Interrogations sur Jeff Koons au Mucem 
Œuvres de la Collection Pinault à Marseille


Jusqu’au 18 octobre 2021, le Mucem présente « Jeff Koons Mucem. Œuvres de la Collection Pinault ». Cette exposition attirera sans doute le grand public. Toutefois, elle interroge et irrite nombre des habitués du Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée…

Dans un contexte particulièrement difficile pour les artistes-auteur.e.s et pour les structures souvent fragiles qui les soutiennent, « Jeff Koons Mucem. Œuvres de la Collection Pinault » apparaît même comme une provocation qui entraîne de multiples réactions d’hostilité…

Le projet remonte à un peu plus de deux ans. Suite à une conversation avec Jean-Jacques Aillagon, Directeur général de la Collection Pinault, Jean-François Chougnet, président du Mucem, demande à ces équipes de prendre contact avec l’artiste américain pour lui proposer une exposition dans la lignée de celle que le musée organise depuis 2016 « sur les grands passeurs, artistes de l’art moderne (Picasso, Dubuffet) et de l’art contemporain (Ai Weiwei) qui se sont inspirés de la culture populaire »…

A priori, peu de choses dans la biographie de Koons, comme dans ses œuvres, sont être liées aux civilisations de l’Europe et de la Méditerranée…

Certes Koons s’inspire d’objets du quotidien et le Mucem conserve des objets du quotidien… Est-ce suffisant pour construire un projet qui fasse sens ? À l’évidence le propos est très mince, parfois dérisoire. L’exposition se limite à « une conversation tantôt formelle, tantôt symbolique ou poétique, entre les pièces majeures de Jeff Koons et les collections d’art populaire »…

Jeff Koons au Mucem - Œuvres de la Collection Pinault - Salle 8 - vue de l'exposition
Jeff Koons au Mucem – Œuvres de la Collection Pinault – Salle 8 – vue de l’exposition

La diversité des collections autorise sans doute ce type de dialogue avec les œuvres de très nombreux artistes et probablement avec plus de légitimité…
On est très loin de la richesse et de la pertinence du discours qui étayait « Un génie sans piédestal, Picasso et les arts et traditions populaires », « Jean Dubuffet, un barbare en Europe » ou « Fan-Tan » de Ai Weiwei

En passant de salle en salle, on ne comprend pas très bien qui joue avec quoi. Souvent, on a le sentiment que Koons, fasciné par les collections du Mucem, s’est amusé avec elles… Quelquefois, on croit deviner au contraire que l’équipe du musée s’est servie des œuvres de la collection Pinault ?
Tout indique que les uns et les autres se sont laissés entraîner dans un étrange ballet de séduction… où la question de la forme semble être le principal fil conducteur.

Cette confrontation élimine largement le caractère fonctionnel de ces objets comme le contexte social et historique dans lesquels ils ont été produits.

Jeff Koons au Mucem - Œuvres de la Collection Pinault - Salle 3 - vue de l'exposition
Jeff Koons au Mucem – Œuvres de la Collection Pinault – Salle 3 – vue de l’exposition

Regarder la collection uniquement d’un point de vue formel, est-ce que cela fait sens ? Cette approche ne s’éloigne-t-elle pas des missions du musée ? On a souvent l’impression que ces témoignages des cultures populaires, contaminés par les pièces de Koons, pourraient rejoindre le monde trouble de l’esthétique kitsch…

Par bonheur, la force des objets fait parfois déjanter cette conversation trop lisse et polie : ici, le cul noirci d’une casserole ; là, une bouée de sauvetage ; plus loin, une femme sur un croissant de lune, un sombre cadenas, des passettes à ruban et plioir à dentelles, des masques de clowns ou encore les figures grotesques de pichets en céramique…

La mise en espace et la scénographie de « Jeff Koons Mucem. Œuvres de la Collection Pinault » paraissent à première vue séduisantes et impeccables. Un regard plus attentif montre qu’elles ne sont pas pour autant irréprochables… Le choix d’ouvrir les rideaux, de laisser largement entrer la lumière de la méditerranée fait évidemment miroiter et scintiller les sculptures rutilantes de la Collection Pinault. Nul doute que cette option offrira l’occasion d’alimenter les réseaux sociaux avec des flots d’images flatteuses et racoleuses…

Jeff Koons, Moon (Light Blue)_vue de l'exposition Jeff Koons Mucem© Jeff Koons_photo_Laurent Lecat_Mucem
Jeff Koons, Moon (Light Blue)_vue de l’exposition Jeff Koons Mucem© Jeff Koons_photo_Laurent Lecat_Mucem

Malheureusement, cet éclairage naturel est beaucoup moins avantageux pour de nombreux objets de la collection. C’est notamment le cas pour ceux qui sont sous verre, dans les salles qui ouvrent sur la mer. En fin de parcours, les Coiffes exposées à contre-jour, dans une lumière qui valorise le poli miroir du Titi de Koons, sont presque invisibles. Il en est de même avec multiples reflets qui masquent les Épis de faîtage qui accompagnent le Bluebird Planter de l’artiste américain.

La mise en espace valorise avant tout les œuvres de la Collection Pinault. Placées au centre des salles, ou dans la perspective la plus flatteuse, c’est autour d’elles que se construit l’accrochage. La mise en avant d’objets de la collection est exceptionnelle…

Jeff Koons au Mucem - Œuvres de la Collection Pinault - Salle 13 - vue de l'exposition
Jeff Koons au Mucem – Œuvres de la Collection Pinault – Salle 13 – vue de l’exposition

Les pièces de Koons sont toutes accompagnées d’un cartel développé qui les replace dans l’œuvre et la démarche de l’artiste, qui en souligne les intentions et en précise certains aspects techniques. Sur les plus de 300 objets issus des collections, seule une vingtaine sont commentées avec un texte souvent moins généreux et explicite… C’est une volonté de l’artiste américain de réduire les commentaires sur les rapprochements exposés et d’émailler le parcours de citations dont on laissera au visiteur la surprise et le soin d’en apprécier la profondeur… On espère que les documents mis à la disposition du public seront plus riches et on attend avec curiosité de découvrir le contenu du catalogue.

En fait, « la grande liberté dans la manière qu’a eue l’artiste de s’approprier la collection du Mucem » semble avoir comme objectif essentiel la valorisation de ses œuvres et de leur offrir une énième légitimité institutionnelle.Ces installations impeccables, des accrochages millimétrés et une scénographie séduisante ne suffisent pas à dissiper un inévitable malaise sur l’éventualité d’un jeu trouble entre l’institution publique et la collection Pinault… Qui joue avec qui ? Qui manipule qui ?

En 2020, l’exposition « Voyage Voyages» nous avait désagréablement surpris par la minceur de son propos. Elle apparaissait comme un divertissement culturel à destination des croisiéristes en escale à Marseille ou pour les amateurs de déambulations digestives. « Jeff Koons Mucem. Œuvres de la Collection Pinault » renforce le sentiment d’une possible dérive du Mucem vers trop de facilité… On espère vivement se tromper.

Avec plus de 650 000 visiteurs, la rétrospective Jeff Koons, en 2014, reste à ce jour la plus forte fréquentation du Centre Pompidou… On attend avec curiosité le score qu’annoncera le Mucem à la fin du mois d’octobre.

Souhaitons que le visiteur attentif de « Jeff Koons Mucem. Œuvres de la Collection Pinault » s’apercevra malgré tout de l’exceptionnelle richesse des collections du Mucem et de la vacuité du travail de Koons

Le commissariat est assuré par Elena Geuna, commissaire d’exposition indépendante, auteure et conseillère artistique et Émilie Girard, conservatrice en chef du patrimoine, directrice scientifique et des collections du Mucem.

La scénographie est réalisée par Pascal Rodriguez qui avait signé celle de « OR » en 2018 et « Giono » en 2019.

À lire ci-dessous, un compte rendu de visite photographique accompagné des cartels développés et du texte introductif. On trouvera également une présentation du projet sous la forme de l’habituel ent#01retien avec les deux commissaires de l’exposition et une conversation d’Elena Geuna avec Jeff Koons et quelques repères biographiques à propos d’Elena Geuna, Émilie Girard et Jeff Koons. Ces documents sont extraits du dossier de presse.

En savoir plus :
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À lire ce billet critique de Arthur Weidenhaun sur le site Le vent se lève (LVSL) à propos de la Collection Pinault.

« Jeff Koons Mucem. Œuvres de la Collection Pinault» : Regards sur l’exposition

Artiste incontournable de la fin du XXe siècle et de ce début du XXIe siècle, Jeff Koons (né en 1955 à York, en Pennsylvanie) puise son inspiration dans le quotidien, dans des objets banals et familiers. Portant un regard perspicace sur son temps, il n’en est pas moins amateur et curieux des productions matérielles du passé, artistiques et populaires. Son intérêt pour l’objet usuel fait de la rencontre entre l’artiste et les collections du Mucem un terrain de jeu parfait.

Grâce au prêt exceptionnel des œuvres de la Collection Pinault, l’exposition permet de revenir sur les 40 dernières années de la carrière de l’artiste, avec un parcours jalonné de ses œuvres phares, sculptures et peintures. Mais l’originalité de ce projet tient surtout à la rencontre des œuvres de Koons avec les collections du Mucem.

Les pièces choisies sont issues d’un long et minutieux travail dans les réserves du musée. Jeff Koons a exploré l’ensemble des fonds pour sélectionner objets de la vie quotidienne, chefs-d’œuvre d’art populaire, documents et photographies, rendant hommage à la variété des collections. Le choix final, portant sur plus de 300 pièces, a été nourri d’échanges sur le sens des objets, leur usage, leur forme.

Chaque œuvre de Jeff Koons est ainsi mise en relation avec un ensemble d’objets pour créer une conversation tantôt formelle, tantôt symbolique ou poétique, entre les pièces majeures de Jeff Koons et les collections d’art populaire. Koons relit l’histoire des collections du musée, joue avec leur plasticité et leur polysémie, revient à l’esthétique de l’objet, leur redonne une forme de contemporanéité, en fait et défait le sens dans un parcours libre et spontané.

