La Relève III – Habiter au Château de Servières – Marseille


Jusqu’au 27 mars 2021, le Château de Servières présente une des quatre expositions du projet « La Relève III – Habiter » dans le cadre du Festival Parallèle 11.

Les espaces d’exposition du Château de Servières ont été aménagés et cloisonnés pour accueillir dans des conditions optimales les propositions artistiques de Paul Chochois, Quentin Dupuy, Samir Laghouati Rashwan, Maeline Li, Lucian Moriyama, Alexandre Nicolle, Camille Sart, Marina Smorodinova et Antoine Verdelle.

À la manière d’une visite d’appartement, le parcours s’articule avec cohérence et à-propos. Des changements de volumes pertinents et une utilisation habile de la lumière naturelle comme des dispositifs d’éclairage valorisent parfaitement les œuvres exposées. La multiplication des perspectives, des ambiances lumineuses toujours justes et une mise en espace remarquable sollicitent subtilement le regard du visiteur et relancent avec tact son attention.
Des cartels développés (reproduits ci-dessous) offrent tous les repères et les informations nécessaires pour enrichir une visite individuelle.

Le parcours commence par une installation fragile, précaire et troublante proposée par Antoine Verdelle (Squatter le 7 rue François Barbini 13003, 2020).

Antoine Verdelle - Squatter le 7 rue François Barbini 13003, 2020 - « La Relève III - Habiter » au Château de Servières
Antoine Verdelle – Squatter le 7 rue François Barbini 13003, 2020 – « La Relève III – Habiter » au Château de Servières

500 plaques d’argile recouvrent le sol d’une sorte de vestibule. Chaque dalle est la reproduction à l’échelle du plan cadastral d’un logement vacant de la Belle de Mai, au 7 de la rue François Barbini, qui a été rendu inaccessible par des dispositifs « anti-squat »…

Antoine Verdelle - Squatter le 7 rue François Barbini 13003, 2020 - « La Relève III - Habiter » au Château de Servières 22 janvier 2021 - Photo Raphaël Arnaud
Antoine Verdelle – Squatter le 7 rue François Barbini 13003, 2020 – « La Relève III – Habiter » au Château de Servières 22 janvier 2021 – Photo Raphaël Arnaud

Pour entrer dans l’exposition, les premiers visiteurs ont piétiné et brisé ces représentations du mal-logement à Marseille… Aujourd’hui, il faut toujours fouler ces images en miettes d’une maison du troisième arrondissement de la ville. Sans en avoir conscience, le visiteur transporte sous ses semelles des débris de ces ruines qui squattent peu à peu l’espace d’exposition…

Cette saisissante installation donne le ton et marque avec une force exceptionnelle le début du parcours.

Antoine Verdelle – Squatter le 7 rue François Barbini 13003, 2020 – « La Relève III – Habiter » au Château de Servières

La salle suivante accueille un ensemble baroque de sculptures de Lucian Moriyama rassemblé sous le titre générique de Nature morte (2021).

Lucian Moriyama - Nature morte, 2021 - « La Relève III - Habiter » au Château de Servières
Lucian Moriyama – Nature morte, 2021 – « La Relève III – Habiter » au Château de Servières

Lucian Moriyama utilise la technique du scagliola qui imite le marbre et les pierres dures à partir de plâtre, de colle et de pigments. Mise au point à Florence, au XVIIe siècle, elle a été un succédané aux coûteuses incrustations de marbre employées pour le mobilier et les décors produits par les ateliers de l’Opificio delle pietre dure de la famille Médicis. Après avoir rappelé que cette technique a été aussi utilisée pour les Expositions Coloniales, l’artiste précise dans le texte du cartel s’être posé la question suivante : « Comment habiter un espace domestique débordant de référents vers l’extérieur ? » Il y répond en soulignant que son travail « est une fantaisie, mon propre domaine créé dans mes 30 m². Chaque objet, chaque fantasme, s’approprie de manière ludique une stratégie sculpturale différente : la liquidité, la simili-géologie, le moulage comme piège à formes, l’informe, La disparition de l’objet, etc. »

Lucian Moriyama - Nature morte, 2021 - « La Relève III - Habiter » au Château de Servières
Lucian Moriyama – Nature morte, 2021 – « La Relève III – Habiter » au Château de Servières

Plusieurs objets sont associés à Nature morte.

Des Oiseaux (2021) en gélatine sont suspendus par les cordes de chanvre. Leurs ombres portées se profilent sur le sol, un moule d’un de ses volatiles semble posé dans un coin.

Lucian MoriyamaOiseaux, 2021 – « La Relève III – Habiter » au Château de Servières

Au-dessus d’une paire de fesses en scagliola, le tatouage factice d’un fauteuil dessiné par Marcel Breuer orne le creux des reins (Subject-Object, 2020).

Lucian Moriyama - Subject-Object, 2020 - « La Relève III - Habiter » au Château de Servières
Lucian Moriyama – Subject-Object, 2020 – « La Relève III – Habiter » au Château de Servières

Un étrange instrument à vent inspiré de musiques minimalistes et du gagaku japonais (False Trumpet, 2020) attend une activation pour le finissage de l’exposition.

