Possédé·e·s au MO.CO. Panacée


Jusqu’au 3 janvier 2021, le MO.CO. Panacée présente « Possédé·e·s », une des meilleures expositions de la rentrée qu’il ne faut absolument pas manquer. Sous-titré « Déviance, Performance, Résistance », elle rassemble plus de 25 artistes et affirme l’ambition « d’explorer le rapport entre l’ésotérisme et l’art contemporain » et en particulier « comment les corps exclus (les corps genrés, racisés, politisés) se réapproprient les identités féministes, queer ou décoloniales dans la nuit de l’occulte ».

Dans le prologue à sa conversation (reproduite dans la catalogue) avec Nils Alix-Tabeling, Laura Golzan, Paul Maheke et Apolonia Sokol, Vincent Honoré écrit :

« Nécromancie et spiritisme, divination (astrologie, cartomancie, chiromancie), magie et alchimie (sortilèges, potions, élixirs) : autant de gestes et de rituels dont la force émane d’un corps en mouvement. L’occulte n’a de sens que performé. Ces actes, ce sont des corps bannis qui s’en emparent. L’occulte est la science des corps déviants. Il faut être exclu.e et en retour s’exclure des normes sociales, religieuses ou économiques pour devenir sorcière ou prêtre vaudou. L’occulte s’érige alors comme résistance contre les dogmes, le patriarcat, les pouvoirs dominants, les religions, les savoirs admis : la masse. Il est l’autre, le caché. Il est aussi ce qui révèle.
La chaîne (déviance-performance-résistance) explique pourquoi et comment une nouvelle génération d’artistes internationaux s’empare de l’occulte : le corps de l’occulte est un corps genré, racisé, politisé, gardien de visions du monde alternatives, mis à l’écart mais résistant 
».

Voir « Possédé·e·s », c’est faire une expérience fascinante, c’est de pénétrer dans un monde un peu envoûté, dans un conte, une mise en scène ou le merveilleux et l’effroi vont s’affronter et se télescoper… C’est parfois apercevoir son image révélée dans un bout de « miroir ».

Après les magistrales propositions de ce début d’année (« Permafrost – Les formes du désastre » à La Panacée et « Mecarõ – L’Amazonie dans la collection Petitgas » à l’Hôtel des Collections), l’équipe du MO.CO. signe un projet magistral et passionnant.

Le commissariat très réussi est assuré par Vincent Honoré avec Caroline Chabrand et Anya Harrison assistés de Laureen Picaut.

Caroline Chabrand, Vincent Honoré, Anya Harrison et Laureen Picaut – Possédé·e·s au MO.CO. Panacée

Le propos est remarquablement servi par la scénographie de Mr. & Mr. (Alexis Lautier et Pierre Talagrand) et la mise en lumière de Serge Damon.

Malgré une absence remarquée lors de la visite de presse et du vernissage, on espère que la nouvelle équipe municipale sera moins aveugle, stupide et revancharde que la précédente et qu’elle laissera à Nicolas Bourriaud la possibilité de poursuivre l’expérience engagée à Montpellier. Avec un peu de temps et un futur moins chaotique (confinement, grèves, manifs) les expositions exceptionnelles qui s’enchaînent depuis le début de cette année au MO.CO. devraient rencontrer le public de Montpellier et d’ailleurs…

MOREIRA LEARTH Luara_RAIORAIO LAMALAMA - Possédé·e·s au MO.CO. Panacée
MOREIRA LEARTH Luara_RAIORAIO LAMALAMA – Possédé·e·s au MO.CO. Panacée

En dépit du procès injuste qui lui est souvent fait, le MO.CO. affirme une nouvelle fois et avec vigueur son soutien aux artistes en produisant une grande partie des œuvres de l’exposition. C’est notamment le cas pour des artistes de Montpellier comme Nicolas Aguirre, Jimmy Richer et Chloé Viton, mais aussi d’artistes nationaux et internationaux dont Nils Alix-Tabeling, Raphaël Barontini, Jean-Baptiste Janisset, Lewis Hammond, Paul Maheke ou Apolonia Sokol.

On lira ci-dessous les principaux enjeux de « Possédé·e·s » tels qu’ils étaient présentés dans le communiqué de presse.

Un catalogue bilingue accompagne l’exposition avec des textes inédits de Camille Bardin, Margaux Bonopera, Caroline Chabrand, Giulia Civardi, Thomas Conchou, Julie Crenn, Chris Cyrille, Cédric Fauq, Anya Harrison, Caroline Honorien, Eliel Jones, Ingrid Luquet-Gad, Flora Katz, Franklin Melendez, Pedro Morais, Laureen Picaut, Taddeo Reinhardt et Barbara Sirieix.

Artistes exposés : Nicolas Aguirre, Kelly Akashi, Nils Alix-Tabeling, Jean-Marie Appriou, Raphaël Barontini, Sedrick Chisom, Pauline Curnier Jardin, Iain Forsyth et Jane Pollard, Laura Gozlan, Lewis Hammond, M. Mahdi Hamed Hassanzada, Anna Hulačová, Jean-Baptiste Janisset, Joachim Koester, Paul Maheke, Pierre Molinier, Myriam Mihindou, Nandipha Mntambo, Antonio Obá, Jimmy Richer, Apolonia Sokol, Chloé Viton, Dominique White.
Performances et œuvres hors les murs de Pierre Huyghe, Latifa Laâbissi, Luara Learth Moreira, PEREZ.

Pierre Huyghe - The Host and the Cloud, 2010 - Laura Gozlan - Y.E.S. I, Mum pls, 2019 - Myriam Mihindou - Rhizome, 2000 - Antonio Obá - détail, Vanitas, da série Ambiente com Espelhos, 2017 - Jean-Marie Appriou - Spectre, 2018 - Joachim Koester - Tarantism, 2007 - Kelly Akashi, Illuminated Life Form, 2018 - Apolonia Sokol, La Nuit d'apres Ferdinand Hodler - Raphaël Barontini - Prince Tchepo, 2016 -Apolonia Sokol - Moi, 2020 - Chloé Viton - Sans titre, 2020 - MOREIRA LEARTH Luara_RAIORAIO LAMALAMA - Possédé·e·s au MO.CO. Panacée
Pierre Huyghe – The Host and the Cloud, 2010 – Possédé·e·s au MO.CO. Panacée
Film, HD video, color, sound, 2 h. 1 min. 30 sec. Courtesy of the artist : Marian Goodman Gallery, New York ©ADAGP, Paris

À voir et à revoir dès la levée du confinement acte 2 !

A lire, ci-dessous, Regards sur l’exposition : un compte rendu visite

En savoir plus :
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