Toutes les œuvres de Jeff Koons présentées dans cette exposition ont été prêtées par la Collection Pinault à l’exception de Bourgeois Bust — Jeff and Ilona, amicalement mise à disposition du Mucem par la Tate and National Galleries of Scotland, l’exemplaire de la Collection Pinault étant, par ailleurs, présenté à Rennes, dans le cadre de l’exposition « Au-delà de la couleur. Le noir et le blanc dans la Collection Pinault ». Cette exposition a pu être réalisée grâce au soutien de la Caisse d’Épargne CEPAC, la Fondation d’entreprise PwC France et Maghreb, et Interxion.
(Texte d’introduction)

​Salle 1

Jeff Koons au Mucem - Œuvres de la Collection Pinault - Salle 1 - vue de l'exposition
Jeff Koons au Mucem – Œuvres de la Collection Pinault – Salle 1 – vue de l’exposition

L’œuvre New Hoover Convertible, New Shelton Wet/Dry 10 Gallon Doubledeckerde Jeff Koons est ici mise en regard avec des objets « sous cloche » de la collections du Mucem, et notamment l’une des unités écologiques conservées par le musée.

Jeff Koons – New Hoover Convertible, New Shelton Wet/Dry 10 Gallon Doubledecker, 1981. Deux aspirateurs, acrylique et tubes fluorescents. 251,5 × 71,1 × 71,1 cm ; 99 × 28 × 28 inches. Pinault Collection © Jeff Koons. Photo Laurent Lecat Mucem

L’œuvre est issue de la série The New, réalisée entre 1980 et 1987. Abordant les thèmes des premiers travaux de Jeff Koons, The New témoigne d’une réduction drastique des interventions opérées par l’artiste sur les objets.

Cette œuvre incarne l’approche sculpturale prédominante de cette série : les aspirateurs présentés dans des vitrines en acrylique et illuminées par des néons apparents. L’utilisation de vitrines par l’artiste évoque le vocabulaire visuel lié à la mise en scène contemporaine des produits de consommation. En parallèle, il soustrait les objets à leur fonction initiale, en dissociant la dési­rabilité du consommable. Coupés de leur fonction domestique d’appareil de ménage, leur « appareil respiratoire » et leur allure androgyne donnent aux aspirateurs une apparence anthropo­morphe et un attrait érotique. Avec New Hoover Convertible, New Shelton Wet/Dry 10 Gallon Doubledecker, l’immobilité des objets amplifie le sentiment de pureté et de virginité et projette sur le devant de la scène le lien puissant qui unit nouveauté et désirabilité dans la culture contemporaine.

Couronnes et bouquets de mariage et Christ au sacré coeur sous globes de verre - Jeff Koons au Mucem - Œuvres de la Collection Pinault - Salle 1
Couronnes et bouquets de mariage et Christ au sacré coeur sous globes de verre – Jeff Koons au Mucem – Œuvres de la Collection Pinault – Salle 1
Salle commune d’une maison bretonne. France, Finistère, Goulien. Début des années 1960. Mucem © Mucem
Salle commune d’une maison bretonne. France, Finistère, Goulien. Début des années 1960. Mucem © Mucem

Cet intérieur a été collecté en 1964 par les équipes du Musée national des arts et traditions populaires. Il fut présenté dès l’ou­verture de la galerie culturelle du musée en 1975, parmi d’autres « unités écologiques », comme un atelier de tourneur sur bois ou un chalet savoyard, qui ponctuaient le parcours. Ce principe muséographique consiste à prélever un ensemble d’objets prove­nant d’un même contexte puis à le remonter dans une vitrine en le reproduisant à l’identique. C’est ainsi la restitution fidèle d’un ensemble complexe, montré dans son état d’usage, figé dans le temps à la manière d’un arrêt sur image, qui est donnée à voir.

​Salle 2

Jeff Koons au Mucem - Œuvres de la Collection Pinault - Salle 2 - vue de l'exposition
Jeff Koons au Mucem – Œuvres de la Collection Pinault – Salle 2 – vue de l’exposition

L’œuvre Travel Bar de Jeff Koons est ici mise en correspondance avec des pichets en barbotine à figure de grotesques et autres objets à boire de la collection du Mucem.

Jeff Koons – Travel Bar, 1986 - Jeff Koons au Mucem - Œuvres de la Collection Pinault - Salle 2 - vue de l'exposition

Jeff Koons – Travel Bar, 1986. Acier inoxydable. 35,6 × 50,8 × 30,5 cm ; 14 × 20 × 12 inches.Édition 2/3 + épreuve d’artiste. Pinault Collection © Jeff Koons – Jeff Koons au Mucem – Œuvres de la Collection Pinault – Salle 2 – vue de l’exposition

La relation de Jeff Koons au ready-made est soumise à une transformation décisive dans la série Luxury and Degradation. L’artiste s’aventure au-delà de l’appropriation des objets existants, vers l’exploration de leur valeur symbolique et sociale. Déchus de leur fonction pratique, les objets décrits dans cette série subissent un changement radical de leur statut au sein de la société contemporaine.

La série Luxury and Degradation présente des images de publicité de spiritueux et des sculptures en acier inoxydable représentant des carafes et autres objets dédiés à la consommation de l’alcool. Travel Bar présente le moulage d’un bar mobile en acier inoxydable. Est ici évoquée en filigrane l’une des contradictions sur laquelle se base la publicité moderne : le langage du produit promet pouvoir et luxe tout en faisant planer une menace silencieuse sur le rêve américain et ses failles.

Pichets. Céramique glaçurée. France, Moselle, Sarreguemines. Fin du XIXe - début du XXe siècle - Jeff Koons au Mucem - Œuvres de la Collection Pinault - Salle 2 - vue de l'exposition

Pichets. Céramique glaçurée. France, Moselle, Sarreguemines. Fin du XIXe — début du XXe siècle. Mucem Jeff Koons au Mucem – Œuvres de la Collection Pinault – Salle 2 – vue de l’exposition

​Salle 3

Jeff Koons au Mucem - Œuvres de la Collection Pinault - Salle 3 - vue de l'exposition
Jeff Koons au Mucem – Œuvres de la Collection Pinault – Salle 3 – vue de l’exposition

L’œuvre Bourgeois Bust—Jeff and Ilona de Jeff Koons est ici mise en correspondance avec une enseigne de maréchal-ferrant et divers objets de la collection du Mucem évoquant, pour l’artiste, la fécondité.

Jeff Koons au Mucem - Œuvres de la Collection Pinault - Salle 3 - vue de l'exposition
Jeff Koons au Mucem – Œuvres de la Collection Pinault – Salle 3 – vue de l’exposition
Jeff Koons – Bourgeois Bust - Jeff and Ilona, 1991 - Jeff Koons au Mucem - Œuvres de la Collection Pinault - Salle 3 - vue de l'exposition

Jeff KoonsBourgeois Bust—Jeff and Ilona, 1991. Marbre. 113 × 71,1 × 53,3 cm ; 44 1/2 × 28 × 21 inches. Édition 2/3 + épreuve d’artiste. ARTIST ROOMS Tate and National Galleries of Scotland. Acquis conjointement par The d’Offay Donation avec l’aide du National Heritage Memorial Fund et de Art Fund 2008 © Jeff Koons – Jeff Koons au Mucem – Œuvres de la Collection Pinault – Salle 3 – vue de l’exposition

La sculpture en marbre Bourgeois Bust—Jeff and Ilona illustre l’utilisation séduisante du langage classique par Jeff Koons. Cette œuvre représente le buste de Jeff Koons avec son épouse d’alors, Ilona Staller, enlassés au-dessus d’un lit de fleurs. C’est l’une des œuvres les plus emblématiques de la série Made in Heaven, dans laquelle l’artiste donne à voir sa propre intimité pour évoquer la culpabilité et la honte. En employant la tradition classique du portrait en buste, Jeff Koons élève le couple au rang de divinité et fait souffler un vent de pouvoir et de dévotion sur son œuvre. S’appropriant les codes de l’histoire de l’art, notamment ceux de la période baroque, et l’esthétique pornographique, Made in Heaven pose la question de la représentation de la sexualité dans l’art et confronte le spectateur au conflit entre codes culturels et pulsions naturelles.

Toutes les œuvres de Jeff Koons présentées dans cette exposition ont été prêtées par la Collection Pinault à l’exception de Bourgeois Bust—Jeff and Ilona, amicalement mise à disposition du Mucem par la Tate and National Galleries of Scotland, l’exemplaire de la Collection Pinault étant, par ailleurs, présenté à Rennes, dans le cadre de l’exposition « Au-delà de la couleur. Le noir et le blanc dans la Collection Pinault ».

Bouquet de Saint Eloi – Enseigne de maréchal-ferrant, Sassier. Tôle de fer découpée et peinte. France, Tours, 1878. Mucem – Jeff Koons au Mucem – Œuvres de la Collection Pinault – Salle 3 – vue de l’exposition

Le centre de l’enseigne est composé de 16 groupes de 8 fers réunis en bouquets et témoignant de tous les types de fers à cheval que le compagnon est capable de réaliser. La bordure de l’enseigne illustre le Tour de France effectué par les compagnons lors de leur formation, avec quelques étapes majeures de la vie compagnonnique, comme le départ du compagnon (sac au dos et canne à la main), la guilbrette (l’accolade des compagnons) ou le pèlerinage à la grotte de la Sainte-Baume (lieu sacré pour les compagnons). Au sommet de l’enseigne trône Saint Éloi, patron des maréchaux-ferrants. Sur la partie basse de l’enseigne, les lettres qui se suivent, quand on les décode et perce le secret du compagnon, présentent une dédicace : Dédié À Tourangeau Difficile À Connaître Compagnon Maréchal-Ferrant Du Devoir Fait À Tours.

Cette enseigne est sans doute l’œuvre de réception du compagnon Sassier. Ces chefs-d’œuvre étaient réalisés à l’issue de la formation que les compagnons recevaient dans les différents ateliers visités lors de leur Tour de France.

Jeff Koons au Mucem - Œuvres de la Collection Pinault - Salle 3 - vue de l'exposition
Jeff Koons au Mucem – Œuvres de la Collection Pinault – Salle 3 – vue de l’exposition

​Salle 4

Jeff Koons au Mucem - Œuvres de la Collection Pinault - Salle 4 et 5 - vue de l'exposition
Jeff Koons au Mucem – Œuvres de la Collection Pinault – Salle 4 et 5 – vue de l’exposition

L’œuvre Balloon Dog (Magenta) de Jeff Koons est montrée entourée d’un papier peint réalisé à partir de photographies issues des collections du Mucem (le clown Mimile gonflant un ballon dans sa loge au cirque d’Hiver, 1960).