Lucian Moriyama - False Trumpet, 2020 - « La Relève III - Habiter » au Château de Servières
Lucian Moriyama – False Trumpet, 2020 – « La Relève III – Habiter » au Château de Servières

Après une des quatre Adventices modelées en chewing-gum que Quentin Dupuy a disposé aux pieds des cimaises, le visiteur pénètre dans une sorte de salon qui paraît en cours de déménagement.

Quentin Dupuy - Adventices, 2016-2021 - « La Relève III - Habiter » au Château de Servières
Quentin Dupuy – Adventices, 2016-2021 – « La Relève III – Habiter » au Château de Servières

Sur un des murs, Paul Chochois a accroché deux sérigraphies réalisées à partir de cartes postales des années 60 représentant des hôtels aux États-Unis, Le Sans Souci et Americana (2020).

Paul Chochois - Caramel, Le Sans Souci et Americana, 2020 - « La Relève III - Habiter » au Château de Servières
Paul Chochois – Caramel, Le Sans Souci et Americana, 2020 – « La Relève III – Habiter » au Château de Servières

On avait découvert son travail à la Galerie de la Scep au printemps 2019 dans « Primitive future ». Il y présentait alors Billets sentent comme un bouquet, une sérigraphie à l’encre de billets de 5 et 10 €, extraite au décapant.

Paul Chochois - Americana, 2020 - « La Relève III - Habiter » au Château de Servières
Paul Chochois – Americana, 2020 – « La Relève III – Habiter » au Château de Servières

Pour chacune des deux œuvres exposées ici, il utilise la même technique avec une encre issue de trois billets de un dollar, la plus petite coupure de la monnaie américaine.

Paul Chochois - Le Sans Souci, 2020 - « La Relève III - Habiter » au Château de Servières
Paul Chochois – Le Sans Souci, 2020 – « La Relève III – Habiter » au Château de Servières

L’utilisation du décapant est une des caractéristiques du travail de l’artiste :

« Mes recherches tendent vers un travail de peinture avec l’utilisation d’un matériau qui m’est cher : le décapant. En effet, si sa fonction première consite à retirer de la couleur, il est aussi capable d’en générer. Je l’utilise aujourd’hui pour décaper des devantures de banques, notamment les plaques que l’on retrouve près des distributeurs de billets.»

Pour offrir un support à ses deux images de l’hôtellerie américaine, pour habiller l’espace et pour signifier le déménagement de l’atelier que Nicolas Daubanes a partagé avec Paul Chochois et Rebecca Bruder ces deux dernières années, l’artiste a recouvert les cimaises d’un motif de papier peint réalisé avec 75 sérigraphies (Caramel, 2020).

Paul Chochois - Caramel, 2020 - « La Relève III - Habiter » au Château de Servières
Paul Chochois – Caramel, 2020 – « La Relève III – Habiter » au Château de Servières

L’encre utilisée et l’origine du motif prennent un signification très singulière et assez émouvante qui fait particulièrement sens avec la thématique « Habiter » de cette troisième édition de la relève :

« Le passage de la serpillère est généralement la dernière étape du grand ménage. J’ai d’abord nettoyé le sol de l’atelier n°2, situé juste au dessus de mon espace d’exposition. J’ai filtré cette eau, l’ai faite bouillir pour la concentrer un maximum. Le « pigment » obtenu ainsi résulte de l’activité des occupants de cet atelier, où j’ai pu travailler ces deux dernières années. Grâce à un épaississant propice à la sérigraphie, j’ai pu étaler (au sens propre) cette crasse au mur pour faire germer les motifs d’un papier peint : celui qui décore les murs du salon, chez ma mère ».

Un bref couloir conduit à trois salles plongées dans la penombre.

Dans la première, Marina Smorodinova présente Communautaire (2019), un superbe film de 15 minutes réalisé au Frenoy où se mêlent photographies en partie issue du Communal Living in Russia (musée virtuel de la vie quotidienne soviétique), animations image par image, séquences chorégraphiques.

Marina Smorodinova - Communautaire, 2019 - « La Relève III - Habiter » au Château de Servières
Marina Smorodinova – Communautaire, 2019 – « La Relève III – Habiter » au Château de Servières

Le synopsis en résume ainsi le propos :

Une « kommounalka » au centre de Saint-Pétersbourg : sept chambres, une cuisine partagée, une salle de bain partagée et de long couloirs. Entre aujourd’hui et les souvenirs du passé, ce court-métrage retrace quelques heures de la vie dans cet appartement. Ce film s’appuie sur des rencontres avec des habitants des appartements communautaires et des recherches du sociologue Ilya Utehin.

La salle suivante présente, dans une étrange ambiance bleu nuit, une œuvre sonore et lumineuse de Maeline Li. Il faut un peu de temps et d’attention pour apprécier le sens de Six answers and one unanswered question (2021). Comme le titre l’indique, l’artiste interroge des personnes de sa génération qui vivent à Nuuk, capitale du Groenland et colonie danoise, sur les questions d’identité et de territoire…

Maeline Li - Six answers and one unanswered question, 2021 - « La Relève III - Habiter » au Château de Servières
Maeline Li – Six answers and one unanswered question, 2021 – « La Relève III – Habiter » au Château de Servières

Dans une ambiance sombre et inquiétante, l’installation Vagabondes (2019-2020) de Camille Sart est sans doute celle qui met le visiteur le plus mal à l’aise.

