Du 28 février au 09 juin 2014, le CRAC Languedoc-Roussillon (Centre Régional d’Art Contemporain) présente une exposition de Jacques Julien, intitulée «Tailles Douces».
Cette monographie fait suite aux deux expositions personnelles qui lui ont été consacrées, en 2011 au centre d’art de l’Orangerie du Domaine départemental de Chamarande (Essonne), « Dur comme plume et léger comme pierre », et, en 2012, au centre d’art de La chapelle du Genêteil de Château Gontier, « Vieux tacots et ruines récentes ».
«Tailles Douces» est un projet composé d’oeuvres récentes réalisées en majorité ces trois dernières années. Elles sont accompagnées d’œuvres inédites produites en relation avec les espaces très particuliers du CRAC.
Un ensemble de sculptures, disposées au sol, en appui sur les murs ou suspendues jalonne les salles du rez de chaussée pour mettre en perspective les enjeux du travail de l’artiste.
Vernissage vendredi 28 février 17 h 30
Du 28 février au 9 juin 2014.
Commissariat : Noëlle Tissier
En savoir plus :
Sur le site du CRAC
Sur le site de Jacques Julien
Biographie de Jacques Julien sur le site du CRAC
Lire l’article « Jacques Julien – Rock Island Line -> Laura #15 » sur le blog de Julie Crenn
Extrait du dossier de presse :
«… Une sculpture c’est un point de départ deux sculptures c’est une direction, trois sculptures c’est déjà un territoire… » précise l’artiste. Occurrence du tableau et interrogation de l’espace, se confrontent à l’interrogation de l’échelle des œuvres et du format de l’exposition. «Tailles douces » propose de nous faire découvrir l’ensemble des facettes du travail de Jacques Julien d’un point de vue « perspectif » plutôt que « rétrospectif ».
Jacques Julien est né en 1967 à Lons le Saunier, il vit et travaille à Paris et Montdidier (80).
Il a suivi des études à l’École des Beaux-Arts de Nîmes et à l’École des Beaux Arts de Grenoble. Il est enseignant à l’École Nationale Supérieure d’Architecture de Paris la Villette.
L’artiste est un familier de Sète et de la région Languedoc-Roussillon depuis les années 80, il fut entre autre artiste invité à séjourner et exposer en 1993 aux ateliers de recherche et de rencontre Villa Saint Clair, résidence d’artistes à Sète.
Il a ensuite participé à plusieurs expositions en Languedoc-Roussillon, invité par Ami Barak directeur du FRAC, Christine Dolbeau directrice de l’Espace Paul Boyer puis ensuite par le CRAC en 1997, 2000, 2007, 2008 pour des projets collectifs.
Deux publications de livres d’artistes lui ont été consacrées aux Édition VSC à Sète.
Ses œuvres sont présentes dans la collection du FRAC Languedoc-Roussillon et ont intégré des collections publiques et privées en France et à l’étranger, Musées Frac, fondations privées etc…
Les œuvres de Jacques Julien, significatives des enjeux de la création artistique d’aujourd’hui, tentent de faire cohabiter avec humour dimension analytique et poétique.
Extraits de l’interview de Jacques Julien par Guillaume Leingre, Particules N° 30 Novembre 2010 :
«[… ] Le peintre fabrique plus ou moins de la ressemblance, il est devant une surface de projection en deux dimensions. Nommer un espace à trois dimensions comme le fait la sculpture appelle nécessairement à s’extraire de cet espace. Le sculpteur élabore de la différence. Bien évidemment ces définitions réductrices peuvent s’entrecroiser ou se contredire à l’infini. Surtout ces questions de médiums semblent caduques à l’heure de l’exposition comme format, elles ont ici pour intérêt de nommer une des raisons qui m’a fait glisser lentement de la peinture à la sculpture et limiter mon répertoire des terrains de sport au solitaire poteau ou panneau de basket-ball : une sculpture n’est ni plus ni moins qu’un objet qui cherche à tenir debout dans une double impuissance : 1ere impuissance par nature à ressembler à quoique ce soit, 2ème impuissance de l’époque (encore elle) où tenter de se problématiser comme médium voir pire comme forme, est une impasse annoncée. Faire une sculpture, c’est persister dans la conscience de ces impuissances à vouloir faire bonne figure. Il n’y a d’ailleurs pas de sculpture sans figure. Pour problématiser cette figure que j’aimerais bien élever, le panneau de basket-ball est un bon modèle. Il a la forme et la fonction d’un objectif sans sa raison d’être, en l’occurrence le sport pour lequel il a été créé. Son rectangle noir sur fond blanc garde le souvenir du tableau moderne. Son poteau de corps dessine la silhouette d’une sorte de grand bonhomme et tente lui aussi, d’être une ligne dans le monde. [… ] »
« [… ] La ligne dans le monde… où Buster Keaton s’efforce d’apparaître perpendiculaire à la ligne d’horizon, chaque vallon est l’opportunité d’une drôle de figure oblique. L’oblique est d’ailleurs un outil récurrent pour Buster Keaton, une manière de lutter contre l’inévitable chute sur une pente trop raide ou par temps de vent trop violent. Et c’est une manière de construire les images. Faire image de cet état d’équilibre entre la chute promise et la persistance à vouloir tenir debout est une manière de parler de la sculpture aujourd’hui.
Mes premières expériences consistaient à essayer de comprendre quels types d’espaces pouvaient bien exister entre le corps du spectateur et celui de l’artiste. Par exemple, et j’en reviens à être une ligne dans le monde, j’essayais de regarder un tableau de Barnett Newman et je passais d’un côté du zip à l’autre en me demandant bien naïvement si j’étais toujours devant le même tableau. Même type de question ou de mouvement sur et à côté d’un Carl Andre ou encore dans un accrochage éclaté de Blinky Palermo, et semblable sentiment de solitude ; pas la moindre réponse en vue. Un jour que cette gymnastique m’amusait plus qu’elle ne me désespérait, j’ai dessiné au fusain une piste d’athlétisme de 50 mètres de long. Il s’agissait d’une forme d’autodérision où je donnais un sens trivial à la ligne ; certes ce n’était plus ma mais au moins c’en était une. J’ai gardé les terrains de sport comme de possibles modèles sans passion ni aversion pour le sport, c’était idiot : ça m’intéressait. [… ] »