Retour sur Drawing room 017 à La Panacée – Montpellier

Pour sa 8e édition, Drawing room 017 sort le grand jeu ! En effet, du 13 au 17 septembre 2017, La Panacée accueille 14 solo shows d’un excellent niveau proposés par une sélection exigeante et cohérente de galeries de Montpellier, Toulouse, Paris et Genève.

Ce salon du dessin contemporain de Montpellier est accompagné par l’exceptionnelle exposition « Dessin-Destin, Collection Jean-Charles de Castelbajac ».

Dans les coursives de La Panacée, Le FRAC Occitanie Montpellier présente quatre œuvres, choisies avec beaucoup de pertinence, dans ses collections pour leur relation avec le dessin (Claude Cattelain, Tom Friedman, Perrine Lievens et Gabriel Orozco).

Cette chronique s’intéresse uniquement aux projets montrés par les 14 galeries sélectionnées. Un billet précédent rend compte de « Desin-Destin » de Jean-Charles de Castelbajac.

Le choix de ne présenter que des solo shows pour Drawing room 017 donne un caractère très particulier à cette 8e édition du salon.

Limpide, le parcours de visite est d’une remarquable fluidité. Les espaces qu’ils soient attribués à une seule galerie ou partagés par plusieurs propositions s’articulent de manière harmonieuse. Malgré la diversité des projets artistiques, l’ensemble dégage l’impression d’une grande cohérence. Jamais un accrochage ne vient phagocyter ou perturber une autre exposition.

Particulièrement bien construit, ce salon donne plus le sentiment de visiter une exposition de groupe que celui de déambuler dans les allées d’une foire où chaque exposant montre son fond d’œuvres graphiques qu’elles soient accrochées aux cimaises ou restées en portefeuille. Certains en seront probablement surpris ou peut-être même agacés. Souhaitons, pour galeristes présents, que cette formule du solo show sera sans impact sur le volume d’affaires.

Il est impossible de rendre compte de toutes les propositions artistiques présentées par les 14 galeries invitées. Les impressions de visite qui suivent portent un regard sur certains choix d’exposition et sur quelques accrochages singuliers. On reproduit ci-dessous les textes de présentation communiqués par les galeristes et quelques séquences vidéos enregistrées lors de la visite de presse.

Le classique « White Cube » reste toujours de rigueur. Seul Iconoscope a fait le choix de peindre en bleu un des murs pour mettre en valeur quatre grands dessins de Hippolyte Hentgen.

Hippolyte Hentgen - Iconoscope (Montpellier) - Drawing room 017 - La Panacée Montpellier
Hippolyte Hentgen – Iconoscope (Montpellier) – Drawing room 017 – La Panacée Montpellier

Souvent sur une seule ligne, les accrochages demeurent assez convenus. Conçus pour utiliser au mieux l’espace, ils cherchent surtout à valoriser les œuvres exposées.

Julien Tardieu - Lieu Commun (Toulouse) - Drawing room 017 - La Panacée Montpellier
Julien Tardieu – Lieu Commun (Toulouse) – Drawing room 017 – La Panacée Montpellier

Cependant, quelques galeristes ont construit des propositions un peu plus audacieuses autorisées par les techniques ou les formats des dessins. C’est le cas pour le travail de Julien Tardieu montré autour d’un grand mural chez Lieu Commun ou de celui de Sylvain Fraysse, déjà exposé par Vasistas, qui est complété ici par une gravure directement réalisée sur la cimaise.

De grands dessins sur rouleau de papier alternent avec des formats plus réduits et encadrés chez Anne-Sarah Bénichou avec Chourouk Hriech ainsi que chez Under Construction Gallery avec de très belles œuvres de la série « Éléphant blanc » d’Amélie Scotta. Une des propositions très abouties du salon.

La galerie Papillon n’hésite pas à faire usage de la fonction « lampe torche » du smartphone pour « jouer » avec les ombres mouvantes que projettent les dessins-sculptures à base de fils et de mailles métalliques de Gaëlle Chotard.

Il faut aussi souligner l’éclairage irréprochable réalisé par les équipes techniques de La Panacée et la qualité du travail d’encadrement et de présentation des galeristes qui permettent d’éviter, à quelques rares exceptions, tout reflet désagréable.

On ne se hasardera pas à chercher une quelconque tendance pour ce salon. La diversité et la qualité des projets artistiques feront émerger sans aucun doute de nombreux coups de cœur.