Camille Sart - Vagabondes, 2019-2020 - « La Relève III - Habiter » au Château de Servières
Camille Sart – Vagabondes, 2019-2020 – « La Relève III – Habiter » au Château de Servières

Sur un plateau à la hauteur des yeux, l’artiste présente une maquette qui évoque les dortoirs des « Écoles de préservation pour jeunes filles », établissements de l’administration pénitentiaire créés au tournant du XIXe et du XXe siècle.

Camille Sart - Vagabondes, 2019-2020 - « La Relève III - Habiter » au Château de Servières
Camille Sart – Vagabondes, 2019-2020 – « La Relève III – Habiter » au Château de Servières

Les ombres portées sur les murs des barreaux des lits donnent un troublant sentiment d’enfermement… Avec un peu d’attention, on remarque un lit dont l’oreiller a disparu. Est-ce celui de la jeune Marguerite B, retrouvée pendue en 1950 ?
Son suicide et une révolte des filles dans le dortoir juste après sa mort entraineront la fermeture de ces écoles de préservation…

Camille Sart - Vagabondes, 2019-2020 - « La Relève III - Habiter » au Château de Servières
Camille Sart – Vagabondes, 2019-2020 – « La Relève III – Habiter » au Château de Servières

Le parcours se termine avec deux œuvres éclairées par la lumière naturelle.

Samir Laghouati Rashwan - Dead Park, 2020 - « La Relève III - Habiter » au Château de Servières
Samir Laghouati Rashwan – Dead Park, 2020 – « La Relève III – Habiter » au Château de Servières

Entre parc de jeux pour enfants et espace de CrossFit, Samir Laghouati Rashwan explique ainsi ses intentions pour l’installation Dead Park (2020) :

« J’ai voulu créer un lien entre ces deux univers : avoir des pièces qui évoquent l’enfance et l’amusement, et d’autres qui font référence à l’hospitalisation ou à l’enfermement. Ce sont pour moi des choses très liées : tout le monde n’est pas épanoui dès l’enfance, selon l’endroit et la famille où l’on grandit. Ces mini-pathologies qui se créent dès l’enfance se muent, évoluent, on les retrouve plus tard ».

Dans ce qui pourrait être considéré comme le garage d’une maison ou d’un appartement, Alexandre Nicolle a installé Pilote R750 (2020), une maquette grandeur nature d’un camping-car en carton et papier, bardé d’autocollants…

Alexandre Nicolle - Pilote R750, 2020 - « La Relève III - Habiter » au Château de Servières - Photo © Alexandre Nicolle
Alexandre Nicolle – Pilote R750, 2020 – « La Relève III – Habiter » au Château de Servières – Photo © Alexandre Nicolle

Souvent associé aux retraités, parfois aux mal-logés, le camping-car a été « propulsé au rang d’incontournable de l’été post-confinement » souligne l’artiste qui poursuit en précisant son intérêt pour ce type de véhicule-maison :

« Le camping-car présente de nombreuses contradictions, ce qui éveille mon intérêt. En effet, il propose une grande mobilité, qui toutefois implique d’être sur des emplacements spéciaux. Il est synonyme d’isolement, mais dans la réalité, les aires de stationnement sont souvent bondées. Et d’ailleurs la plupart des usagers recherchent la promiscuité pour pallier l’insécurité qu’ils ressentent, là où l’enveloppe métallique du véhicule devrait inspirer la quiétude. Il renvoie au camping, au nomadisme, néanmoins, il possède généralement plus de confort qu’une chambre d’hôtel. Il s’agit de se dépayser, tout en conservant un habitat similaire voir plus confortable qu’à la maison ».

C’est la troisième année que Festival Parallèle s’associe avec plusieurs lieux d’exposition marseillais pour montrer le travail d’artistes en phase de professionnalisation. On a évoqué ici les propositions présentées à Art-cade Galerie des Grands Bains douches de la Plaine et au Centre Photographique Marseille. On regrette vivement de ne pas avoir eu l’occasion de voir celles qui étaient montrées à Coco Velten par La compagnie – lieu de création

La proposition du Château de Servières est particulièrement aboutie et un passage s’impose impérativement par le Boulevard Boisson avant la fin du mois de mars !!!

Visites et médiations du mardi au samedi de 14h à 18h. Sur rendez-vous par mail ( bureau@chateaudeservieres.org ), par téléphone (04 91 85 42 78) ou via un formulaire en ligne (https://form.jotform.com/210471945958062).

Merci à Martine Robin, directrice du Château de Servières pour son accueil.

À lire ci-dessous, les textes de salle et les repères biographiques extraits du dossier de presse.