Jeff KoonsBalloon Dog (Magenta), 1994-2000. Acier inoxydable au poli miroir avec revêtement transparent de couleur. 307,3 × 363,2 × 114,3 cm ; 121 × 143 × 45 inches. 1 des 5 versions uniques. Pinault Collection © Jeff Koons – Pierre Soulier – Le clown Mimile dans sa loge du cirque d’Hiver, 19 janvier 1960 – Jeff Koons au Mucem – Œuvres de la Collection Pinault – Salle 4 – vues de l’exposition

Conçue en 1994, la série Celebration de Jeff Koons rassemble les symboles et rituels réjouissants liés à la célébration d’événements tels que la Saint-Valentin, Pâques et les anniversaires, qu’il décline en couleurs intenses et échelles monumentales et festives.

Considérée comme l’une des œuvres les plus emblématiques de la série Celebration, Balloon Dog (Magenta) représente un ballon à qui l’on a donné la forme d’un chien. Moulé en acier inoxydable « poli miroir », et peint à l’aide de vernis coloré, le travail évoque immédiatement les fêtes d’anniversaire pour enfants et la nature ludique de la jeunesse, tout en suggérant le concept du cheval de Troie. En modifiant la matière et les dimensions du ballon gonflable, l’artiste négocie avec le permanent et l’éphémère. La monumentalité et la matérialité du travail élève le sujet au rang d’œuvre d’art et met en avant une personnalité extatique et sensuelle. C’est ce qu’imposent les formes masculines et féminines qui se révèlent lentement au fil du dialogue qu’entretient l’œuvre avec l’échelle.

Pierre Soulier. Le clown Mimile dans sa loge du cirque d’Hiver. 19 janvier 1960. France, Paris. Mucem © Mucem / Pierre Soulier

Pierre SoulierLe clown Mimile dans sa loge du cirque d’Hiver. 19 janvier 1960. France, Paris. Mucem © Mucem / Pierre Soulier

Aristide de Ranieri - Masques de Paul, Albert et Francois Fratellini - Jeff Koons au Mucem - Œuvres de la Collection Pinault - Salle 4 - vue de l'exposition
Aristide de Ranieri – Masques de Paul, Albert et Francois Fratellini – Jeff Koons au Mucem – Œuvres de la Collection Pinault – Salle 4 – vue de l’exposition

​Salle 5

Jeff Koons au Mucem - Œuvres de la Collection Pinault - Salle 5 - vue de l'exposition
Jeff Koons au Mucem – Œuvres de la Collection Pinault – Salle 5 – vue de l’exposition

Dans cette salle, l’œuvre Hanging Heart (Red/Gold) de Jeff Koons est mise en correspondance avec des objets et motif d’art populaire évoquant l’amour et l’engagement.

Jeff Koons – Hanging Heart (Red-Gold), 1994-2006 - Jeff Koons au Mucem - Œuvres de la Collection Pinault - Salle 5 - vue de l'exposition

Jeff KoonsHanging Heart (Red/Gold), 1994-2006. Acier inoxydable au poli miroir avec revêtement transparent de couleur. 291 × 280 × 101,5 cm ; 114 5/8 × 110 1/4 × 40 inches. Chaîne de longueur variable. 1 des 5 versions uniques. Pinault Collection © Jeff Koons – Jeff Koons au Mucem – Œuvres de la Collection Pinault – Salle 5 – vue de l’exposition

Hanging Heart (Red/Gold) est une sculpture à fort pouvoir évo­cateur. Elle représente un pendentif en forme de cœur géant suspendu au plafond par un ruban doré à large nœud.

Comme pour les autres sculptures en acier inoxydable de la série Celebration, les proportions de l’objet original sont considérablement agrandies alors que ses détails et ses surfaces lisses sont impeccablement restitués. La suspension au plafond confère une notion d’apesanteur à la sculpture qui, en combinaison avec sa surface réfléchissante, fait douter le spectateur de la substance authentique de la matière. En raison du sujet et de son échelle, la surface miroir rouge de l’œuvre attire le spectateur aussi bien physiquement que émotionnellement. Le cœur, symbole d’humanité, de chaleur et de romance, est complété par la valeur spirituelle et magique mêmes de l’œuvre, invitant silencieusement les visiteurs au royaume privé des aspirations et du désir.

Jeff Koons au Mucem - Œuvres de la Collection Pinault - Salle 5 - vue de l'exposition
Jeff Koons au Mucem – Œuvres de la Collection Pinault – Salle 5 – vue de l’exposition

Ex voto, cuillères, passettes à ruban et plioir à dentelles, quenouilles – Jeff Koons au Mucem – Œuvres de la Collection Pinault – Salle 5 – vue de l’exposition

Parmi les ex-voto, objets offerts pour demander ou remercier d’une grâce accordée, une catégorie est particulièrement représentée, celles des ex-voto dits anatomiques. Ces objets reproduisent un membre (bras, jambe…) ou un organe (yeux, foie, poumons…) malade que le croyant offre symboliquement à une puissance supérieure pour en obtenir la guérison. Souvent fabriqués en métal, ils sont réalisés sur de petites plaques travaillées au repoussé. On trouve également, notamment en Italie, de nombreux ex-voto fabriqués en pain. Ici, ce n’est pas l’organe malade qui est représenté, mais le symbole : ces ex-voto en forme de cœur étaient offerts pour obtenir l’amour ou une union.

Le motif du cœur, immédiatement reconnaissable aujourd’hui, est déjà très présent dans les œuvres d’art populaire et se retrouve notamment sur nombre de présents d’amour (quenouilles, passettes à ruban, plioirs à dentelle et autres cuillères…) qui engageaient le fiancé à sa promise.

Jeff Koons au Mucem - Œuvres de la Collection Pinault - Salle 5 - vue de l'exposition
Jeff Koons au Mucem – Œuvres de la Collection Pinault – Salle 5 – vue de l’exposition

Gâteau de mariage, Pains d’épices, Cadenas – Jeff Koons au Mucem – Œuvres de la Collection Pinault – Salle 5 – vue de l’exposition

​Salle 6

Jeff Koons au Mucem - Œuvres de la Collection Pinault - Salle 6 - vue de l'exposition
Jeff Koons au Mucem – Œuvres de la Collection Pinault – Salle 6 – vue de l’exposition

Cette salle présente deux œuvres de Jeff Koons, Moon (Light Blue) et Gazing Ball (Picasso Couple). Elles sont mises en dialogue, par un jeu de formes et de correspondances, avec des objets de la collection du Mucem, dont un pichet de Pablo Picasso et une sélection de membranophones (tambours et caisses).

Jeff Koons au Mucem - Œuvres de la Collection Pinault - Salle 6 - vue de l'exposition
Jeff Koons au Mucem – Œuvres de la Collection Pinault – Salle 6 – vue de l’exposition
Jeff Koons – Gazing Ball (Picasso Couple), 2014-2015 - Jeff Koons au Mucem - Œuvres de la Collection Pinault - Salle 6 - vue de l'exposition

Jeff KoonsGazing Ball (Picasso Couple), 2014-2015. Huile sur toile, verre et aluminium. 174,3 × 136,5 × 37,5 cm ; 68 5/8 × 53 3/4 × 14 3/4 inches. Pinault Collection © Jeff Koons – i – Salle 6 – vue de l’exposition

Les globes réfléchissants ont fasciné Jeff Koons depuis son enfance, alors qu’il en voyait souvent dans les jardins de ses voisins. Dans la série Gazing Ball débutée en 2012, l’objet agit comme un vortex qui absorbe le spectateur et l’histoire de l’art dans un même reflet à la dimension abstraite. Jeff Koons ne cherche pas à reproduire parfaitement les peintures qu’il choisit. Les images sont toutes peintes à la main comme des répliques exactes, mais les dimensions et les textures diffèrent ; son intention est de reproduire l’idée derrière la peinture, et non l’œuvre originale.

Gazing Ball (Picasso Couple) représente l’œuvre Couple que Pablo Picasso a réalisée le 5 décembre 1969. Dans cette peinture, Jeff Koons réfléchit à comment présenter les thèmes principaux de son travail à travers la référence et l’hommage. Pour Jeff Koons, le ready-made évite la narration personnelle tout en évoquant un souvenir propre, abordant les points de vue que les spectateurs peuvent partager, et ainsi se sentir acceptés.

Pablo Picasso – Le peintre et deux modèles, 1954 - Jeff Koons au Mucem - Œuvres de la Collection Pinault - Salle 6 - vue de l'exposition

Pablo PicassoLe peintre et deux modèles, 1954. Pichet, terre cuite peinte, France, Vallauris © Succession Picasso 2021 – Jeff Koons au Mucem – Œuvres de la Collection Pinault – Salle 6 – vue de l’exposition

Ce pichet a été offert en 1975 au Musée national des arts et traditions populaires, peu de temps avant son ouverture, par Daniel-Henry Kahnweiler, marchand de Picasso depuis 1912. Le pichet est alors présenté dans la partie du musée consacrée aux techniques de la céramique, en contrepoint de la vitrine consacrée aux techniques potières traditionnelles, laissant ainsi poindre le caractère relatif de la frontière entre production artistique et production populaire.

Quarante-six ans plus tard, ce pichet, et, à travers lui, l’ensemble de l’œuvre de Picasso peut être perçu comme un élément de la culture populaire, tant la postérité de l’artiste est grande.

Jeff Koons, Moon (Light Blue)_vue de l'exposition Jeff Koons Mucem© Jeff Koons_photo_Laurent Lecat_Mucem
Jeff Koons, Moon (Light Blue) – vue de l’exposition Jeff Koons Mucem © Jeff Koons_photo Laurent Lecat Mucem

Jeff KoonsMoon (Light Blue), 1995-2000. Acier inoxydable au poli miroir avec revêtement transparent de couleur. Une des cinq versions uniques Pinault Collection © Jeff Koons. Jeff Koons Mucem – Photo Laurent Lecat Mucem

Moon (Light Blue) fait partie de la série Celebration, qui rend hommage aux occasions festives, au cycle de la vie et à l’enfance. L’œuvre représente un ballon circulaire en Mylar, très imposant en raison de sa taille et de son pouvoir réfléchissant. Le moulage méticuleux en acier inoxydable préserve les petits détails des plis extérieurs du ballon, tandis que le centre — composé d’une grande surface unie au poli miroir — invite à faire de l’environnement une partie intégrante, mais toujours changeante de l’œuvre elle-même.