Après une visite, on reviendra éventuellement sur les expositions hors des murs avec :

– « Hors cadres (Manifeste pour une bande dessinée sans cadres) » à l’ENSAM. Le Cube expose des dessins extraits de la collection Yellow Kid
– « Build & Smash », une exposition de Marie Havel – Lauréate de la Bourse Jeune Création / Drawing room 2016 à l’Espace Saint-Ravy.
– « Consultations », une exposition d’Alexandre Léger au Musée Atger.

Ci-dessous, les textes de présentation communiqués par les galeristes et quelques séquences vidéos enregistrées lors de la visite de presse.

En savoir plus :
Sur le site Drawing room 017
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Liens vers les sites des galeries et des artistes ci-dessous

Présentation des artistes par les galeries sélectionnées pour Drawing room 017

Galerie AL/MA (Montpellier) : Eric Manigaud

Né en 1971, le stéphanois Eric Mani gaud dessine, à partir de photographies, des œuvres de grand format extrêmement précises. En s’attachant en particulier à reproduire des images des débuts de la photographie scientifique (photos de scènes de crime, de missions d’exploration en Afrique, de la Première Guerre mondiale), les dessins de Manigaud arrêtent le regard, le plongent dans une sorte d’état hypnotique et donnent beaucoup à réfléchir sur les prémices de la vérité par l’image. Nous permettant ainsi de nous en rapproprier l’étrangeté et les puissances de fiction.

 

Galerie Anne-Sarah Bénichou (Paris) : Chourouk Hriech

Chourouk Hriech pratique le dessin, exclusivement en noir et blanc, comme une promenade dans l’espace et le temps. Ses oeuvres, sur le papier, sur les murs, sur les objets qui nous entourent, appellent à la contemplation d’architectures anciennes et récentes, réelles et imaginaires, de personnages, d’animaux, de végétaux et de chimères. Ses dessins articulent et entrechoquent des motifs urbains, du quotidien, en suivant sereinement la course folle du monde, comme un désir de résistance et d’utopie.

Née en 1977, Chourouk Hriech est diplômée de l’Ecole Nationale Supérieure des BeauxArts de Lyon. Elle a participé à de nombreuses expositions telles que le Printemps de Septembre à Toulouse en 2009, la 8ème Biennale de Shanghai « Rehearsal » en 2010 et « Soul to Soul » au CRAC (Centre d’Art Régional d’Art Contemporain) à Sète en 2011. Elle publie en 2003 un livre de dessins « The Pink Book » (éd. Villa St Clair, à Sète).

Elle a également exposé à la 3ème Biennale de Marrakech/au Musée Circullo Bellas Artes à Madrid/ à la Kunstnernes Hus, à Oslo/ à la Kunsthalle à Mulhouse/ au Musée d’art contemporain de Marseille/ au MAMCO à Genève/ au Musée Es Baluers de Palma de Mallorca/ Musée Cantini à Marseille/ au MAC/ VAL à Vitry sur Seine.

Aperto (Montpellier) : Emmanuel Régent

Emmanuel Régent vit et travaille à Villefranche-sur-Mer et à Paris. Diplômé de l’École nationale supérieure des beaux-arts de Paris en 2001, il est lauréat 2009 du Prix Découverte des Amis du Palais de Tokyo où il expose l’année suivante. En 2014, il est résident à bord de la goëlette Tara / Agnès b, pour un itinéraire qui le mènera des Cyclades au Liban. En 2015, il est lauréat de la commande publique pour le Mémorial du camp de Rivesaltes.

Un grand dessin de sa serie Palmyre est actuellement exposé au consulat de France à New York jusqu’au mois de mars 2018.

Depuis une dizaine d’années, Emmanuel Régent dessine au feutre à l’encre noire sur papier blanc des files d’attente, des rochers de bord de mer et plus récemment des bateaux qui coulent, des traces d’avions écrasés au sol, des vestiges archéologiques ou des villes contemporaines en ruine.

Cette série, intitulée « Pendant qu’il fait encore jour », fait allusion au romantisme pictural mais également à la culpabilité que génère la beauté des images de catastrophes. Palmyre est à la fois une représentation romantique de la ruine comme un modèle classique de la résistance au temps, mais aussi le symbole d’une violence actuelle où le patrimoine culturel et la diffusion de l’information en temps réel deviennent aussi des enjeux géopolitiques et religieux.