En savoir plus :
Sur le site du Château de Servières
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​« La Relève III – Habiter » au Château de Servières : Regards sur l’exposition

Antoine VerdelleSquatter le 7 rue François Barbini 13003, 2020

Antoine Verdelle - Squatter le 7 rue François Barbini 13003, 2020 - « La Relève III - Habiter » au Château de Servières 22 janvier 2021 - Photo Raphaël Arnaud
Antoine Verdelle – Squatter le 7 rue François Barbini 13003, 2020. Installation, 500 plaques d’argile. Dimension variables. – « La Relève III – Habiter » au Château de Servières 22 janvier 2021 – Photo Raphaël Arnaud

Si on ne peut réduire la question de l’«Habiter» à celle de «se loger», Squatter la forme est une installation praticable qui prend racine dans un contexte marseillais où la crise du logement s’accompagne d’une crise humanitaire. Une ville dont le centre-urbain est le plus pauvre de France et où les logements s’effondrent sur ses habitants, la faute à ceux et celles qui la dirige, de la municipalité jusqu’à l’Etat. Squatter la forme impose la présence de ces espaces qui trouent la ville, condamnés à l’inhabiter, parfois à l’inhabitable. Ici, habiter devient squatter en référence à ce mode d’appropriation des lieux qui va au delà de la question de la propriété privée et qui est aussi un moyen politique de lutte contre le mal logement et la précarité. Cette idée de la réappropriation, elle traverse mon travail à plusieurs niveaux, mais toujours dans une dialectique corps/espace que sous-tend le terme «habiter».

Antoine Verdelle - Squatter le 7 rue François Barbini 13003, 2020 - « La Relève III - Habiter » au Château de Servières
Antoine Verdelle – Squatter le 7 rue François Barbini 13003, 2020 – « La Relève III – Habiter » au Château de Servières

J’ai travaillé avec deux principales contraintes. D’abord, le choix indifférent d’un logement vacant, sans autres critères. Ensuite, le batiment choisit étant rendu innacessible par des portes dîtes «anti-squat» le seul moyen de traduire cet espace était d’utiliser le plan cadastral de la parcelle visée, seule forme disponible pour me réapproprier ce lieu, d’en prendre la mesure. A partir de là je construis une sculpture-lieu, elle-même une mise à l’échelle du plan cadastral, par assemblage de plaques d’argile qui confère à la pièce un caractère modulaire, lui permettant de s’adapter à l’espace d’exposition. La réappropriation passe ici par la répétition d’un geste, de l’habitude de ce geste dans la production sérielle d’une forme. Habitée par un motif imitant le marbre, l’installation semble se mouvoir, rien n’est figé à l’inverse d’un marbre blanc immémoriale et sacrée. Ainsi, l’installation est sans cesse dans l’attente du mouvement et devient un lieu aux aguets du possible. L’argile est une matière incertaine. Il s’agit de faire habiter ce lieu, les spectateurs marqueront l’espace en creux, par leurs passages successifs, ils laissent des traces. Par son caractère précaire et fragile Squatter la forme s’étendra au grès des pas salies et salissant, et de partout le lieu déborde, squattant peu à peu l’espace d’exposition.

Formation :
2017-2019 : Master recherche Art Plastique, mention bien Université Bordeaux Montaigne
2013-2016 : Licence arts plastiques Université Bordeaux Montaigne

Editions :
2020 : Le Zine de l’été, A5, 48 pages

Expositions collectives :
2019 : Exposition des Masters 2 Recherche, Maison des Arts de l’UBM
2018 : Nom en Devenir, MdA
2017 : Instant T, MdA WORKSHOP
2018 : Le Radeau, Workshop au Bel Ordinaire, Pau

Lucian Moriyama Nature morte, 2021

Lucian Moriyama - Nature morte, 2021 - « La Relève III - Habiter » au Château de Servières
Lucian Moriyama – Nature morte, 2021. Scagliola (plâtre, pigments, colle), résine acrylique, cire, huile d’oeillette, acier, gélatine, ficelle de chanvre. Dimensions variables, plaque 45 x 45 cm, tréteaux 30 x 15 x 70 cm- « La Relève III – Habiter » au Château de Servières

Je revisite les histoires culturelles et matérielles, excavant les formes utopiques et les fantaisies exotiques. Je remanie ces éléments dans mes sculptures, livres d’artiste, et enregistrements, créant des objets qui remettent en question les traditions du modernisme. L’artifice, la fiction, et l’ornement apparaissent comme thèmes centraux dans mes explorations sur l’histoire de l’art, l’architecture, la musique, les expositions coloniales et universelles, et l’exotica.

Lucian Moriyama - Nature morte, 2021 - « La Relève III - Habiter » au Château de Servières
Lucian Moriyama – Nature morte, 2021 – « La Relève III – Habiter » au Château de Servières

J’ai créé une nature morte en scagliola, une technique qui imite le marbre et les pierres semi-précieuses utilisant le plâtre, la colle, et le pigment. Je suis fasciné par l’imagination exotique que proposent les objets et architectures en scagliola, notamment les palais en faux marbre construit à l’époque baroque ou pour les Expositions Coloniales. Comment habiter un espace domestique débordant de référents vers l’extérieur ? Ce travail est une fantaisie, mon propre domaine créé dans mes 30m2. Chaque objet, chaque fantasme, s’approprie de manière ludique une stratégie sculpturale différente : le moulage comme piège à formes, « La disparition de l’objet », etc.