Les phénomènes de réflexion tiennent une place importante dans la pratique de Koons, qui, dès ses premières œuvres, a utilisé des miroirs et des surfaces réfléchissantes en acier inoxydable. Par ses proportions monumentales, Moon (Light Blue) prend une dimension spectaculaire, absorbant l’environnement dans ses reflets et renvoyant des images teintées d’une nuance bleuâtre.

​Salle 7

Jeff Koons au Mucem - Œuvres de la Collection Pinault - Salle 7 - vue de l'exposition
Jeff Koons au Mucem – Œuvres de la Collection Pinault – Salle 7 – vue de l’exposition

Cette salle présente deux œuvres de Jeff Koons, Elephants et Prison (Venus), mises en correspondance avec des objets des collections du Mucem qui retrouvent une forme de contemporanéité dans leur rapport avec le travail de l’artiste.

Jeff Koons au Mucem - Œuvres de la Collection Pinault - Salle 7 - vue de l'exposition
Jeff Koons au Mucem – Œuvres de la Collection Pinault – Salle 7 – vue de l’exposition

Réalisée au début des années 2000, la série Easyfun-Ethereal comprend des peintures à l’huile avec collage et accumulation d’images superposées issues de sources variées. Nourrissant une relation étroite avec les codes de la publicité, ces œuvres peintes à la main font référence à la vie quotidienne, à la nature et à l’histoire de l’art.

Jeff Koons – Elephants, 2001 - Jeff Koons au Mucem - Œuvres de la Collection Pinault - Salle 7 - vue de l'exposition

Jeff KoonsElephants, 2001. Huile sur toile. 304,8 × 426,7 cm ; 120 × 168 inches. Pinault Collection © Jeff Koons – Jeff Koons au Mucem – Œuvres de la Collection Pinault – Salle 7 – vue de l’exposition

Elephants est considéré comme l’une des peintures les plus représentatives de la série. Elle est traversée par des représentations de l’enfance joyeuse et de l’innocence tels que les cheveux d’une femme et l’image de l’éléphant, en les opposant aux plaisirs adultes. Les différentes couches de l’image font apparaître la silhouette d’une femme dont la chair est remplacée par l’image d’un troupeau d’éléphants recouverte de bijoux portés par des sujets invisibles. La dimension onirique de la peinture met le spectateur au défi autant sur le plan visuel que conceptuel. Bien que la fusion sans distinction ne suggère aucune hiérarchie entre les sujets, Elephants est dépouillé de son sens intrinsèque, dénouant le fil infini de l’interprétation créative.

Jeff Koons – Prison (Venus), 2001 - Jeff Koons au Mucem - Œuvres de la Collection Pinault - Salle 7 - vue de l'exposition

Jeff KoonsPrison (Venus), 2001. Huile sur toile Pinault Collection – Jeff Koons au Mucem – Œuvres de la Collection Pinault – Salle 7 – vue de l’exposition

Dans cet autre tableau de la série Easyfun-Ethereal, le spectateur est confronté à des images féminines fragmentées, entremêlées d’images de nourriture et de paysages. Le caractère hybride de cette œuvre prime sur les corps représentés, qui sont extraits de magazines de mode et de publicités. En outre, il est difficile de parler de premier plan et d’arrière-plan, car les déserts, forêts tropicales, figures humaines, bikinis au crochet et fragments de cheveux sont autant d’éléments appréhendés en un seul et même regard.

Le titre fait allusion à Vénus – la déesse romaine de l’amour, du sexe, de la beauté et de la fécondité – sujet de nombreuses œuvres de l’artiste. Tout en rappelant les représentations de Vénus à travers l’histoire de l’art, le langage visuel de Prison (Venus) est plutôt proche du baroque et du rococo, mais aussi du Pop Art.

Tableaux en cheveux. Cheveux, bois, papier, verre, France, 2e quart du XIXe siècle – début du XXe siècle - Jeff Koons au Mucem - Œuvres de la Collection Pinault - Salle 7 - vue de l'exposition

Tableaux en cheveux. Cheveux, bois, papier, verre. France, 2e quart du XIXe siècle – début du XXe siècle. Mucem – Jeff Koons au Mucem – Œuvres de la Collection Pinault – Salle 7 – vue de l’exposition

Ces petits tableaux étaient réalisés à partir de mèches de cheveux appartenant à un être cher, comme souvenirs d’un événement heureux (une naissance ou un baptême par exemple) ou, plus souvent, « souvenir d’affection » d’une personne disparue. Le cheveu est ici considéré comme une relique qui incarne l’être aimé, il se fait symbole, objet d’adoration, fétiche.

Colliers d'esclave - Jeff Koons au Mucem - Œuvres de la Collection Pinault - Salle 7 - vue de l'exposition

Parures de mariée, Maroc 4e quart du XXe siècle. Métal doré, verre, pierres et Colliers d’esclavage France, Paris, Auvergne et Normandie 1ère moitié du XIXe siècle. Or, métal doré, émail Mucem Jeff Koons au Mucem – Œuvres de la Collection Pinault – Salle 7 – vue de l’exposition

Ces bijoux appelés « colliers d’esclavage », composés de chaînettes et de plaques émaillées, et dont la vogue rurale trouve son apogée au xixe siècle, étaient offerts par le fiancé à sa promise avant les noces comme cadeau d’engagement. À chaque naissance, en Normandie notamment, on ajoutait au collier une chaîne supplémentaire. Si le terme d’esclavage souligne alors plus le lien qui unit les épousés qu’une relation d’asservissement de l’épouse à l’époux, il résonne aujourd’hui différemment, renvoyant au vasselage dans lequel l’épouse vivra après ses noces.

​Salle 8

Jeff Koons au Mucem - Œuvres de la Collection Pinault - Salle 8 - vue de l'exposition
Jeff Koons au Mucem – Œuvres de la Collection Pinault – Salle 8 – vue de l’exposition

Cette salle présente deux œuvres de Jeff Koons, Wrecking Ball et Dolphin, mises en relation avec des objets des collections du Mucem évoquant l’univers domestique ou le monde maritime, comme par exemple les quatre sirènes de manège sculptées par Friedrich Heyn (fin XIXe).

Jeff Koons au Mucem - Œuvres de la Collection Pinault - Salle 8 - vue de l'exposition
Jeff Koons au Mucem – Œuvres de la Collection Pinault – Salle 8 – vue de l’exposition
Jeff Koons – Dolphin, 2002 - Jeff Koons au Mucem - Œuvres de la Collection Pinault - Salle 8 - vue de l'exposition

Jeff KoonsDolphin, 2002. Aluminium polychrome, acier inoxydable, chaînes d’acier vernies. 160 × 184,2 × 96,5 cm ; 63 × 72 1/2 × 38 inches. Édition 1/3 + épreuve d’artiste. Pinault Collection © Jeff Koons – Jeff Koons au Mucem – Œuvres de la Collection Pinault – Salle 8 – vue de l’exposition

Cette sculpture fait partie de la série Popeye commencée en 2002. Dans les œuvres qui la constituent, Jeff Koons revient aux idées qui ont caractérisé son travail antérieur, revisitant son approche du ready-made et l’utilisation des éléments gonflables. S’inspirant de Duchamp, Dalí et Warhol, la série comprend des peintures aux couleurs éclatantes et des assemblages sculpturaux qui associent ballons transformés et objets intacts.

Dolphin mise sur les contrastes autant par son imagerie que par sa méthode. Le dauphin, suspendu au plafond par le biais de plusieurs chaînes en acier enrobé, porte à son tour un égouttoir de cuisine où est accrochée toute une batterie de casseroles et des poêles en acier inoxydable. Certains objets n’ont subi aucune altération ; le dauphin est quant à lui un moulage en aluminium. Pour obtenir ce résultat plus vrai que nature, des moules de vrais ballons gonflables sont réalisés avec la plus grande précision, puis coulés en aluminium avant l’application d’une peinture hyperréaliste. La distinction entre original et réplique ready-made devient alors floue.

Jeff Koons – Wrecking Ball, 2003 - Jeff Koons au Mucem - Œuvres de la Collection Pinault - Salle 8 - vue de l'exposition

Jeff Koons – Wrecking Ball, 2003. Aluminium polychrome, acier au carbone poudré et chaînes d’acier verni. Édition 3 dans une édition de 3, plus épreuve d’artiste. Pinault Collection

La série Popeye aborde des sujets très divers. En particulier, les relations entre les moulages d’objets gonflables et autres readymades favorisent un dialogue entre les œuvres et leur passé culturel. Koons intègre certains aspects de la modernité dans la culture visuelle de la vie contemporaine et encourage l’acceptation des incongruités, qu’il juge essentielles dans la constitution de l’identité du spectateur et de son histoire culturelle.

Wrecking Ball frappe d’abord par sa remise en cause des présupposés traditionnels sur la lourdeur et la légèreté. Le poids habituellement nécessaire pour qu’une boule de démolition puisse remplir son rôle est subverti par l’ajout de deux gonflables qui, en principe, ne pèsent rien. Cette œuvre réunit des images archétypales de l’enfance et de la destruction, tandis que sa suspension au plafond par une chaîne présente un équilibre subtil entre des contradictions qui, au lieu de s’opposer, coexistent dans une parfaite harmonie.

​Salle 9

Jeff Koons au Mucem - Œuvres de la Collection Pinault - Salle 9 - vue de l'exposition
Jeff Koons au Mucem – Œuvres de la Collection Pinault – Salle 9 – vue de l’exposition

Cette salle présente deux œuvres de Jeff Koons, Lobster et Olive Oyl (Red), mises en correspondance avec des objets des collections du Mucem évoquant l’univers du cirque.

