Lucile Diacono et Sylvain Fraysse à la Galerie Vasistas, Montpellier


Jusqu’au 25 octobre 2026, la Galerie Vasistas réunit Lucile Diacono et Sylvain Fraysse dans une exposition dont l’accrochage, précis et équilibré, souligne avec justesse la singularité de leurs démarches.

On retrouve avec intérêt le travail de Sylvain Fraysse avec une œuvre récente, 0 h 47 min 4 s/0 h 47 min 12 s. Après s’être emparé en 2022 de la célèbre scène du regard caméra d’Harriet Andersson dans Un été avec Monika que l’on avait découvert en 2022 parmi les acquisitions récentes du Mrac à Sérignan, l’artiste poursuit son exploration du cinéma d’Ingmar Bergman. Il s’attache cette fois à une séquence de Persona où le visage d’Alma, en gros plan, se fissure comme du verre avant de se consumer, jusqu’à la disparition complète de l’image.

Sylvain Fraysse – 00:47:04 / 00:47:12, 2025. 199 gravures à la pointe sèche sur Plexiglass. Impression sur quatre planches. 60 × 90 cm chacune. Tirage Atelier Tazé. Édition de 5 exemplaires.
Sylvain Fraysse – 00:47:04 / 00:47:12, 2025. 199 gravures à la pointe sèche sur Plexiglass. Impression sur quatre planches. 60 × 90 cm chacune. Tirage Atelier Tazé. Édition de 5 exemplaires. Galerie Vasistas, Montpellier

L’œuvre, composée de 199 gravures à la pointe sèche sur Plexiglas, restitue la scène seconde par seconde. Imprimées sur quatre planches alignées, elles déploient sur près de quatre mètres la temporalité de la séquence, entre apparition et effacement. La lenteur du procédé contraste avec la brièveté de l’extrait. Par ce travail patient, presque obsessionnel, il oppose la lenteur de la gravure à la fluidité des images cinématographiques.

Sylvain Fraysse – Camille, 2025. Sérigraphie sur papier BFK Rives 270 g. Tirage Atelier Tchikebe, 56 × 76 cm. Édition de 30 exemplaires.
Sylvain Fraysse – Camille, 2025. Sérigraphie sur papier BFK Rives 270 g. Tirage Atelier Tchikebe, 56 × 76 cm. Édition de 30 exemplaires. Galerie Vasistas, Montpellier

Face à cette pièce monumentale, la sérigraphie Camille (2025), éditée par l’Atelier Tchikebe, reproduit l’un des dessins à la craie sur tableau noir présentés dans l’installation du même nom réalisée en 2023 dans la salle de dissection de la Faculté de médecine de Montpellier. Inspirée par la scène inaugurale du Mépris de Jean-Luc Godard, l’installation y « disséquait » alors cette « œuvre musicale et cinématographique mythique considérée comme corps organique ».

Sylvain Fraysse - Sans titre (GY!BE) et Sans titre (Nick Cave), 2021. Béton, 21 x 30 cm. Œuvres uniques.
Sylvain Fraysse – Sans titre (GY!BE) et Sans titre (Nick Cave), 2021. Béton, 21 x 30 cm. Œuvres uniques. Galerie Vasistas, Montpellier

Deux petites œuvres sur béton, Sans titre (GY ! BE) et Sans titre (Nick Cave) (2021), prolongent cette réflexion sur la trace et la matérialité de l’image. Ces fragments de carnets d’artistes post-punk, moulés en relief, rappellent autant les tablettes antiques que des ex-voto contemporains, entre mémoire intime et archive.

De son côté, Lucile Diacono présente un ensemble de céramiques dont la sensualité des formes et la mise en scène théâtrale captent immédiatement le regard. Ses sculptures, à la fois décoratives et organiques, évoquent des objets issus d’un imaginaire baroque ou domestique.

Lucile Diacono à la Galerie Vasistas, Montpellier
Lucile Diacono – Grande Amphore, 2025. Faïence blanche, engobe et émail 36 cm x 12 cm et Tulipier à anse mate, 2024. Faïence blanche et engobe, 31cm x 15 cm. Galerie Vasistas, Montpellier

Ses sculptures, et notamment ses Tulipiers, jouent sur l’ambivalence entre objet d’art et objet domestique. Leurs formes sensuelles, parfois inquiétantes, rappellent à la fois le raffinement du décor bourgeois et la matérialité du corps. Comme l’écrit Margaux Fontaine en 2021, ces pièces « font référence au décor bourgeois dans leur raffinement et leur qualité d’objet artisanal à première vue ornemental (…), mais on ne peut, à les regarder, évincer la question du corps ».

Lucile Diacono à la Galerie Vasistas, Montpellier
Lucile Diacono – Choroflore I, 2024. Faïence blanche, engobe et émail et Gargoulette Rouge, 2025. Faïence blanche, engobe et émail, 26cm x 18cm. Galerie Vasistas, Montpellier

Sous leur apparente délicatesse, ces formes évoquent autant le corps désiré que le corps contraint, oscillant entre séduction et inconfort.

Lucile Diacono à la Galerie Vasistas, Montpellier
Lucile DiaconoTulipier à deux anses, 2025. Faïence blanche, engobe et émail, 33 cm x 26 cm et Choroflore VI, 2025. Faïence blanche, engobe et émail. 23 cm x 10 cm. Galerie Vasistas, Montpellier

L’ensemble mérite sans aucun doute un passage par la Galerie Vasistas au 5 rue Saint-Firmin, à l’angle de la rue Foch à Montpellier.

En savoir plus :
Sur le site de la Galerie Vasistas
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Consulter le dossier de Sylvain Fraysse sur Documents d’artistes Occitanie
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