Lucian Moriyama est né à Honolulu en 1991. Il vit et travail à Marseille, où il était lauréat du Prix François Bret

http://lucianmy.com/

Formation :
2018-2020 : DNSEP Beaux-Arts de Marseille, Marseille
2013-2016 : MA European Culture & Civilisation (Art History and Music) with distinctions University of Glasgow, Glasgow, GB

Expositions collectives :
2020 : Passages, Beaux-Arts de Marseille (Manifesta 13)
2020 : L’amour mon amour, Les Ateliers Blancarde, Marseille
2019 : Le Bal du Marquis, Les Carrière du Château Lacoste, Lacoste
2017 : Les Arts Éphémères, Parc de la maison blanche, Marseille
2016 : Bought Object, Voidoid Archive Glasgow

Expositions individuelles :
2021 : Salon Art-O-Rama, Marseille

Performances :
2020 : A procession viewed from several angles, Conservatoire Pierre Barbizet, Marseille (Manifesta 13)
2018 : This Flag is a Hull (Two), The Poetry Club, Glasgow
2017 : Studio for Ethnomusicology, Lichtblick-kino, Berlin
2016 : Arc Autoportant, Monnaie de Paris, Paris
2016 : Imaginary Work, The Poetry Club, Glasgow
2014 : You are here, Scotland Street School Museum, Glasgow

Résidence :
2021 : Boghossian Foundation, Villa Empain, Bruxelles

Paul ChochoisLe Sans Souci et Americana, 2020

Sérigraphies au décapant, pigment extrait de dollars américains. 60×80 cm

Les deux sérigraphies encadrées sont des reproductions, à plus grande échelle, de deux cartes postales des années 60. Celles-ci montrent deux hôtels, parmi les premiers à bénéficier de l’air climatisé aux États-Unis. Hôtel, piscine, palmiers, sont synonymes de vacances de rêve, réservées toutefois à une clientèle aisée. Ici, 3 billets de 1$ (la valeur la plus petite) sont nécessaires pour faire apparaitre l’image.

Paul ChochoisCaramel, 2020

Paul Chochois - Caramel, 2020 - « La Relève III - Habiter » au Château de Servières
Paul Chochois – Caramel, 2020. 75 sérigraphies à la saleté prélevée au sol de l’atelier n°2 du 19 boulevard Boisson – « La Relève III – Habiter » au Château de Servières

Le passage de la serpillère est généralement la dernière étape du grand ménage. J’ai d’abord nettoyé le sol de l’atelier n°2, situé juste au dessus de mon espace d’exposition. J’ai filtré cette eau, l’ai faite bouillir pour la concentrer un maximum. Le « pigment » obtenu ainsi résulte de l’activité des occupants de cet atelier, où j’ai pu travailler ces deux dernières années. Grâce à un épaississant propice à la sérigraphie, j’ai pu étaler (au sens propre) cette crasse au mur pour faire germer les motifs d’un papier peint : celui qui décore les murs du salon, chez ma mère.

« Mes recherches tendent vers un travail de peinture avec l’utilisation d’un matériau qui m’est cher : le décapant. En effet, si sa fonction première consite à retirer de la couleur, il est aussi capable d’en générer. Je l’utilise aujourd’hui pour décaper des devantures de banques, notamment les plaques que l’on retrouve près des distributeurs de billets.»

Formation :
2018 : Master 1 MEEF premier degré ESPE de Quimper
2017 : DNSEP avec felicitations Ecole supérieure d’Art d’Aix-en-Provence
2015 : DNAP avec mention Ecole supérieure d’Art de Perpignan
2012 : Classe préparatoire Ecole municipale des Beaux-Arts de Castres

Expositions collectives :
2020 : RENCONTRES PERMÉABLES , Château de la Falgalarié, Aussillon
2019 : Invitation de Nicolas Daubanes dans son atelier à l’occasion du
salon PAREIDOLIE Château de Servières, Marseille
2019 : PRIMITIVE FUTURE, Galerie de la SCEP, Marseille
2016 : TOI TU CREUSES, Galerie Annie Gabrielli, Montpellier
2016 : PERIPLES, Lieu Multiple, Montpellier
2016 : Vitrine de l’espace d’art ANGLE, Angle, St Paul-Trois-Châteaux
2015 : POP CLUB HEART, Perpignan
2014 : COULEURS CULTURE, Couvent des Minîmes, Perpignan
Œuvres dans les collections publiques :
2020 : Fonds Régionnal d’Art Contemporain PACA
2020 : Fonds Communal d’Art Contemporain – Ville de Marseille

Marina SmorodinovaCommunautaire, 2019

Une Kommounalka au centre de Saint-Pétersbourg. Où se limite l’espace intime dans cet environnement : au niveau des murs d’une chambre ou de la peau d’un corps ? Qui y habitent : des voisins ou des inconnus ? Entre les souvenirs et l’aujourd’hui : quelques heures de la vie de ses habitants. Le film se base sur mes échanges avec les habitants des appartements communautaires et sur les recherches du sociologue Ilya Utehin.

Un jour, je me suis retrouvée à vivre dans une nouvelle colocation. On était trois, on s’est rencontré et on a décidé de vivre ensemble : chacun avait sa chambre, puis en commun – un salon, une cuisine, une salle de bain et des toilettes. Petit à petit les conflits sont arrivés ; des incompréhensions, des visions différentes de la vie en commun, une tasse de café oubliée sur une table basse du salon. Progressivement les portes se sont fermées : d’abord les chambres et puis la cuisine et le salon, on écoutait à la porte avant de sortir de sa chambre pour ne pas croiser les voisins. On était relativement grand et relativement indépendant et au bout de quelques mois de cette vie commune on a rendu l’appartement.



