Walid Raad, Préface – Carré d'Art – Musée d'art contemporain de Nîmes

Du 23 mai au 14 septembre 2014, Carré d’Art – Musée d’art contemporain de Nîmes propose Préface,une importante exposition de Walid Raad.

Deux projets majeurs de l’artiste libanais sont présentés : The Atlas Group (1989-2004)et Scratching on Things I could Disavow(depuis 2007).

De Walid Raad, on connaît, à Nîmes, la série Cotton under my Feet qui occupe une salle dans l’accrochage actuel de la collection permanente de Carré d’Art.
On se souvient également de la présentation à la Collection Lambert, dans le cadre de l’exposition  Mirages d’Orient, grenades & figues de barbarie, de la série photographique We Decided To Let Them Say « We Are Convinced » Twice. It Was More Convincing This Way, document des archives de l’Atlas Group.
On retrouve dans Scratching on Things I could Disavow plusieurs éléments conçus au Louvre, à l’occasion de la carte blanche que le musée avait offerte à Walid Raad, au moment  de l’ouverture des nouveaux espaces du département des Arts de l’Islam, et présentés lors de son exposition « Préface à la première édition ».

L’exposition à Carré d’Art est particulièrement intéressante. C’est  probablement la première fois qu’un musée français consacre une exposition aussi vaste aux recherches de Walid Raad. Les contacts anciens de l’artiste avec Jean-Marc Prévost (Festival d’Automne 2010)ont permis un engagement important du créateur libanais dans la préparation et dans la mise en place de ces deux projets.

Les travaux de Walid Raad sont riches et complexes. Ils reposent sur un important travail de recherche et sur une réflexion originale.

The Atlas Group nous  interroge sur la place du document et sur celle de l’artiste dans l’histoire contemporaine du Liban.

Scratching on Things I could Disavow questionne l’art islamique moderne et contemporain dans le monde arabe, mais aussi les réaménagements dans les musées occidentaux et les nouvelles infrastructures culturelles qui se multiplient au Moyen-Orient (Louvre, Guggenheim…).

Dans ces deux projets, les propositions plastiques sont indissociables des textes qui les accompagnent. Ceux-ci font partie de l’œuvre.

Le travail de Walid Raad relève plutôt de l’art conceptuel. Il  exige une attention et un engagement important de la part du visiteur. Carré d’Art a fait le choix délibéré, très certainement en accord avec l’artiste, de ne pas fournir de document d’introduction et d’aide à la visite.
On regrette un peu cette décision et on conseille vivement la lecture des quelques articles avant d’aller voir l’exposition et/ou de participer à une visite guidée.
La découverte de ces deux projets sans clefs de lecture et sans accompagnement peut conduire à certaines incompréhensions ou frustrations.

Ce serait regrettable tant le propos de l’artiste est passionnant. Il nous interroge avec subtilité sur ce qu’est l’histoire contemporaine, sur la place et le rôle de l’artiste et sur l’art contemporain à l’heure de la mondialisation…

Une exposition exigeante, mais qu’il ne faut pas manquer !

Petit clin d’œil pour ceux qui aiment précéder l’événement… Après Nîmes, Walid Raad exposera au MoMA à New York, en 2015.

La richesse de ces deux projets présentés nous conduit à proposer deux comptes-rendus :

On profite de ce billet pour souligner la cohérence et la qualité de la programmation de Jean-Marc Prévost à Carré d’Art. The Atlas Group prolonge d’une certaine manière l’exposition précédente Chroniques Suspendues qui évoquait les traumatismes d’une autre guerre et interrogeait aussi la place des archives. Les questions que soulevait Stan Douglas, à propos de la fabrication des images, rejoignent aussi les interrogations de Walid Raad sur l’art et le musée dans la mondialisation…

Commissariat de l’exposition :
Jean-Marc Prévost, Carré d’Art, Nîmes. Andrea Viliani et Alessandro Rabottini, Museo Madre, Naples.

À lire (en ligne) :
Stefanie Baumann, « Archiver ce qui aurait pu avoir lieu », Conserveries mémorielles [En ligne], #6 | 2009, mis en ligne le 26 décembre 2009.
Arnaud Chabrol, « Gratter là où ça fait mal : une histoire de l’art dans le monde arabe selon Walid Raad », Les Carnets de l’IFPO, 7 février 2011.
Emilie Berteau, « Edit: Les archives du groupe atlas: ou comment documenter l’histoire restée en marge », Territoires/Territoires N°3, 2006.
Alan Gilbert, « Walid Raad, interview », Bomb magazine, 81, automne 2002.
Kaelen Wilson-Goldie, « Profile: Walid Raad: The Atlas Group Opens its Archives », Bidoun Magazine #02
Vid Ingelevics, « The Atlas Group and Walid Raad », archive Ciel variable, 2004.
Louisa Buck,  «Artist interview, Walid Raad : a mediator between worlds », Art Newspaper, 242, janvier 2013.

En savoir plus :
Sur le site de Carré d’Art
Sur la page Facebook de Carré d’Art
Le travail de curation réalisé par l’équipe de Carré d’Art sur Scoop.It
La webographie du centre de documentation de Carré d’Art

Le site de l’Atlas Group Archive
Le site Scratching On Things I Could Disavow : A History of Art in the Arab World

 

Articles récents

Partagez
Tweetez
Enregistrer