Jeff Koons au Mucem - Œuvres de la Collection Pinault - Salle 9 - vue de l'exposition
Jeff Koons au Mucem – Œuvres de la Collection Pinault – Salle 9 – vue de l’exposition
Jeff Koons, Lobster, vue de l'exposition Jeff Koons Mucem© Jeff Koons_photo_Laurent Lecat_Mucem

Jeff KoonsLobster, 2007-2012. Acier inoxydable au poli miroir avec revêtement transparent de couleur. 147 × 94 × 47,9 cm ; 57 7/8 × 37 × 18 7/8 inches. Édition 1/3 + épreuve d’artiste. Pinault Collection © Jeff Koons – Photo Laurent Lecat Mucem

L’incontournable homard de Koons est un sujet récurrent de l’œuvre de Jeff Koons depuis le lancement de la série Popeye au début des années 2000. Le homard symbolise des éléments clés dans le travail en général de Jeff Koons, comme sa relation au surréalisme et au ready-made. Lobster fait penser au Lobster Telephone de Salvador Dalí, l’antenne de l’animal pouvant rappeler la moustache de l’artiste catalan mais aussi l’œuvre L.H.O.O.Q. de Marcel Duchamp.

Le choix du sujet met en lumière des connections potentielles entre les propriétés formelles d’un objet et sa sexualité. Il révèle la coexistence des connotations féminines et masculines. Combinant références historiques, précision technique et souvenirs d’enfance, Lobster peut tout à la fois attirer visuellement, séduire sensuellement et défier le spectateur conceptuellement.

Jeff Koons - Olive Oyl (Red), 2004-2009 - Jeff Koons au Mucem - Œuvres de la Collection Pinault - Salle 9 - vue de l'exposition

Jeff KoonsOlive Oyl (Red), 2004-2009. Acier inoxydable au poli miroir avec revêtement transparent de couleur. Une des cinq versions uniques. Pinault Collection – Jeff Koons au Mucem – Œuvres de la Collection Pinault – Salle 9 – vue de l’exposition

La simplicité frappante d’Olive Oyl (Red) renforce l’importance pour l’artiste de ce personnage de bande dessinée et favorise un dialogue plus direct entre le spectateur et le personnage. Contrairement à la plupart des œuvres de la série Popeye, le spectateur se voit ici immédiatement en reflet dans la surface plate, en acier inoxydable au poli miroir.

Olive Oyl (Red), en effet, semble résister à la subjectivité et mettre l’accent sur l’objectivité en offrant une plate-forme directe de communication avec le spectateur. Une couche de couleur rouge transparente marque les contours de la figure tels qu’ils étaient dessinés dans les premières esquisses de la bande dessinée, suggérant plus qu’elles ne définissent le portrait d’Olive Oyl.


L’expression du personnage et son sourire reflètent le message d’optimisme et d’endurance de la série Popeye, message renforcé par la surface réfléchissante, qui célèbre l’abstraction et réfléchit l’environnement, invitant le spectateur à participer.

Acrobate, Sadi Alfarabi. Tirage monochrome. 1er quart du XXe siècle. Mucem © Mucem

Acrobate, Sadi Alfarabi. Tirage monochrome. 1er quart du XXe siècle. Mucem © Mucem

Ces portraits d’acrobates, contorsionnistes ou équilibristes en action ont été réunis au tout début du XXe siècle par le peintre animalier Gustave Soury qui légua son immense collection (plusieurs milliers de tirages sur carton, en format carte postale, autour du monde du cirque, réalisés dans les grandes capitales européennes) au Musée des arts et traditions populaires. Si tous ne sont pas identifiés, on retrouve sur de nombreuses images les légendes mentionnant le nom des artistes, travaillant bien souvent en famille : les Georgis, les Emilios, les François… Sadi Alfarabi, qui fait l’affiche de l’exposition, retrouve aujourd’hui une postérité : son sens de l’équilibre et la perfection de son geste, en forme de Y renversé, faisant écho à la forme du Lobster de Jeff Koons.

Trapèze et échelle France Milieu du xx" siècle Bois, corde Mucem   Gérard Vicaire Costume du clown François ou Gustave Fratellini  France, Paris lre moitié du xxe siècle Coton, satin Mucem
Gérard Vicaire – Costume du clown François ou Gustave Fratellini. France, Paris 1ère moitié du xxe siècle Coton, satin Mucem

​Salle 10

Jeff Koons au Mucem - Œuvres de la Collection Pinault - Salle 10 - vue de l'exposition
Jeff Koons au Mucem – Œuvres de la Collection Pinault – Salle 10 – vue de l’exposition

Cette salle présente deux œuvres de Jeff Koons, Backyard et Chainlink, mises en regard avec des objets des collections du Mucem sur la base de rapprochements de formes et de couleurs.

Jeff Koons au Mucem - Œuvres de la Collection Pinault - Salle 10 - vue de l'exposition
Jeff Koons au Mucem – Œuvres de la Collection Pinault – Salle 10 – vue de l’exposition

En plus de ses assemblages sculpturaux incontournables, la série Popeye comprend des peintures hautes en couleur et visuellement complexes qui révèlent une progression naturelle du travail de l’artiste. Backyard en est la démonstration parfaite.

Jeff Koons. Backyard, 2002. Impression jet d’encre sur toile. 416,6 × 731,5 cm ; 164 × 288 inches. Édition 1/1 + épreuve d’artiste. Pinault Collection © Jeff Koons

Jeff KoonsBackyard, 2002. Impression jet d’encre sur toile. 416,6 × 731,5 cm ; 164 × 288 inches. Édition 1/1 + épreuve d’artiste. Pinault Collection © Jeff Koons

Les peintures de la série Popeye présentent des compositions superposées qui marient des images disparates trouvées ou créées par l’artiste. Backyard présente, sur une surface bidimensionnelle, un arrangement kaléidoscopique d’éléments sculpturaux que l’on retrouve tout au long de la série. Le spectateur pourra repérer les éléments gonflables de Dogpool, la clôture galvanisée de Chainlink, et les chaînes employées dans différentes œuvres de la série. En combinant ces pièces en une image indissociable, Backyard suggère tout l’univers de Popeye en un hommage festif.

Jeff Koons - Chainlink, 2003 - La danse serpentine parmi les lions - Jeff Koons au Mucem - Œuvres de la Collection Pinault - Salle 10 - vue de l'exposition

Jeff KoonsChainlink, 2003. Aluminium polychrome et acier galvanisé Édition 1 dans une édition de 3, plus épreuve d’artiste Pinault Collection
La danse serpentine parmi les lions de miss Sandows. France, Début du XXe siècle. Agrandissement réalisé à partir d’un tirage photographique monochrome Mucem. Chaises. France, Alsace Début du XXe siècle Bois Mucem Jeff Koons au Mucem – Œuvres de la Collection Pinault – Salle 10 – vue de l’exposition

Des rencontres fortuites avec des objets du quotidien ont été la source d’inspiration de la série Popeye, et notamment de Chainlink, sculpture composée de deux jouets de piscine gonflables — l’un en forme de tortue, l’autre d’hippopotame — réalisés ici en fonte d’aluminium et pris dans les mailles d’une grande clôture. Si l’association de jouets gonflables et d’éléments métalliques est une caractéristique de la série, Chainlink constitue un assemblage unique, en ce sens qu’il n’y a aucune rupture entre les différents composants de la sculpture. Par ses dimensions, la clôture autoportante pourrait paraître difficilement franchissable, mais, par sa rencontre avec des gonflables d’aspect doux et sympathique, elle devient, dans son essence même, un obstacle qui se laisse surmonter.

​Salle 11

Jeff Koons au Mucem - Œuvres de la Collection Pinault - Salle 11 - vue de l'exposition
Jeff Koons au Mucem – Œuvres de la Collection Pinault – Salle 11 – vue de l’exposition

Cette salle présente deux œuvres de Jeff Koons, Dogpool (Logs) et Caterpillar Chains, mises en correspondance avec une série de sujets de manège, dans un dialogue ludique et coloré.

Jeff Koons au Mucem - Œuvres de la Collection Pinault - Salle 11 - vue de l'exposition
Jeff Koons au Mucem – Œuvres de la Collection Pinault – Salle 11 – vue de l’exposition
Jeff Koons, Caterpillar Chains, vue de l'exposition Jeff Koons Mucem © Jeff Koons_photo_Laurent Lecat_Mucem

Jeff KoonsCaterpillar Chains, 2003. Aluminium polychrome, chaînes en acier verni. 50,8 × 110,5 × 195,6 cm ; 20 × 43 1/2 × 77 inches. Chaîne de longueur variable. Édition 1/3 + épreuve d’artiste. Pinault Collection © Jeff Koons – Photo Laurent Lecat Mucem

Caterpillar Chains porte les caractéristiques principales de la série Popeye : des juxtapositions du réel et de la réplique, de l’enfance et de l’âge adulte. La sculpture est composée d’un moulage en aluminium d’une chenille gonflable suspendue au plafond par huit chaînes en acier enrobé rouge, chacune accrochée à l’une des pattes de l’insecte.

La pièce joue avec la perception du spectateur grâce à un procédé de moulage précis. Comme bloquée dans un champ d’ambiguïtés, la suspension se veut aussi littérale que métaphorique : le charme enfantin indéniable du jouet gonflable de piscine est remis en question par sa dépendance à ces huit chaînes en acier enrobé rouge.

Jeff KoonsDogpool (Logs), 2003-2008. Aluminium polychrome, bois, chaînes d’acier verni. Édition 3 dans une édition de 3, plus épreuve d’artiste. Pinault Collection – Jeff Koons au Mucem – Œuvres de la Collection Pinault – Salle 11 – vue de l’exposition

Les structures gonflables jouent un rôle central dans la série Popeye. Pour Koons, l’air et le souffle sont des éléments essentiels dans l’apparence objective du readymade et la vie subjective du spectateur.

Dogpool (Logs), l’une des trois sculptures de la série à intégrer le dalmatien souriant, est peut-être l’œuvre qui aborde le plus directement le dilemme entre gonflables moulés et readymades. Ici, l’objet gonflable porte des bûches de bois, mais, parce qu’il est en fonte d’aluminium, il ne ploie pas sous le poids, ni n’est déformé par la traction des quatre chaînes en acier enrobé qui le suspendent au plafond. En remettant en question la notion de fragilité, cette œuvre exprime l’essence positive de la série.