Cette expérience m’a rappelé l’histoire des appartements communautaires en Union Soviétique : je la connais, mais je l’ai jamais vécue, car je n’étais pas encore née. Kommounalka ou l’appartement communautaire est un de symbole de l’Union Soviétique. Dès le début de l’Union Soviétique, de grands appartements de la bourgeoisie ont été donnés au peuple. Ainsi dans un logement de 10 pièces se retrouvaient à vivre 10 familles (autour de 20 à 30 personnes) pour une seule cuisine, salle de bain, toilettes. Ces habitations ont créé un microcosme en soi (les histoires drôles et tristes, banales et criminelles). Aujourd’hui ces appartements existent toujours, mais ils sont habités par des étudiants, de jeunes travailleurs et des personnes âgées qui n’ont pas pu partir ailleurs. En menant ma recherche par rapport à ce sujet, je me positionne dans le « aujourd’hui » de ces appartements. Je m’y suis installée et j’y ai habité : j’ai rencontré des gens et j’ai croisé le passé toujours présent entre ces murs.

https://www.marinasmorodinova.com/
https://www.instagram.com/marina.smorodinova/

Formation :
2019 : JiHlava Academy, au sein de JiHlava International Documentary Film Festival
2017-2019 : Post-diplôme, Le Fresnoy-Studio national des Arts Contemporains, Tourcoing
2015 : DNSEP, option arts dispostif mutliple – Félicitation du Jury Ecole supérieure d’Art de Lorraine, Metz
2013 : DNAP, option arts dispostif mutliple – Mention du Jury Ecole supérieure d’Art de Lorraine, Metz

Expositions Collectives :
2020 : Du corps et du ciel, Rotondes, Luxembourg
2020 : Un concert de jazz, Jeune Création 69, Paris
2019 : Panorama 21, Le Fresnoy, Tourcoing
2019 : Les pieds dans l’eau, Castel Coucou, Forbach
2019 : Video Club (programmation), Frac Champagne Ardenne, Reims
2018 : Panorama 20, Le Fresnoy, Tourcoing
2017 : Listen to the world, Triennale Jeune Création, Luxembourg
2016 : Intertext, Erarta Museum, Saint-Petersbourg

Expositions Personnelles :
2017 : Games people play, Médiathèque de Forbach, Forbach
2016 : Des activités du dimanche, Galerie Octave Cowbell, Metz

Films Réalisés :
2020 : Un été, en pleine liberté, 15’45’’
2019 : Communautaire, 14’53’’
2018 : Piscine, 17’03’’
2015 : Une espérance et demie, 11’17’’
2014 : A la lumière qui précède, 9’37’’

Maeline LiSix answers and one unanswered question, 2021

Maeline Li - Six answers and one unanswered question, 2021 - « La Relève III - Habiter » au Château de Servières
Maeline Li – Six answers and one unanswered question, 2021. Vidéo, son, (interviews prises en 2018), enceintes, leds. Dimensions variables – « La Relève III – Habiter » au Château de Servières

La pièce que je présente est une installation reprenant des interviews réalisées en 2018, à la suite d’un voyage de recherches à Nuuk, avec l’aide de Dennis Møller, cinéaste. Ce sont des enregistrements vocaux sous forme de questions-réponses, sur le sens que prend le fait d’habiter à un endroit et non pas à un autre et en particulier sur la question identitaire. M’adresser à des personnes de ma génération était important à ce moment là, à Nuuk, capitale du Groenland, reste toujours dépendante du Danemark.

Je voulais être capable de partager des éléments reconnus d’une génération à une autre dans un monde où la mondialisation unifie une partie des connaissances communes, qui plus est dans un contexte dit post-colonial à Nuuk. L’explosion des médias et de l’interconnectivité, mais aussi l’austérité et la solitude, creusent encore les ecarts déjà établis par plusieurs siècles de colonisation.

L’installation est rythmée par trois voix constituant trois points de vues qui s’enchaînent en réponse à une projection de sous-titres. Les differentes defilent comme un générique, ou un prompteur, amenant des clefs de comprehension dans les propos de chacun. Ces derniers se confrontent à l’espace, jouant ainsi sur de multiples résonances au sens propre comme au figuré. Rejouer cette pièce à Marseille haut lieu de confluences, de passages et de migrations lui confere une nouvelle dimension qui n’est pas totalement étrangère.

Une installation et des personnes en stand-by, sur le point de partir, ou sur le point de rester.

https://www.instagram.com/maeline.li/
http://www.maelineml.com/

Formation :
2019 : Programme post-diplôme Offshore, avec le Shangai Institute of Visual Art et l’école Nationale d’Art et de Design de Nancy
2019 : DNSEP avec felicitations du jury Haidouc, Ecole Nationale d’Arts de Bourges
2017 : DNAP Haute école des Arts du Rhin

Expositions Collectives :
2020 : (Sélection) The truth is Elsewhere, Kunsthaus L6, Freiburg
2020 : (Sélection) 100 + 100 ≠ 400, Régionale 21, FABRIKCulture Hégenheim
2019 : Relocation, Unsine de couleurs Marie’s, Shangai
2019 : Ailleurs si j’y suis, Festival Bourges Contemporain, Bourges
2018 : AFTER, Lis-Thé-Ratures, Boulogne-Billancourt
2017 : Exhibition, Kunsthalle, Mulhouse
2016 : Wasserspiele, Parc ce la Wiese, Bâle
2016 : Yeah, im’ a curator, Motoco, Mulhouse
2014 : Le corps sous toutes ses coutures, Carreau du Temple, Paris

