Simulation(s) – Mécènes du sud Montpellier-Sète

Mis à jour le 24 octobre 2017

Après « La convergence des antipodes », une exposition inaugurale très réussie, Mécènes du sud Montpellier-Sète propose « Simulation(s) » un projet curatorial de Philippe Riss-Schmidt avec des œuvres de Vincent Broquaire, Alex McLeod et Paul Souviron.

L’exposition est visible jusqu’au 15 décembre 2017, au 13 rue des Balances à Montpellier.
Le vernissage de « Simulation(s) » était accompagné par l’annonce des Lauréats 2017 de Mécènes du sud Montpellier-Sète et celle d’un projet de résidence qui devrait être opérationnel dans les prochains mois. Tout cela démontre que Mécènes du sud a su très rapidement s’imposer dans le paysage singulier de l’art contemporain à Montpellier et dans la région.

Simulation(s)

Si le propos de Philippe Riss-Schmidt, commissaire de l’exposition, nous a semblé un peu ampoulé et assez convenu (à lire sa note d’intention et une brève présentation ci-dessous), les propositions artistiques méritent attention.

Paul Souviron, Supercellulaire (chapitre 1 et 2)

L’ensemble du premier niveau est occupé par Supercellulaire (chapitre 1 et 2), une vaste installation de Paul Souviron. Produite par Mécènes du sud Montpellier-Sète, l’œuvre a été réalisée pendant deux semaines, avant l’ouverture de « Simulation(s) », lors d’une quasi-résidence de l’artiste.

Paul Souviron, Supercellulaire (chapitre 1), 2017 - Simulation(s) – Mécènes du sud Montpellier-Sète
Paul Souviron, Supercellulaire (chapitre 1), 2017 – Simulation(s) – Mécènes du sud Montpellier-Sète

Après être passé sous une inquiétante volière (chapitre 1) où sont perchés d’étranges volatiles composés d’écrans vidéos où tournent des roches de synthèse, le spectateur circule autour d’une cage (chapitre 2) dont le sol est couvert de cartons.

Paul Souviron, Supercellulaire (chapitre 2), 2017 - Simulation(s) – Mécènes du sud Montpellier-Sète
Paul Souviron, Supercellulaire (chapitre 2), 2017 – Simulation(s) – Mécènes du sud Montpellier-Sète

Gardien de zoo ou surveillant de prison, il baigne dans un univers sonore qui oscille entre phases méditatives et épisodes d’excitation oppressante… Un autoradio bricolé et accompagné d’un amplificateur est posé sur un banc. Autour, bois flottés, couvertures, cordes et hamac suggèrent une éventuelle présence humaine. Est-ce un lieu où l’on peut venir se protéger ou plutôt celui d’une probable incarcération?

À la périphérie de cette cellule, des blocs de pierre. Ces gravats de béton sont équipés de tiges métalliques qui en font des armes potentielles… Ont-elles été utilisées ou vont-elles l’être ?

Cultivant le paradoxe, Paul Souviron décrit son installation comme un état suspendu, entre un avant et un après… Au regardeur d’imaginer son récit à parti des indices laissé par l’artiste.

Alex Mcleod et Vincent Broquaire

À l’étage, la très belle salle de projection diffuse une boucle d’animations 3D du canadien Alex Mcleod. Ses univers lisses et colorés révèlent des mondes hybrides, ambivalents et plutôt dystopiques…

Alex Mcleod, projections - Simulation(s) – Mécènes du sud Montpellier-Sète
Alex Mcleod, projections – Simulation(s) – Mécènes du sud Montpellier-Sète

Trois superbes dessins de Vincent Broquaire occupent le petit espace au-dessus de l’escalier qui semble jouer le rôle d’un cabinet graphique.

Les personnages de Broquaire évoluent et s’évertuent à vouloir transformer un univers impalpable, entre réel et irréel, où la frontière entre monde numérique et espace physique, entre écran et feuille de papier paraît floue et incertaine.

On aurait aimé en voir plus… et on regrette les désagréables reflets qui nuisent à la contemplation de ces dessins. Pourquoi ne pas avoir présenté ces œuvres sans protection ? Pourquoi ne pas avoir investi dans des verres antireflets ? La dimension de ces trois feuilles semble pourtant assez modeste !

Vincent Broquaire, Against Slope, 2017 et Edifiy, 2017 - Simulation(s) – Mécènes du sud Montpellier-Sète
Vincent Broquaire, Against Slope, 2017 et Edifiy, 2017 – Simulation(s) – Mécènes du sud Montpellier-Sète

Les lauréats 2017de Mécènes du sud Montpellier-Sète

Le vernissage de « Simulation(s) » était aussi l’occasion pour Mécènes du sud Montpellier-Sète d’annoncer ses premiers lauréats.

Pour l’appel à projet « Production d’œuvres d’art », les trois artistes retenus sont :

  • Hadrien Gérenton pour « An everlasting era ». Son travail a été récemment présenté par la Galerie Chantiers BoiteNoire lors de Drawing room 2017.

    Hadrien Gérenton, Pads on blue tarp (vue d’atelier), 2017
    Hadrien Gérenton, Pads on blue tarp (vue d’atelier), 2017
  • Julien des Monstiers et Ken Sortais pour « Antigone », un projet autour du quartier de Montpellier conçu par l’architecte catalan Ricardo Bofill sous l’impulsion de Georges Frêche…

    Ken Sortais et Julien des Monstiers, visuel de recherche, projet Antigone
    Ken Sortais et Julien des Monstiers, visuel de recherche, projet Antigone
  • Rafaela Lopez, Baptiste Masson et David Perreard pour « SAGA – épisode 6 saison 1 ». On attend avec curiosité la suite de cette série expérimentale qui avait marqué l’édition 2016 d’Art-O-Rama Rafaela Lopez était l’artiste invitée. Chaque épisode est réalisé par un artiste différent sur le principe du cadavre exquis…

https://vimeo.com/178788734

Pour l’appel à projet « Commissariat d’exposition », c’est Alexandra Fau qui a été retenue pour « Dropping Knowledge », une exposition prévue pour le premier semestre 2018.

