Dans un précédent billet qui annonçait Paréidolie 2018 au J1, nous nous interrogions sur la pertinence du rapprochement physique des deux salons qui marquent la Rentrée de l’Art Contemporain à Marseille.
Si Art-O-Rama a su parfaitement exploiter le potentiel qu’offre le J1, il n’est pas certain qu’il en ait été de même pour Paréidolie 2018…
En effet, deux visites du salon international du dessin contemporain de Marseille ne nous ont pas convaincus que ce déménagement temporaire ait été opportun.
Malgré quelques contraintes indéniables et une lumière parfois difficile, les espaces du Château de Servières ont montré leur capacité à accueillir un salon différent, chaleureux et convivial. Ces caractères ont fait de Paréidolie un moment rare partagé par les galeristes, les artistes, les collectionneurs et le public.
L’installation de stands rectangulaires ou carrés, sur une partie allongée, « étriquée » et en cul-de-sac du J1, n’a pas apporté plus d’espace ni offert plus de commodités aux galeristes pour développer des accrochages ou des scénographies originales. En se déployant en longueur sur le côté port du J1, le salon a certes proposé de belles vues sur les bassins et parfois sur les navires à quai. Mais il a aussi occasionné de multiples complications au niveau de la lumière pour les exposants proches des larges ouvertures.
Inutile de s’attarder sur les nombreux reflets et effets de miroirs qui rendaient parfois très difficile l’appréciation des œuvres exposées. Quant aux galeristes installés au centre du hangar, les dispositifs d’éclairage rudimentaires ne leur offraient guère plus de confort…
Cependant, Pareidolie 2018 n’en a pas pour autant perdu son âme…
La qualité et la cohérence de la sélection proposée par le comité artistique étaient comme toujours remarquables. Il faut une fois de plus souligner la chaleur de l’accueil de l’équipe organisatrice (Françoise Aubert, Lydie Marchi, Martine Robin, Michèle Sylvander), son savoir-faire et sa disponibilité.
Il est impossible de rendre compte ici de toutes les propositions présentées par les 14 galeries françaises et européennes comme pour celles des invités du salon.
Les impressions de visite qui suivent, portent un regard sur les choix d’exposition faits par les galeristes et évoquent quelques accrochages ont particulièrement attiré mon attention.
Paréidolie 2018 : Cartes blanches et artiste invité…
À droite en entrant dans le salon, l’espace réservé aux projets invités était sans aucun doute un des plus réussis de cette édition 2018 de Paréidolie. Des œuvres très intéressantes étaient particulièrement bien mises en valeur par un accrochage très soigné et une scénographie inventive.
Pour la Double V Gallery (Marseille), Nicolas Veidig-Favarel présentait les travaux de deux artistes exposées cette année. On découvrait ainsi avec plaisir quatre nouvelles pièces délicates de Manoela Medeiros.
Deux d’entre elles accompagnaient une grande « Trace » de Caroline Denervaud, un dessin issu d’un processus performatif qui était opportunément complété par la vidéo de cette performance. On pouvait également apprécier une belle série de dessins et de collages.
Deux étonnantes empreintes de Benjamin Ottoz extraites de son projet « Sérendipity » côtoyaient quatre étranges gouaches sur papier d’Adrien Belgrand. Sur une troisième cimaise, un peu à l’écart, l’accrochage présentait un accord très élégant et pertinent entre des œuvres de Manoela Medeiros et de Benjamin Ottoz.
De son côté, la galerie Sintitulo (Mougins) proposait un solo show de Jean-Philippe Roubaud particulièrement bien mis en scène et dont l’accrochage dense était très efficace.
Pierre Malphettes, artiste invité par le comité de sélection présentait un accrochage géométrique, construit à partir d’un vaste Wall Drawing. Entre cette dizaine de dessins, le projet promettait « un dialogue qui multiplie les entrées dans un univers où des illusions d’optique, la géométrie moléculaire ou des mises en forme de suites mathématiques se confondent avec les éléments les plus communs de nos paysages naturels ».
Malheureusement, les nombreux reflets et effets de miroirs, liés à une installation face aux bassins du port, troublaient considérablement la perception de ces dialogues annoncés…
Paréidolie 2018 : Parmi les galeries…
Pour sa première participation à Paréidolie, la galerie Gröelle Pass Projects (Wuppertal) présentait avec l’artiste espagnol Pablo De Lillo un des projets les plus intéressants et sont la mise en espace était très réussie.
Un peu plus loin, sur le côté « sombre » du salon, un solo show attirerait immanquablement l’attention du public. Le Hans & Fritz Contemporary Art montrait une étonnante accumulation de pièces en carton de Tere Recarens.
Son Baharestan Carpet évoque le légendaire tapis Bahârestan (بهارستان, « Terre du printemps ») qui couvrait les 400 m² de la grande salle du palais d’Ardeshir Ier, empereur sassanide, à Ctésiphon (Mésopotamie), sous le règne de Khosro 1er (531-579).
Toujours du même côté, un peu en retrait, Laurent Godin proposait, dans un accrochage dense et très réussi, une importante et belle sélection d’œuvres sur papier de Marc Couturier. Elle préfigurait peut-être l’exposition personnelle que la galerie lui consacrera à Paris, en septembre 2019.
Au fond du salon, Ceysson & Bénétière présentait des œuvres sur papier de Rémy Jacquier et un très superbe ensemble de David Wolle dont on avait apprécié la qualité du travail à Montpellier lors de Drawing Room 016 chez Vasistas puis à l’occasion de « La peinture à l’huile, c’est bien difficile… » au FRAC.
Côté port de la Joliette, Bernard Jordan montrait une intéressante sélection de dessins de Carlos Kusnir qui faisait opportunément suite à ses deux superbes expositions au FRAC et à la Friche Belle de Mai.
Malheureusement, pour les feuilles accrochées face à port, les reflets des bassins et des quais gâchaient une partie du plaisir…
Quant aux œuvres de Ina van Zyl, installées à l’extérieur du stand, celles qui n’avaient pas de vitrage antireflet étaient partiellement invisibles tant les effets de miroir étaient importants.
Dans une configuration similaire, la galerie Christian Berst rencontrait les mêmes problèmes d’éclairage. La sélection présentée n’en était pas moins passionnante (Michel Nedjar, José Manuel Egea, Marilena Pelosi), et tout particulièrement, les grands dessins marouflés sur carton de Michel Nedjar.
Chez ADN Galeria (Barcelone), le travail de Marcos Ávila Forero et celui de Pep Vidal bénéficiait d’un éclairage correct. Ce n’était malheureusement pas le cas pour trois des quatre dessins de Abdelkader Benchamma…
Comme l’an dernier, la Galerie C (Neuchâtel) exposait des œuvres de Lionel Sabatté qui faisait face à un très intéressant travail de Jean-Christophe Norman que compétaient judicieusement des aquarelles de Michael Rampa. Toutefois, l’accrochage nous a semblé moins audacieux que celui qui avait été présenté en 2017.
À noter également les propositions de la galerie Michel Rein (Michele Ciacciofera, Christian Hidaka, Sophie Whettnall), malgré un espace mal commode et très passant et celle de la galerie Martin Kudlek (Cologne) où l’on retrouvait comme en 2017 Franz Burkhardt et Christos Venetis.
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