Performances :
2020 : Performance Airport session #1 pour l’évènement Passive Office, Zaventem Aiport, Bruxelles
2018 : Performance pour l’artistes Joëlle Tuerlinckx au Centre International d’Art et du Paysage de l’ïle de Vassivière

Publications :
2021 : Parution dans la publique en ligne «Shangai Papers»
2020 : Parution dans le magazine mensuel anglophone «The Mass» n°4, Decolonize

Camille SartVagabondes, 2019-2020

Camille Sart - Vagabondes, 2019-2020 - « La Relève III - Habiter » au Château de Servières
Camille Sart – Vagabondes, 2019-2020. Maquette, bois, polystyrène extrudé, charbon, tissus, mousse, grillage ; lumière ; son ; vidéo. 104 x 240 x 150 cm – « La Relève III – Habiter » au Château de Servières

Ce dortoir renvoie aux écoles de préservation pour jeunes filles. Ces établissements de correction et de redressement réservés aux filles dites difficiles ou vicieuses, arrêtées pour vagabondage, se trouvaient en France, à Clermont, Doullens et Cadillac. Ces « mauvaises graines », enfermées contre leur volonté sont assignées à devenir de bonnes épouses et de bonnes ménagères. Les révoltes n’ont pas suffit, il fallut attendre le suicide de la jeune Marguerite B, retrouvé pendu aux barreaux de son lit pour que ces lieux ferment définitivement.

Camille Sart - Vagabondes, 2019-2020 - « La Relève III - Habiter » au Château de Servières
Camille Sart – Vagabondes, 2019-2020 – « La Relève III – Habiter » au Château de Servières

L’ambiance sombre et pesante qui se dégage de ce dortoir engendre un malaise. La hauteur de cette pièce place le regard de l’adulte au niveau de l’enfant. Les barreaux des lits, caractéristiques de ce type de lieux, propagent des ombres sur les murs afin de donner un sentiment d’enfermement. Le support de cette maquette qui est entre l’image que l’on se fait de l’échafaud et des combles est un espace plus discret qui évoque les secrets que ces mineures se confiaient dans ces établissements où elles étaient surveillées à chaque instant. Où le silence était de mise.

À travers la reconstitutions de lieux traumatiques sous forme de maquette Camille Sart interroge les dérives institutionnelles, aborde les maltraitances sur mineurs et l’inceste. Les maquettes rejouent la disproportion des corps et des rapports de pouvoir entre l’enfant et l’adulte. Du fait de l’origine familiale de ce travail, une émotion particulière en émane. Il souhaite, de part ses installations, permettre une prise de conscience et une libération de la parole.

Camille Sart - Vagabondes, 2019-2020 - « La Relève III - Habiter » au Château de Servières
Camille Sart – Vagabondes, 2019-2020 – « La Relève III – Habiter » au Château de Servières

https://www.instagram.com/camille_sart/

Formation :
2019 : DNSEP Ecole supérieure d’Art & de Design, Toulon
2016 : DNAP Ecole supérieure d’Art & de Design, Toulon

Expositions Collectives :
2020 : Galerie Metaxu, Toulon
2020 : En quête d’existences, Espace Van gogh, Arles
2020 : L’affaire Vermiraux, Galerie l’annexe (ésadtpm), Toulon
2019 : Passage 3, Galerie de l’école (ésadtpm), Toulon
2015 : Poésies et performances, Festival des Eauditives, Tourves / La Celle / Châteauverts

Workshop :
2020 : Villa Tamaris, La Seyne-sur-mer
2018 : avec l’artiste Vittorio Santoro, Toulon
2017-2018 : Participation à la création et publication du journal «Le Spectateur aveugle mangeant une pomme».

Samir Laghouati RashwanDead Park, 2020

Samir Laghouati Rashwan - Dead Park, 2020 - « La Relève III - Habiter » au Château de Servières
Samir Laghouati Rashwan – Dead Park, 2020. Installation, métal, plastique, Dimensions variables – « La Relève III – Habiter » au Château de Servières

Une installation, un paysage urbain froid, faisant penser à ce qu’on appelle « non- lieu » terme développé par Marc Augé dans son anthropologie de la surmodernité. Une sorte de squelette, qui serait en quelque sorte les restes d’un capitalisme décadent.

« Dead Park », c’est un projet sur lequel j’ai avancé pendant trois ans durant mes études (aux Beaux- Arts de Marseille, ndlr). C’est parti de questionnements sur l’aménagement urbain, les parcs, mais aussi les parcs de CrossFit : on retrouve souvent des liens entre les modules pour enfants et ceux pour la musculation. Parfois, on ne sait pas vraiment à quel public ils sont destinés.