Alexandra Fau, © Thibaut Voisin.
Alexandra Fau, © Thibaut Voisin.

À lire ci-dessous, la note d’intention du commissaire et une brève présentation des artistes extraites du dossier de presse.

En savoir plus :
Sur le site de Mécènes du sud
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Simulation(s) – Note d’intention de Philippe Riss-Schmidt, commissaire de l’exposition

Simulation(s)
Et la science-fiction devient science.

Grâce à leurs outils technologiques, les techno-prophètes font tomber toutes les barrières prédictives, leurs puissantes machines permettent à la fois de deviner l’avenir en ramassant un grand nombre de données à la seconde mais aussi de le dessiner.

Le monde virtuo-simulé devient notre nouvelle utopie, un monde futur quasi-parallèle où nous pouvons construire des rêves et des fantasmes, ce monde simulé et prédit par ordinateur a donc un fort impact sur nos vies

Néanmoins, comment des promesses sans cesse renouvelées, jamais atteintes, toujours repoussées finissent ainsi par créer du mythe, par s’imposer sans jamais se réaliser ?
L’anticipation a toujours reposé sur le repérage de corrélations, pourtant malgré la profusion de méthodes et d’outils, même à l’ère numérique l’avenir n’apparaît guère plus prévisible aujourd’hui qu’auparavant.

L’ambition semble surtout reposer sur la manipulation à l’ère de l’information non-stop.
Le premier étage de l’espace est occupé par l’artiste Paul Souviron qui transforme la pièce en cage utopique, oeuvre matérielle construite pour retenir captif des éléments virtuels potentiellement apocalyptiques.

Le deuxième étage est ooccupé par des animations numériques 3d ,hypothétiques futurs de l’artiste canadien Alex McLeod et par des dessins post-anticipés de Vincent Broquaire.

Au moment où nous passons une large partie de notre vie connectés à nos écrans, l’exposition Simulation(s) pourrait être considérée comme un récit préventif de la responsabilité post-digitale.

Philippe Riss-Schmidt

Philippe Riss-Schmidt est le fondateur d’Hyperpavilion présenté jusqu’au 30 octobre 2017 à l’Arsenal Nord de Venise pendant la 57ème Biennale.

Simulation(s) – Les artistes

Vincent Broquaire

Né en 1986, vit et travaille à Strasbourg
http://www.vincentbroquaire.com/

Le travail de Vincent Broquaire se développe autour de dessins, films d’animations, sites internet, installations vidéo et livres.

Les dessins et animations de Vincent Broquaire portent un regard sensible, poétique et empreint d’humour sur le monde et la condition humaine. Il étudie au travers de ses oeuvres nos postures et réactions face à l’inconnu, nos errements et notre passivité face à une forme de folie qui régit notre société actuelle. Pour Vincent Broquaire, en chaque chose ou fait se cache un mécanisme à échelle humaine, un « micro-monde » qui peut exister avec un simple déplacement de point de vue.

Alex Mcleod

Né en 1984 à Scarborough (Canada) , Alex McLeod commence sa carrière en 2008 en tant qu’artiste visuel entrepreneur.
http://www.alxclub.com/

Peu de temps après l’obtention du diplôme à L’OCAD, McLeod construit sa pratique en s’engageant par le biais des réseaux sociaux.

Il est repéré et collabore avec les principaux magazines , “taste-makers” et les blogs influents pour développer sa carrière. En 2015, il retourne à l’école pour compléter une maîtrise en médias numériques à l’Université Ryerson à Toronto, au Canada.

Son travail rappelle les perspectives ouvertes de la peinture de paysages romantique ; McLeod met en scène des dystopies d’autres mondes. Les images agissent comme des espaces hybrides, recombinaisons presque infinies du passé et du présent, du physique et du virtuel.

Mais sous leurs surfaces séduisantes et polies de forteresses étincelantes et d’abstractions géométriques flottantes, les oeuvres de McLeod installent une immobilité inquiétante.

Depuis sa création, le studio de McLeod a travaillé à plusieurs solo shows et plus de 40 expositions collectives. En collaboration avec la Ville de Toronto, Montréal, Denver et San Francisco, il a exécuté des installations publiques à grande échelle. McLeod est aussi conférencier et critique invité dans les universités et les conférences à thématiques technologiques.

Paul Souviron

Paul Souviron est né en 1979 dans le Béarn.
http://paulsouviron.net/

Son travail réunit des pratiques telles que le volume et le son qu’il met en oeuvre au travers de sculptures, d’installations et de décors dans lesquels l’interaction laisse place à la frustration.
Toujours en tension, ses œuvres sont perturbées par des éléments qui viennent déranger, questionner l’équilibre, rendre instable un ensemble, à l’image du monde dans lequel nous vivons.

Paul Souviron, Rock Render 60165
Paul Souviron, Rock Render 60165

Paul Souviron s’interroge sur la capacité de l’espèce humaine à résister, à se restructurer et à se réinventer, quand il ne resterait plus rien ou peu des lieux de vie habituels, des infrastructures et des ressources naturelles.
Bon nombre de ses dispositifs sont en effet des objets à potentiel violent .
Car il y a toujours un mouvement possible ou un mouvement en suspension, quelque chose sur le point de se passer. Le regardeur quant à lui est un témoin en attente de ce qu’il ne verra pas.

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