Galerie Arnaud Lefebvre : Hessie

Née en 1936 dans les Caraïbes, Hessie s’exile à New York à la fin des années 1950, où elle travaille dans un atelier de reproduction d’oeuvres d’art. Cette expérience la détourne définitivement de la peinture et du figuratif. En 1962, elle rencontre l’artiste DADO (Miodrag Djuric). Le couple s’installe en France dans une maison atelier à Hérouval, où ils reçoivent artistes, critiques d’art et collectionneurs.

Hessie cultive une fascination pour les lettres, l’alphabet comme dessin et comme moyen d’expression avant le mot. Cette fascination est prégnante dans les écritures absconses qu’elle tisse à l’aide de noeuds, de boucles ou de trous jusqu’à saturation de la surface du papier, du tissu. Cette écriture secrète est le fruit de la répétition aliénante d’un geste, propice au recueillement et au vagabondage de ses pensées les plus profondes. Comme si ces dernières s’intercalaient entre les fils, pour remplir les vides et s’incarner dans le tissu.

Ce langage symbolique renvoie le tissage aux liens étymologiques, métaphoriques et mythologiques entre le texte et le textile. Depuis l’Antiquité grecque, le tissage évoque l’acte de composer, d’écrire, ou comme l’explique Marella Nappi : « le tissage est une écriture, un art graphique, une tapisserie, la représentation silencieuse et matérielle d’un discours ».

Galerie Bernard Jordan (Paris) : Alexandre Léger

Parmi ses oeuvres, les dessins-poèmes sont issus de la convergence de plusieurs pratiques dans son travail. En premier lieu, la récolte quotidienne des solutions de mots croisés, découpées dans le journal. Répondant à une envie d’écriture mais passant par la contrainte des mots entrecroisés et de quelques règles de construction, naissent ainsi les poèmes.

Parallèlement, il y a la collecte de cahiers, d’écolier le plus souvent, faisant état d’une forme de lien entre dessin et écriture. Dans cette collection, des pages sont prélevées, à la recherche d’un écho-un mot, un signe-avec les mots croisés.

Ensuite le dessin, qui unit ces deux premières pratiques. Une fois collés les mots croisés, les mêmes mots sont redessinés sur la page dont certains éléments sont sélectionnés, déployés ou masqués. Stylo, crayon graphite et aquarelle sont utilisés par couches successives et alternées jusqu’à l’image finale. Le dessin achevé cristallise ainsi un ensemble de gestes, rendant compte du caractère rituel de la pratique de l’artiste.

Galerie ChantiersBoiteNoire (Montpellier) : Hadrien Gerenton

Né en 1987, Hadrien Gérenton parsème l’espace de chimères post-industrielles, où le végétal, le minéral et l’artificiel ont fusionné pour mieux nous hanter. Le jeune artiste interroge l’évolution des formes et des objets en intervenant sur des éléments du réel, il en modifie les composants en les malaxant et en les étirant afin d’en extraire une nouvelle réalité.

Hadrien s’inspire de la sculpture moderne autant que de l’art primitif pour rendre compte d’une folie qui se serait emparée du monde organique, ou chaque élément en contaminerait un autre, pour produire des sortes de chimères hybrides. Les dessins présentés sont abstraits, reprenant cette idée générale de figure et de mouvement entre les choses. Le vocabulaire qui s’y développe est directement issu de gestes identifiables dans les sculptures dont certaines seront présentes, pour mettre en avant une gestuelle et une dynamique comparable à celle de l’ère végétale.

Diplômé de L’École Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris en 2014 (Ateliers Claude Closky et Michel Francois), actuellement en résidence à De Ateliers, Amsterdam, Hadrien Gérenton a exposé son travail au Salon de Montrouge 2016, à la Friche belle de Mai (Marseille), à l’Espace culturel Louis Vuitton (Paris), il était présent à Drawing room 012 (Carré Sainte-Anne Montpellier, galerie CBN).

Galerie Clémence Boisanté (Montpellier) : Simon Pasieka

« Simon Pasieka peint des figures humaines sans âge dans un cadre naturel peuplé d’architectures mystérieuses. Rives de lac, herbes folles, corps nus androgynes, structures de métal rouillé, humidité de l’air, irisation, jeux de reflet et de transparence composent le vocabulaire visuel du peintre en pleine maturité. Baignés dans une lumière de petit matin, les personnages se reposent, jouent, peignent, sculptent, avec sérénité. Pasieka travaille d’imagination et pourtant se contraint à un réalisme strict. Ses tableaux d’utopie charrient d’autant plus leur poésie grave et délicate que ce sont des mondes possibles. »

Thomas Levy-Lasne

Iconoscope (Montpellier) : Hippolyte Hentgen

Hippolyte Hentgen désigne une entité artistique curieuse dont le nom composé d’un prénom grec (dompteur de chevaux) associé à un patronyme luxembourgeois est issu de la rencontre entre les artistes Gaëlle Hippolyte et Lina Hentgen.