Les parcs en Europe sont l’un des premiers lieux de contrôle : c’est l’espace où on va surveiller les enfants, et leur dire comment grandir. Sur chaque module, on retrouve des cartels qui nous disent comment les utiliser : il n’y a vraiment de liberté. Les parcs de CrossFit sont le résultat de ce contrôle, qu’on retrouve d’ailleurs dans les pratiques de musculations extrêmes.
J’ai voulu créer un lien entre ces deux univers : avoir des pièces qui évoquent l’enfance et l’amusement, et d’autres qui font référence à l’hospitalisation ou à l’enfermement. Ce sont pour moi des choses très liées : tout le monde n’est pas épanoui dès l’enfance, selon l’endroit et la famille où l’on grandit. Ces mini-pathologies qui se créent dès l’enfance se muent, évoluent, on les retrouve plus tard.

Samir Laghouati-Rashwan, né en 1992 à Arles. Vit et travaille à Marseille.

https://www.instagram.com/samirlaghouatirashwan/?hl=fr

Formation :
2020 : DNSEP option Art – ESADMM
2018 : DNA option Art – ESADMM

Expositions collectives :
2020 : Sur pierres brûlantes , Friche la Belle de Mai, Marseille
2020 : Passages, Manifesta Parallèle, ESADMM

Alexandre NicollePilote R750, 2020

Alexandre Nicolle - Pilote R750, 2020 - « La Relève III - Habiter » au Château de Servières - Photo © Alexandre Nicolle
Alexandre Nicolle – Pilote R750, 2020. Bois, metal, carton, papier, colle, peinture acrylique. 610x235x240cm – « La Relève III – Habiter » au Château de Servières – Photo © Alexandre Nicolle

Issu d’un milieu modeste, mi-rural, mi-urbain, je m’intéresse à toutes ces petites différences qui peuvent exister entre différents milieux, environnements, classes sociales. Je m’amuse à mélanger différents codes pour créer des objets, des images que j’ambitionne accessibles au plus grand nombre.

Mon atelier est situé sur le port en face d’un parking d’accueil pour camping-car. C’est une place où les gens vont et viennent, certains sont là pour les vacances, d’autres en transit, attendent un bateau et quelques-uns vivent ici la plupart de l’année. Véhicule propulsé au rang d’incontournable de l’été post-confinement, le camping-car s’est imposé comme nouveau mode de voyage et d’habitat.

La crise sanitaire ayant réveillé chez beaucoup d’entre nous un besoin d’évasion. Le camping-car présente de nombreuses contradictions, ce qui éveille mon intérêt. En effet, il propose une grande mobilité, qui toutefois implique d’être sur des emplacements spéciaux. Il est synonyme d’isolement, mais dans la réalité, les aires de stationnement sont souvent bondées. Et d’ailleurs la plupart des usagers recherchent la promiscuité pour pallier l’insécurité qu’ils ressentent, là où l’enveloppe métallique du véhicule devrait inspirer la quiétude. Il renvoi au camping, au nomadisme, néanmoins, il possède généralement plus de confort qu’une chambre d’hôtel. Il s’agit de se dépayser, tout en conservant un habitat similaire voir plus confortable qu’à la maison. Il est souvent associé aux retraités, mais il est aussi une roue de secours pour les mal-logés, ou ceux qui cherchent un autre mode d’habitat. Il concerne toutes les tranches de la société, sans limite d’âge ou de classe sociale, ce qui en fait un objet habitat foncièrement populaire.

Cette pièce s’inspire également des différents véhicules que j’ai pu rencontrer, des autocollants que l’on colle à l’arrière du véhicule pour signifier qu’on a traversé une région ou un pays aux vignettes Panini collées sur les carrosseries au Maroc et plus généralement de la customisation automobile.

Né en 1994 à Saint-Lô, Alexandre Nicolle vit et travaille à Cherbourg en Cotentin. Il est diplômé de l’Ecole Supérieure d’Art et Design Le Havre/Rouen depuis 2018.

https://www.instagram.com/nicolle.alecs/
https://alexandrenicolle.tumblr.com/

Formation :
2018 : DNSEP avec mention
2016-2018 : Second cycle ESADHaR, Rouen
2016 : DNAP avec les félicitations du jury
2013-2016 : Premier cycle ESADHaR, Rouen

Expositions collectives :
2020 : Douces Bigarreries, Musée des Beaux Arts, Louviers
2019 : Double Jeu, LHAB, Le Havre
2019 : De visu, L’Académie, Maromme
2019 : Impossible n’est rien, Abbaye aux Dames, Caen / Hôtel de Région Rouen
2019 : Sans porte, Escadhar, Rouen
2018 : Transition , Abbaye de Graville, Le Havre
2018 : Don’t do it, Lieu d’exposition, Rouen
2018 : Ok Sépulcre, Collégiale du Sépulcre, Caen
2018 : Retour vers le futur VIII, Galerie du Lycée Leverrier, Saint-Lô
2017 : Visiteur, SMEDAR, Rouen
2017 : Plaisir d’offrir #4, Le 106, Rouen
2016 : De l’aquarium à la saucisse, Le 180, Rouen
2016 : Fenêtre sur Rue, Galerie Martainville, Rouen
2016 : BIP, Le 180, Rouen
2015 : Pataquès , Lieu d’exposition, Rouen
2015 : Fenêtre sur Rue, Galerie Martainville, Rouen
2015 : Retour vers le futur V, Galerie du Lycée Leverrier, Saint-Lô

Résidences :
2020 : Villa Calderòn, Louviers / Art Plume, Saint-Lô
2018 : Fours à Chaux, Regneville

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