​Salle 12

Jeff Koons au Mucem - Œuvres de la Collection Pinault - Salle 12 - vue de l'exposition
Jeff Koons au Mucem – Œuvres de la Collection Pinault – Salle 12 – vue de l’exposition

Cette salle présente deux œuvres de Jeff Koons, Titi et Dutch Couple, mise en correspondance avec une série de coiffes issues des collections du Mucem.

Jeff KoonsTiti, 2004-2009. Acier inoxydable au poli miroir avec revêtement transparent de couleur. 96,2 × 60,5 × 37,8 cm ; 37 7/8 × 23 13/16 × 14 7/8 inches. Édition 3/3 + épreuve d’artiste. Pinault Collection © Jeff Koons – Photo Laurent Lecat Mucem

Bien qu’elle découle de la série Popeye, cette version réfléchissante du jouet gonflable de l’oiseau Titi, considérée par l’artiste comme un projet indépendant en soi, offre un langage visuel différent. Titi est réalisé en acier inoxydable « poli miroir » peint à l’aide d’un vernis coloré. La nature hybride du travail fait écho à de nombreuses œuvres de Jeff Koons, l’artiste ayant commencé à utiliser les ballons à la fin des années 70.

Rassemblant plusieurs thèmes de son travail, Titi est l’une des sculptures les plus emblématiques de l’artiste. L’aspect cartoon évoque le caractère enjoué de l’enfance et de l’innocence, et la surface réfléchissante renvoie au spectateur sa propre existence.

Coiffe. Toile de lin, coton, satin. XIXe siècle. France, Poitou-Charentes. Mucem © Mucem/Marianne Kuhn

Les coiffes les plus volumineuses sont montées sur un fond de carton, parfois renforcé par une armature métallique, recouvert d’une toile de lin ou de coton sur laquelle vient se fixer le tulle. La complexité de ce montage et les jeux de matière et de transparence du tulle reflètent la richesse de la signification de ces coiffes qui n’ont pas qu’un rôle esthétique. L’initié saura reconnaître dans la longueur des rubans ou des barbes, leur positionnement, les motifs brodés ou le nombre de plis, l’origine de la femme qui porte la coiffe, son statut et sa position dans la société.

​Salle 13

Jeff Koons au Mucem - Œuvres de la Collection Pinault - Salle 13 - vue de l'exposition
Jeff Koons au Mucem – Œuvres de la Collection Pinault – Salle 13 – vue de l’exposition

La dernière salle de l’exposition présente une œuvre récente de Jeff Koons, Bluebird Planter, mise en correspondance avec une série d’objets en forme d’oiseau issus des collections du Mucem évoquant l’importance, mais aussi la dimension esthétique et symbolique du motif dans l’art populaire.

Jeff KoonsBluebird Planter, 2010-2016. Acier inoxydable au poli miroir avec revêtement transparent de couleur et plantes vivantes en fleurs. 209,6 × 281,3 × 101,6 cm ; 82 1/2 × 110 3/4 × 40 inches. Édition 1/3 + épreuve d’artiste. Pinault Collection © Jeff Koons – Jeff Koons au Mucem – Œuvres de la Collection Pinault – Salle 13 – vue de l’exposition

Jeff Koons, Bluebird Planter, vue de l'exposition Jeff Koons Mucem© Jeff Koons photo Laurent Lecat Mucem
Jeff Koons, Bluebird Planter, vue de l’exposition Jeff Koons Mucem© Jeff Koons photo Laurent Lecat Mucem

La série Antiquity voit l’artiste s’engager dans un dialogue plus explicite avec l’histoire. À travers ses peintures et ses sculptures qui estompent les frontières entre ancien et contemporain, cette série trace des parallèles entre les liens biologiques et culturels qui connectent les sociétés au cours de l’histoire.

Dans Bluebird Planter, Jeff Koons emploie des gradations de couleurs transparentes qu’il oppose aux teintes vives de la surface en acier inoxydable. Comme une petite porcelaine qui aurait été gonflée, Bluebird Planter explore les coexistences de la réplique et du ready-made. Le dos de l’oiseau réalisé à grande échelle en acier révèle une jardinière garnie de plantes vivantes, emmenant ainsi l’œuvre au-delà des confins de l’objet ready-made et rendant hommage à la puissance de la nature. Le travail de Koons s’est toujours reposé sur la capacité du ready-made à proclamer l’existence de soi, permettant au spectateur de comprendre facilement l’évolution de ce concept vers le vivant.

Epis de faîtage, appeaux et jouets - Jeff Koons au Mucem - Œuvres de la Collection Pinault - Salle 13 - vue de l'exposition
Epis de faîtage, appeaux et jouets – Jeff Koons au Mucem – Œuvres de la Collection Pinault – Salle 13 – vue de l’exposition

Les épis de faîtage répondent d’abord à une nécessité fonctionnelle, celle d’assurer l’étanchéité d’un toit en en couvrant la partie saillante. Mais la richesse de leur répertoire ornemental témoigne de leur valeur esthétique et symbolique. Ainsi, aucune raison fonctionnelle ne justifie que ces épis empruntent la forme d’un oiseau, si ce n’est la beauté de la silhouette et le sens du motif, symbole de protection et d’abondance. La forme n’est pas qu’une réponse à l’usage.

​« Jeff Koons Mucem. Œuvres de la Collection Pinault» : Entretien avec Elena Geuna et Émilie Girard, commissaires de l’exposition

Jeff Koons au Mucem… Cela peut sembler surprenant au premier abord ! Mais cette rencontre paraît évidente, lorsque l’on sait que l’artiste et le musée partagent un même intérêt pour les arts populaires…

Émilie Girard :Lorsque le président du Mucem, Jean-François Chougnet, m’a dit vouloir inviter Jeff Koons, j’ai été très enthousiaste. Dans l’entreprise de relecture des collections dans laquelle nous nous sommes lancés depuis plusieurs années, le travail avec Koons était un terrain de jeu rêvé ! L’artiste s’est toujours intéressé à la culture populaire américaine, nous étions donc curieux de voir comment il allait réagir face à la collection d’art populaire du Mucem.

Lors de sa première venue à Marseille et de sa découverte des réserves et des collections en février 2019, nous avons passé de longues heures à nous imprégner de la variété des fonds, à ouvrir des tiroirs, à explorer la base de données avant de retourner voir des objets… Cette première rencontre entre Jeff Koons et la collection a déjà été une expérience en soi. Elle a donné le ton de ce qu’allait être la conception de cette exposition : une redécouverte des collections sous l’œil d’un artiste qui aime profondément les objets, leur plasticité, leur esthétique et les histoires qu’ils racontent.

Elena Geuna : Cela a été une expérience incroyable ; c’était merveilleux d’observer en détail l’extraordinaire collection du Mucem et d’en découvrir les résonances avec l’œuvre de Jeff Koons. Chaque image, chaque objet, tout ce que l’on trouve dans la collection est profondément lié aux personnes – aux individus – et aux communautés auxquelles ils appartenaient. Dans son travail, Jeff Koons explore l’objet, l’observation du quotidien et son expérience, ce qui rejoint l’esprit du Mucem.

L’exposition s’ouvre avec l’œuvre New Hoover Convertible, New Shelton Wet/Dry 10 Gallon Double-decker, un aspirateur présenté dans un boîtier en acrylique et éclairé par des lumières fluorescentes. Il s’agit d’un objet du quotidien dépouillé de sa fonction, de sa destination première. En parallèle, les objets du Mucem sont intimement liés à nos vies quotidiennes et sont montrés dans leur intégrité, ce qui permet au spectateur de les confronter.

Pouvez-vous nous raconter comment ce projet a pris forme ? Et comment se sont déroulées les différentes visites de Jeff Koons au musée ?

Elena Geuna : Cet ambitieux projet est né d’une conversation entre Jean-Jacques Aillagon et Jean-François Chougnet, qui a donné lieu à une aimable invitation adressée par le Mucem à Jeff Koons, convié à Marseille pour découvrir le musée et ses immenses réserves. Quand Jeff a exploré les collections du Mucem pour la première fois, sa curiosité sans bornes a été piquée. Les réserves du musée sont un vaste labyrinthe d’objets, de documents, d’œuvres d’art et de trésors extraordinaires que Koons a trouvé fascinant. Cette déambulation dans les réserves était pour lui une occasion unique d’interagir avec une grande variété d’objets de la vie quotidienne.

Après ce premier voyage à Marseille, plusieurs autres visites se sont succédé, physiques comme virtuelles ; et avec l’aide précieuse d’Émilie Girard, nous avons pu examiner les collections pièce par pièce, puis finaliser la sélection. C’était une expérience très excitante et stimulante, pour l’artiste comme pour moi.

Émilie Girard : Le Mucem a eu de nombreux échanges avec Jeff Koons : nous lui avons d’abord proposé des choix d’objets issus de nos collections pour chacune de ses œuvres, puis ces choix se sont affinés en fonction des pistes et des nouvelles idées qu’il lançait. Certaines associations sont nées naturellement pourrait-on dire, comme la présentation de l’intérieur breton à côté du New Hoover : nous lui avons très vite proposé qu’une unité écologique, cet espace domestique « sous cloche », puisse venir faire écho à son aspirateur sous vitrine. Il y avait un rapprochement méthodologique intéressant à faire : montrer comment l’artiste et le muséologue travaillent en « prélevant » le quotidien.

Ce qui a vraiment fait avancer les choses, et ce qui a été la marque de fabrique de la conception de cette exposition, ce sont les périodes où Jeff Koons est venu à Marseille et a passé du temps en réserves, devant les objets. On partait d’une idée, on allait voir les objets auxquels nous pensions, on faisait des simulations de présentation… et parfois, Jeff Koons découvrait une autre série d’objets, presque par hasard, au détour d’une allée, et ainsi naissait une nouvelle idée qu’on retravaillait jusqu’à la sélection finale. C’était un travail très minutieux. Rien n’a jamais été bâclé ou décidé à la va-vite. Tout est très pensé dans cette exposition.

Nous avons avancé de proche en proche pour finalement construire quelque chose de très cohérent qui revisite l’histoire des collections, la manière dont elles ont été collectées, leur usage ou leur caractère documentaire, leur sens et les détournements de sens possibles, leur esthétique…

Les phases de travail autour de la scénographie ont également permis d’affiner les choix d’objets, car la mise en espace des œuvres de Koons et des collections du Mucem permettait de consolider nos intuitions ou au contraire de les infirmer. Le scénographe Pascal Rodriguez a d’ailleurs été très impliqué dans la conception du contenu de l’exposition. Chaque salle a sa propre ambiance et raconte quelque chose de différent.