De cette hybridation nominative inaugurale, la production artistique de ce personnage à quatre mains se manifeste à travers le mixage d’images reproduites qui sont choisies, samplées, remaniées, associées, confrontées, assimilées selon une pratique du dessin qui s’envisage tel un moteur joyeux (HH, 2009).

Hippolyte Hentgen manipule(nt) et recycle(nt) ainsi les signes d’une production visuelle proliférante populaire et savante dont les sources sont multiples, aussi bien artistiques, scientifiques, cinématographiques ou publicitaires, avec humour, plaisir, virtuosité, complicité et dérision.

Ce faisant , leurs compositions désacralisent ces représentations premières aux origines hétérogènes en leur offrant une nouvelle part de mystère, sous la forme de rébus énigmatiques.

Si le lien qui traverse cette multitude d’images est le traitement par le dessin, cette pratique se prolonge par ailleurs quelques fois dans des sculptures, des wall drawings et des formes théâtrales.

Galerie Laurence Bernard (Genève) : Marion Tampon-Lajarriette

La plasticienne s’intéresse aux œuvres sur papier pour poursuivre ses jeux de déconstruction de l’image qu’elle nous donne à voir. Son axe de recherche est scientifique, touchant à l’astrophysique, à la géométrie et aux mathématiques. Dans ses travaux récents, l’artiste fait appel à la géométrie dite sacrée. Définie comme un ensemble de proportions observé dans la nature, ce système régit notre univers.

Les dessins aux allures d’esquisse de Marion Tampon-Lajarriette y font référence et évoquent aussi par leur titre – «Polychoras» – , les formes quadri-dimensionnelles nommées «Polyèdres», sujets d’étude privilégiés des mathématiciens de l’Ancienne Grèce comme Euclide. Ces polygones complexes sont dessinés en retrait, par l’utilisation d’une résine déposée à main levée sur un dessin préparatoire, inscrit sur un collage de feuilles de papier. L’ensemble de la composition est ensuite recouvert de spray. Le dessin quant à lui, apparaît lorsque l’artiste, retire la résine, en laissant apparaître des bribes d’anciens textes scientifiques qui évoquent la formation des éclipses ou dressent des cartes du ciel.

Chez Marion Tampon-Lajarriette il est toujours question de flux, de flux d’images et de références qui nous mènent vers un autre espace.

Lieu Commun (Toulouse) : Julien Tardieu

« Le feutre caresse le papier dans une rythmique chorégraphiée qui définit dans son ivresse de nouveaux territoires. Oui le trait divague, les virages sont nerveux, les angles aigus, vitesse de croisière pour longues distances.

De ces séries émerge comme un halo sensitif, c’est une onde, une vague sonore, un bruit ! Ses dessins ne se contentent pas du format sur lequel ils sont inscrits, ils irradient, dépassent le cadre. Tardieu pratique un art de la contamination, lorsque la marque laissée par le feutre dépasse sa seule couleur et colonise par son onde colorée le papier laissé vierge à proximité.

Ce travail affirme son inscription dans son époque. L’urbanisme complexe le dispute aux mythologies scientifiques en dérapant sur la surface cathodique du numérique et les formes alambiquées des arts décoratifs. La surface est sinueuse et les trames se répondent en distorsions continues.

Le dessin chez Tardieu est pictural, le feutre fait peinture, et la couleur, f ra g i l e , p rofite de son temps d’exposition pour irradier une force éphémère et trouble.Chez Julien Tardieu, feutres et papiers mettent subtilement en jeu les couleurs et les formes pour proposer simplement un univers infini où le réel le dispute à la fiction, dans un récit abstrait aux échos bruyants et conscients. »

Manuel Pomar.

Galerie Papillon (Paris) : Gaëlle Chotard

Diplômée de l’École des Beaux-Arts de Paris en 1998, Gaëlle Chotard participe à de nombreuses expositions personnelles et collectives, notamment à la Galerie Papillon où sa 3e exposition collective «Fixer les vertiges» s’est tenue en 2014. Elle a produit des oeuvres «in situ” pour le Château de Rambouillet et pour le Musée des Arts décoratifs à Paris. En 2017, elle investit l’Espal au Mans, la Villa Tamaris avec «Interstices», et la Chapelle du Généteil à Château-Gontier. En 2018, elle exposera au Drawing Lab, nouveau lieu parisien dédié au dessin. Ses oeuvres sont présentent notamment dans les collections du FRAC Haute-Normandie et du FMAC.

