles 2023

De l’autre côté, une troisième salle prolonge ces « Assemblages » disparates et éclectiques dont on retient la sombre série intitulée Wedding as Funeral (1951) dont Life a publié deux images avec ce commentaire :

« Saul Leiter, jeune photographe indépendant new-yorkais, passe une grande partie de son temps à rechercher l’incongruité. (…) Un jour gris, alors que Leiter se promenait sur la 5e Avenue, il remarqua une foule de personnes regroupées autour de l’entrée d’une grande église. Impressionné par le calme attentif des personnes présentes […], il prit [ces] photographies saisissantes. […] Les images sombres captées par Leiter suggèrent que l’événement photographié était un enterrement. C’était un mariage. »

Saul Leiter - Wedding as Funeral, 1951 - « Assemblages » au Palais de l’Archevêché pour les Rencontres d’Arles 2023
Saul Leiter – Wedding as Funeral, 1951 – « Assemblages » au Palais de l’Archevêché pour les Rencontres d’Arles 2023
Saul Leiter - Vue de l'exposition « Assemblages » au Palais de l’Archevêché pour les Rencontres d’Arles 2023
Saul Leiter – Vue de l’exposition « Assemblages » au Palais de l’Archevêché pour les Rencontres d’Arles 2023

Dans le prolongement de cette série, l’accrochage réunit un monotype (Untitled, sd) et le tirage d’une des diapos retrouvées dans les archives (Central Park, sd) reproduites dans The Unseen Saul Leiter.

Saul Leiter - Untitled, sd et Central Park, sd - « Assemblages » au Palais de l’Archevêché pour les Rencontres d’Arles 2023
Saul Leiter – Untitled, sd et Central Park, sd – « Assemblages » au Palais de l’Archevêché pour les Rencontres d’Arles 2023

Advertisment for Mille’s Shoes (1957) illustre la créativité de Leiter dans le domaine de la mode et The Unseen Eye Harlem (1966), son sens aigu de l’observation et de l’humour…

Un petite salle est consacrée à la diffusion du documentaire In No Great Hurry: 13 Lessons in Life With Saul Leiter (2013) de Tomas Leach.

In No Great Hurry : 13 Lessons in Life With Saul Leiter (2013)
In No Great Hurry : 13 Lessons in Life With Saul Leiter (2013)

La dernière séquence regroupe une partie des images exposées dans « Saul Leiter : In My Room » par Howard Greenberg en 2016 et publiées par Steidl dans l’ouvrage éponyme en 2018.

Saul Leiter - Vue de l'exposition « Assemblages » au Palais de l’Archevêché pour les Rencontres d’Arles 2023
Saul Leiter – Vue de l’exposition « Assemblages » au Palais de l’Archevêché pour les Rencontres d’Arles 2023

Face à l’entrée, une citation de Du côté de chez Swann accueille le visiteur :

Tout au loin, d’une couleur autre, dans le velouté d’une lumière posée, la petite phrase apparaissait, dansante, pastorale, intercalée, épisodique, appartenant à un autre monde.

Sous cet extrait, on découvre une très belle peinture intitulée Puits de lumière. Elle est associée à un superbe nu (Jay, vers 1958) et le profil d’une énigmatique femme qui fume une cigarette (Untitled, sd).

Saul Leiter - Vue de l'exposition « Assemblages » au Palais de l’Archevêché pour les Rencontres d’Arles 2023 03
Saul Leiter – Vue de l’exposition « Assemblages » au Palais de l’Archevêché pour les Rencontres d’Arles 2023 03

L’ensemble est précédé par une série de six portraits d’une femme endormie (Dottie, années 50) prolongée par un nu peint sur un tirage gélatino-argentique (Untitled, 1970-1990).

Saul Leiter - Saul Leiter - Untitled, 1970-1990 - « Assemblages » au Palais de l’Archevêché pour les Rencontres d’Arles 2023
Saul Leiter – Saul Leiter – Untitled, 1970-1990 – « Assemblages » au Palais de l’Archevêché pour les Rencontres d’Arles 2023

En face, trois portraits photographiés dans un miroir (Untitled, années 50 ; Robert et Dottie Weaver, sd et Jay, sd) accompagnent des images intimes d’Inez vers 1947

Saul Leiter - Inez, vers 1947 - « Assemblages » au Palais de l’Archevêché pour les Rencontres d’Arles 2023
Saul Leiter – Inez, vers 1947 – « Assemblages » au Palais de l’Archevêché pour les Rencontres d’Arles 2023

La séquence se termine avec un tout petit tirage (Kathy et Gloria, sd)

Saul Leiter - Kathy et Golria, sd - « Assemblages » au Palais de l’Archevêché pour les Rencontres d’Arles 2023
Saul Leiter – Kathy et Golria, sd – « Assemblages » au Palais de l’Archevêché pour les Rencontres d’Arles 2023

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