De quelle manière les vingt œuvres de la Pinault Collection entrent-elles en correspondance avec les objets de la collection du Mucem ?

Elena Geuna : Cette exposition a pu devenir réalité grâce à la générosité extraordinaire de la Pinault Collection qui a soutenu le projet depuis le début en acceptant de prêter ses œuvres de Koons.

Le dialogue qui se noue entre les sculptures et peintures de Koons et la variété des objets des collections du Mucem permet d’enrichir l’expérience des visiteurs, les invitant, salle après salle, à une redécouverte spontanée du quotidien. Différents types de résonances sont proposés au visiteur : la rencontre entre Jeff Koons et les collections du Mucem génère des associations formelles, symboliques, ou poétiques, explorant de nouvelles significations et interprétations des œuvres exposées et favorisant un dialogue ouvert.

Par exemple, lorsque nous entrons dans la salle où est présentée l’œuvre Travel Bar, un moulage en acier inoxydable d’un bar portatif, nous sommes confrontés à un certain nombre de tasses en céramique et de récipients en verre exposés sur une vitrine circulaire. Ce choix traduit l’intérêt de Koons pour les objets du quotidien, mais aussi le sentiment d’auto-représentation généré par ses œuvres. Le dialogue suggéré par Travel Bar en tant que sculpture et sa fonction « originale » de bar portatif amplifie la signification de l’œuvre et la relie à d’autres images relatives au transport, comme les tasses avec une poignée qui peuvent être transportées.

Émilie Girard : Jeff Koons a plusieurs fois répété pendant le travail de conception de l’exposition qu’il ne fallait pas trop expliquer la nature de ces rapprochements, mais que chaque visiteur devait pouvoir lui-même se créer son propre parcours et son propre sens dans l’exposition. C’est ce qui a guidé notre choix de ne pas faire de texte de salle, mais de seulement éclairer le parcours par les cartels et des citations inédites de Jeff Koons, émaillant la visite comme autant d’indices. Les rapprochements sont tantôt formels, tantôt contextuels, tantôt poétiques ou encore ludiques… Il y a une grande liberté dans la manière qu’a eue l’artiste de s’approprier la collection du Mucem, de la faire parler, discuter avec ses propres œuvres. L’exposition s’appuie sur la plasticité et la polysémie des objets et gomme la différenciation entre les catégories, entre art savant et art populaire. C’est un parcours libre et très ouvert.

​Interview de Jeff Koons par Elena Geuna :

Comment votre enfance a-t-elle façonné votre compréhension des objets ?

Jeff Koons : J’ai été influencé par mon père, décorateur d’intérieur et gérant d’un magasin d’ameublement, et par la famille du côté de ma mère qui était impliquée dans la vie politique locale, dans ma ville natale. Je pense que ces deux facteurs m’ont amené à me pencher sur la signification des objets et leur rôle dans nos vies. J’ai fini par rassembler tout cela dans mon travail : les interactions des gens avec la combinaison des aspects esthétiques du côté de mon père, et l’influence d’ordre politique du côté de ma mère. En tant qu’artiste, l’un des points les plus importants que j’ai appris est que nous ne pouvons nous appuyer que sur notre expérience personnelle, de l’enfance jusqu’au moment de la prise de conscience actuelle.

Quel est le rôle des objets quotidiens dans votre travail ?

Jeff Koons : J’ai été attiré par les objets quotidiens en raison de leur notion d’ouverture, de générosité et d’abondance. Les objets quotidiens sont partout autour de nous, nous le savons. Ils ne sont pas hiérarchisés ou placés dans un contexte élevé dont on se sentirait éloigné ou étranger. Embrasser le quotidien possède quelque chose de minimaliste. C‘est aussi tellement abondant, c’est comme l’air, c’est une vraie ouverture. Quand on regarde et étudie quelque chose de simple, l’objet peut révéler une complexité intrinsèque et nous projeter vers les grandes questions philosophiques qui nous occupent l’esprit. C’est une expérience particulièrement profonde qui porte une notion d’espoir.

L’exposition du Mucem est une chance unique de nouer un dialogue entre votre travail et les œuvres du musée. Pourriez-vous évoquer votre rencontre avec les collections du Mucem ?

Jeff Koons : J’ai adoré voir et observer en détail la collection du Mucem. Chaque objet, chaque image, tout dans la collection est lié et connecté aux gens, aux individus, à une communauté. L’information à laquelle nous nous lions déclenche comme un souvenir, une connexion avec des expériences que nous avons eues par le passé, ou ce que nous imaginons de ces expériences. La collection est une sorte de tremplin qui ouvre le dialogue dans de multiples directions et produit cette formidable connectivité. Ces objets et images s’entremêlent avec notre vie quotidienne, à la fois sur le plan personnel et commun.

Qu’est-ce qui vous a le plus surpris ou intéressé lors de votre exploration des archives du musée ?

Jeff Koons : J’ai été stupéfait par l’immensité de la collection d’images et d’objets quotidiens. On peut passer d’outils d’apiculture à des instruments à vent simplement en tournant la tête. Traverser la collection historique du musée, c’est rencontrer un nombre infini d’images et d’objets montés ensemble. C’est toujours une incroyable expérience que de faire une pause pour réfléchir au quotidien, de laisser la richesse de certaines images et objets très accessibles révéler leur beauté.

Sur un plan personnel, certains objets vous ont-ils plus touchés que d’autres ?

Jeff Koons : C’est toujours passionnant de tomber sur quelque chose de différent et d’inhabituel. L’un des meilleurs aspects du montage de l’exposition a été de s’ouvrir à toutes les voix proposées par chaque objet et de célébrer leurs caractéristiques propres. C’est l’élimination de la hiérarchie qui donne à l’exposition sa beauté intime.

Comment sont nées votre grande admiration et votre passion pour la peinture française ?

Jeff Koons : Pour moi, la France a toujours été connectée aux différents sens artistiques emblématiques des possibilités créatives pour toucher l’individu mais aussi la communauté. Quant à mon implication avec la France par le passé, tout a commencé avec les réalisations exceptionnelles des artistes français au cours des siècles. Quand j’ai commencé à étudier l’histoire de l’art et à découvrir les peintres du XIXe siècle et de l’avant-garde du XXe siècle, j’ai été attiré par cette énergie et par la compréhension de la lumière, cette idée que l’art peut nous transformer et que l’on peut créer un futur à travers l’art, changer une communauté et changer le monde autour de soi grâce à l’art.

Comment votre étroite relation avec la France et la culture française a-t-elle débuté ?

Jeff Koons : Le tout premier musée européen où j’ai exposé était en France. J’ai été invité quand j’étais jeune artiste, au début des années 80, à participer à une exposition collective à Lyon.

En tant qu’artiste américain, cet esprit d’ouverture était nouveau pour moi. La culture française a toujours semblé embrasser ce que le monde a à offrir, tout ce qui peut stimuler, que ce soit culturellement, émotionnellement, ou intellectuellement. Il y a pour moi un sens du développement personnel et un sentiment d’espoir, l’idée que nous pouvons grandir ensemble dans une société et accéder à un monde meilleur.

Un mot sur Marseille. Qu’avez-vous visité à part le Mucem ? Qu’avez-vous pensé de la ville ?

Jeff Koons : C’est toujours un plaisir d’être dans le sud de la France. J’ai séjourné à l’hôtel La Résidence, et j’ai beaucoup aimé son restaurant, Le Relais 50, qui donne sur la rue. J’ai marché le long du port et j’ai visité le bâtiment Georges Henri Rivière ainsi que le fort Saint-Jean, le Mucem. J’ai aussi beaucoup apprécié de parcourir les rues de Marseille et de saisir son esprit de ville portuaire animée. Il me tarde de revenir en 2021 et de découvrir encore un peu plus la ville.

​À propos des commissaires de l’exposition

​Elena Geuna

Elena Geuna est commissaire d’exposition indépendante, auteure et conseillère artistique.
Née en Italie et installée à Londres, elle a étudié à Genève avant d’obtenir son master à l’université Columbia de New York.
Les principaux projets qu’elle a commissionné sont « Fontana : Luce e Colore » (Palazzo Ducale, Gênes, 2008) ; « Zhang Huan : Ashman » (PAC, Milan, 2010) ; « Arte Povera in Moscow » (Multimedia Art Museum, Moscou, 2011) ; « Freedom not Genius. Works from Damien Hirst’s Murderme collection » (Pinacothèque Agnelli, Turin, puis au Multimedia Art Museum de Moscou, 2012) ; « Rudolf Stingel » (Palazzo Grassi, Venise, 2013) ; « Sigmar Polke » (Palazzo Grassi, Venise, 2016) ; et « Lucio Fontana. Rétrospective » (Multimedia Art Museum, Moscou, 2019).
En 2017, elle commissionne « Damien Hirst : Treasures from the Wreck of the Unbelievable », l’un des plus ambitieux projets en date de l’artiste. Pour la première fois, Palazzo Grassi et Punta della Dogana à Venise se consacrent à un seul artiste.
Elena Geuna a également co-commissionné deux expositions dédiées à Jeff Koons, en 2003 au Museo Archeologico Nazionale de Naples, et en 2008 au Château de Versailles.
Elena Geuna donne des conférences à travers le monde et contribue à la presse artistique.

​Émilie Girard

Émilie Girard est conservatrice en chef du patrimoine et directrice scientifique et des collections du Mucem.
Elle rejoint l’équipe du Mucem en 2006. En 2008, elle prend la direction du département des collections du musée où elle conduit entre autres le chantier qui a permis le transfert de Paris à Marseille de l’intégralité des collections et fonds conservés, et la mise en place du Centre de Conservation et de Ressources du Mucem.
Elle assure régulièrement le commissariat d’expositions au Mucem (comme la « Galerie de la Méditerranée » en 2013 ; « Food » en 2014, « Un génie sans piédestal, Picasso et les arts et traditions populaires » en 2016, « On danse ? » et « Les reliquaires de A à Z » en 2019).
De 2013 à 2020, elle est responsable du pôle « Religions et croyances » du Mucem et coordonne dans ce cadre plusieurs formations professionnelles sur le patrimoine religieux, en lien avec sa formation initiale en archéologie chrétienne et épigraphie copte.
Depuis le 1er août 2019, elle dirige l’équipe scientifique et des collections du Mucem.