Gaëlle Chotard dessine, photographie et pratique la vidéo, son travail artistique singulier dialogue avec l’intime et l’étrange. Elle développe un travail de tissage à base de fils et de mailles métalliques. Gaëlle Chotard souhaite « transmettre la sensation que l’on peut avoir face à l’immensité de l’espace, face à la voie lactée par exemple où un paysage qui nous touche, (…) donner forme à l’émotion profonde ressentie dans un environnement qui nous envahit par sa présence, à cette sensation du corps qui s’abandonne avec retenue, sans pour autant tomber dans le romantisme ». Ses oeuvres minutieuses et fantasmatiques mêlent ombres et volumes, lignes et mouvement, suspensions et projections qui, subtilement, mettent à nu et cristallisent l’inconscient.

Under Construction Gallery  (Paris) : Amélie Scotta

Amélie Scotta use de divers médias dans sa pratique plastique (édition, estampe, photographie, animation…) mais le dessin et l’écriture restent ses outils privilégiés. Entre travail documentai re, narration et jeu graphique, c’est toujours la recherche de poésie, d’absurde et d’intrigue dans le quotidien qui motive sa création. Aussi, les langages, codes et moeurs de notre société sont souvent ses terrains de jeu et d’exploration.

Le travail d’Amélie Scotta est un va-et-vient constant entre artisanat et numérique. Dans ses dernières séries, elle s’intéresse à l’architecture comme « folie humaine ». De la démesure des stades et gratte-ciel à l’incontrôlable p ro l i f é rat i o n d e s i m m e u b l e s d’habitation, se dégage un mélange de malaise et de fascination. Par un dessin basé sur la lenteur et la répétition, elle confronte l’aléatoire de la main à la perfection de la machine pour réinjecter de l’humain à ces constructions. Les papiers sont fragiles, les perspectives imparfaites, les échelles discutables. L’illusion est là, mais tout ce décor semble précaire.

Galerie Vasistas (Montpellier) : Sylvain Fraysse

Résolument ancré dans la culture rock et alternative des années 90 et trouvant écho dans la littérature américaine de la génération X, Sylvain Fraysse ambiance, dans ses oeuvres – dont certaines viennent d’entrer dans la prestigieuse collection de Carré d’Art à Nîmes –, une forme de romantisme subversif désuet.

Suite au suicide de Kurt Cobain le 5 avril 1994 à Seattle, la police procéda à la perquisition de son appartement de Los Angeles. Ce sont les images purement factuelles de ce rapport qui composent cette nouvelle série de 5 gravures intitulée « Rust Never Sleeps ».

Comme l’écrit Tanguy Blum à propos de Sylvain Fraysse : « Son travail nous fait toucher du doigt un mystère, qui est comme une pierre philosophale de la noirceur. C’est un art qui change l’image en humain, l’objectif en subjectif et dévoile le sensible par cet accomplissement poétique : l’impression d’un regard. »

Galerie Virginie Louvet (Paris) : Giulia Manset

« Le postulat de mes recherches est l’instabilité. Je m’intéresse aux équilibres tangents, qu’ils soient psychiques ou physiques, et plus généralement aux profils insaisissables dans un monde où la norme est au quadrillage.

J’interroge à travers mon travail la notion de l’inné et de l’acquis dans le processus créatif en distinguant plus précisément deux particularités qui façonnent ce que nous sommes: d’un côté «un moi social», modelé par des conventions et d’un autre côté «un moi fondamental», un moi profond, indompté.

C’est cette facette insoumise de notre personnalité que je cherche à appréhender. Traquer notre nature animale, tapis dans les abîmes de notre inconscient. Déterrer la violence, la peur, l’instinct, l’indicible…

À la fois chasseur (moi social) et chassé (moi fondamental), j’oscille entre raison et pulsion. L’intention brute se heurte à mon désir de la domestiquer, point de départ d’une friction plastique entre forme pure et ornement.

L’iconographie qui à trait au «sauvage» est la source principale de mon univers visuel. je m’intéresse aux origines, à la nature, aux territoires inhospitaliers, à l’animisme, à la violence … à tout ce qui relais l’homme «domestique» au second plan ».

Giulia Manset

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