​Jeff Koons – Repères biographiques

L’artiste américain Jeff Koons (né en 1955 à York, en Pennsylvanie, USA) est très souvent considéré comme l’un des artistes vivants les plus influents. Son travail associe des références issues de l’histoire de l’art aux objets et aux images du quotidien, remettant en question le concept même d’une oeuvre d’art.

Jeff Koons par Mario Sorrenti, 2007 © artpartner
Jeff Koons par Mario Sorrenti, 2007 © artpartner

1955 Naissance de Jeff Koons à York, en Pennsylvanie, USA.
1963 Encouragé par ses parents, Jeff Koons explore sa créativité en peignant des copies de grands maîtres qui sont exposées en vitrine du magasin d’ameublement de son père.
1972-1975 Jeff Koons étudie au Maryland Institute College of Art, à Baltimore, puis en 1975 à l’École de l’Institut d’art de Chicago. Il rencontre Salvador Dalí le temps d’une journée à New York en 1973.
1976-1977 Jeff Koons déménage à New York en 1976 et tra­vaille au bureau des adhésions du Museum of Modern Art (MoMA) en 1977. L’artiste incorpore les ballons et les miroirs dans son travail sculptural.
1980 La première exposition personnelle de l’artiste est pré­sentée en vitrine du New Museum of Contemporary Art. Intitulée « The New », elle se compose de trois sculptures emblématiques d’aspirateurs avec une boîte lumineuse où le titre est écrit en lettre majuscule.
1982 Une sculpture d’aspirateurs est incluse dans l’exposi­tion collective « Energie New York » à l’Espace lyonnais d’art contemporain. C’est la première apparition de l’artiste en Europe.
1985-1986 La galerie new-yorkaise International With Monument accueille en 1985 la première exposition solo de Jeff Koons, dédiée à sa série Equilibrium. La galerie del’East Village lui consacre une deuxième exposition intitulée « Luxury and Degradation » en 1986. L’artiste commenceà travailler sur une nouvelle série, Statuary. Ileana Sonnabend invite Jeff Koons à présenter la sculpture en acier inoxydable Rabbit pour la première fois dans sa galerie new-yorkaise,à l’occasion d’une exposition collective d’artistes Néo-Géo. Elle devient son agent.
1987 Le Whitney Museum of American Art de New York expose One Ball Total Equilibrium Tank durant sa biennale.La Saatchi Gallery accueille « New York Art Now », uneexposition qui présente de jeunes artistes américains à Londres. Rabbit se retrouve en couverture du catalogue d’exposition.
1988 Banality s’ouvre simultanément dans trois galeries : Max Hetzler à Cologne, Ileana Sonnabend à New York, et Donald Young à Chicago.
1990-1991 Des peintures et sculptures de la série Made in Heaven intègrent la biennale de Venise en 1990. Les galeries Max Hetzler à Cologne et Ileana Sonnabend à New York pré­sentent la série en intégralité en 1991.
1992 Puppy, une sculpture fleurie de 12 mètres de haut, est installée devant le château d’Arolsen, à Hesse, en Allemagne, en marge de la documenta. Jeff Koons ouvre son studio sur West Broadway.
1992-1993 Des expositions personnelles sont présentées à Amsterdam, Stuttgart, San Francisco, et à Minneapolis en 1992 et 1993.
1994 Jeff Koons attaque son ambitieuse série Celebration.
1995 Puppy est installée à l’extérieur du musée d’Art Contemporain de Sydney en Australie.
1997-1998 La galerie Jérôme de Noirmont présente la première exposition solo de Koons à Paris. Le Musée Guggenheim acquiert Puppy et l’installe de façon permanente devant l’entréede son nouveau musée à Bilbao.
1999 L’artiste conçoit la série Easyfun et présente le fruit de son travail à la Sonnabend Gallery, à New York.
2000 Il développe la série Easyfun-Ethereal et la présente au Musée Guggenheim de Berlin. Issue de son exposition « La Beauté », la sculpture topiaire monumentale Split-Rocker est installée au Palais des papes d’Avignon. Puppy prend place devant le Rockefeller Center, à New York.
2001 Jeff Koons est décoré Chevalier de la Légion d’honneur. L’artiste déménage son studio de SoHo à Chelsea. Des pein­tures sont présentées durant ses expositions personnelles chezGagosian à Los Angeles, au Kunsthaus Bregenz en Autriche, chez Fruitmarket Gallery à Edinbourg, et au Musée Guggenheimde Bilbao.
2002 L’artiste commence à travailler sur la série Popeye. Il expose notamment au musée Guggenheim de New York ; au Kunsthalle de Bielefeld, en Allemagne ; au Musée d’art contemporain de Nîmes et au Chosun Ilbo Art Museum, à Séoul.
2003 En solo, il présente notamment Popeye à la Sonnabend Gallery ainsi qu’une grande rétrospective au Musée Archéologique National de Naples, en Italie.
2004-2005 L’artiste entame sa série Hulk Elvis. Des rétrospectives sont organisées au C&M Arts, à New York, et au musée d’art contemporain Astrup Fearnley, à Oslo, en Norvège laquelle voyage l’année suivante au Musée des beaux-arts d’Helsinki, en Finlande.
En 2005, Koons est élu à l’American Academy for Arts and Sciences, Cambridge, Massachussetts.
2006 Pour célébrer le lancement de la collection Pinault au Palazzo Grassi, l’oeuvre Balloon Dog (Magenta) est présentée sur le Grand Canal de Venise. Balloon Flower (Red) est dévoi­lée au 7 World Trade Center à New York. Jeff Koons reçoit l’Artistic Achievement Award de l’organisation Americans for the Arts.
2007 Le président Jacques Chirac promeut Jeff Koons au grade d’Officier de la Légion d’honneur. L’artiste transforme son oeuvre Rabbit en ballon gonflé par 132 M3 d’hélium pour accompagner le cortège de la Macy’s Thanksgiving Day Parade.
2008 Jeff Koons commence à travailler sur la série Antiquity. Le Metropolitan Museum of Art de New York et la Neue Nationalgalerie de Berlin exposent des sculptures issues de la série Celebration. Les oeuvres emblématiques de Jeff Koons donnent lieu à une exposition solo au musée d’art contemporain de Chicago. Il devient le premier artiste vivant à bénéficier d’une exposition personnelle au Château de Versailles.
2009 La Serpentine Gallery de Londres présente la série Popeye. Jeff Koons commissionne une exposition posthume des travaux de son professeur et ami Ed Paschke à la Gagosian Gallery de New York.
2010-2011 Jeff Koons est fait membre honoraire de la Royal Academy of Arts de Londres. Il crée la 17e BMW Art Car qui court aux 24 Heures du Mans. En 2011, Punta Della Dogana présente des pièces clés de la Collection Pinault, dont une galerie dédiée aux sculptures iconiques Popeye pendant « In Praise of Doubt » [À l’éloge du doute].
2012 Jeff Koons présente son travail en solo à la Fondation Beyeler de Bâle ainsi que dans deux expositions à Francfort, l’une dédiée à la peinture à la Schirn Kunsthalle, l’autre consa­crée à la sculpture à la Liebieghaus Skulturensammlung.
2013 L’artiste présente des sculptures de la série Gazing Ball à la galerie David Zwirner alors qu’une exposition d’été de Koons est à l’affiche de la galerie Gagosian à New York. Il reçoit la Medal of Arts du département d’État des États-Unis, qui lui est remise à Washington en 2012.
2014-2015 Une grande rétrospective Jeff Koons voyage du Whitney Museum of American Art de New York au Centre Pompidou de Paris ainsi qu’au musée Guggenheim de Bilbao. Split-Rocker est montrée au Centre Rockefeller. En 2015, Koons présente ses peintures Gazing Ball pour la première fois chez Gagosian à New York.
2016 Le French Institute Alliance Française décernele Trophée des Arts à Jeff Koons. Il expose notamment au Musée d’art latino-américain de Buenos Aires, en Argentine, et à Londres, à la Newport Street Gallery et à la galerie Almine Rech.
2017 Jeff Koons devient le premier artiste résident du Mortimer B. Zuckerman Mind Brain Behavior Institute de l’universitéde Columbia. Il est fait membre honoraire de l’Edgar Wind Society de l’Université d’Oxford pour contribution exception­nelle à la culture visuelle. Culminant à 13 mètres de haut, l’oeuvre Seated Ballerina est dévoilée au Rockefeller Center de New York pendant qu’une autre pièce gonflable à grande échelle, Balloon Dog, suit la tournée du festival 4:44 de Jay Z.
2018 Jeff Koons—Des oeuvres de la collection Astrup Fearnleysont exposées pendant la 25e année du musée. De Nieuwe Kerk Amsterdam présente Gazing Ball (Perugino Madonna and Child with Four Saints [La Madone du Pérugin et son enfant avec les quatre saints]) comme son chef-d’oeuvre de 2018.
2019 À Oxford, l’Ashmolean Museum accueille une exposi­tion solo de l’artiste.
Jeff Koons est nommé professeur honoraire de sculpture de l’Académie des beaux-arts de Carrare, en Italie.
Koons déménage son studio près de Hudson Yards. Seated Ballerina [La Ballerine assise], le gonflable à grand échelle, est présentée à l’extérieur du Museo Jumex lors d’une exposi­tion présentant les oeuvres de Marcel Duchamp et Jeff Koons.
Bouquet of Tulips, une sculpture monumentale créée par Jeff Koons, a été inauguré dans les jardins des Champs-Elysées à Paris le 4 octobre. Il s’agit d’un don fait à la Ville de Paris par le peuple américain, en soutien aux parisiens et français endeuillés par les attentats de 2015-2016.
2020 Le musée d’Art de Tel Aviv accueille une exposition solo des peintures et sculptures de l’artiste. Koonslance Balloon Venus Lespugue (Red) sur la galerie en ligne David Zwirner.
Venus, la première oeuvre issue de la série récente Porcelain, est présentée à la National Gallery de Victoria Triennial à Melbourne.
2021 L’organisation Qatar Museums prépare à Dohala plus grande exposition de Jeff Koons jamais proposée dans le Golfe persique.

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